Bulls 95/96 – 72 victoires pour l’histoire : Wild Wild Est
Le 27 oct. 2015 à 12:16 par David Carroz
1995-96, les Bulls entrent dans la légende. Avec 72 victoires en saison régulière et le titre au bout, ils ont tatoué un énorme Taureau sur la peau de la NBA. 20 ans plus tard, TrashTalk vous propose une série d’articles pour célébrer ce parcours d’exception.
Si de nos jours se qualifier pour les Playoffs quand on joue à l’Est parait donné à n’importe quelle équipe sachant jouer au basket, ce n’était pas le cas dans les années 90. Présentation d’une Conférence -divisée uniquement en Central et Atlantic Division à l’époque- bien plus relevée et dans laquelle il fallait se battre. Au sens propre comme au sens figuré.
Les Bulls d’ailleurs ne font pas forcément figue de favoris au moment d’attaquer la saison le 3 novembre, les observateurs attendant de voir si la greffe Rodman prend. Surtout, Orlando fait peur. Mais la franchise de Floride n’est pas la seule à avoir les dents longues et les moyens de ses ambitions. Les Knicks, rivaux historiques de Jordan et compagnie, ne sont toujours pas morts et rêvent de retrouver eux aussi la dernière marche après leur échec en 1995. Si Pat Riley n’est plus à leur tête, il nourrit de grosses ambitions pour le Heat dont il est le coach désormais. Dans le sillage de Grant Hill, nouvelle coqueluche de la NBA, les Pistons construisent un effectif solide et axé sur la défense. Un maître mot à l’Est puisque les Cavaliers d’un Mike Fratello excellent tacticien sont également basés sur la performance de ce côté du parquet et un jeu lent. Mais dans la Division Centrale de l’époque, les principaux rivaux sont les Pacers emmenés par Reggie Miller et eux aussi coachés par un entraîneur reconnu, Larry Brown. Les Hawks ne sont pas en reste eux non plus : si les noms des joueurs sont moins ronflants, certains sont sous estimés et surtout Lenny Wilkens est là pour encadrer le tout. Enfin, comment ne pas citer les Charlotte Hornets. Certes Zo Mourning n’est plus là, mais Glen Rice et Larry Johnson forment un sacré duo d’ailiers, complété sur les bases arrières par Kenny Anderson et Dell Curry. On a connu pire. Mention également pour les Bullets, encore jeunes à cette époque pour pouvoir prétendre bousculer la hiérarchie, mais qu’il fallait bouger avec un embouteillage dans le frontcourt : Juwon Howard, Chris Webber, Gheorghe Muresan et Rasheed Wallace -rookie mais déjà prometteur. Gladiateurs, l’arène est à vous !
Orlando Magic
Bilan 1995-96 : 60-22
Coach : Brian Hill
5 majeur : Penny Hardaway, Nick Anderson, Dennis Scott, Horace Grant, Shaquille O’Neal
Finaliste NBA en 1995, le Magic est persuadé que l’avenir lui appartient. Certes, Hakeem Olajuwon et sa clique ont sweepé en beauté Orlando, mais c’est le prix de l’inexpérience et ce voyage aussi proche du titre n’est qu’une promesse pour le futur en Floride. Le 5 majeur est certainement le plus complet de la Ligue à cette époque avec pour le sublimer le duo Penny Hardaway (21,7 points à 51,3%, 7,1 passes, 4,3 rebonds, 2 interceptions) – Shaquille O’Neal (26,6 points à 57,3%, 11 rebonds, 2,1 contres) qui n’a pas d’équivalent. Si on ajoute le vétéran Horace Grant (13,4 points à 51,3%, 9,2 rebonds), le shooteur Dennis Scott (17,5 points avec 42,5% du parking) et le précieux Nick Anderson (14,7 points avec 39,1% de loin, 5,4 rebonds, 3,6 passes). Même si le pivot manque les 22 premiers matchs, Orlando carbure et remporte 17 rencontres sur cette période, se positionnant comme la plus grosse menace pour les Bulls. Avec en prime un avantage psychologique certain puisqu’ils sont ceux qui ont mis fin au rêve de retour glorieux de Michael Jordan la saison précédente en sortant les Bulls 4-2 sans trembler. Mais derrière ce beau 5 qui fait peur, on se marre avec Donald Royal, Brian Shaw ou Jon Koncak…
