LeBron James, une saison 19 tout en haut de l’histoire : le King redéfinit le règle de la vieillesse, voici tous les autres joueurs en 19ème saison NBA
Le 05 janv. 2022 à 21:05 par Bastien Fontanieu
Actuellement dans sa 19ème saison professionnelle en NBA, et quelques jours après avoir soufflé les bougies de ses 37 ans, LeBron James continue à repousser les limites du possible et du compréhensible. Alors que la nature des sportifs nous a appris de facto que les athlètes sont censés chuter à l’approche de la quarantaine, le King de Los Angeles lui maintient son niveau à des hauteurs historiques. À quel point historiques ? Voici la liste des joueurs qui ont réalisé minimum 19 saisons en NBA, et où ils en étaient en saison 19.
Il suffisait de voir le match de ce mardi soir, face aux Kings, pour secouer sa tête et se poser la question une énième fois.
Mais de quelle planète vient LeBron ?
Pris pour acquis de par la régularité de ses performances et sa capacité à les rendre ‘normales‘, l’ailier des Lakers a passé la vitesse supérieure depuis deux-trois semaines et le constat que l’on a connu en 2018, en 2013, en 2007 et en 2004 revient sur la table. Oui, LeBron reste le meilleur joueur sur le terrain, et peu de joueurs sont capables de se ramener sur un parquet NBA et affirmer qu’ils jouent mieux que le cyborg d’Akron. En temps normal, donc avec 1600 matchs en carrière et plus de 60 000 minutes jouées, il devrait y avoir une baisse de niveau. Malheureusement, les phrases qui démarrent par en temps normal et qui contiennent LeBron James par la suite se terminent souvent par un ricanement. Et, en effet, le numéro 6 renvoie une nouvelle idée reçue à la poubelle. Celle qu’en saison 19 d’une carrière NBA, on doit voir sa production et son efficacité chuter.
C’est à la fois un phénomène extraordinaire auquel nous assistons, nous en tant que spectateurs, et terriblement injuste pour les joueurs qui l’entourent. Certes, LeBron sera constamment mis de côté comme cet extra-terrestre venu poser ses valises plusieurs décennies sur Terre afin de jouer au basketball avec nous, mais il y a aussi de bonnes chances pour que, dans son sillage, nombreux soient les athlètes qui se cassent les dents face à des attentes disproportionnées. Même avec les progrès de la médecine et le maintien des joueurs plus longtemps dans leur carrière, peut-on attendre autant d’un joueur ? Et ne faudra-t-il pas veiller à faire de cette incroyable aventure une exception ? James délivre, le peuple se gave, et les historiens comme les médecins s’épuisent. Le casse-tête reste entier et, lorsqu’on le compare aux autres joueurs en saison 19, la tête ne peut qu’être secouée.
C’est justement dans cette perspective que ce travail a été effectué. Ci-dessous, vous retrouverez tous les joueurs qui ont évolué minimum 19 saisons en NBA, et quel était leur niveau de jeu ainsi que le contexte dans lequel ils étaient à leur époque. Blessures, statistiques, coéquipiers, transferts, tout sera développé dans l’espoir d’apporter un peu de concurrence. Mais surtout dans une finalité qui semble incontournable : celle d’avoir en LeBron James le basketteur le plus régulier et durable de toute l’histoire.
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Vince Carter
73 matchs, 25 minutes de moyenne
8 points, 3,1 rebonds, 1,8 passe, 0,8 interception, 0,5 contre
39,4% au tir, 37,8% à trois points, 76,5% aux lancers
Contexte : après un beau passage par Dallas, Vince nous offre trois saisons coup de coeur à Memphis dont une dernière en 2016-17 qui le voit rattraper un paquet d’anciens dans les livres de records. Plus vieux joueur à claquer 20 points dans un match depuis un certain Michael Jordan, plus vieux joueur de l’histoire à réaliser 4 contres dans un match, 1er quadra à planter 6 tirs à trois-points dans une rencontre,… La classe totale. Mais le plus fort ? C’est qu’après avoir passé la barre des 2000 tirs à trois-points en carrière pendant la saison régulière, Carter va jouer 33 minutes de moyenne (!) sur le premier tour de Playoffs face aux Spurs, en étant envoyé principalement en mission sur Kawhi Leonard. Bon, tu perds la série assez logiquement, mais l’effort de Vinsanity est surhumain et à l’image de ses qualités athlétiques légendaires. Au passage, ce sont les fameux Grizzlies de Take that for Data signé David Fizdale. On se dit alors que Vince Carter a fini et qu’il va plier les gaules, tu parles l’ailier va renvoyer 3 saisons par la suite à Sacramento et Atlanta. Juste pour le bonheur et la transmission du savoir à Trae Young.
