Scandale d’arbitrage : le jour où les Kings sont passés à quelques coups de sifflet des Finales NBA face aux Lakers

Le 18 mai 2023 à 11:19 par Antoine Demaegdt

Chris Webber Kings
Source image : Youtube

Ah ce fameux Game 6 du 31 mai 2002… Dans une finale de Conférence Ouest titanesque opposant les Kings aux Lakers, Sacramento n’est pas passé loin d’aller en Finale NBA pour la première fois de son histoire. Seulement, le trio arbitral de la rencontre semblait avoir un certain penchant pour les Lakers. Peut-être le plus gros scandale arbitral de l’histoire de la Grande Ligue…

Les liens vers les épisodes 1 et 2 de la série 

Dans ce duel au sommet de l’Ouest, on a deux équipes qui se connaissent bien puisqu’ils se retrouvent en Playoffs pour la troisième fois de suite en 3 ans. Les Lakers de Shaq et Kobe, déjà double champions NBA, sont en quête d’un Three-Peat. Après avoir évincés les Kings en 2000 et en 2001, les hommes de Phil Jackson sont plutôt chaud à réitérer la prophétie. Il faut dire que les Angelinos sont sur une belle lancée puisqu’ils viennent de sortir un des cadors de l’Ouest que sont les Spurs de Tim Duncan et David Robinson : un 4-1 sans bavure qui laisse imaginer le niveau de cette équipe. Mais c’est tout de même loin d’être gagné d’avance puisqu’en face Sacramento est sur une ascension fulgurante lors de cette saison NBA 2001-2002 : ils finissent premiers de NBA avec un joli bilan de 61-21 (3 victoires de plus que les Lakers et les Spurs). Et en parlant de dynamique, il faut dire qu’il ne sont pas mal non plus puisqu’ils ont éliminé le Jazz de John Stockton et Karl Malone puis les Mavs de Dirk Nowitzki et Steve Nash dans la foulée.

On a donc un concurrent très sérieux pour tenir tête aux double champions en titre. Tellement sérieux que le collectif bien huilé des Kings va mener 3-2 dans cette série de Playoffs. On en arrive donc à ce Game 6 au Staples Center où la tension règne sur le terrain… Tension due à une potentielle élimination des Lakers certes mais aussi à un arbitrage plus que douteux… Beaucoup de coups de sifflet frustrent les Kings au cours du match : Scott Pollard – défenseur habituellement très propre – va sortir pour 6 fautes au bout de 11 minutes de jeu. Des contacts équivalents à des caresses pour le Shaq au poste bas… Alors certes il ne faut pas toujours juger l’arbitrage au nombre de fautes distribuées : cela dépend majoritairement de l’agressivité des joueurs sur le terrain. Mais ce jour là, le trio arbitral composé de Dick Bavetta, Ted Bernhardt et Bob Delaney a sifflé des fautes fantomatiques… Les biais arbitraux sont d’autant plus flagrant lorsque l’on arrive dans le money time du match (92-92 à 3 minutes de la fin).

Si l’on décortique ces dernières minutes, on se rend compte que l’injustice est totale pour les hommes de Rick Adelman. À 3:07 de la fin, Chris Webber joue Robert Horry au poste bas. En le dominant physiquement, il l’enfonce facilement pour scorer sur sa tête sauf que ce bon vieux Robert nous sort son meilleur flopping en se jettant en arrière pour provoquer la faute offensive : un call que l’on pourrait voir en 2023 dans un Hornets-Wizards à 21h30 le dimanche ; mais pas en 2002 durant un money time d’une finale de Conférence… L’action suivante, ce même Robert Horry part en drive mais perd le ballon sur une main attrapée par Chris Webber : hustle play débouchant sur une faute de Vlade Divac qui ne faisait que se battre pour le ballon… Le géant violet sortira pour 6 fautes sur cette action : nouveau coup dur difficile à encaisser pour Sacramento.

Le match se poursuit et à 2 minutes de la fin, Kobe par en drive sur Doug Christie : bonne défense du violet qui accompagne bien Black Mamba en l’air mais nouvelle faute concédée pour les Kings. Des lancers-francs qui coûtent très cher puisqu’ils vont permettre de faire le break au finish : 103-102 pour les Lakers avec la possession à 12 secondes de la fin. Et on est même pas au bout du scandale puisque Mike Bibby va recevoir un énorme coup de coude non sifflé de Kobe sur la dernière remise en jeu : une faute offensive évidente que les arbitres laissent passer à la trappe… On vous laisse vous bouffer les doigts devant ce marasme.

Les Kings sont dégoutés des coups de sifflets mais doivent tout de même retourner à la maison pour disputer un Game 7 décisif. Mais malheureusement, ils ne se relèveront pas de cette horrible fin de match en s’inclinant 112-106 à domicile… Il est évident qu’après cette série, ce scandale du Game 6 résonne toujours dans le monde du sport. Les suspicions de corruptions se sont démultipliées et toute la presse parlait de cette fin de match douteuse après l’élimination de Sacramento. Même Bill Walton – consultant pour ESPN à l’époque – affirmait en direct que le passage en force de Chris Webber était un “très mauvais coup de sifflet”. Mais il faut attendre 2008 pour avoir les premières pièces à conviction de cette supposée corruption. Tim Donaghy – ancien arbitre NBA ayant truqué ses propres matchs pour des jeux d’argent – révèle un document, par l’intermédiaire de son avocat, avant l’annonce de sa sentence :

“Les arbitres A, F et G ont officié sur une série de Playoffs entre les équipes 5 et 6 en mai 2002. Il s’agissait du sixième match d’une série en sept, et une victoire de l’équipe cinq aurait mis un terme à cette dite série. Toutefois, Tim a appris par l’arbitre A que lui et l’arbitre F voulaient pousser la série en sept. Tim connaissait les arbitres A et F pour être des ‘hommes dévoués’ agissant toujours dans l’intérêt de la NBA, et c’était justement ce soir là dans l’intérêt de la NBA d’ajouter un match à la série. Les arbitres A et F ont lourdement avantagé l’équipe 6. Les fautes personnelles ont été ignorées même quand elles sont survenues sous les yeux des arbitres. Inversement, les arbitres ont sifflé des fautes imaginaires pour donner des opportunités de lancers francs à l’équipe 6. Leurs coups de sifflet ont également poussé à l’expulsion de deux joueurs de l’équipe 5. La préférence des arbitres pour l’équipe 6 a mené cette équipe vers la victoire ce soir là, et l’équipe 6 a réussi au final à remporter la série.”

Un discours qui fait froid dans le dos et qui ne fait que confirmer l’évidence. Evidemment le prétexte de l’anonymat représenté par les lettres A et F puis les équipes 5 et 6 reste ironique : pas besoin d’être expert au Cluedo pour faire le lien… Même si officiellement aujourd’hui, rien ne prouve factuellement un tel rapprochement…

On a pas fini d’entendre parler de ce fameux Game 6 du 31 mai 2002. Sacramento avait l’occasion d’écrire son histoire en allant pour la première fois en Finale NBA. Mais le corps arbitral a décidé d’influer sur le destin sportif des choses… Et dire qu’on aurait pu avoir une revanche cette année en Playoffs !