Top 30 des franchises de la décennie : les Brooklyn Nets, on aime le changement chez l’ancienne seconde franchise de New York (#25)

Le 07 déc. 2019 à 17:37 par Paul Quintane

Kevin Durant
Source image : @Nets

Il est l’heure. L’heure de fermer la page sur les années 2010, et donc de fermer la page sur dix ans de NBA et de souvenirs plus ou moins ancrés, plus ou moins légendaires. Il y a ceux dont on se rappellera encore dans cinquante ans et ceux qui disparaitront au rythme des exploits de notre génération contemporaine, mais aujourd’hui et avec un regard tout neuf sur ces dix dernières années, nous nous sommes donc amusés à… trancher dans le vif. Aujourd’hui focus sur les Nets de Brooklyn, une décennie mouvementée pour “l’autre” franchise de New York.

Classer les trente franchises de la Ligue, de 1 à 30 cela va sans dire, en prenant en compte aussi bien les victoires en saison régulière que les trophées individuels, le palmarès des printemps ou les stars passées en ville. Exercice difficile, ô combien discuté et évidemment toujours discutable, mais qui aura au moins le mérite d’être posé. Exercice subjectif également, qui prend en compte des chiffres mais aussi des ressentis, et que l’on vous demandera donc de respecter ou de débattre, seulement et seulement si vous faîtes l’effort, comme nous, de vous creuser un peu les méninges et de jeter un coup d’œil derrière votre épaule, sur ces dix années de NBA qui nous contemplent.

  • Saisons prises en compte : de 2009/10 à 2018/19
  • Critères étudiés : les victoires en saison régulière, le palmarès en Playoffs, le nombre de All-Stars et les trophées individuels
  • Objectivité : celle de fans NBA

Anciennement localisés dans le New Jersey, les Nets déménagent à Brooklyn en 2012 et prennent leurs quartiers au Barclays Center. La nouvelle franchise veut aller plus vite que la musique, à tel point qu’elle échange trois premiers picks de draft contre les arrivées des vieillissants Paul Pierce, Kevin Garnett et Jason Terry. La sauce ne prendra pas. L’équipe s’enlisera dans les tréfonds de l’Est. Une reconstruction s’impose en 2016, avec les arrivées en tant que general manager de Sean Marks et du nouveau coach, Kenny Atkinson. Le ciel de Brooklyn s’éclaircit rapidement, avec un modèle de gestion en interne. Aujourd’hui, le roster de Brooklyn contient en son sein l’un des tous meilleurs joueurs de la planète. Quand KD sera de nouveau sur pattes, les Nets pourront légitimement prétendre au titre NBA. Cela arrive juste un peu trop tard pour Mikhail Prokhorov qui avait promis une bannière de champion aux fans dans les cinq ans suivant son arrivée massive dans le capital de l’entreprise. Mission impossible alors le Russe a préféré laisser son bébé à Joseph Tsai en se faisant quand même une jolie petite plus-value dans l’affaire au passage. Il est pas fou Mimi.

Le bilan en régulière : 300 victoires – 504 défaites

Un bilan mitigée et en dents de scie. Le meilleur résultat sera en 2012-13, avec 49 victoires pour 33 défaites, de très bon augure pour la première saison de la franchise à Brooklyn. Et comme un symbole, après l’arrivée des superstars de Boston, les Nets signeront un moins bon bilan avec 44 victoires en 2013-14 et 38 wins l’année suivante. Les années de reconstruction furent marquées par trois années à successivement 21, 20 et 28 victoires entre 2016 et 2018 avant d’enfin retrouver les Playoffs et des espoirs en 2019.

Le bilan en Playoffs : de belles batailles, mais sans dépasser les demies de Conférence

Un bilan de quatre participations, 11 victoires pour 19 défaites au total, mais qu’une seule série remportée en 2013-14 face à des Raptors qui connaissaient déjà leur fardeau du premier tour. Difficile d’oublier cette action qui fait tout basculer pour Brooklyn, lors de l’ultime play de la série dans le Game 7, Kyle Lowry a la balle dans les mains, il part en freestyle total, perd la gonfle, la récupère, tente un floater pour la gagne, et c’est Paul Pierce qui lâche un contre ultra clutch. Au tour suivant, Paulo et sa bande se feront sortir en 5 par le Heat de LeBron, Wade et Bosh. A part cela, les Nets s’étaient inclinés l’année précédente en 7 contre les Bulls. Puis tomberont en 2014-15 contre les Hawks en ouverture. Enfin, l’an dernier, les troupes d’Atkinson se défendaient vaillamment face à de gros Sixers, mais ont fini par rendre les armes dans le Game 5.

Les joueurs majeurs

  • Quatre All-Stars : D’Angelo Russell (1), Brook Lopez (1), Joe Johnson (1) et Deron Williams (1)

