Projet d’une ligue NBA en Europe : ça veut dire quoi pour l’EuroLeague ?
Le 28 mars 2025 à 18:38 par Nicolas Meichel

Comme annoncé hier, la NBA et la FIBA ont décidé de s’associer dans le but de lancer une nouvelle ligue de basket en Europe. Un projet visant à développer encore plus la balle orange sur le Vieux Continent, en particulier sur le plan économique. Mais ça veut dire quoi pour l’EuroLeague ?
La question se pose tout naturellement, sachant que l’EuroLeague est aujourd’hui la meilleure compétition de basket en Europe. Elle se pose aussi quand on connaît l’histoire conflictuelle entre cette dernière et la FIBA (Fédération Internationale de Basket).
Pour rappel : l’EuroLeague est une compétition indépendante de la FIBA, qui organise quant à elle une compétition concurrente – la Champions League – depuis 2016 et le conflit entre FIBA Europe et la société privée gérant l’EuroLeague (EuroLeague Basketball). Bref, ce n’est clairement pas le grand amour entre les deux institutions.
À l’heure de ces lignes, la FIBA a choisi de suivre la NBA dans son grand projet d’expansion en Europe, tandis que l’EuroLeague – compétition la plus prestigieuse et puissante du Vieux Continent – est beaucoup plus réservée. L’EuroLeague avait initialement refusé de s’associer à la NBA quand le commissionner Adam Silver a tâté le terrain début 2024.
Depuis, alors que le projet commun de la NBA – FIBA devient de plus en plus concret et que des rumeurs existent concernant le transfert en NBA Europe de plusieurs équipes d’EuroLeague, cette dernière estime que ledit projet n’est pas viable sans sa participation.
Est-ce que des clubs d’EuroLeague vont rejoindre la NBA Europe ?
D’après les dernières infos qui sont ressorties de la rencontre entre Adam Silver et Andreas Zagklis (secrétaire général de la FIBA) hier à New York, cette nouvelle ligue NBA Europe serait composée de 16 équipes, dont 12 membres permanents (ligue semi-fermée donc, avec quatre équipes qui se qualifieraient selon leurs résultats en Champions League). Des rumeurs avaient aussi laissé entendre que la ligue européenne imaginée par Silver pourrait voir le jour dès 2026, mais le grand chauve a déclaré que c’est un peu tôt.
Néanmoins, 2026, c’est l’année où le partenariat entre l’EuroLeague et la société IMG (groupe de marketing, management et événementiel sportif) expire. Si un accord a été trouvé en janvier dernier pour prolonger ce partenariat jusqu’en 2036, certains clubs de l’EuroLeague actuellement licenciés n’auraient pas encore officialisé leur engagement futur au sein de la compétition. Parmi eux ? Le Real Madrid, Barcelone, Fenerbahce et l’ASVEL de Tony Parker.
Cela ne signifie pas qu’ils vont forcément quitter l’EuroLeague pour la NBA Europe, mais c’est un scénario qui est envisageable. On rappelle que Parker participe aux discussions avec la FIBA et la NBA, mais aussi avec l’EuroLeague. Il avait récemment déclaré sa volonté de voir une fusion entre la NBA et l’EuroLeague sur ce projet.
Le départ potentiel de ces clubs vers la NBA Europe représente forcément une menace pour l’EuroLeague, surtout quand on prend le cas du Real Madrid. L’ancien club de Luka Doncic est l’une des équipes les plus prestigieuses d’Europe et un éventuel départ toucherait l’EuroLeague à bien des niveaux, notamment en matière d’image et sur le plan financier. Sans compter que cela pourrait pousser d’autres clubs prestigieux à sauter le pas.
Interrogé par Yann Ohnona de L’Équipe concernant ce scénario, le patron de l’EuroLeague Paulius Motiejunas reste confiant.
“Aucun club n’a exprimé la volonté ou dit envisager de quitter la ligue. Et certainement pas pour quelque chose qui reste aussi vague. […] Nous ne sommes pas inquiets. C’est à nous, le management, de montrer que nous avons un plan clair pour notre développement. Je crois que le travail qu’on a déjà fait et toutes les pistes qu’on a lancées récemment avec IMG convaincront tout le monde que l’EuroLeague est le meilleur endroit pour continuer de grandir.”
Un clash inévitable entre la NBA Europe et l’EuroLeague ?
S’il y a eu des discussions entre la NBA, la FIBA et l’EuroLeague sur le projet de NBA Europe, la plus récente réunion datant de mi-mars, on semble se diriger vers un scénario dans lequel la NBA et la FIBA collaborent sur ce nouveau projet, pendant que l’EuroLeague continue d’évoluer de façon indépendante.
Une collaboration tripartite ne semble en effet plus d’actualité après un nouvel échec des négociations. Le patron de l’EuroLeague Paulius Motiejunas a assuré qu’il était toujours ouvert aux discussions et que “la balle est dans le camp” de la FIBA et de la NBA, mais le refus d’Andreas Zagklis de mentionner “l’EuroLeague” hier en conférence de presse montre bien la distance qui existe actuellement entre les deux camps.
“Quand ils parlent d’équipes, de grands noms, je ne peux imaginer cette potentielle ligue sans nous. Peut-on parler du ‘meilleur produit’ possible sans les équipes d’EuroLeague, leurs fans, nos marchés, la culture, la passion et l’histoire que tout cela charrie depuis des décennies ?” – Paulius Motiejunas, via L’Équipe
Dans le cas où la NBA Europe et l’EuroLeague se retrouvent sur le même terrain mais en tant qu’ennemis, l’EuroLeague devra prouver qu’elle est capable d’encaisser l’arrivée de la surpuissante ligue américaine sur le Vieux Continent.
Cela passe potentiellement par l’expansion de sa propre ligue, qui pourrait monter à 20 clubs au lieu de 18 actuellement. Le sujet a été abordé en février dernier parmi les actionnaires de l’EuroLeague. Cela passera forcément aussi par de nouveaux investissements et le développement de l’EuroLeague dans de nouveaux marchés. On rappelle que le Final Four de la compétition aura lieu à Abu Dhabi en 2025 (décision que le Real Madrid avait rejetée, on dit ça on dit rien…). Ce sera la première fois qu’une ville non-européenne accueille le dernier carré de l’EuroLeague.
“Nous connaissons ce marché mieux que personne, et nous y sommes la ligue la plus compétitive. On peut toujours s’améliorer dans de nombreux domaines, si on travaille ensemble. Mais nous pouvons le faire avec ou sans la NBA et la FIBA.” – Paulius Motiejunas
Par rapport à la NBA, qui a tout à construire et qui veut s’implanter sur le Vieux Continent avant tout pour des raisons financières, l’EuroLeague a l’avantage aujourd’hui de posséder des bases forcément plus solides à travers son histoire et les clubs prestigieux qui la composent (pour l’instant). Mais la menace que représente la NBA Europe est réelle. Financièrement, le marché européen au niveau du basket est assez fragile et on voit mal comment les deux ligues ne pourraient pas se tirer dans les pattes pour tenter de prendre le dessus.
Au final, on peut surtout se demander si ce clash probable entre la NBA Europe et l’EuroLeague ne va pas avoir un effet négatif sur l’ensemble du basket européen, au lieu d’exploit le potentiel de ce dernier pour le développer encore plus…
Sources texte : The Athletic, L’Équipe, Eurohoops
À lire également :