Top 30 des franchises de la décennie : les Denver Nuggets, de Melo à Niko le Colorado a retrouvé son mojo (#18)

Le 14 déc. 2019 à 17:29 par Paul Quintane

Source image : NBA League Pass

Il est l’heure. L’heure de fermer la page sur les années 2010, et donc de fermer la page sur dix ans de NBA et de souvenirs plus ou moins ancrés, plus ou moins légendaires. Il y a ceux dont on se rappellera encore dans cinquante ans et ceux qui disparaîtront au rythme des exploits de notre génération contemporaine, mais aujourd’hui et avec un regard tout neuf sur ces dix dernières années, nous nous sommes donc amusés à… trancher dans le vif. Direction les Rocheuses du Colorado pour s’intéresser aux dix dernières années des Denver Nuggets.

Classer les trente franchises de la Ligue, de 1 à 30 cela va sans dire, en prenant en compte aussi bien les victoires en saison régulière que les trophées individuels, le palmarès des printemps ou les stars passées en ville. Exercice difficile, ô combien discuté et évidemment toujours discutable, mais qui aura au moins le mérite d’être posé. Exercice subjectif également, qui prend en compte des chiffres mais aussi des ressentis, et que l’on vous demandera donc de respecter ou de débattre, seulement et seulement si vous faîtes l’effort, comme nous, de vous creuser un peu les méninges et de jeter un coup d’œil derrière votre épaule, sur ces dix années de NBA qui nous contemplent.

  • Saisons prises en compte : de 2009/10 à 2018/19
  • Critères étudiés : les victoires en saison régulière, le palmarès en Playoffs, le nombre de All-Stars et les trophées individuels
  • Objectivité : celle de fans NBA

Les Nuggets ont commencé leur décennie avec le départ du franchise player Carmelo Anthony. Et après des bons résultats au début des années 2010, l’équipe de Denver a connu une période creuse. Les Nuggets ont en effet galéré en milieu de décennie, mais se sont principalement relancés avec la Draft. Un Serbe en steal de Draft 2014 avec un choix en 41ème place. Et un Canadien drafté en septième position de l’édition 2016. Et voilà des bases posées pour un futur prometteur.

Le bilan en régulière : 437 victoires – 367 défaites

L’excellente saison dernière des Nuggets avec 54 victoires et la seconde place de l’Ouest n’est même pas le meilleur bilan de la décennie pour la franchise du Colorado. Denver avait effectivement fini l’exercice 2012-13 avec 57 wins, c’est-à-dire le troisième meilleur résultat en régulière des Pépites. De 2009 à 2013, Denver effectuera quatre belles saisons au bilan positif et synonymes de Playoffs. Ensuite, après de gros changements au sein de la franchise (en coulisses avec notamment le départ du manager général Masai Ujiri, sur le banc aussi avec le renvoi de George Karl), l’équipe a connu un passage compliqué avec seulement une trentaine de succès par année entre 2013 et 2016. Depuis, les Nuggets ont progressé de façon assez spectaculaire, jusqu’à devenir un poids lourd de l’Ouest.

Le bilan en Playoffs : éliminations au premier tour, milieu à oublier, et fin vers les sommets ? 

Quatre campagnes de post-season de suite en ouverture de décennie, pour quatre sorties au premier tour, dont celle en 2013 contre les Warriors alors que Nuggets avaient remporté 57 rencontres. Cette accumulation de déceptions a provoqué – comme vous avez pu le lire au-dessus – des changements importants et Denver a eu droit ensuite à cinq années de disette, avant de retrouver le doux parfum de la NBA en avril. La fin de la régulière de 2017-18 s’était avérée particulièrement cruelle pour les hommes de Mike Malone. Après 81 matchs et un bilan de 46 victoires pour 35 défaites, les Nuggets ont joué leur place en Playoffs contre les Wolves lors de la dernière rencontre de régulière. Résultat, défaite de justesse dans un match épique. Revanchards, Nikola Jokic et ses gars ont disputé les Playoffs en 2019, battant les Spurs en sept matchs au premier tour, puis s’inclinant en demi-finales de Conférence Ouest face à des Blazers héroïques, encore lors d’un Game 7. Beaucoup de regrets évidemment pour Denver, mais l’équipe encore jeune a emmagasiné de l’expérience nécessaire aux potentiels succès à venir.

Les joueurs majeurs

  • Trois All-Star : Carmelo Anthony (2), Nikola Jokic (1), Chauncey Billups (1)
  • Un COY : George Karl (2013)