Dirk Nowitzki
54 matchs, 26 minutes de moyenne
14,2 points, 6,5 rebonds, 1,5 passe, 0,6 interception, 0,7 contre
43,7% au tir, 37,8% à trois points, 87,5% aux lancers
Contexte : c’est qu’avec le temps, malheureusement, on enchaîne les blessures. Dirk est donc gêné par un tendon d’Achille douloureux, ce qui va le forcer à devoir regarder un paquet de rencontres sur le bord du terrain et à galérer à rentrer ses tirs lorsqu’il est de retour. Pour un des meilleurs shooteurs de tous les temps, 44% c’est de l’ordre du blasphème. Ceci étant dit, un Hall of Famer reste un Hall of Famer. Donc quand le 7 mars de cette saison 2016-17 les Lakers sont de passage en ville, Nowitzki fait lever tout le peuple de Dallas comme lui seul sait le faire. Bien servi par ses coéquipiers, l’Allemand prend feu dès le début de la rencontre en plantant les 8 premiers points et la soirée devient historique : la barre des 30 000 points dépassée en carrière, Wes Matthews et Seth Curry en PLS, standing ovation pendant que Holger Geschwindner retient ses larmes. Les Mavs ne vont rien faire cette saison-là hormis écouter la légende grincer des jambes, mais Dirk va bien rejoindre le club des 30K et accessoirement accepter de devenir agent-libre pour prolonger quasi-gratuitement dans sa franchise de toujours. Grand homme, grand geste.
Kevin Garnett
54 matchs, 21 minutes de moyenne
6,5 points, 6,6 rebonds, 1,5 passe, 0,8 interception, 0,7 contre
44,1% au tir, 0% à trois points, 81% aux lancers
Contexte : avant de faire son retour dans le Minnesota, et après avoir erré du côté de Boston bien évidemment, KG est à Brooklyn pour tenter de donner une âme à la franchise en 2013-14. Les genoux ne vont pas tout à fait être d’accord, malgré toute la hype qui entoure son arrivée chez les Nets avec Paul Pierce. Pour sa 19ème aventure en NBA, Garnett en profite pour continuer à gober du rebond défensif à foison (futur numéro 1 all-time deux ans plus tard), et il encaisse les minutes avant de rejoindre un club VIP sacrément serré puisqu’il accepte uniquement les joueurs à plus de 50 000 minutes en carrière. Le vrai highlight de sa fin de carrière avec les Wolves ? C’est bien évidemment son poster sur Blake Griffin grâce à un service de Ricky Rubio en contre-attaque, pendant que Karl-Anthony Towns fait du karaté en guise de célébration et Zach LaVine prend sa tête à deux mains sur le banc. Mais le vrai highlight de son passage à Brooklyn ? C’est Andrea Bargnani qui lui met la sauce avec le maillot des Knicks. Terribles, terribles 18 mois de KG chez les Nets, alors que les attentes étaient folles. On préfère zapper et garder en tête son transfert chez les Wolves.
Kevin Willis
48 matchs, 8 minutes de moyenne
3,4 points, 2 rebonds, 0,2 passe, 0,4 interception, 0,2 contre
46,7% au tir, 0% à trois points, 62% aux lancers
Contexte : c’était censé être la fin, et une fin de rêve, mais Kevin Willis a décidé de faire le forceur puisqu’on est clairement sur du record absolu par ici. En effet, après un passage par les Spurs dont on va parler justement concernant sa 19ème saison, l’intérieur va ensuite enfiler ses pompes pour une cinquantaine de match à Dallas en 2007, à l’âge de 44 ans. Oui, 44 ans, c’est numéro 1 all-time sachant qu’on ne prend pas vraiment en compte la pige de Nat Hickey à 45 piges dans les années 40. Mais bref, revenons à nos moutons, et à Kevin du côté de San Antonio. Toujours aussi vaillant dans la raquette avec sa voix de ténor, Willis va finir sa 19ème pige bras dans les bras avec Steve Smith son pote d’enfance, sous une douche de champagne. Les Spurs sont champions NBA face aux Nets de Jason Kidd (on va en reparler plus bas), c’est le point d’exclamation sur une longue et belle carrière. Kevin aurait pu finir sur une note parfaite mais il a décidé de repousser les limites chez les Mavs. Fair enough.
