Point faible l’an passé, l’attaque des Pacers a connu un lifting : la révolution est en marche dans l’Indiana
Le 08 oct. 2019 à 10:26 par Nicolas Meichel
Portés par leur collectif et leur défense la saison dernière, les Pacers ont réussi à se qualifier en Playoffs avec 48 victoires au compteur, le tout malgré la blessure de Victor Oladipo. Cependant, Indiana a souvent galéré en attaque et les limites offensives ont été particulièrement visibles lors du premier tour face à Boston, au terme duquel les Pacers ont été balayés. Pour répondre à ça, la franchise d’Indy a ramené du monde à la casa durant l’été et devrait montrer un visage différent cette saison.
18ème à l’efficacité offensive (107,3), 23ème au niveau du rythme de jeu (100,4 possessions par match), 22ème au nombre de points marqués par rencontre (108,0), 27ème au nombre de shoots tentés en moyenne (87,0), 29ème au nombre de tentatives à trois points (25,4 par match). Voici les chiffres qui caractérisent le mieux l’attaque des Pacers la saison dernière. Des chiffres qui illustrent bien le style de jeu des hommes de Nate McMillan, ainsi que ses limites. Dans une ligue qui joue à 100 à l’heure, où le trois points est roi et où les attaques sont plus que jamais à l’honneur, lndiana était à contre-courant. En jouant avec un rythme lent, parfois très lent même, les Pacers ont beaucoup attaqué sur demi-terrain avec peu d’opportunités sur transition. Et quand vous manquez de talents offensifs et de créateurs, surtout sans Victor Oladipo, victime d’une terrible blessure début 2019, et bah ça peut vite devenir compliqué. Ces limites, elles ont été exposées au grand jour lors des derniers Playoffs face aux Celtics. On se souvient de ce Game 1, diffusé au 13ème Art devant 900 drogués de NBA, où les Pacers ont sorti un troisième quart-temps à seulement… huit points pour finir avec 74 unités au total. Une défaite 84-74, le genre de score version 2004 sauf qu’on est en 2019. Mais ce n’était pas un acte isolé qui peut parfois arriver à n’importe quelle équipe. Au contraire, ça s’est répété durant le reste de la série. Les Pacers ont réalisé une fin de match cata sur le plan offensif dans la deuxième rencontre (79-68 pour Indy après trois quart-temps, défaite 99-91 au final) et ont connu un nouveau trou d’air brutal dans le Game 3 (12 points marqués dans le troisième quart), avant de se faire éliminer par les Celtics à domicile au cours de la quatrième manche. Indiana n’a atteint la barre des 100 points qu’à une seule reprise contre les Verts, avec une moyenne de 91,8 unités et des pourcentages de réussite au tir plus que médiocres (40,1% et 33,6% du parking). Les Pacers ne veulent pas revivre ça. Dans la NBA actuelle, ce n’est pas possible de jouer comme il y a 15 ans. Et le front office d’Indiana a ainsi décidé de se mettre un peu plus à jour en se renforçant sur le plan offensif durant l’été. Si le départ de Bojan Bogdanovic, leader offensif d’Indy l’an passé sans Oladipo et auteur d’une belle campagne (18,0 points de moyenne à 49,7% au tir et un gros 42,5% derrière l’arc), est non négligeable, les Pacers ont bien recruté pour pouvoir mieux rivaliser avec leurs adversaires sur le plan offensif.