Indiana Pacers
Bilan 1995-96 : 52-30
Coach : Larry Brown
5 majeur : Mark Jackson, Reggie Miller, Derrick McKey, Dale Davis, Rik Smits
Sous la houlette de Larry Brown, les Pacers viennent d’atteindre les Finales de l’Est lors des deux dernières saisons. Une dernière marche dans la Conférence qui les a vu chuter deux fois 4-3. Emmenée par un Reggie Miller qui n’a jamais baissé la tête devant Michael Jordan et qui envoie 21,1 points par rencontre en faisant ficelle 41% du temps depuis le parking, cette équipe n’est pas forcément très glamour mais elle joue vraiment bien au basket. La touche du coach, parmi les grands de l’histoire. Le roster est expérimenté, drivé par Mark Jackson (10 points, 7,8 passes) et bénéficie de la dureté de Dale Davis (10,3 points, 9,1 rebonds) et Derrick McKey (11,7 points, 4,8 rebonds et 3,5 passes). Surtout, depuis la saison 1995, Rik Smits (18,5 points) est devenu une véritable menace au poste de pivot, même si sa présence au rebond reste moyenne (6,9 prises). Sur le banc, ce sont Ricky Pierce et Antonio Davis qui apportent un plus et de l’énergie pour soulager les titulaires. Une machine bien huilée qui continue de croire au titre.
New York Knicks
Bilan 1995-96 : 47-35
Coach : Don Nelson puis Jeff van Gundy
5 majeur : Derek Harper, John Starks, Anthony Mason, Charles Oakley, Pat Ewing
Les rivaux. Ceux qui se sont dressés si souvent sur le chemin des Bulls lors du premier threepeat, sans jamais réussir à éliminer les Chicagoans. De la dureté à tous les étages, de l’expérience, des muscles, du coeur, mais aussi du talent symbolisé par son franchise player Patrick Ewing (22,5 points, 10,6 rebonds, 2,4 contres). Mais le début de l’année avec Don Nelson à la tête de l’équipe est plus compliqué que prévu et les Knicks se séparent de leur coach pour filer les clefs du camion à Jeff Van Gundy. Celui que MJ surnommera le pin’s au cours de saison redresse la barre et les John Starks (12,6 points), Anthony Mason (14,6 points, 9,1 rebonds et 4,4 passes), Charles Oakley (11,4 points et 8,7 rebonds), menés par le papy Derek Harper (14 points, 4,3 passes) peuvent compter sur le relai de Charles Smith et Hubert Davis en sortie de banc. Les vieux grognards sont toujours présents, et leur vécu les rend dangereux.
Cleveland Cavaliers
Bilan 1995-96 : 47-35
Coach : Mike Fratello
5 majeur : Terrell Brandon, Bobby Phills, Chris Mills, Danny Ferry, Michael Cage
Amis du basket champagne, passez votre route. Là, on est dans le soporifique, un basket axé sur le ralentissement du jeu à faire passer Thibs pour un orfèvre des systèmes offensifs. Surtout, pas de LeBron James dans l’effectif pour porter l’équipe vers les sommets, mais un collectif laborieux mis en place par Mike Fratello, autre excellent coach qui sévissait dans les années 90. C’est Terrell Brandon (19,3 points, 6,5 passes, All Star pour la première fois cette année-là) qui sublimait les résultats de son équipe en menant le jeu et exécutant les schémas mis en place. À ses côtés, Bobby Phills (14,6 points), Chris Mills (15,1 points), Danny Ferry (13,3 points) et Dan Majerle (10,6 points) alimentent tant bien que mal la marque. De toute façon, pas besoin de scorer en pagaille puisque la franchise n’encaisse que 88,5 points par rencontre, meilleur défense de la Ligue. En bouffant l’horloge des 24 secondes sur chaque possession, pas étonnant. Une équipe cauchemar à jouer et regarder, mais qui sait gagner des matchs.
