Comment expliquer la baisse des audiences NBA ?

Le 18 déc. 2024 à 12:50 par Thibault Mairesse

Télé audiences programme NBA
Source image : shutterstock

Ce n’est un secret pour personne : les audiences NBA sont en grande baisse actuellement, et même depuis plusieurs années. Une baisse qui peut s’expliquer par plusieurs raisons qui n’ont parfois rien à voir avec le jeu, mais avec la manière dont il est traité. 

Une baisse drastique des audiences NBA à plusieurs niveaux

Les chiffres sont indéniables.

Après un mois de compétition, les audiences sur ESPN ont baissé de 28% par rapport à la saison passée selon Front Office Sports, avec une moyenne de 1,772 million de téléspectateurs par match. Cette baisse peut se remarquer sur des matchs bien précis.

NBA ratings are down 48% since 2012. Down 28% this year alone on ESPN. Every other sports league is setting ratings records. pic.twitter.com/AvF9wyMgGu

— SAY CHEESE! 👄🧀 (@SaycheeseDGTL) December 12, 2024

Par exemple, le Knicks – Mavericks de la veille de Thanksgiving a enregistré une baisse d’audience de 35% (1,33 million de téléspectateurs) par rapport aux Bucks – Celtics (2,03 millions) de l’année dernière à la même période. On pourrait faire un lien avec la qualité de l’affiche, mais il n’y a pas que ça puisqu’il s’agit tout simplement de la pire audience d’ESPN depuis un Spurs – Hornets de 2016.

Au global, les audiences NBA sont en baisse de 48% depuis 12 ans (toujours selon Front Office Sports). Une donnée qui peut sembler paradoxale étant donné que l’on est censé être dans une période dorée pour la Grande Ligue avec l’explosion des Warriors, le prime de LeBron James et plus récemment l’arrivée de Victor Wembanyama.

Une période dorée qui l’est en ce qui concerne le poids de la couverture médiatique globale (présence sur les réseaux sociaux notamment), mais qui l’est beaucoup moins pour sa couverture TV.

  • Les Finales NBA au plus bas depuis trois ans

Les dernières Finales NBA entre Celtics et Mavericks ont rassemblé, en moyenne, 11 millions de téléspectateurs selon Forbes. C’est le chiffre le plus bas depuis 2021 et l’affiche entre Bucks et Suns.

Le match 4, qui aurait pu être le dernier de la saison puisque les Celtics menaient 3-0, n’a attiré que 9,6 millions de téléspectateurs. C’est le plus bas total pour un match 4 des Finales dans l’histoire, juste devant le Lakers – Heat de la bulle en 2020 (source : Sports Business Journal). Pourtant, cette affiche réunissait des grosses têtes comme Luka Doncic, Kyrie Irving ou Jayson Tatum même si elle était déséquilibrée.

  • La NBA Cup : un coup dans l’eau ?

La NBA Cup est la grande nouveauté de ces deux dernières années. L’objectif est clair : redonner un coup de peps à la période de creux de la saison régulière.

Au bout de deux saisons, on peut dire que la mayonnaise a du mal à prendre. Cette idée ne vient pas de nous mais des audiences. Le dernier match de groupe cette année entre Nuggets et Warriors a enregistré 1,1 million de téléspectateurs. À titre de comparaison, l’an passé, l’ultime match entre Kings et Warriors avait engendré 2 millions de fidèles. Ce qui fait une jolie baisse de 44%.

Plus généralement, la baisse des audiences en NBA Cup est moins importante que le cas présenté juste au-dessus, et même que la baisse globale des audiences NBA présenté en début d’article. En effet, selon Sports Business Journal, les matchs de poules diffusés en antenne nationale ont baissé de 10% par rapport à la saison initiale. Et si on prend en compte les quarts de finale (qui ont attiré plus de monde que l’an passé), la baisse d’audience en NBA Cup s’élève à “seulement” 6%. Néanmoins, ça reste une baisse.

Tout ça pour dire que la NBA Cup a du mal à percer pour l’instant. Pourquoi ? Peut-être parce qu’on a du mal à vraiment distinguer un match de NBA Cup d’un match classique de saison régulière, excepté à travers ces horribles parquets colorés. Or, on n’a pas envie de devenir aveugle parce qu’on regarde un match de basket.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par TrashTalk (@trashtalk.co)

Autre raison potentielle, le complexité des scénarios. Le dernier soir de la phase de poules est celui où tout devient possible, l’enjeu doit être haletant à l’image de ce que pourrait être une dernière nuit de saison régulière ou une dernière journée de phases de groupes en Ligue des Champions pour le football.

