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L’Utah Jazz selon TrashTalk

Vous pensez que les Mormons ne savent pas jouer du Jazz ? C’est possible, mais en déménageant de la Nouvelle-Orléans à Salt Lake City dans l’Utah, la franchise du Jazz n’a pas changé de nom et l’Utah Jazz est la seule activité intéressante dans la vie des Mormons.

Le Jazz se joue à la Nouvelle-Orléans, pas dans l’Utah

En 1974, New Orleans s’offre une franchise d’expansion pour rejoindre la NBA, devenant par la même occasion l’équipe la plus au Sud de la Ligue à l’époque. Logiquement, pour coller à la ville on prend un blaze qui swingue, le Jazz. Idem pour les couleurs du maillot – violet, vert et doré – qui sont aussi en lien avec la Nouvelle-Orléans puisqu’elles rappellent celles de Mardi-Gras, l’occasion d’une belle bringue dans le bayou.

Pour briller tout de suite, le Jazz tente un move très audacieux. La franchise envoie la moitié du pays cajun pour arracher aux Atlanta Hawks l’arrière Pete Maravich. Pistol Pete est une star bien connue dans le coin puisqu’il a explosé les records de scoring NCAA au sein de Louisiana State University. Spoiler : tout ne va pas bien se passer et le move du Jazz va plomber l’avenir de la jeune franchise.

Les coachs défilent, les défaites encore plus. Le Jazz n’a aucune idée de la signification du mot Playoffs en NBA. Et ce ne sont pas les nombreuses blessures de Maravich qui vont pouvoir enrayer la dynamique négative. Ni même la Draft de Lusia Harris en 1977, deuxième femme de l’histoire à être sélectionnée pour jouer en NBA. Sauf qu’elle n’est pas intéressée par le Jazz, l’équipe étant trop nulle pour elle. Plus sérieusement, elle était enceinte et ne comptait pas jouer en NBA.

Les Mormons jouent aussi du Jazz

Et s’il fallait aller voir ailleurs pour le Jazz ? Devant les difficultés sportives et financières du Jazz, la franchise quitte la Nouvelle-Orléans en 1979 pour rejoindre l’Utah. Pour repartir sur de bonnes bases, il faut faire le ménage. Bye-bye Maravich et ses genoux tout pourris en 1980, Dantley débarque pour prendre le lead de l’équipe du Jazz au cours de cette première saison de la franchise à Salt Lake City. Le résultat n’est pas immédiat, mais l’arrivée de Frank Layden au Jazz avec la double casquette General Manager – coach en décembre 1981 est un vrai pas dans la bonne direction pour Utah. Des tafs qu’il va conserver de longues années, jusqu’en 1987 pour celui de General Manager (remplacé alors par Dave Checketts qui était le président des opérations basket depuis 1984) et 1988 pour celui de coach (remplacé par Jerry Sloan).
Mais avant de passer le flambeau, Frank Layden va accomplir des travaux colossaux dans l’Utah en leur offrant leur première qualification en Playoffs NBA en 1984. La première d’une série de 20 trips consécutifs en post-season pour le Jazz.

Passe de Stockton pour Malone, résumé des matchs du Jazz

Alors que Layden pose les bases pour l’Utah Jazz, il réalise quelques bons coups à la Draft qui vont faire franchir un palier à l’équipe en NBA. Mark Eaton au quatrième tour en 1982, John Stockton en seizième position en 1984, Karl Malone avec le treizième choix en 1985. Le bilan du Jazz sur la première moitié des eighties est plutôt bon. Le tableau aurait pu être encore plus reluisant si Darrell Griffith – auteur de débuts prometteurs avec le Jazz – ne s’était pas flingué le pied au bout de quelques saisons ou si Dominique Wilkins, drafté avec le pick 3 de 1982 avait daigné jouer au basket dans l’Utah. Mais l’ailier refuse d’aller chez les Mormons qui l’envoient immédiatement à Atlanta contre des drogués et du cash. Car oui, c’est toujours un peu la misère financièrement parlant pour l’Utah Jazz, donc le front office ne ferme jamais les yeux devant une petite offre avec des billets, histoire de renflouer les caisses.

