Golden State Warriors, le bilan 2021-22 : les Dubs sont de retour au sommet, téma la taille de la dynastie
Le 23 juin 2022 à 13:25 par Nicolas Vrignaud
Qui ? Qui aurait placé les Warriors au sommet de la ligue il y a huit mois ? Honnêtement, à part quelques nostalgiques – visionnaires ou illuminés – pas grand monde. Pourtant, Golden State l’a fait et s’est offert un quatrième titre de champion NBA en huit ans. Comment ça s’est passé ? Ce bilan vous dira tout sur tout, ou presque.
Ce qu’on avait prédit
Les Warriors de retour en ville ? Allez, pourquoi pas hein, mais rien ne sera facile. Primo, il y a eu pas mal de mouvements dans le groupe : exit Kenny Oubre Jr., Marquese Chriss et Kent Bazemore, bonjour Otto Porter Jr., Jonathan Kuminga et Moses Moody. Ah tiens, mais on s’connait non ? Mais oui c’est bien Andre Iguodala ! Tout juste débarqué de Memphis, Iggy n’a sans doute pas réfléchi très longtemps avant de signer et prendre l’avion pour San Francisco. Avec un quatuor de triples champions de nouveau réunis, le groupe de Steve Kerr aura de quoi insuffler le sens de la victoire aux non-initiés comme Jordan Poole ou Andrew Wiggins. Bref, cette petite bande de joyeux lurons s’engage dans la saison sans Klay Thompson et sans James Wiseman, qui devraient rejoindre le navire en cours de traversée. Du côté de TrashTalk ? 48 victoires, 36 défaites et la sixième place à l’Ouest. Trop d’inconnues, trop d’incertitudes pour que ça aille cogner plus haut, l’essentiel réside dans la qualification en Playoffs.
Ce qu’il s’est réellement passé.
Alors, vous allez tous – s’il vous plaît – inspirer un grand coup. On étire tous les membres de son corps, on fait le vide et on souffle tranquillement. Répétez l’opération autant de fois que vous le souhaitez, puisque l’objectif est de commencer cette partie avec un maximum de fraîcheur mentale. Pourquoi ? Oh parce que vous n’êtes pas prêts à c’te saison des Warriors. On pensait qu’ils allaient avoir du mal à se mettre dans le rythme, ou tout du moins prendre le temps de le faire, mais non. Faudrait pas oublier que ces zouaves ont été champions trois fois en sept ans. Après un gros mois de compétition ? 18-3, meilleur bilan de la NBA et le sentiment d’être en 2015, à quelques rides et un crédit maison près. Qu’ils sont écœurants. Stephen Curry est bien sûr à la baguette d’une troupe complètement possédée. Vas-y que le Chef en envoie 35 par ci et 40 par là, tout en régalant tous ses khoya. MVP unanime en 2016, il l’est aussi dans les classements hebdomadaires proposés par les médias ricains. Comme vous le savez, c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses alors être MVP en semaine 47 c’est cool, mais l’être début mai c’est mieux. Dans le jeu, les Warriors ont retrouvé pleinement la fibre Oakland. Petite nouveauté : ce n’est pas le groupe de 2015. Et c’est là que Steve Kerr est très fort. Jordan Poole et Andrew Wiggins ? Deux néophytes de la philosophie de Golden State, pourtant parfaitement rentrés dans le moule. Ça en foutrait presque la larme à l’œil tellement c’est beau qu’un gars comme Andrew Wiggins réussisse enfin à s’épanouir après des années de galère à Minnesota.
