Le match légendaire de Pau Gasol en 2015 : 40 points pour éliminer la France, soirée cauchemar à Villeneuve-d’Ascq
Le 17 sept. 2022 à 18:03 par Nicolas Meichel
Pour les Bleus, cela devait être leur Euro. Cela devait représenter la grande fête du basket français. Devant quasiment 27 000 spectateurs réunis au stade Pierre Mauroy de Villeneuve-d’Ascq, la bande à Tony Parker voulait écrire l’une des plus belles pages de son histoire en battant l’Espagne avant d’aller chercher un deuxième titre européen consécutif. Malheureusement, Pau Gasol a transformé le rêve en cauchemar.
En plus de dix ans de rivalité avec l’Espagne, il y a eu des moments cruels comme des moments de joie intense. Ce France – Espagne du 18 septembre 2015 est clairement à ranger dans la première catégorie. Après avoir tapé la Roja dans sa route vers le titre à l’Euro 2013 puis en terre espagnole l’année suivante lors du Mondial, les Bleus veulent profiter de la chaude ambiance du stade Pierre Mauroy pour solidifier encore un peu plus l’ascendant qu’ils ont pris sur leur rival au cours des deux dernières années. “Jamais deux sans trois” dit-on alors, confiants concernant les chances de l’Équipe de France de battre une nouvelle fois l’Espagne pour s’ouvrir la voie vers un magnifique back-to-back européen. Et pendant longtemps, on a raison d’y croire. Car la France mène au score pendant les trois quarts du match, prenant jusqu’à dix longueurs d’avance dans l’ultime période. Tony Parker est certes dans le dur mais le Ch’ti Nando De Colo répond présent, Joffrey Lauvergne lâche un 3-points avec la planche (aucune blague), et la force collective des Bleus – notamment en défense – permet de contenir la Roja. Enfin presque, car il y en a un contre qui les hommes de Vincent Collet ne trouveront jamais de solution.
Le match légendaire de Pau Gasol face à la France, à l’Euro 2015.
40 points, 11 rebonds et 3 contres.
Le cauchemar de Villeneuve-d’Ascq.pic.twitter.com/q2p2Q4GcQk
— TrashTalk (@TrashTalk_fr) September 17, 2022
Pau Gasol Sáez, voilà de qui on parle. Un monument du basket FIBA, un double champion NBA, et le véritable bourreau des Français en ce soir de septembre 2015. Inarrêtable pendant tout le match, l’ancien Laker va tout simplement dégoûter les Bleus dans le money time et installer une clim énorme à l’intérieur du stade Pierre Mauroy. C’est lui qui remet l’Espagne à -5 à un peu moins de cinq minutes de la fin sur deux lancers-francs. C’est lui qui lâche un énorme tomar en pénétration après une feinte de tir pour réduire le score à 61-60, lâchant pour le coup une Pau Gasol face qui nous empêche toujours de dormir certains soirs. Et c’est encore lui qui fait la chanson à un jeune Rudy Gobert dos au panier, se prenant pour Kareem Abdul-Jabbar pour donner l’avantage à la Roja alors qu’elle semblait au bord du gouffre encore quelques minutes plus tôt. C’est simple, Gasol évolue alors dans un autre univers que les neuf autres joueurs présents avec lui sur le parquet. Portée par son leader et profitant en même temps d’un énorme trou d’air offensif des Bleus, l’Espagne mène 66-63 à 16 secondes de la fin. Il faudra un très gros tir primé signé Nicolas Batum dans le corner, puis un block monstrueux de Rudy Gobert sur Gasol pour forcer la prolongation. Malheureusement pour les Bleus, cette overtime ne sera qu’une occasion supplémentaire pour Pau de torturer tout le peuple français. L’intérieur règne en maître sur l’OT et donne l’avantage à la Roja 78-75, avantage définitif puisque Batum manquera trois lancers-francs consécutifs juste derrière. Et comme un symbole, c’est Pau – en état de grâce – qui mettra le point d’exclamation final sur un ultime dunk alors que les dernières secondes s’écoulent. Terrible, juste terrible…
Au final ? Gasol finit avec 40 points – la moitié de son équipe – 11 rebonds et 3 contres, le tout à 12/21 au tir et 16/18 aux lancers francs (!) en 36 minutes de jeu. Une performance immense de la part d’un joueur légendaire, au grand dam d’une Équipe de France qui s’imaginait déjà fêter un nouveau titre avec son public. Mais Pau a dit non, il a vengé presque à lui tout seul la défaite de la Roja l’année précédente lors de la Coupe du Monde en Espagne.