Les Hawks de 2015 sont de l’histoire ancienne : une page se tourne, une nouvelle doit s’écrire
Le 04 juil. 2017 à 16:23 par Bastien Fontanieu
C’était il y a seulement deux ans, et pourtant on dirait que cela en fait dix. Les Hawks de 2015, qui avaient remporté 60 matchs en saison régulière, n’existent plus. L’heure de fermer un sacré bouquin dans les rues d’Atlanta.
17-0. Dix-sept, zéro. Non, ce n’était pas le score d’un Allemagne – Groenland en football, mais bien le bilan des hommes de Mike Budenholzer, sur le mois de janvier 2015. Un record all-time, puisqu’aucune équipe avait pu le faire auparavant. Conséquence de quoi, non seulement le 5 majeur d’Atlanta était nommé Joueur du mois, mais quatre des cinq starters recevaient une invitation au All-Star Game. Ah, les Hawks de 2015… Sweepés certes en finale de conférence par les Cavs d’un LeBron James surhumain, mais historiques dans leur région. Historiques car le bilan de 60 wins était un nouveau sommet créé en Géorgie. Historiques aussi car la Philips Arena se remplissait de plus en plus, soir après soir, sous un nouveau président ambitieux. Historiques enfin car être fan de cette franchise n’était plus – le temps de quelques mois – une punchline : de nouveaux fans se ramenaient aux portes de l’arène, certains par curiosité et d’autres par amour du beau jeu. Les Spurs de l’Est, qu’ils disaient. Aujourd’hui ? Il ne reste quasiment plus rien, de cette équipe. Et de cette époque d’ailleurs, si on peut dire “époque” alors que c’était il y a seulement 24 mois. Car en l’espace de deux ans, les événements foudroyants et décisions bancales se sont enchaînés dans les coulisses de la franchise. Une période aussi triste qu’inévitable, résumée en ces quelques noms glorieux.
DeMarre Carroll ? Toronto.
Jeff Teague ? Indiana puis Minnesota.
Al Horford ? Boston.
Kyle Korver ? Cleveland.
Paul Millsap ? Denver.
Seuls rescapés de cette tornade ? Dennis Schröder, Kent Bazemore et Mike Muscala.
Mais alors comment expliquer ces décisions, ce changement de philosophie, ces joueurs quittant le navire quasiment contre peanuts ? Bien des franchises ont senti quand leur star allait partir, alors pourquoi les Hawks n’ont pas pu obtenir un simple tour de Draft, ou une trade exception ? Tout commence avec le départ de Danny Ferry en septembre 2014, suite à l’affaire le liant à Luol Deng. Architecte de cette nouvelle ère dans Atlanta, le General Manager doit quitter ses fonctions en quelques jours et laisser le gouvernail dans les mains de Mike Budenholzer. Accompagné par Wes Wilcox un peu plus tard, le coach d’Atlanta a beau porter la double-casquette, il est exténué par la tâche et surtout pas prêt pour un tel job jeté à la gueule. Imaginez gérer une boulangerie, vous êtes aux fourneaux et on vous demande de gérer la compta et l’administratif du jour au lendemain, comment faire ? Et surtout, comment avoir une tête de boutique stable auprès de vos employés ? Les joueurs ont beau se serrer les coudes, se rassembler derrière leur entraîneur pour réaliser la meilleure saison de l’histoire des Hawks, mais l’effort n’est que momentané. Ils le savent, qu’un trou de la taille d’un camion a été percé dans la coque. Un par un, les moussaillons rassemblent leurs affaires. Les relations dépassent certes le simple cadre sportif entre Bud et ses joueurs, surtout après de tels mois passés ensemble dans la tourmente, mais quelque chose vient de se casser.
Et quand les deux plus anciens ont la tête tournée vers la porte de sortie, en Jeff Teague en Al Horford, c’est un enchaînement qui prend place. Le premier est transféré à Indiana, le second part pour Boston. Le pire ? C’est que vu de l’extérieur, ce combo est résumé en un bruit de couloir aussi stupide qu’ignorant : DeMarre Carroll était la clé des Hawks. Mais bien sûr, demandez aux Raptors ce qu’ils en pensent. Non, la vraie raison de cette chute, ponctuée par les transferts de Korver et le départ de Millsap, c’est ce véritable séisme vécu dans une franchise qui partait sur un plan de construction royal. Une fois Danny Ferry viré ? C’est bien plus qu’une histoire de “style de jeu” ou de “salaires” qui s’est joué. Les Hawks de 2015 n’ont pas remporté 60 matchs parce qu’ils partageaient bien la gonfle, ces Hawks l’ont fait car ils étaient plus regroupés que jamais face à un triste événement se passant à la tête de leur franchise. Et si les athlètes de haut-niveau ont tendance à accepter les plus grands challenges, celui-ci était bien trop élevé pour pouvoir durer. Se démerdant autant que possible, avec des one-shot lancés sur Dwight Howard ou Tiago Splitter, Mike Budenholzer craquait logiquement en toute fin de saison dernière. Please, help. Besoin d’un vrai bras droit, d’un manager, de quelqu’un pour lui permettre de retrouver son vrai boulot, celui d’excellent entraîneur.
Et aujourd’hui ? C’est ce qu’il a obtenu, en Travis Schlenk. Le nouveau GM d’Atlanta a compris le passé pour mieux construire l’avenir, faisant table-rase pour créer un modèle qui demandera du temps. Les fans des Hawks seront peut-être attristés par le passé comme le présent, mais qu’ils regardent l’avenir avec optimisme. Car des propriétaires ambitieux, un bon président, un General Manager confirmé et un grand entraîneur, ça reste rarement dans les profondeurs de la Ligue. Ceci est donc un toast, aux Hawks de 2015 : une équipe belle et incomprise, collective et engagée, mais vouée à se casser la gueule. L’aventure fût belle, sachez que la suite sera encore meilleure.