Robert Parish
81 matchs, 17 minutes de moyenne
4,8 points, 4,3 rebonds, 0,5 passe, 0,3 interception, 0,4 contre
42,7% au tir, 0% à trois points, 70% aux lancers
Contexte : sacré Robert ! Bien évidemment reconnu pour sa mythique carrière du côté de Boston, Parish va finir sa carrière avec un petit roadtrip très sympathique, en mode thalassothérapie du bonheur. D’abord un passage par Charlotte, histoire de réaliser le double-double le plus vieux de l’histoire de la NBA à 41 ans et prendre toute la jeunesse des Hornets de l’époque dans les veines, puis une fin de parcours à Chicago, histoire de gratter de la bague comme seuls les anciens malins savent le faire en 1997. C’est derrière Bill Wennington et Luc Longley que The Chief va tousser sur les parquets à 43 ans, mais c’est surtout en back-up d’Alonzo Mourning à Charlotte que sa 19ème saison aura lieu. Rien à signaler de particulier cette année-là, si ce n’est que Robert va jouer 81 matchs sur 82, une durabilité à l’image de l’homme puisqu’il possède encore le plus grand nombre de matchs joués… dans l’histoire de la NBA.
Jamal Crawford
64 matchs, 19 minutes de moyenne
7,9 points, 1,3 rebond, 3,6 passes, 0,5 interception, 0,2 contre
39,7% au tir, 33,2% à trois points, 85% aux lancers
Contexte : alors là, coup de coeur. Déjà visuellement, puisque Jamal Crawford chope la Pharrellwilliamsite aigüe en gardant la même tête à 19 ans qu’à 38 piges, ensuite sur le terrain car l’arrière continue à faire danser ses défenseurs, mais surtout comment ne pas parler de son finish iconique ? Pour le dernier match en carrière de Dirk Nowitzki, à Dallas, et pour le dernier match de toute la saison régulière des Suns, Jamal ponctue merveilleusement son aventure en NBA avec une masterclass qu’il sera difficile de dénicher dans l’histoire : 51 points, 5 rebonds et 5 passes, à 18/30 au tir, 7/13 à trois-points et 8/9 aux lancers. Plus vieux joueur à en planter fifty dans un match, plus gros total de points scoré en sortie de banc dans l’histoire. Y’a la défaite au bout, mais pour une 19ème saison pro, Crawford repart avec un bijou absolu individuellement. Dommage qu’il aille faire un match dans la bulle d’Orlando avec le maillot des Nets quelques mois plus tard, car il aurait eu le closeout game le plus dingue d’un joueur en 19ème saison professionnelle. Allez le mater, il est dispo ici.
Kobe Bryant (All-Star)
35 matchs, 35 minutes de moyenne
22,3 points, 5,7 rebonds, 5,6 passes, 1,3 interception, 0,2 contre
37,3% au tir, 29,3% à trois points, 81% aux lancers
Contexte : la 19ème saison professionnelle de Kobe n’est pas sa dernière, celle durant laquelle il va faire le tour des stades, claquer 60 points sur le Jazz au finish et partir devant des fans en larmes. Non, ça c’est la 20ème. Le 19ème opus de la série Mamba est très bien placé dans ce classement des meilleurs vieux, car Kobe revient avec le couteau entre les dents. Open bar sur les tickets de shoot, de toute façon les Lakers ont viré Mike D’Antoni et ont décidé de mettre Byron Scott, meilleur pote de Bryant, aux commandes de la franchise. Du coup, Kobe prend 20 shoots par match à des pourcentages atroces, mais on est plus là pour ça. On est plus là pour l’interview mythique de Nick Young, Jordan Hill et Jeremy Lin. On est même plus là pour une des pires saisons de l’histoire des Lakers (61 défaites). On est là pour le plus vieux triple-double de l’histoire (à l’époque…) face aux Raptors, une victime de longue-date. On est là pour le mythique lancer-franc à Minnesota, afin de dépasser Michael Jordan au scoring all-time. Kobe va se faire l’épaule et quitter les siens au bout de 35 matchs, et louper le All-Star Game au passage malgré les votes des fans, mais cette répétition va surtout servir pour une fin de parcours légendaire la saison suivante.
Kareem Abdul-Jabbar (All-Star)
80 matchs, 29 minutes de moyenne
14,6 points, 6 rebonds, 1,7 passe, 0,6 interception, 1,2 contre
53,2% au tir, 0% à trois points, 76,2% aux lancers
Contexte : c’est probablement Kareem Abdul-Jabbar qui peut s’asseoir à cette table et dire qu’il a réalisé la plus complète 19ème saison professionnelle en NBA jusqu’à présent. Que dire ? Le pivot des Lakers joue 80 matchs sur 82, à près de 30 minutes de moyenne, il est All-Star, envoie toujours sa quinzaine de points avec ses lunettes bien vissées… et comme il l’aura montré de nombreuses fois KAJ va garder le meilleur pour la fin. En Playoffs, si les trois premiers tours sont solides, les Finales NBA face aux rugueux Pistons sont compliquées pour le meilleur scoreur de l’histoire de la Ligue. Malgré un gros Game 5 (26 points), le numéro 33 se fait malmener par la raquette de Detroit, mais cela ne va pas l’empêcher d’être extrêmement clutch. Game 6, les Lakers sont menés d’un point à 15 secondes de la fin, faute ou pas Abdul-Jabbar provoque la sortie de Bill Laimbeer et plante ses deux lancers sans trembler. Alors qu’Isiah Thomas était tout près de l’exploit, c’est bien Kareem qui force un Game 7 et James Worthy va s’occuper du reste pour offrir le titre aux Lakers. Et dans le vestiaire rempli de champagne ? Le monstre va annoncer à ses coéquipiers qu’il reviendra pour une saison, la dernière. Ce sera la 20ème, celle de tous les hommages, des cadeaux offerts dans toutes les salles, des larmes des fans et de retrouvailles moins fun avec les Pistons en Finales NBA.
