Top 30 des franchises de la décennie : les Toronto Raptors, du running gag de la lose à la gloire éternelle (#6)

Le 26 déc. 2019 à 16:58 par Paul Quintane

Kawhi Leonard
Source image : NBA League Pass

Il est l’heure. L’heure de fermer la page sur les années 2010, et donc de fermer la page sur dix ans de NBA et de souvenirs plus ou moins ancrés, plus ou moins légendaires. Il y a ceux dont on se rappellera encore dans cinquante ans et ceux qui disparaitront au rythme des exploits de notre génération contemporaine, mais aujourd’hui et avec un regard tout neuf sur ces dix dernières années, nous nous sommes donc amusés à… trancher dans le vif. Retour sur une décennie très mouvementée du côté du Canada. Les Raptors sont passés par toutes les émotions possibles, jusqu’à ce soulagement pour l’éternité en juin dernier.

Classer les trente franchises de la Ligue, de 1 à 30 cela va sans dire, en prenant en compte aussi bien les victoires en saison régulière que les trophées individuels, le palmarès des printemps ou les stars passées en ville. Exercice difficile, ô combien discuté et évidemment toujours discutable, mais qui aura au moins le mérite d’être posé. Exercice subjectif également, qui prend en compte des chiffres mais aussi des ressentis, et que l’on vous demandera donc de respecter ou de débattre, seulement et seulement si vous faîtes l’effort, comme nous, de vous creuser un peu les méninges et de jeter un coup d’œil derrière votre épaule, sur ces dix années de NBA qui nous contemplent.

  • Saisons prises en compte : de 2009/10 à 2018/19
  • Critères étudiés : les victoires en saison régulière, le palmarès en Playoffs, le nombre de All-Stars et les trophées individuels
  • Objectivité : celle de fans NBA

Une décennie tellement agitée pour Toronto et tout un pays acquis à la cause de son équipe. Construits sur leur tandem Lowry – DeRozan, les Raptors ont enchaîné les contre-performances en Playoffs. Du choke, du craquage et une punchline devenue un grand classique au fil des postseasons. Jusqu’à ce que Masai Ujiri balance un all-in en virant le Coach de l’Année et en transférant le meilleur scoreur de sa franchise. La suite appartient à l’Histoire.

Le bilan en régulière : 440 victoires – 364 défaites

Les Raptors se sont peu à peu imposés comme une machine de saison régulière avec une série en cours de quatre saisons consécutives au-dessus des 51 victoires (les seules de l’histoire de la franchise) et même une pointe à 59 succès en 2018. Le feu Air Canada Centre a même été une forteresse imprenable certaines années et un rendez-vous incontournable au moins au premier tour des Playoffs à l’Est. En début de décennie, de 2010 à 2012, l’équipe enchaine tout de même trois saisons dans le négatif après le départ de Chris Bosh en Floride. Puis, Kyle Lowry a rejoint DMDR et le Canada est devenu un endroit qui compte en NBA.

Le bilan en Playoffs : désillusions, malédiction, LeBronto, et premier sacre

Playoffs 2014 et 2015, deux défaites nettement différentes mais difficiles à digérer au premier tour. En 2016, les dinosaures passent enfin cette première étape en tapant sur le fil du rasoir des Pacers trop diminués dans le Game 7. Encore lors du tout dernier match de la série, ils éliminent le Heat d’un vieux D-Wade. Ils s’inclineront en Finales de Conférence face aux Cavaliers de LeBron (4-2). Fin du premier épisode de cette trilogie épique mais sanglante entre Toronto et le King. Le second volet arrive un an après, en demi-finale de Conférence, et Cleveland sweepe les Raptors. Le dernier épisode est le plus gore de toute la saga, nouveau sweep encore en demi-finale, toujours face à James mais sans Kyrie Irving. Le numéro 23 fait la totale à Lowry et compagnie. Un massacre avec des shoots invraisemblables, du buzzer, et un traumatisme psychologique infligé à toute une nation. Fort heureusement, ce choc moral sera gommé un an plus tard de la plus belle des manières avec un premier sacre NBA pour la franchise. Et quel titre !

Les joueurs majeurs

  • 4 All-Stars : Kyle Lowry (5), DeMar DeRozan (4), Kawhi Leonard (1), Chris Bosh (1)
  • 1 MIP : Pascal Siakam (2019)
  • 1 COY : Dwane Casey (2018)
  • 1 6MOY : Lou Williams (2015) 