Detroit Pistons
Bilan 1995-96 : 46-36
Coach : Doug Collins
5 majeur : Lindesy Hunter, Allan Houston, Grant Hill, Don Reid, Otis Thorpe
Grant Hill n’est encore que sophomore cette année-là mais on sent bien qu’il n’est pas un joueur comme les autres et que rien que par sa présence, les Pistons sont une équipe dangereuse. D’autant plus que son duo avec Allan Houston peut donner quelques maux de têtes à tous les coachs adverses avec en plus la présence de Joe Dumars qui a encore quelques beaux restes à faire valoir en sortie de banc. Hill enverra un peu plus de 20 points par rencontre accompagnés de presque 10 rebonds, 7 passes décisives et plus d’une interception pendant que sont pote Houston offrira ses 20 points également dont un sympathique 43% derrière l’arc. Sous le cercle, Doug Collins bâtit sa raquette autour d’Otis Thorpe qui n’en est ni à sa première saison (sa 12ème en fait), ni à ses premiers coups de coude ou ses premiers rebonds. Les hommes du Michigan produiront de la très bonne défense tout au long de la saison mais restent très limités en attaque malgré leur doublette extérieure. Ceci est principalement dû au manque de qualité créatrice sur le poste de meneur où le départ en retraite – deux ans plus tôt – d’Isiah Thomas n’a pas été comblé (Il est sympa Lindsey Hunter mais il n’a rien d’un starter en NBA…)
Atlanta Hawks
Bilan 1995-96 : 46-36
Coach : Lenny Wilkens
5 majeur : Mookie Blaylock, Steve Smith, Stacey Augmon, Grant Long, Andrew Lang (puis Christian Laettner)
Encore à peine remis du départ de Dominique Wilkins (au cous de la saison 93-94), ces Hawks n’en demeurent pas moins des habitués des Playoffs. La méthode Lenny Wilkens – à base de défense bien physique et de partage de la balle en attaque – colle parfaitement avec les joueurs du roster équilibré de la franchise de Géorgie. La paire d’arrière composée de Mookie Blaylock et Steve Smith présente une complémentarité évidente. Mookie défend le plomb, intercepte à foison et distribue intelligemment pendant Steve score encore et encore face à tout type d’adversaire. Stacey Augmon aka “Plastic Man” fait valoir ses exceptionnelles qualités athlétiques. Et la raquette, sans être monstrueuse, est besogneuse et plutôt habile de ses mains à l’image de l’ailier-fort Grant Long – souvent en double-double – qu’on surnomme “The Take Charge Man” pour sa capacité à sacrifier son corps devant un attaquant ou “The Human Vitamin” pour son physique musculeux et très énergique. Ces Hawks sont ce qu’on appelle des clients sérieux, des gars qui ne lâchent rien et qui ne sont jamais faciles à battre.
