Top 30 des franchises de la décennie : le Utah Jazz, ou comment rebondir encore plus haut quand on perd son meilleur joueur (#19)

Le 13 déc. 2019 à 17:51 par Nicolas Derrien

Gordon Hayward
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Il est l’heure. L’heure de fermer la page sur les années 2010, et donc de fermer la page sur dix ans de NBA et de souvenirs plus ou moins ancrés, plus ou moins légendaires. Il y a ceux dont on se rappellera encore dans cinquante ans et ceux qui disparaitront au rythme des exploits de notre génération contemporaine, mais aujourd’hui et avec un regard tout neuf sur ces dix dernières années, nous nous sommes donc amusés à… trancher dans le vif. Place aujourd’hui à une franchise qui a su traverser les époques : le Jazz d’Utah.

Classer les trente franchises de la Ligue, de 1 à 30 cela va sans dire, en prenant en compte aussi bien les victoires en saison régulière que les trophées individuels, le palmarès des printemps ou les stars passées en ville. Exercice difficile, ô combien discuté et évidemment toujours discutable, mais qui aura au moins le mérite d’être posé. Exercice subjectif également, qui prend en compte des chiffres mais aussi des ressentis, et que l’on vous demandera donc de respecter ou de débattre, seulement et seulement si vous faîtes l’effort, comme nous, de vous creuser un peu les méninges et de jeter un coup d’œil derrière votre épaule, sur ces dix années de NBA qui nous contemplent.

  • Saisons prises en compte : de 2009/10 à 2018/19
  • Critères étudiés : les victoires en saison régulière, le palmarès en Playoffs, le nombre de All-Stars et les trophées individuels
  • Objectivité : celle de fans NBA

Loin des paillettes et des strass, les Mormons font partie de ces franchises qui n’ont pas spécialement squatté le rayon contenders durant ces dix dernières années. Cependant, ces rois du calme ont su prendre le temps de réfléchir afin de développer un projet consistant, si bien qu’ils se retrouvent aujourd’hui dans la discussion… des meilleures équipes de la Ligue.

Le bilan en régulière : 429 victoires – 375 défaites

En dix ans, le Jazz n’aura pas une seule fois sorti le tank en NBA. Souvent avec un bilan au minimum honnête, ils réaliseront néanmoins une saison à seulement 25 wins. Juste le temps de retomber sur leurs pattes pour s’adapter après le départ de Deron Williams et Paul Millsap, on peut être indulgent. Et les fans n’auront même pas eu le temps de pleurer que le talent de… Gordon Hayward explosait. Même chose à la suite du départ de l’ailier, les Mormons tombent sur Donovan Mitchell à la Draft et en font presque instantanément leur franchise player. Avoir un medium dans son management ça à l’air plutôt utile, et il semblerait d’ailleurs que les Suns leur aient demandé l’adresse cet été.

Le bilan en Playoffs : comme un petit truc qui coince 

Le Jazz a réalisé plusieurs petites épopées en Playoffs mais n’a jamais dépassé les demi-finales de conférence. Il faut dire que quand tu te tapes les Warriors ou les Rockets ces dernières années, ça complique sacrément la tâche. On reste tout de même sur une belle constance avec cinq apparitions en Playoffs sur les dix dernières saisons. Salt Lake City n’a jamais flanché dans et le tank n’a pas été de sortie depuis bien longtemps dans l’Utah. Comme quoi, parfois, ça vaut le coup d’essayer de bien jouer au basket. Suivez nos regards.

Les joueurs majeurs

  • Deux All-Stars (Deron Williams x2, Gordon Hayward x1)
  • Deux DPOY (Rudy Gobert, 2017, 2018)