Carmelo Anthony
39 matchs, 27 minutes de moyenne
13,3 points, 4,2 rebonds, 1 passe, 0,7 interception, 0,8 contre
42,3% au tir, 39% à trois points, 80% aux lancers
Contexte : c’est en cours, et c’est pas tout mal mine de rien ! Membre de la Draft 2003, Melo a forcément la même expérience que LeBron en NBA, donc 19 saisons à son actif. Grosse différence tout de même, et ça a filé quelques frayeurs aux fans du sniper, après les 10 matchs foireux avec le maillot des Rockets en 2018 notre cher Carmelo Anthony a failli quitter le circuit des pros. Heureusement, on a retrouvé l’ailier chez les Blazers la saison suivante entre quelques sessions workouts avec un hoodie sur la tête, et le voilà désormais responsable des sanctions à trois points chez les Lakers. Une gâchette all-time, ça ne perd pas son poignet : 39% de réussite à distance pour l’homme aux trois doigts sur le côté du crâne, avec 13 points de moyenne et cette efficacité le vétéran peut se positionner parmi les plus belles 19èmes saisons de l’histoire. Il va falloir confirmer, et si possible lâcher des dingueries en Playoffs. Et dire qu’on a failli louper tout ça pour une histoire de rôle en sortie de banc…
Udonis Haslem
8 matchs, 6,5 minutes de moyenne
3 points, 2,1 rebonds, 0,3 passe, 0,1 interception, 0,1 contre
50% au tir, 50% à trois points, 100% aux lancers
Contexte : tout comme Melo ci-dessus, c’est en cours concernant la taulier du Heat. Bon, on ne va pas se mentir, Udonis Haslem encore en NBA c’est un des running gags les plus amusants chaque année lors de la free agency. On a une rumeur de retraite de U-D vers mi-mars, on se donne rendez-vous en juillet, Pat Riley propose le minimum salarial option savates dans la gueule des jeunes pendant un an et Haslem rempile. C’est comme ça depuis six ans puisque Udonis n’a pas dépassé les 4 points de moyenne depuis 2016, et comme on a pu le voir la saison dernière les seules fois où il rentre c’est pour mettre un coup de boule à Dwight Howard. Du coup, comme Erik Spoelstra l’a si bien rappelé cette année, Haslem est le meilleur capitaine qui existe en NBA aujourd’hui. Tu peux être sûr que le vestiaire est en ordre, que les gamins sont à l’heure et que la machine tourne d’octobre à… jusqu’à quand tiens ? Miami pourrait offrir une dernière bague à un de ses joueurs les plus identitaires all-time, mine de rien. Affaire à suivre.
Tyson Chandler
26 matchs, 8 minutes de moyenne
1,3 point, 2,5 rebonds, 0,2 passe, 0,2 interception, 0,3 contre
77,8% au tir, 0% à trois points, 46% aux lancers
Contexte : y’a toujours les Rockets dans le coin pour foutre la merde, c’est pas possible. Plus sérieusement, Tyson Chandler était passé par Phoenix pour apprendre à Deandre Ayton à poser des écrans, il a ensuite tapé quelques piges chez les moins bons Lakers (2019) lorsqu’ils avaient besoin de contres au buzzer pour la victoire, on l’a retrouvé en fin de parcours à Houston avec 26 matchs assez insignifiants à son compteur. C’est d’ailleurs assez intéressant de voir le nombre de personnes qui sont en train de lire ces lignes et se demander si Tyson Chandler a vraiment joué chez les Rockets, mais sachez qu’on n’a pas fait de montage Photoshop. On peut même vous dire qu’il a fait 4 fautes en 10 minutes chez les Pelicans, signe qu’il fallait en effet raccrocher les shoes.