Kyle Lowry a tout vécu à Toronto, les belles régulières depuis son arrivée, les catastrophes collectives et individuelles en Playoffs, et le titre de l’an dernier en étant le parfait second de Kawhi. Ce dernier n’aura d’ailleurs fait qu’une saison sous le maillot des Raptors mais c’était suffisant pour repartir avec un titre et le MVP des Finales. Grosses pensées à DeMar DeRozan et Jonas Valanciunas, piliers de l’équipe sur la décennie, mais échangés juste avant le sacre. Le futur de la franchise rime désormais avec Pascal Siakam et Fred VanVleet, Norman Powell et O.G. Anunoby mais il ne faut pas oublier les anciens. Chris Bosh et Amir Johnson ont fait les beaux jours d’une autre époque et les fans garderons toujours une petite place dans leur coeur aussi pour Marc Gasol, Serge Ibaka et Danny Green qui ont tous joué un rôle majeur dans l’obtention du titre. Mais on sait que les noms qui restent ne sont pas forcément ceux des stars, alors comment ne pas citer Andrea Bargnani et Anthony Bennett dans la catégorie des gros busts, Lucas Nogueira et Bruno Caboclo dans le groupe des Brésiliens, Cory Joseph pour représenter les locaux, Luis Scola et José Caleron pour nos lecteurs hispanophones, le finger wag de Bismack Biyombo et ses Playoffs 2016 et enfin le grand Hedo Turkoglu et son histoire si spéciale au Canada.

Le cinq majeur de la décennie : Kyle Lowry – DeMar DeRozan – Kawhi Leonard – Pascal Siakam – Jonas Valanciunas

Le souvenir du rédacteur

Un peu trop évident de prendre le shoot de Kawhi dans le Game 7 face aux Sixers. Les images ont tourné en boucle, tout le monde s’en souvient. Le moment marquant sur cette décennie, c’est le premier quart-temps de Kyle Lowry dans le Game 6 des dernières Finales NBA. Une revanche sur la vie pour le meneur natif de Philadelphie. Qualifié à maintes reprises de choke guy dans les moments importants de son équipe, l’âme de Toronto va débuter le dernier match de la série tambour battant. Il inscrit les 8 premiers points du match, ainsi que les 11 premiers points de son équipe, en un tout petit plus de deux minutes de jeu. C’est tout simplement la performance la plus rapide pour passer les dix unités marquées dans sa carrière. Le genre de statement qui en dit long sur la motivation du bonhomme afin de mettre son équipe sur les bons rails pour enfin décrocher ce graal. Tout y passe ce soir là à l’Oracle Arena, avec du gros drive, une ribambelle de trois points bien ficelés, de la création et de la passe dé’ pour tous les copains. Il finira le quart-temps avec 15 points à 5/6 au shoot dont un parfait 4/4 à longue distance. La suite on la connait. Lowry s’est fait tacler toute sa vie sur sa propension à disparaître dès que quelqu’un prononce le mot Playoffs à 15km à la ronde, il ne pouvait pas rêver de meilleure revanche que de fumer un cigare dans les vestiaires des double champions en titre à la suite d’une telle performance.

La forme actuelle

Les problèmes de blessure des uns et des autres n’ont pas aidé mais les Raptors sont à peu près là où on les attendait. Les absences de Kyle Lowry et Serge Ibaka n’ont pas trop porté préjudice aux hommes de Nick Nurse qui va désormais devoir faire sans son franchise player, Pascal Siakam, ainsi que Marc Gasol et Norman Powell pour une période indéfinie. Mais participer aux Playoffs et défendre leur titre au mois d’avril sera déjà une satisfaction au Canada. Ils ont attendu 25 ans pour obtenir leur premier trophée Larry O’Brien, ils pourront bien attendre quelques saisons pour en gagner un deuxième.

La projection pour la décennie 2020

Un titre remporté, un franchise player intérimaire parti, et des jeunes gars qui sont déjà le visage du futur. Pascal Siakam vient de signer un contrat max avec la franchise et Spicy P confirme qu’il est le nouveau leader de cette équipe et que cette dernière peut espérer mieux que faire de la figuration dès cette année. Fred VanVleet est aussi en train d’exploser et son contrat va vite devenir la priorité du front office s’il maintient ce niveau tout au long de la saison. Avec un tel duo membre de l’équipe championne en 2019 et des paris sur l’avenir comme O.G. Anunoby ou Chris Boucher, les Raptors ont déjà une belle base sur laquelle construire un nouveau chapitre de la franchise canadienne. De toute façon, tant que Masai Ujiri sera dans les parages, Toronto sera entre de bonnes mains.

Toronto sur cette décennie c’est une accumulation de galères en playoffs, le déboîtage en règle de tout un pays par LeBron, un foutage de gueule mondial à leur encontre, un début de dépression, et puis… Un sacre NBA venu de nul part, avec Kawhi venu dominer mais seulement pour une année, parce que ouais ça caille dans le Nord. En matière de scénario, la décennie des Raptors est une très belle histoire aux sentiments bien chatoyants et à la morale lisse et soignée. Cette décennie de Toronto c’est un peu ce téléfilm d’après-midi sur M6 qui suit un personnage foncièrement bon mais qui accumule les peines, les galères sur dix années de vie, et qui un beau jour gagne le respect de tous en accomplissant un exploit venu d’ailleurs. 

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