Brad Stevens, de coach usé à architecte inspiré : retour sur les principaux mouvements qui ont aidé les Celtics à retrouver les sommets
Le 01 juin 2022 à 17:18 par Nicolas Meichel
Coach des Celtics pendant presque une décennie, Brad Stevens est monté dans les bureaux en juin 2021 pour prendre la succession de Danny Ainge sur le poste de président des opérations basket. Un nouveau rôle et de nouvelles responsabilités après une dernière saison usante sur le banc de Boston, mais un objectif similaire : remettre les Verts sur le devant de la scène. On peut dire que jusqu’ici, Stevens a plutôt assuré dans son nouveau costume.
C’était il y a quasiment un an jour pour jour, mais on s’en rappelle comme si c’était hier. Le 2 juin 2021, on a eu droit à un énorme chamboulement du côté de Boston avec le départ de Danny Ainge après presque deux décennies à la tête des Celtics, et le changement de rôle surprise de Brad Stevens. Des changements majeurs suite à une saison 2020-21 difficile, marquée par un bilan tout juste à l’équilibre (36 victoires – 36 défaites) et une élimination brutale au premier tour des Playoffs contre les Brooklyn Nets.
364 jours plus tard, here we are.
Les Celtics viennent de se qualifier pour leurs premières Finales NBA depuis 2010, confirmant ainsi leur incroyable ascension depuis le début de l’année 2022. Plusieurs décisions prises par Brad Stevens depuis son arrivée dans les bureaux de la franchise payent aujourd’hui, et il est toujours intéressant de regarder en arrière pour voir ce qui a permis aux Celtics de trouver le droit chemin après les hauts et les bas de ces dernières années.
Kemba Walker transféré contre Al Horford
Quand on se souvient des galères de Kemba Walker lors de ses dernières apparitions sous le maillot de Boston et qu’on voit ce qu’Al Horford a réalisé sur ces Playoffs 2022 pour aider les Celtics à remporter la Conférence Est, on peut légitimement parler de coup de maître. Brad Stevens a tout simplement échangé un joueur qui ne pouvait plus évoluer à son meilleur niveau à cause d’un genou très capricieux pour récupérer un pivot vétéran qui connaît super bien la maison, et qui joue aujourd’hui comme s’il avait dix piges de moins. Et en plus de ça, le deal a permis à Boston de faire quelques économies bienvenues (salaire annuel de 36 millions pour Kemba à l’époque, 27 millions pour tonton Al) tout en récupérant un deuxième tour de draft (en plus de Moses Brown, aujourd’hui à Cleveland) même si dans le lot, Stevens a dû lâcher le 16e pick de la Draft NBA 2021 (qui est devenu Alperen Sengun) ainsi qu’un choix de second tour à Oklahoma City. Bah ouais, se débarrasser d’un joueur vieillissant avec un gros contrat n’est pas gratuit, mais réussir à récupérer dans le deal une pièce essentielle dans la quête du titre, c’est très fort. Ce transfert représente le tout premier mouvement réalisé par Brad dans son costume de président, on peut dire qu’il a eu le nez fin. À noter également que Stevens n’a pas seulement sacrifié Kemba, il a aussi laissé filer Evan Fournier (via un sign-and-trade) après son arrivée à la trade deadline 2021, ce dernier rejoignant les Knicks durant l’été en compagnie de… Walker justement.
L’arrivée d’Ime Udoka
On parle beaucoup du succès d’Ime Udoka en tant que coach rookie depuis que Boston a remporté la Conférence Est. Et à juste titre. L’entraîneur des Celtics a réussi à imposer une vraie identité défensive à son groupe et a été remarquable de leadership pour sa première année sur le banc des C’s, n’hésitant pas à mettre ses stars on the spot publiquement quand ça lui semblait nécessaire au cours de la régulière. Certes les débuts ont été plus que compliqués mais aujourd’hui, on peut clairement dire que la franchise de Beantown a misé sur le bon cheval pour succéder à Brad Stevens. Et c’est ce dernier qui a choisi Ime pour reprendre l’équipe en main en juin dernier alors qu’il n’avait aucune expérience en tant que head coach, uniquement en tant qu’assistant. Quand vous évoluez dans une franchise aussi mythique que celle des Celtics, les attentes sont toujours là et la pression également, alors Stevens aurait pu décider d’engager un entraîneur avec plus d’expérience pour limiter la prise de risques lors de ses premières semaines en tant que président. Oui mais non. Contrairement à certains dirigeants d’autres franchises, Brad a vu en Ime Udoka l’homme de la situation et n’a jamais remis en question la confiance qu’il pouvait avoir en lui malgré un début de saison difficile. Nez fin, encore une fois.
