La Coupe du Monde de basket 2023, comment ça marche ?
Le 22 août 2023 à 09:32 par Arthur Baudin
Rendu légendaire par sa maîtrise en explications synthétiques de l’Université de Boulogne, Sebastiano Drafto – un Chilien de 57 ans qui n’existe pas – lève le voile sur le format de la Coupe du Monde 2023 de basket. Ça commence vendredi. Il serait bête de se poser les bonnes questions après l’entre-deux.
Bonjour professeur.
Sebastiano Drafto : Bonjour.
Des groupes de quatre, les deux premiers qualifiés pour les phases finales, et banco ?
Non.
Ah.
Voilà.
…
Bon ! Huit groupes de quatre équipes. 32 équipes au total. Les deux premiers de chaque groupe sortent… pour rentrer dans un nouveau groupe : c’est la deuxième phase de groupes. Plus que seize équipes au total. Quatre groupes de quatre, et on recommence : les deux premiers de chaque groupe sortent…
Pour arriver en quart de finale !
C’est ça.
D’accord. Donc que l’on finisse premier ou deuxième sur la première phase de groupes, finalement, peu importe ?
Pas du tout. Pour une équipe qualifiée pour la seconde phase de groupes, les matchs disputés dans le premier groupe – et donc les points engrangés – comptent dans le second groupe. Prenons un exemple : en 2019, la Pologne a débuté le tournoi par trois victoires consécutives. Elle a ainsi terminé première du groupe A, et s’est qualifiée pour la seconde phase de groupes.
Sur la seconde phase de groupes, la Pologne a été reversée dans le groupe I, avec le Venezuela – qui était son dauphin dans le groupe A – l’Argentine et la Russie. Elle n’a pas eu à réaffronter le Venezuela, mais seulement les deux équipes en provenance d’un autre premier groupe : ici, l’Argentine et la Russie. La Pologne a perdu contre l’Argentine mais a battu la Russie. Résultat, un total de quatre victoires pour une seule défaite (cumul des deux phases de groupes). La Pologne termine à la 2e place dans le groupe I, et composte son ticket pour les quarts de finale de la Coupe du Monde 2019. En gros, Mateusz Ponitka et ses copains sont bien contents d’avoir réalisé un sans-faute sur la première phase de groupes.
Le Venezuela au contraire, a perdu ses deux matchs contre l’Argentine et la Russie. L’équipe sudaméricaine est donc passée d’un bilan de 2-1, au moins glorifiant de 2-3. Ça ne pardonne pas, c’est une élimination !
Et pourquoi ne pas simplement faire une seule phase de groupes et des 1/16e de finale ?
Boarf, c’est un peu le même concept à la sauce FIBA. Au début il y a 32 équipes, puis il n’y en a plus que seize après la première phase de groupes, puis huit à la fin de la deuxième. Ça permet davantage d’affrontements et d’oppositions : tout ne repose pas sur trois matchs de groupes. La compétition est plus dense. Mais par contre…
C’est un joli bordel.
Oui.
Et si vous deviez expliquer à quelqu’un qui vient d’arriver ?
C’est pas la télé, les gens lisent l’article depuis le début.
Non mais quand même.
32 équipes. Puis 16. Puis 8. Et à 8, c’est le lancement des phases à élimination directe. Les quarts quoi.
D’accord. Et comment fait-on pour passer de 32 à 16 ? Puis de 16 à 8 ?
Remontez l’article.
D’accord.
…
Beau costard professeur.
Merci. Vous n’avez pas d’autres questions ?
Quand une équipe est éliminée de la première phase de groupes, elle rentre directement au pays avec seulement trois matchs joués ?
Que nenni. La FIBA doit établir un classement précis, et pour cela, les équipes éliminées lors de la première phase de groupes disputent les rencontres « 17-32 ». En gros, c’est le même système que pour les équipes qualifiées. Les deux dernières équipes de chaque groupe sont reversées dans un nouveau groupe, entre sélections rayées du tournoi. Quatre groupes de quatre au total : les seize équipes qui n’ont pas réussi à obtenir leur billet pour la vraie seconde phase de groupes.
En 2019 par exemple, le Nigeria termine troisième du groupe B sur la première phase de groupes, et manque de peu la qualification pour la seconde phase de groupes. Du coup…
L’équipe africaine est reversée dans le groupe M pour disputer les matchs de classement « 17-32 », aux côtés de trois autres nations éliminées : la Corée du Sud – qui était 4e dans le groupe B – la Chine et la Côte d’Ivoire. Même système que pour la seconde phase de groupes classique, le Nigeria n’a pas eu à réaffronter la Corée du Sud, mais seulement les deux équipes en provenance d’un autre premier groupe. Ici, la Chine et la Côte d’Ivoire.
Et cette fois, le Nigeria s’en est sorti avec deux victoires en deux matchs, portant son bilan final à trois victoires pour deux défaites.
Ah génial ça ! Et du coup l’équipe termine avec les honneurs ?
Oui, classée 17e ! Première des dernières en gros. La classe.
Boarf, ça ne sert à rien.
Détrompez-vous jeune victime de la société de consommation. L’autre enjeu de cette Coupe du Monde 2023, c’est l’attribution de places pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Je cite le comité d’organisation des Jeux : « Au total, sept quotas seront attribués durant cette Coupe du monde, répartis aux meilleures équipes de chaque continents en fonction du classement final ». Voici les quotas :
- Deux pour les Amériques
- Deux pour l’Europe
- Une pour l’Afrique
- Une pour l’Asie
- Une pour l’Océanie
En terminant 17e de la Coupe du Monde 2019, le Nigeria, mine de rien, a obtenu le meilleur classement pour une équipe africaine… et a validé son ticket pour les Jeux olympiques de Tokyo 2020 2021 ! En fait, quand bien même une équipe est éliminée de la première phase de groupes, l’enjeu reste immense. Le Nigeria a réussi son tournoi en remplissant l’objectif majeur : s’imposer en première nation africaine. Et ça, personne ne pourra leur enlever.
D’accord. On ne saura plus où donner des yeux à partir de vendredi !
C’est clair.
Où se jouent les matchs ?
La Coupe du Monde 2023 est organisée par le Japon, l’Indonésie et les Philippines. On en revient aux bases. 32 équipes sur la première phase de groupes. Huit groupes de quatre équipes donc : quatre à Manille (Philippines), deux à Okinowa (Japon) et deux autres à Jakarta (Indonésie). La France jouera à Jakarta. Puis toutes les phases finales (quarts, demis et finale) auront lieu à Manille. S’ils vont loin, nos Bleus devront s’adapter à une nouvelle salle. Un nouveau pays même. 2800 kilomètres séparent Jakarta de Manille. Ça fait un peu plus de 4h d’avion.
Alors que les États-Unis pionceront à Manille dès la première phase de groupes. Comme s’il fallait les aider t’sais.
Grave.
Bon, merci professeur ! On vous revoit quand ?
À la braderie de Lille, le premier week-end de septembre. Ça va se murg…
Merci professeur.
Merci.