Jason Terry
51 matchs, 16 minutes de moyenne
3,3 points, 0,9 rebond, 1,2 passe, 0,8 interception, 0,3 contre
38,3% au tir, 34,8% à trois points, 89% aux lancers
Contexte : Jean-Michel Lapoisse, sur la fin de carrière c’est terrible. Formidable sniper, Jason Terry avait tatoué le trophée de champion avec les Mavs et pensait que ça allait aussi le faire pour Boston en 2013. Raté. Le passage ensuite par Brooklyn est une catastrophe compte-tenu des attentes qui étaient placées sur les Nets. Raté. Direction Houston sous les ordres de Kevin McHale, et comme par hasard quand il se barre c’est Mike D’Antoni qui va se poser chez les Rockets pour faire décoller James Harden et les fusées. Raté encore. Manquerait plus qu’il finisse chez un futur champion NBA ? Signature pour deux saisons à Milwaukee, mais les Bucks de Jason Kidd. Quand ça veut pas, ça veut pas. Le Jet va quand même devenir le joueur le plus vieux de l’histoire à participer à un match des Bucks à 39 ans, pour sa 19ème et dernière saison professionnelle. Et comme vous pouvez le voir sur l’image, tourneur de serviettes professionnel également.
Paul Pierce
25 matchs, 11 minutes de moyenne
3,2 points, 1,9 rebond, 0,4 passe, 0,2 interception, 0,2 contre
40% au tir, 34,9% à trois points, 77% aux lancers
Contexte : disons que là, ça fait mal. Très mal. Pour un scoreur de la trempe de Paul Pierce, la fin de carrière est une gigantesque thalasso d’un an avec des survêtements à l’effigie des Clippers portés H24. Retrouvailles forcées avec Doc Rivers pour ponctuer une aventure tout de même historique, allez on accepte. Mais lorsqu’il est sur le terrain, Paul Pierce n’est plus que l’ombre de lui-même, physiquement incapable de défendre et plus aussi incisif en attaque. En gros, les studios de télé n’attendent que lui, et il se prend une belle répétition dans sa 19ème saison de la part de Draymond Green. En déplacement à Golden State, Pierce clash le All-Star des Warriors alors qu’il est sur le banc et ce dernier lui envoie une dinguerie monumentale devant les micros du monde entier : tu veux gratter ta tournée d’adieu mais personne ne t’aimes autant, tu peux pas avoir de tournée d’adieu t’es pas un de ces gars-là, t’as cru que t’étais Kobe ? Le coup de marteau fait mal. Allez, la vraie belle image qu’on veut retenir, c’est ce dernier shoot en carrière pris au TD Garden devant des fans en transe. Voilà pour la 19ème de Paulo.
Tim Duncan
61 matchs, 25 minutes de moyenne
8,6 points, 7,3 rebonds, 2,7 passes, 0,8 interception, 1,3 contre
48,8% au tir, 0% à trois points, 70% aux lancers
Contexte : la fin d’une ère, la fin d’une aventure extraordinaire. La dernière saison professionnelle de Tim Duncan, la 19ème donc, est celle de l’incertitude. Va-t-il partir ? Va-t-il prolonger encore un bout ? Mais plus les mois passent, plus les indicateurs s’alignent. Un premier match en carrière à 0 point, qui met un terme à son incroyable série (1359 matchs de suite avec 1 point minimum), le titre de meilleur contreur de l’histoire des Spurs enfin obtenu, un troisième match en carrière démarré sur le banc, et cette fameuse image en sortie de série à OKC. Alors que les Spurs réalisent une saison dantesque en 2016, avec notamment 35 victoires de suite à domicile, Duncan montre des signes évidents de fatigue face aux furieux athlètes du Thunder. Un dernier cri rageur dans la défaite, 19 points dans le Game 6 à 39 ans, mais les jambes ne tiennent plus. Chaque move est devenu trop compliqué, et le jeu est devenu trop rapide pour TD. Pas grave. À sa manière, donc en toute discrétion, le meilleur ailier-fort de tous les temps lève un doigt au ciel, part tête baissée et annonce quelques semaines plus tard qu’il arrête le basket. All-Star en saison 18, KO en saison 19, Duncan sera ensuite sur le banc de Popovich pour une transition émotionnelle inoubliable.
Juwan Howard
7 matchs, 7 minutes de moyenne
3 points, 1,1 rebond, 0,9 passe, 0 interception, 0 contre
52,6% au tir, 0% à trois points, 100% aux lancers
Contexte : le cas le plus efficace de transition entre le poste de joueur et celui d’assistant-coach. Sans faire de bruit, sans prendre trop de place, Juwan Howard va faire sa 19ème saison professionnelle à base de contrats de 10 jours et de spots quasiment sur le banc des entraîneurs. Une Udonis Haslem avant l’heure, si vous voulez, puisque ce ne sont que 7 matchs auxquels l’intérieur va participer avant de glisser directement sur les côtes d’Erik Spoelstra. Déjà utilisé en tant qu’assistant pendant les Playoffs de 2013, lors desquels le Heat va faire deux trois dingueries si vous suivez mon regard dans le corner, Juwan va représenter un de ces boys de la Riley Family qui aura rendu de loyaux services en NBA et aura assuré l’identité de sa franchise. Quelques années passées à faire ses gammes en Floride avant de reprendre le programme de Michigan en NCAA, un retour aux sources pour celui qui avait chamboulé le championnat universitaire dans les années 90 avec Chris Webber et Jalen Rose, entre autres. No comment sur la saison 19.
