John Wall – Rupture du tendon d’Achille : l’analyse du docteur Q

Le 28 mars 2019 à 10:44 par Quentin Quairière

Stars, highlights et stats nous font rêver au quotidien en NBA. Mais si tous ces athlètes performent chaque soir sur les parquets, c’est aussi parce que leurs corps si exceptionnels sont surveillés, massés et examinés en permanence. Ainsi, le Dr. Q, étudiant en médecine le jour et supporter NBA la nuit, a installé son cabinet chez TrashTalk pour décrypter et analyser tous les bobos de nos stars de la balle orange. Entorse, déchirure, fracture, luxation… la visite médicale nous permettra de comprendre toutes les blessures de la grande ligue. Aujourd’hui, c’est John Wall qui passe sur la table du doc, suite à une rupture du tendon d’Achille.

  •  Professeur-étudiant en première année de médecine, le Dr. Q est un grand passionné du corps humain, qui a lui-même pu tester de nombreuses blessures en étant victime de ce qu’on appelle la malchance sportive. Fasciné par l’anatomie et déterminé à exceller en tant que futur médecin du sport, il a déjà participé à des démonstrations en milieu hospitalier à l’âge de 10 ans et a observé en bloc opératoire à partir de ses 13 ans. Le Dr. Q partagera ainsi son savoir et ses recherches sur TrashTalk, pour en connaître toujours plus sur les blessures du monde du basket.

Mardi 5 février, les punchlines ont volé à l’annonce de la blessure du meneur, suite à une « glissade dans sa cuisine » alors qu’il se remettait péniblement d’une opération au talon s’étant infectée. Le meneur 5 fois All-star de la capitale est officiellement out pour le reste de la saison suite à une rupture du tendon d’Achille : un vrai coup dur dans la saison (très) compliquée du dragster de la capitale et de ses coéquipiers. Alors que tout le monde y allait de sa vanne sur les réseaux sociaux, le meneur affrontait le pire cauchemar pour un joueur NBA : lors d’un rendez-vous pour traiter son infection, le médecin de l’équipe diagnostique une rupture du tendon d’Achille.

Mais pourquoi cette blessure est considérée comme une des pires, pour un basketteur ? Il faut savoir que le tendon d’Achille est le plus gros et le plus résistant tendon du corps. Il relie le mollet au talon et permet la flexion plantaire qui consiste à passer sur la pointe des pieds. Il a donc un rôle essentiel dans le sprint et le saut. C’est d’autant plus dur pour l’un des joueurs les plus athlétiques de la ligue, considéré par certains comme le dragster le plus rapide de NBA.

Ce type de blessure se produit généralement sur un effort brutal : un départ de course ou un saut. Alors pourquoi John Wall s’est-il rompu ce tendon sur une simple glissade ?  Parce qu’il souffre du syndrome de Haglund : il s’agit d’une excroissance de l’os du talon qu’on appelle bec en raison de sa forme. Cette déformation du talon rend la marche, la course et le saut très douloureux, l’os irritant continuellement le tendon d’Achille.

Syndrome de Haglund

En haut : un pied normal, en bas : une déformation de Haglund.

Le meneur sait en être atteint depuis de longues années mais s’est adapté pour pouvoir jouer malgré tout : ses chaussures chez Adidas étaient modifiées de façon à limiter la douleur. Et c’est sans doute ce qui explique que ce meneur droitier termine ses dunks main gauche. En 2015, il déclarait au Washington Post : « Mon pied droit a l’explosivité que mon pied gauche n’a pas. Ma jambe gauche ne l’a pas. Je peux dunker avec ma jambe gauche mais mon niveau d’adrénaline doit être élevée. ». On sait maintenant pourquoi son pied gauche manquait d’explosivité.

Récemment, cette déformation s’était aggravée. Cela l’a poussé à consulter le Dr Robert Anderson à Green Bay, éminent chirurgien qui avait notamment opéré Stephen Curry en 2011 et Kevin Durant en 2014. John a alors appris qu’il prenait un risque considérable pour son tendon d’Achille, fragilisé par des années d’agression. Il a donc décidé de se faire opérer le 8 janvier, choisissant la procédure la moins lourde, qui consiste à enlever l’excroissance osseuse (6 à 8 mois d’arrêt). Trop tard, à force de serrer les dents, le meneur des Wizards a dépassé les limites de son corps et son tendon d’Achille s’est finalement rompu.

Même si quelques joueurs ont pu s’en relever, cette terrible blessure peut être lourde de conséquences pour la suite d’une carrière : temps de jeu limité, baisse des pourcentages ou retraite prématurée. A l’instar de Chauncey Billups, blessé en février 2012, à 35 ans, le meneur des Clippers tente de revenir mais fera des allers/retours entre l’infirmerie et le terrain.  Il ne jouera qu’une vingtaine de matchs par an, enchaînant une saison chez les Clippers puis une autre chez les Pistons, sans parvenir à remonter ses stats. Mr Big Shot prendra finalement sa retraite en 2014. D’autres, comme Dominique Wilkins, ont réussi leur retour. L’arrière star des Hawks se blesse en janvier 1992, à 32 ans. Neuf mois plus tard, il revient sur les terrains et tourne à près de 30 pts de moyenne. Il a su adapter son jeu et revenir au meilleur niveau. The Human Highlight Film sera deux fois All-Star après cette blessure. Le dernier exemple en date, DeMarcus Cousins, semble reparti sur de bonnes bases avec Golden State et on ne peut que lui souhaiter de s’en sortir de la meilleure des manières, tout comme Rudy Gay qui a montré un joli rebond chez les Spurs.

Quand à John Wall, il s’est fait opérer avec succès le 12 février, toujours par le Dr Robert Anderson. Il a entamé depuis un long processus de rééducation et il ne faut pas espérer le voir sur un terrain avant le All-Star Break 2020, voire la saison 2020-2021. Washington devra le chérir, il est sous contrat jusqu’en 2023 avec un véritable salaire de superstar.

Alors c’est sûr, on aime taper sur John Wall et ses coéquipiers, les premiers pour l’ouvrir en début de saison sans forcément (voire pas du tout) assumer derrière sur les parquets mais il faut reconnaître la passion d’un joueur ayant forcé malgré la douleur pour se rendre sur les parquets tous les soirs jusqu’à ce que son corps lui dise stop. On ne peut qu’espérer un retour au meilleur niveau et dans les meilleures conditions pour Jean Mur, que ce soit à Washington ou autre part : son copain Boogie pourra le conseiller sur le meilleur remède possible :  signer la mid-level à Golden State prendre son temps pour son retour.