On commence logiquement avec un clin d’œil à ces Messieurs que sont Devin Harris et Yi Jianlian, qui ont assuré la transition d’une décennie à l’autre lorsque l’équipe jouait encore au Izod Center, mais on n’oublie pas non plus Johan Petro et ses deux ans dans la banlieue new-yorkaise tout comme Derrick Favors qui a atterri à New Jersey à la base avant son trade très rapide dans l’Utah. Les deux Dédé, Andray Blatche et Andrei Kirilenko méritent aussi leur big-up tout comme les trois vét de Boston envoyés au goulag en 2013. Mais Brook Lopez reste le joueur de la décennie et même LE joueur qui symbolise Brooklyn. Le pivot a effectué neuf saisons sous les couleurs des Nets. Quatre saisons pour New Jersey et cinq pour Brooklyn. Le poste 5 aux mains soyeuses a tourné à plus de 18 points de moyenne et a balancé quelques tirs bien clutchs pour remporter des matchs. Il est aujourd’hui le meilleur marqueur de l’histoire de la franchise, Brooklyn et New Jersey réunis. Deron Williams est sûrement le second joueur à qui penser quand il s’agit des Nets de la décennie 2010. Joe Johnson a quant à lui réalisé quatre saisons avec des gros plays dans le money-time et outre son mariage avec Kim Kardash, Kris Humphries a également évolué durant quatre ans pour la franchise, tout comme Rondae Hollis-Jefferson.  Dans les joueurs actuels, Spencer Dinwiddie et Caris LeVert font du bon boulot. Enfin, on ne pouvait pas finir sans un petit mot pour D’Angelo Russell qui a régalé la saison dernière en s’établissant comme le leader d’une équipe qui va en Playoffs et pour les deux snipers, Bojan Bogdanovic et Joe Harris, dont le dernier s’occupe toujours de limer les ficelles du Barclays Center avec ses jets de sept mètres.

Le cinq majeur de la décennie : Deron Williams – Spencer Dinwiddie – Joe Johnson – Kris Humphries – Brook Lopez

Le souvenir du rédacteur

Ayant déjà évoqué plus haut le contre pour la gagne de Paul Pierce dans un Game 7 de Playoffs, parlons plutôt du comeback de l’an dernier, le 19 mars 2019, face aux Sacramento Kings. Un écart de 25 points au début du dernier quart-temps et un alignement des planètes va permettre à la troupe de Kenny Atkinson de lâcher une des performances de la saison. Ce n’est pas juste la prouesse de revenir d’une telle différence qui constitue ce beau souvenir. C’est bel et bien la force et la détermination d’un si beau groupe, si bien mené, réalisant une si belle saison. Avec un D’Angelo Russell encore gamin, mais qui réalisera sa meilleure campagne jusqu’ici, un Rondae Hollis-Jefferson discret mais toujours solide, les révélations de la gâchette Joe Harris et du guerrier Jarrett Allen, un Caris LeVert revenu d’une sale blessure et un Jared Dudley en vétéran, âme et mascotte de cette équipe, les Nets vont constituer l’une des forces collectives de la Ligue et l’une des belles histoires de la saison, symbolisant tout le renouveau de la franchise après quelques années sombres. Et si le symbole de cette année 2018-19 pour Brooklyn aurait pu être cette première victoire surprise en Playoffs contre Philadelphie, c’est finalement ce soir de mars 2019 à Sacramento qui fut la plus belle source d’émotion. Comme un symbole, toute l’équipe va cliquer au bon moment, pour parfaire ce retard. Pour réaliser ce genre de prouesse, il faut un réveil collectif, une prise de conscience de tout un roster, et la cohésion parfaite d’un groupe. C’est ce qu’il se produira. Un 45-18 infligé. Et D’Lo qui prend feu. Le gaucher so smooth prend une autre dimension dans le quatrième quart-temps avec 27 points et 4 assists. Injouable. Mais comme les Nets sont un tout, c’est un autre collègue qui finira le boulot, RHJ ira mettre un lay-up acrobatique dans les toutes dernières secondes. Cette équipe des Brooklyn n’aura duré qu’une saison, mais qu’ils étaient beaux à voir quand même, ces Nets.

La forme actuelle

En attendant le retour du collègue KD, Kyrie et son équipe doivent assurer le minimum syndical en verrouillant coûte que coûte un spot pour les prochains Playoffs. Les débuts d’Uncle Drew dans sa nouvelle ville sont timides mais il faut dire que sa blessure n’a pas arrangé les choses et on est en droit de s’attendre à du mieux à son retour. Pour l’instant, c’est donc le service minimum à Brooklyn avec un bilan tout juste à l’équilibre et un classement qui ne fait pas rêver par rapport aux acquisitions de l’été. Il faut aussi préciser que les Nets ne prendront aucun risque avec leur MVP 2014 et que cela devrait donc être une année blanche pour l’ami des serpents, ce qui réduit fortement les chances des Filets de prolonger leur saison jusqu’au mois de juin. Cette année doit servir de ciment pour permettre à tout le monde de se connaître un peu mieux avant d’arriver le couteau entre les dents dès la rentrée 2020.

La projection pour la décennie 2020

Avec le retour, on l’espère à 100%, de Kevin Durant prévu pour la saison prochaine, Kyrie en lieutenant, un supporting cast très solide et Kenny Atkinson sur le banc, les Nets joueront très clairement le rôle de prétendant au titre pour 2020-21. Les deux stars fraîchement débarquées feront les beaux jours de la franchise jusqu’au moins l’été 2023 et cela fait donc une jolie fenêtre pour rendre hommage à Mikhail Prokhorov en respectant sa promesse avec juste quelques années de retard. En tout cas c’est clair, avec son recrutement XXL à l’été 2019 et un management aussi sain, on risque d’entendre beaucoup parler de Brooklyn lors des prochaines années, de quoi espérer un classement un peu meilleur dans le Top 30 de la décennie 2020.

Une décennie marquée par plusieurs périodes variées. Un all-in périlleux pour s’accaparer Pierce et Garnett qui a conduit la franchise a rapidement se ré-orienter sur une reconstruction. Privés de premiers choix de draft pendant trois ans, les Nets ont ensuite bien rebondi avec un modèle de management, pour aujourd’hui constituer l’un des effectifs les plus attrayants de la NBA. Le genre de métamorphose fulgurante qui devrait inspirer nombreux autres front offices de la Ligue. L’avenir est radieux pour cette franchise new-yorkaise, Brooklyn est désormais sans contestation la puissance numéro 1 de la ville et il y a même pas matière à négocier.

Le classement