Jason Kidd
76 matchs, 27 minutes de moyenne
6 points, 4,3 rebonds, 3,3 passes, 1,6 interception, 0,3 contre
37,2% au tir, 35,1% à trois points, 83% aux lancers
Contexte : vous vous souvenez des Knicks de Jason Kidd ? Mais si, voyons. Pour sa 19ème et dernière saison en NBA, le meneur quitte Dallas et décide de venir aider Carmelo Anthony et compagnie du côté de New York. Attention les yeux, on rappelle que le projet était de former Jeremy Lin, sauf que le phénomène de 2012 part à Houston et c’est donc en partenaire de Raymond Felton que J-Kidd débarque dans le cinq majeur des Knicks. Une brillante idée, n’est-ce pas ? Et bien oui, car rarement on aura vu des Knicks aussi bons sur les 20 dernières années : 54 victoires, un Madison Square Garden en feu, Jason alterne entre le bien et le moins bien à l’âge de 39 ans. Le bien, c’est sa vista et son expérience, son sens de l’équipe qui lui permet d’accepter un rôle d’arrière titulaire. Le moins bien, ce sont les Playoffs durant lesquels les Knicks vont chuter sur Indiana en demi-finale et Kidd va tomber sur sa retraite : 0 point marqués en 6 matchs face aux Pacers, 89 minutes de jeu et pas une ficelle de tremblée. Normalement, ce genre de perf annonce un retrait du maillot et un peu de repos… sauf que Jason va juste enlever ses pompes et rejoindre les Nets en tant que coach ! Le 18 mai tu perds avec les Knicks, le 12 juin tu deviens entraîneur de Brooklyn et le 17 octobre on retire ton maillot au plafond, ouais elle était animée cette 19ème saison de Jason Kidd en NBA…
Shaquille O’Neal
37 matchs, 20 minutes de moyenne
9,2 points, 4,8 rebonds, 0,7 passe, 0,4 interception, 1,1 contre
66,7% au tir, 0% à trois points, 56% aux lancers
Contexte : après avoir aidé Miami à remporter un titre de champion en 2006, Shaq ne va malheureusement pas nous offrir une fin de carrière à la hauteur de son immense parcours. Déjà pour d’évidentes raisons physiques puisque l’animal va accumuler les blessures, mais aussi parce qu’il va enchaîner les mauvais stops. À Phoenix avec Steve Nash et Amar’e Stoudemire ? Mauvais délire, les Suns ne décolleront jamais. À Cleveland en lieutenant de LeBron avant sa free agency ? Pas de bague pour le King. C’est donc à Boston que ce bon O’Neal va terminer sa carrière avec en 2010 une 19ème saison, qui va apporter son lot de hauts et de bas. Le haut, c’est quand Shaq annonce qu’il refuse de voir Tim Duncan avec plus de bagues que lui, et que Kobe en a désormais 5 donc ça le chauffe à rapporter un titre aux Celtics. Le bas, c’est quand le pivot n’arrive pas à jouer 15 matchs de suite sans se blesser. Tendon d’Achille, genoux, mollets, tout y passe après avoir utilisé au maximum ses jambes venues d’un autre système solaire. Malgré des moments hilarants aux côtés de Nate Robinson, le Shaq de Boston nous laisse une triste image en tête : celle du 3 avril contre Detroit, un sprint en contre-attaque et le pied lâche. Direction le banc en grimaçant, c’est la dernière fois qu’on verra vraiment le Big Diesel sur un terrain puisqu’il sera fantomatique en Playoffs et prendra sa retraite dans la foulée. Emoji larmes.
