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Le billet d’Alex : la luxury tax des Warriors, une bénédiction

Le 17 oct. 2022 à 19:04 par Alexandre Martin

Joe Lacob Warriors luxury tax
Source : YouTube /LetsGoWarriors

500 millions de dollars. C’est la somme faramineuse que les Warriors pourraient dépenser en salaires et luxury tax cumulés lors de la saison 2023-24. C’est énorme. C’est un record historique qui soulève pas mal d’interrogations et de critiques quant à l’équité salariale entre les différentes franchises NBA. Interrogeons-nous, critiquons le système en place. C’est évident, il y a des angles morts mais soulignons aussi une autre évidence : sous bien des aspects, ce que font Joe Lacob et ses associés est une bénédiction pour la NBA. 

Les chiffres sont tombés du côté des Warriors. Samedi, en soirée, 140 millions sur quatre ans ont été mis sur la table pour Jordan Poole. Un gros montant qui laissait entendre que les Warriors allaient attendre de voir ce que Draymond Green voudrait faire de sa player option l’été prochain avant d’engager d’autres dépenses. C’était sous-estimer la détermination de Joe Lacob. Dans la foulée de Poole, Andrew Wiggins se voyait offrir une extension de 109 millions sur quatre ans. Deux extensions qui prendront effet dans un an, alors que Steph Curry entrera dans une saison à 51 millions de dollars, Klay Thompson 43 millions et Draymond donc potentiellement 27,5 millions. Dans les 215 millions de salaires à verser, sur seulement 12 joueurs sous contrat et presque 270 millions de luxury tax pour aller avec. Oui, ça fait déjà 485 millions. Les fameux 500 millions ne sont pas loin et seront très probablement atteints une fois le roster complété comme le précise l’expert en “capologie” Bobby Marks. 

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Les chiffres sont astronomiques. Le salary cap a explosé. Le seuil de luxury tax est loin dans le rétroviseur. Le record de sommes versées en “salaires” pour un propriétaire sera bientôt pulvérisé. 

Dimanche, j’étais en train de lire les réactions suite à ces annonces de prolongations chez les Warriors. Bref, je scrollais sur Twitter et ailleurs sur les internets. Beaucoup d’observateurs et de fans, très amers, partageaient un certain sentiment d’injustice. Pour certains, les Warriors ne respectent pas les règles. Si ! Pour d’autres, les Warriors profitent de règles trop molles pour vraiment assurer la fameuse équité salariale indispensable au bon fonctionnement de la NBA. Une NBA dont les instances devraient se pencher sur ce cas et s’appuyer dessus pour modifier le CBA (Collective Bargaining Arrangement) dès que cela sera possible. Pourquoi pas. En tout cas, une discussion pourrait (et va) sûrement être ouverte sur le sujet afin d’évaluer l’éventuelle portée néfaste de cette stratégie des propriétaires des Warriors. Car c’est bien d’une stratégie dont il s’agit. 

Au fil de la lecture de ces réactions indignées parfois même rageuses, je me suis senti gêné parce qu’en désaccord avec la plupart d’entre elles sur le fond. Que des fans ou observateurs soient énervés à l’idée de voir une équipe, adverse de surcroît, exploser allègrement les plafonds salariaux est tout à fait compréhensible. Le sentiment d’injustice est vite arrivé quand la passion s’en mêle. Dans mes pérégrinations sur le réseau social à l’oiseau bleu, j’ai quand même fini par tomber sur un tweet qui me parlait, un tweet de @Tartrou mettant en avant le fait que voir les Warriors exterminer tous les records de luxury tax peut être une bonne chose.

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Car sur le fond, qu’en est-il réellement ? Les propriétaires des franchises NBA sont tous des milliardaires ou des groupes de milliardaires. Ils dépensent leur argent à leur convenance, en prenant plus ou moins de risques. Certains sont prêts à sortir le chéquier quand il le faut, d’autres sont plus difficiles à convaincre car ils sont là pour faire des bénéfices avant tout. Ce qui n’est pas si aisément compatible avec des dépenses somptuaires dans le but, incroyable, de gagner. Et oui, gagner. Ne serait-ce pas aussi une finalité importante pour tout propriétaire de club de sport ? Quand on prend en compte quelques grands chiffres de l’épopée Joe Lacob à la tête des Warriors, on peut constater que sa stratégie marche, que gagner financièrement et sportivement ne sont pas incompatibles. Allez, deux chiffres assez clairs : Lacob et son groupe ont acheté les Warriors 450 millions de dollars en 2010. Aujourd’hui, la franchise est estimée à plus de cinq… milliards de dollars. Parce que le business NBA a le vent en poupe, parce que les Warriors gagnent aussi, parce qu’ils dégagent une identité forte, parce que Stephen Curry bien sûr. Parce que le propriétaire n’a pas hésité à investir dedans. Il est tout de même intéressant de noter que jusqu’en 2015, les Warriors étaient encore parmi les trois seules franchises à n’avoir jamais payé de luxury tax. Pendant les cinq premières années qu’il a passées à la tête de sa franchise, Joe Lacob n’a donc pas fait de folies. Dès que ça a commencé à sourire pour ses guerriers, il n’a pas fait dans la dentelle. Il a sorti le chéquier de compétition et a appliqué une stratégie. Il est dans son droit. Il exploite les règles actuelles, à ses frais, pour le plus grand bien de son équipe et possiblement pour celui de la ligue. D’autres propriétaires sont dans cette lignée et pourraient imiter Lacob dans le but, double, de gagner sportivement tout en assurant de beaux résultats financiers. Steve Ballmer et Joe Tsai par exemple et pour ne citer qu’eux. 