Pour la NBA Cup, il y avait… 29 scénarios différents pour déterminer les cinq dernières équipes qualifiées. On est là pour voir du basket, pas pour se donner la migraine, et le spectateur n’aime pas se prendre la tête donc il fait possiblement l’impasse.

“Le tir à 3-points a tué le basket”

Les audiences NBA ont baissé de 48% depuis 12 ans, et ça coïncide bizarrement avec l’explosion du tir à 3-points. Il n’en fallait pas plus pour que certains pointent du doigt le style de jeu actuel – et l’omniprésence du tir à 3-points – afin d’expliquer cette baisse.

En tête de file ? Shaquille O’Neal, toujours là pour cracher sur le jeu moderne et la génération actuelle. Il a récemment déclaré que le jeu était ennuyant à cause de la prolifération du tir à 3-points.

“Les audiences baissent parce qu’on regarde tout le temps la même chose. Tout le monde joue les mêmes systèmes. Le basket était parfait depuis sa création par James Naismith. Stephen Curry et ses gars ont mis le bazar. Tout le monde veut être Steph, mais tout le monde n’est pas Steph.” – Shaquille O’Neal

Une drôle de déclaration de la part d’un mec qui a vécu une époque où tout le monde voulait être Michael Jordan, mais bref passons.

Shaq believes NBA viewership is down because everyone wants to shoot threes

(🎥 @bigpodwithshaq / https://t.co/FRGChSptKO) pic.twitter.com/RDwog4gtAx

— NBACentral (@TheDunkCentral) November 7, 2024

Est-ce qu’il y a trop de 3-points en NBA ? La question est légitime et c’est pour ça qu’on en a fait un gros dossier il y a quelques semaines. Pour le fan lambda, qui ne voit pas forcément les nuances offensives et défensives du jeu actuel, ça peut être ennuyant de voir entre 80 et 100 tirs primés tentés dans un même match de basket.

Les équipes NBA cherchent aujourd’hui à maximiser leur efficacité offensive et ça passe forcément par le tir à 3-points, au détriment parfois du spectacle et de la diversité du jeu. Un 3-points sera toujours supérieur à un 2-points et rien ne pourra le changer à moins qu’un mec décide de refaire les maths. Sauf grosse innovation de la NBA pour atténuer l’importance du tir primé, ça va continuer dans ce sens.

Mais pour autant, est-ce que le tir à 3-points est la principale raison qui explique la baisse des audiences ? Face à la déclaration du Shaq, c’est le commissionnaire Adam Silver qui est monté au créneau.

“Je pense que l’on s’arrête uniquement sur les dernières audiences, mais il y a toujours eu quelque chose de spécial (pour concurrence la NBA). On était face aux World Series, Dodgers – Yankees, deux équipes très attractives qui attirent beaucoup d’audience. Vous avez aussi eu une élection présidentielle qui génère énormément d’attention. Donc je ne pense pas que cela a quelque chose à voir avec le jeu.” Adam Silver

Une réponse plus cohérente de la part du grand chauve, mais qui fait volontairement l’impasse sur un point. La baisse des audiences NBA est un problème qui ne remonte pas aux dernières semaines.

This sequence 🤣🤣🤣🤣🤣 pic.twitter.com/bNNuGGvVVs

— Dime Dropper (@DimeDropperPod) December 1, 2024

En plus de l’omniprésence du tir à 3-points, d’autres éléments sont régulièrement mentionnés pour expliquer la baisse des audiences, et qui ont un lien direct avec le jeu, contrairement à ce que peut dire Adam Silver.

Absence de défense, matchs à rallonge, publicités à outrance, niveau de l’arbitrage, load management, trop de blessures… Certains de ces éléments caractérisent tout particulièrement la NBA de la dernière décennie, comme le déséquilibre entre l’attaque et la défense et le load management (on y reviendra plus tard). C’est pour cela que la Ligue a bossé sur ces deux sujets ces dernières années, bien consciente que ça pouvait frustrer les fans au plus haut point.