Karl Malone
42 matchs, 33 minutes de moyenne
13,2 points, 8,7 rebonds, 3,9 passes, 1,2 interception, 0,5 contre
48,3% au tir, 0% à trois points, 75% aux lancers
Contexte : à Utah, on a une expression qui dit, karma is a bitch ! Après avoir joué à fond pendant 18 saisons de suite à Utah, Karl Malone décide de quitter son pote de toujours John Stockton afin d’essayer d’obtenir une bague chez les Lakers. Direction Los Angeles, avec Shaq, Kobe et Gary Payton, normalement ça va rouler tout droit. Autant vous dire que chez le Jazz, ça prie fort pour que ça se passe mal et hélas Malone va vivre sa première vraie saison de blessures en carrière. Après un début de campagne impeccable pour le maillot jaune, Karl va se blesser salement au genou en décembre 2003 et les plans vont définitivement changer. Car si le Mailman va revenir en fin de saison pour réaliser des Playoffs très solides, dominant les Rockets offensivement et défendant merveilleusement sur Tim Duncan puis Kevin Garnett en finale de conférence, les pépins de l’hiver précédent vont revenir au premier plan. Blessure en Finales NBA, Detroit profite de la bête blessée et les Lakers s’inclinent en 5 matchs face aux Pistons. Le regard vite, assis sur le banc, Karl Malone voit les confettis tomber dans le Palace d’Auburn Hills alors qu’il était à trois fois rien d’obtenir sa bague tant désirée. Si statistiquement la saison de l’ailier fort est très solide, le fait de le voir louper autant de matchs (40) pour la première fois de sa carrière laisse un goût amer. Retraite dans la foulée, il rejoint Stockton sur le canapé.
John Stockton
82 matchs, 28 minutes de moyenne
10,8 points, 2,5 rebonds, 7,7 passes, 1,7 interception, 0,2 contre
48,3% au tir, 36,3% à trois points, 83% aux lancers
Contexte : regardez-moi ce look, regardez-moi ce maillot, et regardez-moi surtout ce métronome physique qui continue à envoyer du bois tous les soirs. La 19ème saison de John Stockton en NBA ? Et bien c’est comme toutes les précédentes avec une base intouchable, 82 matchs joués sur 82 matchs possibles. Rendez-vous compte, pas un seul match manqué, et que des spots de titulaire à 28 minutes par soir. Il a beau avoir 45 000 minutes dans les gambettes, le délégué syndical de Salt Lake City continue à gérer la mène de sa franchise. Il n’y a que Jason Kidd, Jason Williams, Gary Payton et Stephon Marbury qui envoient plus de passes que Stockton sur l’exercice 2002-03, un qui verra Utah faire sa spéciale avec 47 victoires et une sortie au premier tour vite fait bien fait contre Sacramento. On a toujours dit que John était rapide et efficace dans sa carrière ? Le 30 avril sa saison est terminée, le 2 mai il annonce sa retraite. Pas le temps de niaiser. Les images de la sortie de Stockton foutent toujours autant les frissons, pas la moindre émotion montrée par le meneur mais tout le monde sent que quelque chose d’important est en train de se passer. Bien hâte de voir quel sera le prochain joueur capable de jouer 82 matchs en saison 19, en voilà un de record qu’il pourrait conserver longtemps le Hall of Famer.
Charles Oakley
7 matchs, 4 minutes de moyenne
1,3 point, 0,7 rebond, 0,3 passe, 0 interception, 0 contre
33,3% au tir, 0% à trois points, 83% aux lancers
Contexte : allez checker le paragraphe sur Juwan Howard, et copiez-collez le bordel sans y mettre l’aspect assistant-coach dans le lot. Ce qu’on veut dire par là ? C’est qu’en 2003-04, Charles Oakley est en bout de route et il traîne surtout en NBA pour s’occuper. Après un retour émotionnel aux Bulls en 2002 puis un passage aux Wizards la saison suivante, l’intérieur n’est plus du tout le joueur qu’il a été dans la décennie précédente et tout ce qu’il souhaite c’est un contrat de 10 jours ici ou là. Ce sont les Rockets de Yao Ming qui vont lui tendre la main, avec deux contrats de 10 jours et un total de 7 matchs joués sous la tunique des Rockets cette saison-là. Absolument rien à signaler concernant la 19ème campagne professionnelle d’un de nos distributeurs de tartes préférés dans l’histoire de la NBA, si ce n’est que Jeff Van Gundy doit se taper Oakley, Steve Francis, Jim Jackson, Maurice Taylor, Moochie Norris, Mark Jackson et Clarence Weatherspoon dans le même vestiaire. Bon courage pour faire taire tout ce beau monde, peut-être pour ça qu’ils ont tous été virés pour faire de la place à Tracy McGrady la saison suivante…
James Edwards
28 matchs, 10 minutes de moyenne
3,5 points, 1,4 rebond, 0,4 passe, 0 interception, 0,3 contre
37,3% au tir, 0% à trois points, 62% aux lancers
Contexte : dans la famille des blasphèmes, on demande James Edwards aux Bulls ! Nous sommes en 1996, Chicago a prévu de nous offrir une petite saison d’anthologie et l’effectif doit être blindé de joueurs expérimentés qui peuvent rendre service. Après avoir récupéré Dennis Rodman quelques mois plus tôt, c’est un autre Bad Boy des Pistons des années 80 qui débarque dans le vestiaire de Phil Jackson. C’est pas le comble ça ? Edwards et Rodman qui ont envoyé des mandales à plus quoi savoir à faire dans la gueule de Jordan à la fin des années 80, et moins de dix ans plus tard ils se retrouvent tous les trois dans la même équipe pour réaliser la saison all-time de référence ? Âgé de 40 ans, Edwards va troquer son bouc de camionneur pour une moustache de vrai déménageur de l’Illinois, et jouer quelques minutes fantomatiques via le banc des Bulls qui remportent 72 matchs sur 82 et le titre de champion quelques semaines plus tard. Pour l’anecdote, le pivot a quand même joué sous Jimmy Carter, Ronald Reagan, George H.W Bush et Bill Clinton dans la carrière. Pour les petits nouveaux qui sont au fond de la classe, sachez que ce ne sont pas des entraîneurs mais des présidents américains dont on parle.