Jusqu’à la prise en main de la franchise par Larry H. Miller qui rachète l’équipe en deux fois, 50% en 1985 puis l’autre moitié un an plus tard. Parmi les chantiers du nouveau propriétaire du Jazz : changer d’enceinte, le Salt Palace étant trop petit pour rivaliser avec des salles plus modernes et faire rentrer un maximum de cash avec plus de places disponibles pour une communauté qui vibre de plus en plus derrière sa franchise NBA. En 1991, l’Utah Jazz inaugure son Delta Center (devenu depuis l’EnergySolutions Arena puis désormais la Vivint Arena). Jerry Sloan est sur le banc, John  Stockton aux manettes et Karl Malone à la finition, soir après soir, match après match. Mark Eaton vieillit et il faut trouver d’autres joueurs de compléments pour entourer Stockton et Malone. Felton Spencer, Jeff Malone, Tyrone Corbin… on essaie différentes recettes mais c’est l’ajout de Jeff Hornacek en 1994 et le développement de Bryon Scott qui permettent de voir l’Utah Jazz jouer le titre NBA. Mais les deux saisons (1997 et 1998) où le Jazz atteint les Finales NBA, Michael Jordan et les Bulls se présentent face à eux et s’imposent.

Deron Williams – Carlos Boozer, la version Wish de Stockton-Malone

Le coche est raté pour le Jazz, et les cinq saisons suivantes toujours synonymes de Playoffs n’y changent rien, le duo John Stockton – Karl Malone ne sera jamais champion NBA. Une fois Stockton à la retraite et Malone parti aux Lakers, le mode reconstruction est activé dans l’Utah. Andrei Kirilenko, Mehmet Okur, Carlos Boozer et Deron Williams sont les nouveaux fers de lance d’un Jazz d’Utah qui atteint les finales de Conférence Ouest en 2007 après trois années sans Playoffs. Mais les ambitions sont de courte durée. Kirilenko retourne en Russie, Carlos Boozer prend le cash chez les Bulls et les relations se tendent entre Deron Williams et Jerry Sloan. Le coach démissionne en février 2011, fatigué de la situation. On file les clefs à Deron Williams ? Que dalle, le meneur est envoyé à Brooklyn contre de la jeunesse et des picks de Draft. Sans jamais tomber dans les bas-fonds de la NBA, le Jazz d’Utah n’est plus une place forte de la Ligue.

L’Utah Jazz apprend à parler Français avec Rudy Gobert

Quin Snyder prend le relais de Tyrone Corbin sur le banc en 2014 et il s’appuie progressivement sur le nouveau point d’ancrage du Jazz, monsieur Rudy Gobert. Le Français drafté par le Jazz en 2013 fait son trou au point de s’affirmer comme le meilleur défenseur de la NBA, trophée qu’il soulève à trois reprises durant son séjour dans l’Utah. De l’autre côté du parquet, c’est tout d’abord Gordon Hayward puis Donovan Mitchell qui doivent faire exploser les défenses adverses et assurer le scoring. Les saisons régulières sont abouties, mais ça coince en Playoffs pour le Jazz. Des rumeurs de tensions entre les deux stars – Gobert et Mitchell – font régulièrement surface et le groupe finit par exploser sous l’impulsion de Danny Ainge – fraîchement débarqué dans l’Utah – à l’été 2022. On repart sur un nouveau cycle.

C’est quoi la suite pour le Jazz d’Utah ?

Et quoi de mieux que d’empiler les picks de Draft et les jeunes joueurs pour reconstruire ? Rudy Gobert est envoyé aux Wolves contre tout l’avenir de l’État du Minnesota mais aussi le rookie Walker Kessler et des Weetabix. Donovan Mitchell part, lui, aux Cavaliers contre Lauri Markkanen, Collin Sexton et une tripotée de tours Draft. Quin Snyder laisse sa place à Will Hardy sur le banc. On ne donne pas cher de la peau de cette équipe, mais emmené par un Lauri Markkanen MIP, par Jordan Clarkson en sortie de banc ou encore la première saison rookie de Walker Kessler dans un rôle de muraille en défense, le Jazz en a surpris plus d’un. Pas assez pour aller chercher les Playoffs – le shut down de certains joueurs dont Lauri Markkanen en fin de saison n’a pas aidé non plus – mais suffisant pour se dire que les bons choix ont été faits pour ne pas stagner et vite repartir de l’avant à Salt Lake City. Gobert et Mitchell ont été vite oubliés. Lauri Markkanen – Walter Kessler dans la raquette, des picks sur les prochaines Drafts, on ne sait pas exactement ce que Danny Ainge a en tête pour l’avenir de l’Utah Jazz, mais on sait très bien qu’il a déjà créé un contender (coucou les Celtics) dans une situation semblable.





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