“Detroit, Indiana, Cleveland. La liste [des équipes qui ont choisi de ne pas l’engager, ndlr.] est longue. C’était difficile car je pensais être prêt. Mais je suis hyper fier de faire partie d’une franchise qui pousse pour gagner des titres. Je sais qu’il y a seulement 30 équipes, mais le fait d’être dans une situation avec des attentes et de la pression au lieu d’une situation de reconstruction, je n’échangerais ça pour rien au monde.”
– Ime Udoka, via Yahoo Sports
Le transfert pour récupérer Derrick White à la deadline
Lors de la trade deadline de février dernier, les Celtics ont un peu bougé. Le transfert qu’on retient avant tout ? C’est évidemment celui de Derrick White, récupéré en échange de Josh Richardson (qui avait lui-même été récupéré des Mavs contre Moses Brown), Romeo Langford, un choix de premier tour de Draft 2022 et un pick swap en 2028. Peut-être que le package peut sembler gros pour un joueur de complément comme White mais ce dernier a clairement step-up lors des derniers matchs de Boston pour aider les Celtics à remporter le Conférence Est. Après avoir connu des hauts et des bas lors des Playoffs, l’ancien joueur de San Antonio a aidé à faire basculer la balance en faveur des Verts à travers son énergie, sa production offensive (16 points – 5 passes à 47% au tir sur les Games 4 à 6 contre Miami), sa capacité à fluidifier une attaque et sa contribution dans sa propre moitié de terrain. Sans lui, les Celtics ne seraient peut-être pas en Finales NBA aujourd’hui, et rien que cette phrase justifie ce transfert réalisé en février par Brad Stevens. En plus de l’arrivée de White, n’oublions pas non plus que le président des Celtics a lâché Enes Kanter Freedom, Bruno Fernando et Dennis Schroder pour faire revenir un ancien de la maison en la personne de Daniel Theis, qui a montré qu’il pouvait toujours se montrer précieux sur de courtes séquences lors ces Playoffs 2022.
“En réalisant tous ces transferts, d’Horford à White, et avec le développement de Grant et Robert Williams, tout d’un coup les Celtics possèdent sept joueurs de rotation que vous ne pouvez pas viser en attaque. Je pense que ça explique beaucoup leur succès.”
– J.J. Redick, sur son podcast
Pas touche au trio Jayson Tatum – Jaylen Brown – Marcus Smart
Parfois, les meilleurs mouvements sont ceux qu’on ne fait pas. Vous vous souvenez quand Jayson Tatum et Jaylen Brown étaient au cœur de nombreux débats par rapport à leur soi-disant incapacité de jouer ensemble ? Vous vous souvenez quand Marcus Smart était dans les rumeurs de transfert il y a encore quelques mois ? On pouvait se demander si ce trio allait continuer à évoluer ensemble surtout après la première partie de saison galère des Celtics et les propos que Smart avait pu lâcher publiquement sur le manque d’altruisme des Jay Brothers. Nous sommes aujourd’hui au début du mois de juin 2022 et ces trois-là ont porté les Celtics vers les Finales NBA. Brad Stevens n’a jamais arrêté de croire dans la capacité du duo Tatum – Brown à jouer ensemble tout en faisant progresser l’équipe collectivement, tandis que Smart a été prolongé pour un contrat de quatre ans et 77 millions de dollars l’été dernier. En conservant son noyau dur et en laissant les clés à Ime Udoka pour maximiser le potentiel du groupe, Stevens n’a pas craqué face à la pression médiatique entourant continuellement la franchise de Boston quand ça n’allait pas très fort. Et ça aussi, ça mérite d’être souligné. Car on en connaît certains qui auraient probablement appuyé sur la gâchette.
La première année de Brad Stevens dans le costume de boss des opérations basket de Boston a également été caractérisée par d’autres petits mouvements, mais ce sont aujourd’hui les décisions citées plus haut qui définissent son mandat et qui expliquent en partie le succès actuel des Celtics. Stevens n’a jamais réussi à porter les Verts en Finales NBA en étant sur le banc, il tient désormais sa revanche depuis les bureaux.