Alors quoi ? C’est l’argent qui fait gagner ? 

L’histoire montre assez clairement qu’il aide mais qu’il est loin de suffire. La luxury tax est en vigueur depuis 19 saisons en NBA. 28 équipes en ont déjà payé, pour un total de plus de 2 milliards (avant cette saison 2022-23). Les Warriors sont évidemment en tête des plus gros payeurs avec 337 millions de dollars versés en cinq années dans la taxe. Le podium est complété par les Nets avec presque 300 millions en sept années de luxury tax et puis par les Knicks avec 248 millions. On vous laisse faire le compte des titres des deux franchises de New York sur la période. Et si vous avez envie de vous pencher sur le classement complet, il est disponible ICI chez Forbes. Vous y verrez que luxury tax ne rime pas forcément avec titre NBA. L’argent est un facteur pour remporter des trophées dans le sport de haut niveau, c’est indéniable. Mais encore faut-il savoir quand et comment le dépenser à bon escient. Tout en acceptant que les aléas du terrain, la malchance, les blessures, LeBron James ou Kawhi Leonard puissent à tout moment venir réduire à néant votre plan. 

Donc oui, cette façon qu’a Joe Lacob d’assumer des dépenses monumentales et de pousser tout un système dans ses derniers retranchements est, dans un sens, une bénédiction. 

Une bénédiction car ça peut pousser d’autres propriétaires à investir dans leurs franchises et pas juste en attendre des dividendes, ce qui serait bon pour l’équipe en question, certainement bien accueilli par ses fans et tout simplement bénéfique pour la NBA dans son ensemble. Une bénédiction car, chaque saison, les sommes versées par les franchises payant de la luxury tax sont reversées à celles qui n’en paient pas. Les propriétaires de ces équipes (sans luxury tax) râlent peut-être en voyant l’effectif des Warriors par exemple mais nul doute qu’ils sont absolument ravis de toucher un petit pactole pour améliorer le rendement financier de leur franchise ou tout simplement pour boucher quelques trous s’il y en a. Sans compter que ça permet de maintenir l’équilibre des revenus partagés entre propriétaires et joueurs. 

Oui, une bénédiction car cela peut et va pousser les personnes concernées à s’interroger sur la viabilité du système actuel justement. Comment peut-on l’améliorer ? Doit-on revoir le fonctionnement des Bird Rights ? Doivent-ils être capés pour éviter qu’une franchise puisse autant dépasser le salary cap ? Doit-on remettre la notion de hard-cap sur la table ? Est-ce une solution tellement souhaitable ? Est-ce d’ailleurs l’assurance de plus d’équité entre les différentes franchises ? Car finalement la partie financière n’est qu’un outil de plus pour attirer les meilleurs joueurs. A la base, ce dispositif de Bird Rights permettant de franchir le plafond du salary cap a été mis en place pour permettre aux plus petits marchés de garder leurs meilleurs joueurs. Ce sont les Bird Rights qui permettent aujourd’hui aux Warriors de garder Stephen Curry, Klay Thompson, Draymond Green et Jordan Poole, quatre joueurs draftés par Golden State. Si vous enlevez ce levier aux dirigeants, un autre va revenir au galop sur le devant de la scène : la ville, le marché dans lequel la franchise est installée. Et là devinez quoi, cela pourrait être encore plus injuste pour les plus petits marchés. 

Le système de soft cap, avec de multiples exceptions et de la taxe pour les plus dépensiers, est loin d’être parfait. Il va sûrement falloir le réviser, le remettre au goût du jour, l’adapter aux nouveaux montants des droits TV et essayer de faire en sorte de le garder le plus juste possible. Pour autant il ne fonctionne pas si mal. La NBA se régénère régulièrement sur le plan sportif. Joe Lacob bouscule les habitudes de ses confrères propriétaires et pousse très loin une stratégie dans le but de gagner avec son noyau de joueurs draftés. Cela ne doit être pris que pour ce que c’est : du sport-business de haut niveau. 


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