Néanmoins, d’autres éléments existent depuis longtemps, comme par exemple le fait que les arbitres se prennent pour les acteurs principaux de certaines rencontres. Par le passé, il y a eu des scandales plus importants que les simples erreurs qu’on peut voir en fin de match, comme le match 6 entre Lakers et Kings en 2002 et plus globalement l’affaire Tim Donaghy en 2007. Cela n’a pas pour autant fait chuter les audiences NBA de 48%. Quant à la durée moyenne des matchs, elle était légèrement plus élevée dans la deuxième partie des années 2000 (2h16) par rapport à aujourd’hui (2h14).

Cela montre bien que le problème ne vient pas seulement de là, et que la baisse des audiences s’explique aussi (et surtout) par des paramètres qui dépassent les quatre lignes du parquet.

5 grandes raisons expliquant la baisse des audiences NBA

  • La prolifération du streaming

Comme dit juste au-dessus, un match NBA c’est long et même parfois trop long. Dans une ère où tout va plus vite, où le niveau d’attention est réduit (surtout chez les plus jeunes, qui représentent un public majeur de la NBA), moins de gens ont envie de se poser deux heures et demie devant un horrible Blazers – Jazz.

Surtout que les options existent.

Grâce à son League Pass, la plateforme de streaming qui permet de regarder les matchs en live ou à la demande, la NBA propose une fonction (parmi tant d’autres) permettant de voir une version condensée de la rencontre avec toutes les possessions de la partie, et donc sans les temps-morts et les publicités. On passe d’une rencontre de 2h30 à une vidéo d’environ 40 minutes. Avec la possibilité de cacher le résultat, on peut presque se placer dans les conditions du direct pour voir n’importe quel match.

Outre le LP, les highlights sur YouTube sont légion. 10 minutes suffisent à capter l’essentiel de la rencontre et de permettre à ceux qui n’ont ni le temps, ni l’envie de se poser devant un match d’avoir une alternative intéressante.

La NBA commence d’ailleurs à sentir le fleuron de la compilation YouTube puisqu’elle publie de plus en plus d’highlights de matchs sur sa propre chaîne.

Tous ces éléments et alternatives ont un impact sur les téléspectateurs présents en direct. L’audience est divisée entre plusieurs supports. La NBA n’est peut-être pas moins populaire, mais elle dispose de plus d’options que jamais. Et c’est parti pour durer.

Comme d’autres sports US (NFL, WWE), la NBA a choisi de prendre le virage du streaming en l’incluant carrément dans son nouveau deal de droits TV, signé tout récemment et d’une valeur de… 76 milliards de dollars pour la diffusion de ses matchs sur les 11 prochaines années. La Grande Ligue sera diffusée dès la saison prochaine sur Prime Video, une plateforme qui n’en est pas à son coup d’essai en matière d’événements sportifs puisqu’elle a déjà eu à gérer la Ligue 1 de foot et Roland-Garros.

“You’re gonna need to have NBA League pass and Amazon Prime Video to watch the NBA next year.” The total will be 210$

Me knowing Streameast got my back: pic.twitter.com/qroHLWUsrT

— Mal (@MindOfBron) July 24, 2024

Aux USA, la présence du NBA League Pass et la montée du streaming permettent d’offrir différentes possibilités pour regarder la NBA mais compliquent aussi les choses pour les consommateurs.

En France, avec notre NBA League Pass, on a la belle vie, tous les matchs sont dessus même si la rencontre est diffusée sur BeIN Sports (le diffuseur officiel). Ce n’est pas le cas de l’autre côté de l’Atlantique. En théorie, tous les matchs sont sur le LP. Dans les faits, c’est une autre histoire. Si le match est diffusé en antenne nationale ou sur une chaîne payante située dans l’État où on réside, surprise : le match ne sera pas sur le League Pass.

Avec des rencontres NBA qui seront désormais diffusées sur Prime Video, cela rajoute une plateforme de diffusion supplémentaire qu’il faut payer pour voir les matchs. Cela signifie que pour l’Américain lambda, il faut payer à la fois son abonnement TV (60 dollars par mois), un abonnement League Pass (15 dollars par mois) et un abonnement Prime Video pour pouvoir accéder à tous les matchs d’une saison NBA.

Tout ça pour dire que la NBA est un produit cher et qui peut parfois être difficile d’accès, ce qui évidemment n’arrange pas l’image de la NBA auprès de ses consommateurs.

  • La promotion du produit est devenue mauvaise

Avant de continuer, posez-vous 30 secondes et réfléchissez aux meilleures équipes de NBA en ce moment. Sauf grande surprise, vous pensez au Thunder, aux Celtics, aux Cavaliers, aux Mavs ou encore aux Grizzlies et aux Rockets, mais pas aux Lakers et aux Warriors.