Eh, on parle des Warriors alors on se reconcentre. D’ailleurs, c’est l’heure du point bobos avec l’infirmière Joëlle. Pour Klay Thompson, le retour en fin d’année ne se confirme pas. Trop tôt encore pour que Killa Klay ne prenne réellement son pied (sans mauvais jeu de mots). On attendra encore un ‘tit peu mais vu la dynamique actuelle, c’est bien parti pour qu’il ait le temps de tranquillement se remettre en jambes. L’autre grand absent, c’est James Wiseman. Déchirure du ménisque en avril 2021 et retour prévu début 2022 ? Aie, on aura du retard à la livraison puisque le jeune homme repasse sur le billard début décembre et prends trois mois de punition supplémentaire. C’est terriblement frustrant car on connait bien évidemment tout le potentiel du gamin, mais il faut prendre son mal en patience pour revenir plus fort. Côté sportif, les Warriors ont encaissé quelques revers, mais pas de quoi mettre en vrac tout un schéma tactique, ni faire douter cette bande d’intrépides et joyeux pirates. Grossièrement, les choses vont plutôt bien jusqu’au All Star Game, où Curry en profitera d’ailleurs pour épater copieusement la galerie. Une fois encore. Au retour de la trêve hivernale, les Guérilleros ont du mal à se remettre dans le bain. Un gros road trip de Minnesota à Los Angeles en passant par Dallas au programme, ça vous casse les pattes en sortie de vacances à Chamonix. Du coup ? Cinq défaites en six matchs et le trône de l’Ouest qui s’écarte quasi définitivement de leur giron. Tant pis, les Playoffs sont quasiment assurés et l’objectif est a minima de maintenir le bilan, mais surtout la santé. Si James Wiseman n’est toujours pas prêt à jouer – et qu’il ne le sera pas de la saison – Klay est revenu. De retour dans le groupe pour le match du 9 janvier, KaTé se remet tranquillement de 941 jours sans basket, et ça nous régale de le voir dribbler la balle orange en tenue. Petites alertes, Draymond se blesse un coup en fin de saison, comme Stephen Curry qui ne débutera les Playoffs sur le banc.
Le bilan de cette régulière ? 53 victoires et 29 défaites, la troisième place à l’Ouest et surtout un jeu qui commence à nous faire dire qu’on pourrait bien voir ces bonshommes-là assez loin en Playoffs. Allez, c’est donc le sixième de l’Ouest aka Denver qui se pointe au Chase Center pour ouvrir la postseason des Warriors. Steph sur le banc ? Pas un souci hein. Eh Nikola, tu la connais l’histoire du MVP qui s’est pointé à Oakland en 2007 pour prendre une correction et sortir au premier tour ? Tu devrais la lire. Hélas, la traduction en Serbe n’étant pas proposée, c’est tout innocemment que les Nuggets et leur leader se pointent dans la baie. Quelle erreur. Malgré un Jokic de gala en mode 30/18/9 tous les soirs, la tempête californienne est déchaînée : 4-1 dans la série, merci les Pépites et la bise à Bones Hyland pour son Game 4. À l’horizon, le premier vrai gros morceau pour Kerr et sa clique. Qui ça ? Les jeunes Grizzlies, dauphins des historiques Suns en régulière. Beaucoup y voient un passage de flambeau entre Curry et Morant. Hé, faut pas nous le fâcher comme ça le Steph. Malgré un bel esprit de combativité et une prise de catch de Dillon Brooks sur Gary Payton II – au coût d’un coude cassé pour le second – les Oursons mangent eux aussi la vague californienne et s’inclinent 4-2. « Rallumez vos iPhone 5 et regardez nous à votre âge, prenez en de la graine et revenez ensuite ». Tiens, en voilà une phrase que Draymond aurait pu prononcer à la fin de la série. En finale de Conf’ ? Les Mavericks de Luka Doncic. Ça ne devait pas être les Suns ? Si justement, mais voyez-vous, une pénurie de produits Pampers dans l’Arizona a changé la donne et les Soleils ont tâché leurs shorts. Les Licornes débarquent donc à San Francisco au terme d’une série en sept rencontres, épuisante physiquement. Les Warriors, eux, préchauffent dans leur style le plus pur. La série ne sera une fois de plus qu’une démonstration puisque Golden State s’imposera autoritairement 4-1 dans un duel de coachs acquis à la cause du small ball. Dommage pour Jason Kidd, puisque c’est bien Steve Kerr le roi de cette philosophie de jeu. Luka Magic aura essayé, mais il est trop seul et le radeau de Dallas se fracture face à la vague bleue et jaune.
