Les Hawks de 2015 : collectif formidable, avènement du Mike Budenholzer basketball et rêve éveillé pour Atlanta

Le 18 déc. 2019 à 09:48 par Bastien Fontanieu

Hawks
Source image : NBA.com

Si les Hawks n’ont pas remporté de titre sur cette décennie 2010, peu d’équipes ont gagné autant de matchs sur une saison régulière que celle d’Atlanta en 2015, dirigée par Mike Budenholzer. Une campagne passée au paradis du basket, dans la plus pure tradition des équipes qui triomphent… et meurent ensemble.

Il fût une époque où, oui, Atlanta avait une équipe respectable, la Philips Arena proposait un sacré bordel auditif tous les soirs, et affronter le faucon de Géorgie n’était pas une bonne nouvelle. C’était en 2015, il n’y a pas si longtemps que ça finalement, et pourtant on dirait que cela fait une éternité. Il fût une époque où, oui, Atlanta proposait un des jeux collectifs les plus léchés de toute la NBA. Un mouvement de balle suprême, orchestré par deux hommes en grande partie, qui faisaient leurs gammes avec les Hawks. Cette saison 2014-15 est restée dans la mémoire de nombreux fans, et pas parce que Kyle Korver enchaînait les perles à distance. Non, ce n’est pas parce que LeBron et les Cavs ont roulé sur Atlanta en finale de conférence (4-0) que ce groupe est dans les têtes. Si chaque fan de basket proche de la NBA se souvient des Hawks de 2015, comme on peut entendre l’expression parfois ici ou là, c’est parce que cette équipe sortait du lot du premier au dernier homme et cassait des premiers codes, la main dans la main.

On parle ici d’un groupe qui a tapé la barre symbolique des 60 wins en sachant que son meilleur scoreur… culminait à moins de 17 pions par match (16,4 pour Millsap). Une hérésie, en comparaison avec les équipes membres du club des 60W. On parle ici d’un groupe qui a eu 4 All-Stars envoyés à New York (Millsap, Horford, Teague, Korver), et qui a vu son cinq majeur être nommé Joueur du mois en janvier. Oui, Atlanta venait de réaliser le mois parfait, 17 victoires sans la moindre défaite, et DeMarre Carroll se joignait à la fête. C’était mignon, attachant, sans en faire une tonne, mais en exécutant un beau basket soir après soir. Les Hawks étaient chiants à jouer, parce qu’ils étaient déjà à l’heure il y a 4 ans pour pratiquer un basket un poil avant-gardiste. Vous en voulez la preuve ? Korver était une star cette saison-là, plantant banderille sur banderille au même moment que l’éruption d’un certain Stephen Curry. Chaque soir, le sniper rendait fou ses adversaires, et Atlanta pariait sur lui pour écarter les défenses. Horford et Millsap, trop petits pour des intérieurs, retroussaient leurs manches pour protéger l’arceau tout en défendant sur plusieurs postes. Carroll servait lui aussi de couteau-suisse, un 3 and D traditionnel, et Jeff Teague installait la table tout en laissant Dennis Schröder donner un coup de boost en sortie de banc. Le banc ? Parlons-en, entre Pero Antic l’étrangleur d’enfants, Mike Scott, Kent Bazemore, Shelvin Mack, Thabo Sefolosha ou encore Mike Muscala prêt à faire les goggles chaque fois qu’un tir à trois-points rentrait, les soldats étaient faits pour remplir une mission particulière. Et c’est en ça, grâce à cette répartition des rôles et cet avant-gardisme certain, qu’Atlanta s’offrait une des meilleures saisons de toute son histoire. C’est parce qu’à trois-points, en défense, dans le passing game et dans les pourcentages aux tirs, les Hawks se retrouvaient systématiquement deuxièmes… derrière les Warriors du coach-rookie Steve Kerr.

Alors on pourrait en raconter des belles et des pas mûres, sur la soirée Tinder organisée à Atlanta un soir de match, provoquant l’hystérie de la NBA devant de telles stratégies de communication. On pourrait revenir sur Korver qui tape un tomar et impose à son banc de lui filer 100$, parce que c’était le pari du début de saison. Mais là n’est pas ce qu’il y a de plus nostalgique. Ce n’est pas là que la meilleure photo doit être prise et observée. Ce qu’il y a de saisissant, c’est qu’il s’agit ici d’un alignement des planètes pour bon nombre d’acteurs, qui ont trouvé leur voie future dans cette équipe. Mike Budenholzer, testé par les Hawks après des années passées en tant que bras-droit de Popovich à San Antonio, se lançait enfin dans l’aventure en solo. Et à ses côtés ? Trois fois rien, juste Kenny Atkinson, aujourd’hui coach des Nets, Tyler Jenkins, aujourd’hui coach des Grizzlies, et cela quelques mois après avoir laissé partir Quin Snyder en tant qu’énième assistant, aujourd’hui coach du Jazz. Quatre stratèges respectés (allez trois et demi) aujourd’hui, sur le même banc à une époque ? Une dinguerie. Et on voit bien ce que donne 2019 pour Bud, avec Giannis, dans un style de jeu qu’il a testé sans superstar et qui avait fait ses preuves. Korver et Millsap, sous-estimés toute leur carrière, ont touché le sommet dans cette équipe. Al Horford, adoubé depuis si longtemps pour ses qualités en tant que coéquipier, trouvait enfin le paradis des basketteurs. Et en coulisses ? Danny Ferry, quelques mois avant la triste affaire Luol Deng, séchait une larme de bonheur en voyant son plan se réaliser sous ses yeux. Oui, au-delà des résultats, des désillusions, des défaites ou de l’explosion rapide de cette équipe, les Hawks de 2015 étaient attachants et pas seulement pour les filoches de Korver à neuf mètres. Ces Hawks étaient sympa car, en regardant en arrière et en connaissant la suite pour chacun, c’était un rassemblement de purs copains, passionnés par l’idée de réussir ensemble.

Aujourd’hui ? Tout a changé, même le logo. L’équipe d’il y a 4 ans a laissé place à un nouveau management, nouveau coach, nouveaux joueurs, nouvelles couleurs. Les Hawks de 2015 n’ont pas disparu pour autant, dans une ère de transition en NBA où on se demandait justement comment se jouerait le jeu de demain. Et à Atlanta, même si cela n’a duré qu’un an, on en a eu un aperçu so séduisant.


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