Il y a dix ans, les News Orleans Hornets draftaient Anthony Davis : le first pick a fait du chemin, mais il lui reste tant de choses à accomplir
Le 28 juin 2022 à 16:04 par Arthur Baudin
Passe vite le temps hein. Il y a dix ans, le 28 juin 2012, les New Orleans Hornets draftaient Anthony Davis en qualité de first pick. Un intérieur moderne, au talent générationnel, capable d’enfin focaliser l’attention sur la Nouvelle-Orléans. Dix ans après, qu’a-t-il accompli ? Où en est le fils de Chicago dans sa quête de gloire/Hall of Fame ? Coup d’œil.
Nous l’avons quitté le 2 avril 2012, laissé au sommet de son jeune art, sur le toit de la NCAA avec Kentucky. À l’approche de la Draft 2012, scouts, analystes et bookmakers ne jurent que par son nom : Anthony Davis, intérieur de 19 ans, auteur de 29 blocks sur ses six matchs de March Madness. « Avec Davis, vous avez devant vous un futur All-Star », mentionne le scouting report de Bleacher Report. Dix ans plus tard, on fait le point.
Un first pick n’est pas inéluctablement le Rookie de l’année. Une franchise a considéré qu’il était le plus haut potentiel de sa cuvée, c’est tout. Pour Anthony Davis, bien que l’acclimatation se soit faite assez tranquillement – 13.5 points à 52% au tir, 8.2 rebonds, 1 assist, 1.8 block et 1.2 interception sur son année rookie – un certain Damian Lillard traînait dans le coin. Le trophée est revenu au 6e choix de Portland, mais l’Unibrow n’a pas déçu pour autant. Sur son exercice sophomore, Davis hausse ensuite le ton avec des statistiques de plombier-serrurier : 20.8 points à 52% au tir, 10 rebonds, 1.6 assist, 2.8 block et 1.3 interception. C’est le début des conneries. Les chiffres partent en vrille et l’ombre d’un très très grand joueur plane sur la NBA. Cette grosse confirmation lui vaut même une première sélection au All-Star Game. Mais si l’expression dit « un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse », c’est ici tout l’inverse. L’arbre qui pousse fait plus de bruit que la forêt qui tombe. On oublie que New Orleans n’est plus retourné en Playoffs depuis quatre ans, et sous couvert qu’un petit jeune explose, il faudrait ployer le genou ? On dirait bien que oui. Sur sa troisième année en Louisiane, Anthony Davis ferme le bec des derniers réticents en offrant aux Pelicans (renaming des Hornets à l’été 2013) cette campagne de postseason tant convoitée. L’Unibrow arrive 5e dans la course au trophée de MVP, et 4e dans celle pour le DPOY. Créée en 2002, la franchise de la Nouvelle-Orléans aborde le futur avec une excitation qu’elle n’a jamais connue.
Les Pelicans échouent sur la première marche de ces Playoffs 2014-15, sweepés par les Golden State Warriors, une petite équipe d’avenir, trois fois rien. Mais à New Orleans, l’indifférence est totale. L’objectif était de retrouver les vacances tardives, c’est chose faite donc cap sur l’avenir. Et devinez quoi ? Dans le sillage d’un Anthony Davis XXL, les Pelicans vont… se rétamer. Les campagnes 2015-16 et 2016-17 se terminent en avril, et malgré les sélections étoilées pour le grand dadet, le modèle ne fonctionne pas. Du coup, DeMarcus Cousins quitte Sacramento et vient dépanner la troupe d’Alvin Gentry. L’un des duos les plus prometteurs de la décennie se forme : grosse campagne médiatique autour du « Ice & Fire », vive la vie, Boogie et AD s’apprêtent à laver les peintures adverses. L’effet est immédiat. Bingo, les Pelicans retrouvent les Playoffs et – contre toute attente – tabassent les Blazers de Damian Lillard et C.J. McCollum (4-0). Mais DeMarcus Cousins n’a pas participé à la festoche. En janvier 2018, plusieurs mois avant la postseason, il s’est rompu le tendon d’Achille face aux Rockets. C’est le début de sa fin. Une fois encore, les Pelicans se font sortir des Playoffs par Golden State (4-1). Une fois encore, l’effectif a progressé. Mais une fois encore, la confirmation ne vient pas. Devant l’impuissance des role players qui l’entourent, lui et Anthony Davis, DeMarcus Cousins rejoint les Warriors à l’été 2018. C’en est déjà terminé du « Ice & Fire », et toujours trop esseulé, AD prend la direction des Lakers à l’intersaison 2019. Triste fin, franchise et joueurs se reconstruiront de leur côté.
Comment résumer les années Lakers d’Anthony Davis autrement que par « saison 2019-20 » ? Sur la campagne la plus cheloue de tous les temps, perturbée par une pandémie (coupure, bulle d’Orlando, toussa toussa), LeBron James et AD – sous l’égide de Frank Vogel – remportent un titre, le premier de la carrière de l’Unibrow. C’est la fiestoche. On se dit qu’Anthony Davis n’a plus rien à faire jusqu’à la fin de sa carrière, et que le principal est assuré. Le souci, c’est qu’il se dit pareil : ses saisons 2020-21 et 2021-22 sont bof bof, entremêlées de blessures aussi “anecdotiques” que frustrantes. Si le gars se tape le doigt de pied dans le coin du canapé, c’est opération et trois mois d’indisponibilité. D’une élimination au premier tour des Playoffs contre Phoenix, à cette dernière saison sans Playoffs, la carrière d’Anthony Davis est au point mort. Il a sa bague hein, mais difficile de s’en satisfaire au vu de ce qu’il a déjà montré. Tu es un bust AD (pas du tout).
Palmarès d’Anthony Davis
- Champion NBA 2020 (Lakers)
- Octuple All-Star (2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019, 2020 & 2021)
- MVP du All-Star Game 2017
- Quatre fois All-NBA First Team (2015, 2017, 2018 & 2020)
- Deux fois All-NBA Defensive Team (2018 & 2020)
- Trois fois meilleur contreur de la saison (2014, 2015 & 2018)
- Médaille d’or Jeux Olympiques 2012 (Team USA)
- Médaille d’or Mondial 2014 (Team USA)
- Dans le Top 75 All-Time de la NBA
Où est son trophée de DPOY ? Son deuxième titre ? Pourquoi n’est-il plus All-Star ?
On l’aime notre grosse brute, mais attention à ce que – du haut de ses 29 ans – elle ne prenne pas la pente. Comment conclure autrement que par un peu de Reggiani ? « Combien de temps, combien de temps encore ? Des années, des jours, des heures, combien ? Quand j’y pense, mon coeur bat si fort. Mon pays c’est la vie. Combien de temps encore ? ».