Seulement deux All-Stars mais certains joueurs de l’effectif actuel viendront sûrement collecter quelques nominations d’ici peu. On pense évidemment à Donovan Mitchell et Rudy Gobert, les nouveaux piliers du Jazz, qui portent la franchise maintenant avec Bojan Bogdanovic, Mike Conley et Joe Ingles. Gros pouce bleu ensuite pour Deron Williams, qui a régalé les fans de Salt Lake City pendant cinq ans, et on rappelle juste qu’à l’époque le garçon faisait assez clairement partie du Top 3 NBA à son poste., douce époque d’ailleurs à laquelle Andrei Kirilenko envoyait ses dernières rafales et où Carlos Boozer floppait encore dans les rues de Salt Lake City. Une petite pensée également pour Gordon Hayward qui, depuis son départ, enchaîne les galères à Boston mais c’est bien le souvenir des ses dernières années dans l’Utah qui nous donnent encore de l’espoir, quand Rodney Hood commençait également à mettre le nez à la fenêtre. On mentionnera également un Derrick Favors étroitement lié à la franchise, un Dante Exum dont on attend encore l’explosion, les bûcherons Enes Kanter ou Kosta Koufos qui sont partis sans avoir défendu une seule fois, et les légendes Joe Johnson et… Boris Diaw qui ont également fait un passage chez les Mormons en toute fin de carrière. Quand à Trey Burke, qui fût un temps l’un des grands espoirs de la franchise… il ne se verra malheureusement pas intégrer le cinq majeur… ni aucun autre cinq majeur tout court d’ailleurs.

Le cinq majeur de la décennie : Deron Williams – Donovan Mitchell – Gordon Hayward – Derrick Favors – Rudy Gobert

Le souvenir du rédacteur

Pour ce souvenir on a décidé d’être un peu chauvin. Alors on mettra à l’honneur notre Rudy national en mentionnant son back-to-back pour le trophée du meilleur défenseur de l’année. C’est pas vraiment un souvenir concret, concis, mais merde on a quand même un Français élu deux années de suite meilleur défenseur de la Ligue, pas sûr que vous ne pesiez vraiment le poids de ce genre de phrase… Rangez vos Kawhi Leonard, vos Paul George, vos Marcel Desailly et vos Joel Embiid, le meilleur défenseur de la planète c’est bien le pivot français, et pour l’instant c’est toujours d’actualité. Et on attend toujours Myles Turner pour venir discuter.

La forme actuelle

Le Jazz avait frappé un grand coup cet été en ajoutant enfin un vrai poste 1 “dominant” en la personne de Mike Conley, puis en ajoutant quelques pièces diablement intéressantes (Bojan Bogdanovic, Jeff Green…). Au 13 décembre ? Hum, disons que les victoires sont là, le plus souvent, mais que la greffe a pour l’instant du mal à prendre. Pas de panique cependant, la saison est longue, et le Jazz reste parmi les contenders à même d’aller gratter une petite demi-finale de conférence. Pour faire mieux il faudra un sacré alignement des planètes mais pourquoi pas, et Quin Snyder possède en tout cas le roster adequat pour emmerder du monde en Playoffs. On attendra juste pour cela que Mike Conley prenne la pleine mesure de sa saison et termine sereinement de déballer ses cartons, parce qu’on dirait franchement que quelque chose le turlupine depuis son arrivée en ville. Allez les gars, on passe… la seconde ?

La projection pour la décennie 2020

Douce chanson qu’on nous chante dans l’Utah depuis dix ans. Entre jeunesse prometteuse et vétérans aguerris, le Jazz demeure l’une des franchises qui paraît avoir l’un des projets les plus stable à l’aube de cette décennie 2020. Si Donovan Mitchell continue de progresse pour devenir le franchise player qu’on attend qu’il devienne et que Rudy fait des progrès suffisants en attaque, Salt Lake City a un duo sur lequel compter dans la durée. Un guard et un pivot dominants c’est la recette, mais il faudra être encore plus ingénieux et tâcher de faire de la franchise un spot encore plus hype afin d’attirer les gros free agents. Et bon chance hein.

Plusieurs franchises se seraient retrouvées perdues et auraient totalement changé de projet en perdant leur meilleur joueur sans rien récupérer en contrepartie. Mais on a du mental dans l’Utah, et la direction n’a pas changé sa feuille de route après des années 90 énormes, des années 2000 pleines de hype et des années 2010 intelligemment traversées. De très bonne affaires à la Draft, un coaching staff constant et voilà le Jazz désormais installé dans le haut de l’Ouest avec de nouveau une véritable identité. Si quelques uns veulent prendre exemple, qu’ils n’hésitent pas.