Certains des plus grands génies de notre sport ont porté le maillot de Denver au cours de la dernière décennie. J.R. Smith évidemment, qui a évolué dans le Colorado jusqu’en 2011, mais aussi JaVale McGee, aux Nuggets entre 2012 et 2015. Et puis Denver, c’était aussi un lieu fréquenté par nos Frenchies. Evan Fournier, Joffrey Lauvergne, Johan Petro et Axel Toupane ont tous porté plus ou moins longtemps les couleurs de la franchise. Plutôt moins que plus d’ailleurs. Bon, comme cette catégorie est dédiée aux joueurs majeurs, on ne va pas trop s’attarder là-dessus. Parmi les noms qu’on va retenir, il y a forcément Carmelo Anthony, même si l’ère Melo s’est terminée en février 2011 avec un transfert aux Knicks en compagnie du solide Chauncey Billups. Le départ d’Anthony a permis aux Nuggets de récupérer du monde, dont Danilo Gallinari et Wilson Chandler, qui ont réalisé plusieurs bonnes saisons à Denver. Dans la première moitié des années 2010, où les Pépites ont participé quatre fois aux Playoffs, la mène était assurée par un bon Ty Lawson mais à force de rouler bourré, il a été transféré. Parmi les autres joueurs qui ont caractérisé le début des années 2010, on a du Nene, présent en ville depuis 2002, on a aussi du Arron Afflalo, du Andre Iguodala pendant la saison à 57 victoires, et du Al Harrington. Et puis on n’oublie pas le Manimal Kenneth Faried, qui a fait le spectacle au Pepsi Center entre 2011 et 2018. Merci pour la transition vers la fin de la décennie Kenneth, avec l’ère Nikola Jokic que nous vivons actuellement. Le Joker, Jamal Murray, Gary Harris, tous arrivés via la Draft, forment aujourd’hui le noyau dur d’une équipe très compétitive, avec également le vétéran Paul Millsap, très précieux, et l’extérieur Will Barton, qui a vraiment lancé sa carrière dans le Colorado.

Le cinq majeur de la décennie : Ty Lawson – Jamal Murray – Carmelo Anthony – Danilo Gallinari – Nikola Jokic

Le souvenir du rédacteur

Le souvenir, il est tout récent, car il date des derniers Playoffs. En 2019, les Nuggets ont retrouvé la post-season pour la toute première fois depuis 2013, le tout dans le costume de dauphins des Warriors à l’Ouest. Face à eux ? Les Spurs, plus expérimentés. La confrontation est serrée, avec les deux équipes qui se répondent. San Antonio domine le début de la série, mais Denver parvient à réagir et tout ça finit en Game 7 au Pepsi Center. Vu la jeunesse des hommes de Mike Malone, qui plus est contre la bande à Gregg Popovich, on pouvait avoir des doutes sur leur capacité à gérer un tel enjeu. Sauf que dans cette rencontre, les Nuggets dominent leurs adversaires. Ils prennent jusqu’à 17 points d’avance dans le match face à des Spurs très maladroits. Et malgré un gros retour de San Antonio dans le quatrième quart-temps qui fait flipper toute la salle, Denver tient le coup pour finalement s’imposer 90-86. Une victoire synonyme de première qualification en demi-finales de Conférence Ouest depuis 2009. Dix ans que le public de Denver attendait ça, public qui a clairement joué son rôle de sixième homme dans ce Game 7 pas forcément très beau sur le plan offensif, mais rempli d’intensité. Nikola Jokic a terminé la rencontre avec un gros triple-double (21 points, 15 rebonds, 10 passes) et Jamal Murray (23 points) s’est montré clutch à travers un shoot crucial dans la dernière minute alors que l’écart était seulement de deux points. On se souvient également des Spurs qui oublient de faire faute en fin de match (coucou LaMarcus), mais ça c’est encore une autre histoire.

La forme actuelle

Avec l’expérience récupérée lors de la campagne de Playoffs 2019, les troupes de Mike Malone visent encore plus haut cette année. L’effectif est complet et profond, ça défend dur et ça joue ensemble. Depuis le début de la saison, les Nuggets connaissent cependant des hauts et des bas, avec de bonnes comme de mauvaises séries. En novembre, ils ont remporté dix matchs sur onze, mais restent aujourd’hui sur cinq défaites en sept matchs, la faute à un road-trip à l’Est mal négocié. Au final, ça donne un bilan de 15 victoires pour 8 défaites pour une cinquième place à l’Ouest.

La projection pour la décennie 2020

Un effectif très jeune et plein d’avenir, qui a déjà fini en seconde position à l’Ouest l’an dernier. Les attentes sont telles que Denver peut prétendument aspirer à une finale de conf’, et ce déjà dans quelques mois d’abord et durant les prochaines années par la suite. Il faudra quand même pour les Nuggets qu’au moins un de leurs deux leaders franchisse un vrai cap supplémentaire pour s’affirmer aisément comme un top 15 ou top 10 de la Ligue. Nikola Jokic a peut-être déjà le niveau pour, mais certainement pas la rigueur. Jamal Murray est une pépite encore trop brute, qui certes s’améliore au fil des saisons, mais qui doit encore montrer davantage pour porter une équipe dans les plus hautes sphères de la post-season. Quoi qu’il en soit, le futur de la franchise du Colorado est très optimiste.

Un franchise player qui se barre en début de décennie. Des années creuses pour prendre le temps d’amorcer une transition, et un dernier tiers dans les années 2010 qui redonne de l’espoir, avec une équipe qui retrouve la voie du succès. La formule semble assez classique et déjà vue chez d’autres franchises NBA. Il n’empêche que si la théorie semble aisée, la pratique l’est beaucoup moins. Mais en seulement cinq années, la franchise de Denver est redevenue une place forte de l’Ouest, qui repose sur un tandem entre un Canadien et un Serbe, tous les deux draftés, et un effectif jeune qui se forge encore au fil des échecs et des désillusions. La marge de progression du roster est significative, et l’avenir s’annonce brillant dans les Rocheuses.