Dans le lot, il y a des petits marchés qui performent grâce à une politique de reconstruction parfaitement gérée sur plusieurs années. Or, la NBA croit encore en la chimère où les gros marchés dominent avec les plus grosses stars de la Ligue en leur sein. Aujourd’hui, les grandes têtes d’affiche de la NBA restent LeBron James et Stephen Curry, mais BronBron et le Chef se rapprochent de la fin et évoluent surtout dans des équipes moyennes (Lakers et Warriors).

Comme un symbole, les Lakers et les Warriors vont s’affronter en antenne nationale lors du Christmas Day (moment phare du calendrier NBA), tandis que le Thunder – meilleure équipe de l’Ouest qui est fun à voir jouer – n’est pas au programme (ce qui fait notamment tiquer Alex Caruso).

Alex Caruso, who took credit for being flexed into two January games, tried to make sense of OKC’s national TV presence and the ripple effect.

“We’re one of the best products in the league… people don’t even know what kind of basketball player Cason Wallace is in New York and…

— Joel Lorenzi (@jxlorenzi) December 14, 2024

Le problème ici réside dans le fait que la NBA dirige ses fans et les néophytes vers des équipes moyennes au lieu de les orienter vers celles qui cartonnent. Qui a envie de rester devant des équipes moyennes ? Pas grand monde.

Le meilleur exemple reste la promotion du match de NBA Cup entre Rockets et Thunder récemment. Sur le site de la NBA, on pouvait lire en amont de cette rencontre : “Houston Rockets vs Oklahoma City Thunder n’est peut-être pas la demi-finale de la NBA Cup que la Ligue espérait, mais elle pourrait bien être la meilleure fenêtre sur l’avenir de la Conférence Ouest“. Que la Ligue le dise tout de suite si elle ne veut pas voir une telle affiche.

On n’est pas naïf et on sait très bien qu’une franchise comme les Lakers est bien plus lucrative qu’OKC ou Houston, mais à vouloir faire de l’argent au profit du beau jeu, est-ce que la NBA ne finirait pas par perdre ses fans et donc de l’argent ?

  • Les consultants TV qui tapent sur la NBA actuelle

Comme toute Ligue qui se respecte, la NBA adopte un modèle où d’anciens joueurs deviennent des consultants et c’est un format qui fonctionne partout dans le monde, peu importe la Ligue ou le pays. Tous ont une mission assez simple : élever le débat dans leur sport de prédilection.

Sauf que la NBA se trimballe deux poids à ses pieds en quête de buzz : Shaquille O’Neal et Charles Barkley.

Ces deux “grandes gueules” sont censées apporter leur analyse sur le jeu d’aujourd’hui (avec ses bons et ses mauvais côtés) mais elles préfèrent souvent taper vulgairement sur la NBA actuelle. On l’a vu plus haut, Shaq mène une quête contre le tir à 3-points (et Rudy Gobert) tandis que Charles Barkley a déclaré que les Rockets – top 3 de l’Ouest – ne savaient pas jouer au basket. Parfois, les plateaux américains ressemblent davantage à un bar PMU télévisé qu’à un endroit où une quelconque analyse pertinente peut en sortir.

Inside the NBA (où sont Shaq et Barkley) étant la principale émission de grande écoute américaine, beaucoup prenne leur avis pour argent comptant et en conclut que la NBA d’aujourd’hui est assez naze.

Charles Barkley on the Rockets:

“They don’t have any idea how to play basketball.”

(via @NBAonTNT) pic.twitter.com/ZcigWWDTgl

— Legion Hoops (@LegionHoops) December 13, 2024

Comment générer des audiences si deux grands visages de la NBA préfèrent dénigrer votre Ligue plutôt que d’apporter une réelle expertise ?

C’est pour cela que le passage sur Prime Video – avec l’arrivée d’une nouvelle équipe de consultants comme Dirk Nowitzki et Blake Griffin (sans oublier l’excellent Jamal Crawford sur NBC) – ne peut être que bénéfique pour Adam Silver.

Dans un climat médiatique où la grosse take et la recherche de buzz prennent souvent le dessus sur l’analyse pertinente, certains ont essayé de relever le niveau comme J.J. Redick par exemple. Avant d’être coach des Lakers, il tenait un super podcast où il parlait tactique et il en a même lancé un second en collaboration avec LeBron James. Ce projet avait plutôt bien fonctionné avec, par exemple, quatre millions de vues pour le premier épisode. Cela montre bien que le public qui veut parler de basket existe, mais la NBA ne sait pas l’orienter.