Moses Malone
17 matchs, 9 minutes de moyenne
2,9 points, 2,7 rebonds, 0,4 passe, 0,1 interception, 0,2 contre
37,1% au tir, 50% à trois points, 69% aux lancers
Contexte : après avoir roulé sur la ABA puis la NBA, après avoir trimbalé sa carcasse d’énorme rebondeur dans les années 70 et 80, le stop de fin se joue en 1995 pour Moses Malone. Une 19ème saison professionnelle qui est à l’opposé extrême de ce qu’il a montré au sommet de sa carrière, lorsqu’il n’y avait aucun intérieur capable de le stopper sous les arceaux. Backup de David Robinson pour une équipe de San Antonio dominante à l’Ouest, Moses ne va participer qu’aux matchs de l’automne et sa carrière se terminera en un claquement de doigts. Juste assez de temps pour envoyer un tir mythique de l’autre bout du terrain, mais quand un Top 15 joueurs de tous les temps voit sa saison se résumer à une action Shaqtin a Fool, tu sais que c’est la fin. Après avoir autant bossé, Malone va pouvoir se reposer. Le Hall of Famer n’en profitera qu’une vingtaine d’années puisqu’il décédera à l’âge de 60 ans.
LeBron James
27 matchs, 37 minutes de moyenne
28,6 points, 7,4 rebonds, 6,5 passes, 1,7 interception, 1,1 contre
52% au tir, 37% à trois points, 77% aux lancers
Contexte : on n’a plus les mots pour décrire ce que LeBron nous offre chaque jour. Si vous venez de défiler tous les profils ci-dessus, vous comprenez encore plus la dinguerie qu’est en train de nous faire vivre King James ? Le temps de jeu en moyenne va devenir un record all time en 19ème saison, pareil pour le scoring, les triple-doubles, les matchs à 30 ou 40 points à répétition, et on n’est même pas encore arrivés en Playoffs… La grande différence pour LeBron, par rapport aux autres joueurs mentionnés ci-dessus, se situe dans l’âge de sa 19ème campagne. Le monstre n’a que 37 ans, n’ayant pas eu à passer par la case universitaire. C’était aussi le cas pour Kevin Garnett, pour Moses Malone, pour Kobe Bryant ou Tyson Chandler, mais aucun de ces garçons n’a pu être aussi bon pendant toute une saison avec autant de jeu dans les jambes. Il y a quelque chose d’insensé, de surnaturel et d’incompréhensible avec la capacité physique de LeBron à continuer à faire les mêmes performances années après années, ses moyennes de 2005, de 2013 et de 2022 n’ayant tout simplement pas bougé. Bref, comme vous l’aurez compris, la machine d’Akron est en train de prendre les standards de vieillesse et de les écrabouiller par la force de son talent, de sa détermination et son travail, et il a pas l’avoir d’en avoir fini puisqu’il rêve d’être un jour sur un parquet NBA… avec son fils. Father time is undefeated, disent-ils là-bas. Le problème, c’est que LeBron est en train de lui mettre une branlée.
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On remarquera que les ailiers ne sont pas nombreux à avoir tenu aussi longtemps, et que les plus grands freaks ont souvent été aidés pour tenir dans la durée. Qui sont les joueurs bientôt en année 19 que l’on pourra surveiller de près, afin d’apporter un peu de concurrence au King ? Chris Paul (17), Andre Iguodala et Dwight Howard (18), ou bien Kyle Lowry (16). Pas de quoi hausser un sourcil, seul Kevin Durant (14) semble vouloir lui aussi redéfinir les lois du corps humain, en attendant la fin de carrière d’un Stephen Curry (13) qui pourrait continuer ses bêtises pendant un bon bout de temps… Jusque là, le trône restera la propriété de LeBron James. Nous sommes en train de voir le meilleur vieux basketteur de l’histoire, et peut-être même le meilleur athlète âgé de tous les temps. Complètement lunaire.