Miami Heat
Bilan 1995-96 : 42-40
Coach : Pat Riley
5 majeur : Bimbo Coles (puis Tim Hardaway), Rex Chapman, Billy Owens (puis Walt Williams), Kevin Willis (puis Kurt Thomas), Alonzo Mourning
Pat Riley vient d’arriver de New York où il a ramené les Knicks vers les sommets sans malheureusement réussir à aller chercher une bague. Le coach à la gomina toujours impeccable débarque donc à Miami dans une franchise où tout est à faire car elle n’existe que depuis 7 ans et son meilleur résultat est d’avoir accédé au premier tour de Playoffs. Patoche va appliquer la même méthode que dans la Grosse Pomme : de la défense dure et une attaque organisée principalement autour d’un pivot bien dominant en l’occurrence Alonzo Mourning. En cours d’année, quelques échanges auront lieu, notamment un avec les Warriors qui permettra de faire venir Tim Hardaway dont l’association avec “Zo” devient vite un casse-tête pour les défenses adverses. Ce Heat est solide, bien coaché et ambitionne de régner sur la ligue un jour. Sur cet exercice 95/96, les hommes de South Beach vont égaliser le meilleur bilan de l’histoire de du club avec 42 victoires et s’ouvrir la voie des Playoffs avec un premier tour qui s’annonce compliqué face à un troupeau de Taureaux réputés hostiles…
Charlotte Hornets
Bilan 1995-96 : 41-41
Coach : Allan Bristow
5 majeur : Kenny Anderson, Kendall Gill puis Dell Curry, Glen Rice, Larry Johnson, Matt Geiger
Si Zo Mourning a fait ses valises pour porter ses talents à South Beach, Charlotte dispose toujours de joueurs talentueux dans son effectif, avec en premier lieu Larry Johnson. Avec 20,5 points, 8,4 rebonds et 4,4 passes, il est le boss de l’équipe, même si c’est Glen Rice qui est le meilleur scoreur (21,6 points, 42,4% du parking) et qui représente les Frelons au All Star Game cette année-là. La gâchette est plus qu’un lot de consolation dans le trade de Mourning, accompagné par Matt Geiger pour amené de la viande et de la dissuasion dans la raquette. À la mène, c’est le fantasque Kenny Anderson qui arrive en cours de saison (contre Kendall Gill) qui prend les rênes de l’équipe en postant 15,2 points et 8,6 passes. Scott Burrell et Dell Curry sont là pour planter des banderilles de loin eux aussi. Si le tout est moins sexy que le roster qui a placé Charlotte sur la carte NBA, cela reste très solide et emmerdant à jouer. Malgré cela et un bilan équilibré, ils ne joueront pas les Playoffs.
Washington Bullets
Bilan 1995-96 : 39-43
Coach : Jim Lynam
5 majeur : Robert Pack, Calbert Cheaney, Juwan Howard, Chris Webber, Gheorghe Muresan
Une équipe très jeune : le “vieux” du 5 majeur est Robert Pack et il a 26 ans. Il effectue d’ailleurs d’excellentes prestations, tournant à plus de 18 points et presque 8 passes décisives mais il ne joue que 31 matchs pour cause de blessure. Pire, Chris Webber – ce monstre capable de mettre à l’amende n’importe quel intérieur de la ligue – ne participe qu’à 15 petites rencontres laissant son pote de fac Juwan Howard (22 points et 8 rebonds par soir sur l’exercice !) et le géant Muresan (en double-double) tenir la raquette avec un rookie du nom de Rasheed Wallace en sortie de banc… L’esprit est bon, 6 joueurs sont à plus de 10 points de moyenne et l’avenir semble radieux pour cette escouade pleine de potentiel mais avec 39 victoires, c’est seulement la 10ème place de la conférence qui revient aux Bullets.
Autant dire que les bilans de l’époque à l’Est étaient plus glorieux que de nos jours. Si les Sixers trollaient déjà la Ligue (18 victoires – 64 défaites) et que les Raptors étaient encore tendres (première saison, 21-61), on constate que les Hornets et les Bullets auraient remporté suffisamment de rencontre pour accrocher un spot en Playoffs s’ils évoluaient en 2015… La Conférence était plus homogène, à l’image de la NBA, avec 16 franchises à l’équilibre (sur 29) en 1995 contre 15 (sur 30) de nos jours. La différence peut paraitre minime, mais le ressenti était tout autre. L’Est dominait l’Ouest (les Kings se qualifiaient pour la post-season avec 39 victoires). Entre le Magic qui vient d’aller en finale et qui présente un roster impressionnant et des outsiders très dangereux comme les Pacers, les Knicks ou les Cavaliers, la Conférence s’annonce donc plus que tendue pour des Bulls sur le retour et attendus au tournant.
Il leur faudra passer sur le corps de 7 des 10 meilleures défenses de la ligue, jouer des paires d’intérieurs rugueux chaque soir, rivaliser avec des extérieurs ultra motivés à l’idée de défier Scottie Pippen ou un Jordan qui sort à peine de la retraite sans oublier une kyrielle d’excellents coachs qui n’attendent qu’une chose : les oreilles et les cou****s du Taureau…
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Source image : Montage @TheBigD05 pour TrashTalk