Les podcasts qui parlent sérieusement de basket sont divers et multiples dans tous les pays. Mais pour les trouver, il faut les chercher et le spectateur lambda ne veut pas se donner cette peine, à raison. Il se retrouve ainsi en premier lieu face à des Shaq ou des Barkley – toujours là pour rappeler que “la NBA c’était mieux avant” – qui sont loin de faire du bien à la Grande Ligue.

  • Trop de matchs dans une saison (et surtout load management)

Une saison régulière NBA, c’est 82 matchs par équipe, avec de nombreuses rencontres quasiment tous les soirs entre fin octobre et mi-avril.

Quand vous avez autant de matchs dans une saison, l’importance d’un match en tant que tel est moindre que dans d’autres sports et cela attire forcément moins les téléspectateurs. Vous nous direz que les saisons à 82 matchs, ça ne date pas d’hier et que ça ne peut donc pas expliquer la baisse des audiences NBA. C’est un bon point. Et c’est pour cela qu’il faut mettre ça en lien avec le phénomène du load management (gestion de la charge de travail).

Dans la NBA moderne, où ça joue très vite, où ça dégaine dans les tous les sens et où les joueurs sont plus athlétiques que jamais, le load management a pris une place importante ces dix dernières années. Les stars prennent des matchs “off” pour essayer d’être le plus frais possible en Playoffs et surtout éviter les blessures, qui sont particulièrement nombreuses cette saison. Ce phénomène est devenu tellement extrême que la NBA a dû mettre en place des nouvelles règles pour pousser les joueurs à jouer plus de matchs.

Le message que ça renvoie aux fans, c’est le suivant : les matchs de saison régulière ne valent pas grand-chose (et on ne parlera pas du All-Star Game qui est devenu une vaste farce). Pire encore, les fans peuvent prendre le load management comme un manque de respect. Certains d’entre eux économisent leurs sous pour pouvoir assister à un match NBA, pour ensuite découvrir que la grande star du match – dont le salaire atteint des dizaines de millions de dollars – ne joue pas car elle préfère se reposer. Cela ne peut que créer une déconnexion entre les joueurs NBA et les fans.

Et une fois que les fans se sentent méprisés, c’est difficile de les retrouver.

The reports of the #NBA TV ratings decline are predictable. Once they started ‘load management’ and openly devalued their regular season, what did they think was going to happen over time?

Growing up as a #Lakers fan in the Showtime era, I religiously watched every game I could…

— Steve Kim – #AirCristobal2024 (@SteveKim323) November 22, 2024

  • La NBA est à la recherche de sa nouvelle grande star (américaine)

Alors que l’ère LeBron James – Stephen Curry – Kevin Durant se rapproche de la fin, Adam Silver est à la recherche de LA superstar qui va porter sa Ligue pour exploser de nouvelles barrières. Et plus précisément : la nouvelle superstar américaine.

De par le sport si particulier qu’est le basket, le plus individuel des sports collectifs comme on l’appelle, la Grande Ligue a depuis longtemps fait le choix de miser sur des stars et pas sur la promotion des collectifs.

On a eu Magic et Bird, puis on a eu Jordan, puis Shaq et Kobe, puis LeBron et Curry. Sauf qu’aujourd’hui, les meilleurs joueurs NBA ne viennent plus du Pays de l’Oncle Sam, mais d’ailleurs : Nikola Jokic (Serbie), Giannis Antetokounmpo (Grèce), Luka Doncic (Slovénie), Shai Gilgeous-Alexander (Canada). Difficile pour les fans américains de s’identifier à ces joueurs malgré tout leur talent. De plus, leur personnalité n’est pas transcendante. Et parmi les jeunes stars américaines du moment (genre Jayson Tatum), aucune n’arrive vraiment à prendre le relais pour être le grand visage de la NBA. Aucune, à part peut-être Anthony Edwards.

Pendant les derniers Playoffs, la NBA a beaucoup insisté sur Ant-Man. C’est justement parce qu’il a tout pour être LE visage américain : hyper athlétique, grande gueule, souriant, trop fort au basket, le tout avec un peu de trashtalk, bref le potentiel est là. Mais il y a encore du chemin à parcourir sur le plan individuel et collectif pour arriver au sommet. Ja Morant – ancien “nouveau visage de la NBA” – est bien placé pour savoir que c’est une responsabilité difficile à assumer.