En numéro un, il y a évidemment Malcolm Brogdon. L’ancien joueur des Bucks représente la grosse recrue de l’intersaison. Solide en attaque, solide en défense, capable de gérer la mène mais aussi d’occuper le poste d’arrière (il fait 1m96 quand même) en évoluant un peu plus sans ballon, Brogdon va faire beaucoup de bien à cette équipe et représente une vraie upgrade par rapport à Darren Collison, à la retraite depuis cet été. Avec lui aux commandes, les Pacers possèdent un joueur intelligent, judicieux dans ses choix, à la fois scoreur, shooteur et passeur. De plus, il débarque en provenance de Milwaukee, meilleure équipe de la saison régulière l’an passé. Les Bucks version 2018-19, ils ont joué un style de jeu diamétralement opposé à celui d’Indiana, c’est-à-dire avec beaucoup de rythme, de la transition et une pluie de bombes à trois points. Pour une équipe d’Indiana qui veut changer de visage, la signature de Malcolm Brogdon n’est donc pas loin d’être idéale. Dans le backcourt, il sera associé à Jeremy Lamb, arrivé de Charlotte et qui sera titulaire en attendant le retour de Victor Oladipo. Après plusieurs années un peu compliquées, l’Agneau a profité d’une hausse de responsabilités aux Hornets pour sortir sa saison la plus accomplie en carrière en 2018-19, avec des moyennes de 15,3 points et 5,5 rebonds en 28,5 minutes, le tout à 44,0% au tir. Lamb va apporter du scoring, il est capable de planter de loin et son association avec Brogdon est prometteuse. Enfin, troisième recrue de choix, T.J. Warren, récupéré dans un transfert à trois avec Phoenix et Miami. L’ailier de 2m03 reste sur deux saisons où il n’était pas loin des 20 points de moyenne dans le marasme des Suns. De plus, il a montré une progression folle à trois points l’an passé, avec un pourcentage de réussite de 42,8% (avec 4,2 tentatives par rencontre tout de même) contre seulement 22,2 l’année précédente. Si on peut craindre ses soucis de blessure (il n’a jamais joué plus de 66 matchs en une saison et a manqué 39 rencontres l’an passé), Warren représente un vrai plus sur le plan offensif, tout en apportant une polyvalence sur les postes trois et quatre.
Ces trois recrues symbolisent les Pacers new-look, plus tournés vers l’attaque. Ça va jouer avec plus de rythme, ça va scorer plus, ça va probablement shooter plus souvent de loin. Et sur demi-terrain, ça sera bien plus fluide car il y aura plus d’options pour mettre ce foutu ballon dans le panier. Brogdon, Lamb et Warren seront alignés dans le cinq, en compagnie de Domantas Sabonis et Myles Turner dans la raquette. Si associer deux pivots de 2m11 à l’intérieur n’est pas vraiment dans l’air du temps, c’est une expérience qui est très intrigante. La saison dernière, Sabonis évoluait en sortie de banc avec la titularisation de Thaddeus Young en tant qu’ailier-fort mais il sera désormais dans le cinq suite au départ de ce dernier vers Chicago. Certains ont des doutes sur leur capacité à évoluer ensemble, et ça peut se comprendre étant donné le manque d’automatismes entre les deux joueurs. Cependant, on a bien envie de voir ce qu’ils sont capables de réaliser avec de meilleures options offensives à leurs côtés. On a particulièrement envie de voir le duo Brogdon – Sabonis en pick & roll, et ce que le jeune Lituanien peut faire dans un vrai rôle d’intérieur facilitateur. Vous l’avez compris, les Pacers ont aujourd’hui les armes pour devenir une équipe plus dangereuse sur le plan offensif. Ils ont fait ce qu’il fallait pendant l’intersaison pour évoluer et progresser dans ce secteur en recrutant malin sans dépenser trop de billets verts. Alors évidemment, il faudra un peu de temps pour que tout cela se construise correctement et fonctionne comme espéré. Quand vous avez quatre nouveaux joueurs dans le cinq de départ, dont trois recrues, on ne peut pas s’attendre à voir les Pacers tourner à plein régime tout de suite. Par contre, on devrait voir rapidement ce nouveau style de jeu offensif au sein du collectif de Nate McMillan, qui aura bien évidemment un rôle majeur à jouer dans la mise en place de tout ça.
“Je prends ce processus un jour après l’autre, un match après l’autre. Nous avons beaucoup de nouvelles pièces, ça va prendre du temps. Je pense que nous avons une équipe talentueuse, mais les gars auront besoin de temps pour se connaître, être à l’aise avec leur rôle. Il y aura vraiment deux ou trois saisons pour nous cette année. Car on va commencer sans Victor (Oladipo) et construire une alchimie ainsi qu’une culture, et puis il y aura une autre saison avec Victor, qui devra s’intégrer dans ce que nous faisons.”
– Le coach Nate McMillan lors du Media Day des Pacers
Avec une équipe remaniée, une nouvelle philosophie et des petits ajustements à faire au retour de Victor Oladipo, les Pacers vont d’abord passer par une période de transition avant de trouver leur véritable équilibre. Mais il sera intéressant de voir comment se passera cette mutation dans l’Indiana, et si elle permettra aux hommes de Nate McMillan de franchir un cap au sein de la Conférence Est.