Il va falloir surveiller attentivement le traitement que vont recevoir Cooper Flagg et A.J. Dybantsa – prospects générationnels de la Draft 2025 et 2026 – lors de leur arrivée parce qu’ils pourraient très vite être mis sous les feux des projecteurs par Adam Silver et sa bande.

Faut-il s’inquiéter pour l’avenir de la NBA ?

Au vu des chiffres des audiences actuelles, la question est légitime. Mais rassurez-vous, la NBA ne va pas s’écrouler demain.

Si les audiences TV constituent un bon indicateur pour savoir ce que les gens regardent tout en possédant un réel intérêt financier pour les annonceurs, cet aspect-là n’est plus central en 2024. La Grande Ligue vient de signer un deal monumental de 76 milliards de dollars sur 11 ans pour ses nouveaux droits TV, tout ça alors que les audiences baissent depuis plusieurs saisons. Cela montre bien que les chiffres d’audience ne comptent pas tant que ça.

La NBA est une ligue suivie partout dans le monde, avec une très grande présence sur les réseaux sociaux. C’est une ligue qui est devenue une sorte de télé-réalité avec un grand intérêt sur ce qui se passe aussi en dehors des terrains (Free Agency, transferts, draft…).

Alors que la télévision d’une manière générale est concurrencée par les nouvelles plateformes de consommation visuelle, la NBA est elle aussi dans une phase de transition.

Les services sont plus nombreux avec YouTube, le League Pass, TikTok ou encore les différents services de streaming (légaux ou illégaux d’ailleurs). Les possibilités sont nombreuses et les communautés dispatchées à travers les différents médias. La NBA d’aujourd’hui se consomme comme un grand réseau social et s’il y a une tendance à ne pas rater, les gens seront là.

Victor Wembanyama’s debut:

🏀 2.99M viewers

🏀 Most-watched Mavs/Spurs reg. season game on ESPN ever (non-Xmas)

🏀NBA League Pass viewership in France was up +220% vs. last year’s regular season avg

🏀214M video views: most of any player on NBA social since start of preseason pic.twitter.com/tKHSFtLiyQ

— NBA Communications (@NBAPR) October 26, 2023

Prenez l’exemple de Victor Wembanyama.

Lors de son arrivée en NBA, c’était un phénomène planétaire que personne ne voulait rater et personne ne l’a raté. Pour son premier match, Wemby a drainé 2,99 millions de téléspectateurs sur ESPN, un record pour l’affiche d’ouverture de saison plus atteint depuis 2011. Mieux encore, avec un pic à 3,9 millions, c’est tout simplement du jamais-vu pour un match Spurs – Mavericks hors affiches de Noël. Cela appuie d’ailleurs l’élément que l’on a vu juste au-dessus : l’importance d’avoir une star qui captive les foules.

La WWE, source d’inspiration pour la NBA de demain ?

Il existe une entreprise qui bat tous ses records de bénéfices avec perte d’audience exceptionnelle : la WWE. Depuis 25 ans, les audiences de la fédération numéro 1 de catch sont en chute libre et pourtant les têtes d’affiche ont été nombreuses : John Cena, Randy Orton, Jeff Hardy, Roman Reigns etc… Hormis un sérieux trou d’air à la fin des années 2010 où le contenu n’était vraiment pas bon, la WWE a toujours su garder la tête hors de l’eau. C’est encore plus le cas aujourd’hui.

L’entreprise récemment rachetée par TKO (qui détient l’UFC) pète des records sur les réseaux sociaux mois après mois, principalement sur TikTok. Grâce à son algorithme, tout le monde peut tomber sur les extraits postés par la WWE. L’intérêt est double : ramener le public qui avait arrêté de suivre et un public tout jeune.

Si les audiences remontent légèrement, la WWE a bouclé un accord record de cinq milliards de dollars avec Netflix pour diffuser son show hebdomadaire, Monday Night Raw, sur la plateforme de streaming. Si ça ce n’est pas une preuve que sans des audiences TV exceptionnelles, une fédération peut tout de même continuer à grandir, on ne sait pas ce qu’il vous faut de plus.

La NBA peut s’en inspirer.

Sources texte : Yahoo Sports, Sports Media Watch, Front Office Sports, ForTheWin, Forbes, Wrestlenomics, Fox News, Sports Business Insider


Voir toutes les News