C’est donc l’heure des Finales ! Deux ans après, les Warriors retrouvent avec autorité cet échelon de compétition. Souci, les Celtics qui se pointent en face sont d’un tout autre calibre que les clients rencontrés auparavant. L’ancien compagnon de route des Warriors, l’amoureux des cupcake Kevin Durant ? Sorti avec le balai au premier tour. Le champion en titre ? Débouté en sept matchs. Le Heat d’un immense Jimmy Butler ? Également envoyé en vacances en sept manches, au terme d’un match de patron des C’s en terre adverse. Vous comprendrez donc que – sans faire offense à nos amis de Denver, Memphis et Dallas – les gars de Boston boxent dans une autre catégorie. On le constate d’ailleurs dès le Game 1, dominé par Boston à San Francisco. Le Chase Center vit son baptême des Finales avec une défaite ? Oh, la lose quand même. En plus, prendre un revers d’entrée à la maison, c’est vraiment pas la joie et ça fout même les Warriors dans la panade. Partir en Nouvelle-Angleterre à 2-0 pour les Celtics ? C’est faire une croix quasi certaine sur le titre, on est d’accord. Message entendu, les Warriors détruisent l’armada des Trèfles avant de prendre l’avion. Merci Steph et merci Jordan (Poole) pour le spectacle. À une manche partout, le public du TD Garden doit jouer son rôle à fond pour aider son équipe a prendre un avantage aussi précieux que décisif. C’est d’ailleurs validé et c’est bien les encouragements incessants venus des travées qui sont en partie responsables du succès des C’s. Menée 2-1 en terre ennemie, l’équipe de Golden State doit montrer qu’elle n’a pas perdu son âme de champion. C’est maintenant ou jamais, puisque revenir en Californie avec trois balles de match pour Boston, ça la foutrait décidément bien mal.
Et bon sang, les voilà. Les Guerriers, ceux de 2015. Game 4 décisif remporté grâce à un Stephen Curry juste exceptionnel de combativité. Le Game 5 à Golden State sera celui d’Andrew Wiggins. La stat’ est pourtant en faveur des Celtics, puisque ces derniers n’ont jamais perdu deux fois d’affilée dans ces Playoffs. Eh, Andrew il s’en cogne : Jayson Tatum dans sa poche et une belle domination des deux côtés du terrain, à 26 points, 13 rebonds et surtout… la victoire. D’une possible triple balle de match pour les C’s, on passe à une double opportunité de plier la série en faveur de GS. Assommés, les Celtics n’auront d’ailleurs pas l’expérience ni la combativité nécessaire pour répondre lors du Game 6 chez eux. Stephen Curry fond en larmes à quelques secondes du buzzer : ça y est, les Warriors sont à nouveau champions NBA, trois ans après leur dernier sacre. « Vous savez qui » obtient le trophée de MVP des Finales, le seul qui manquait à son palmarès. La boucle est bouclée, et nous sommes heureux de pouvoir ressentir la vibe de 2015 à la rédac.
L’image de la saison
Les larmes, le bonheur ultime. Le sentiment d’accomplissement après une saison légendaire. Un titre de meilleur shooteur à 3-points de l’histoire de la NBA en décembre, check. Le titre NBA, check. Celui de MVP des Finales, enfin check. Non là, vous étiez déjà quelqu’un dans ce sport Monsieur Curry, mais vous commencez décidément à inscrire votre légende parmi celles des tout meilleurs à avoir foulé les parquets de la Ligue. On ne peut qu’être reconnaissant de cette carrière invraisemblable sous nos yeux. Merci, Wardell Stephen Curry II.
Il a cartonné : Stephen Curry
Alors, il y a des choses à dire. D’abord, on retourne en 2021 le temps de quelques lignes. On ne l’a pas évoqué au dessus, on se le gardait bien au chaud pour justement en parler comme il se doit ici. 2973. Ce n’est pas le montant du Numéro Fétiche gagnant indiqué sur la porte du bureau de tabac de Chambretaud mais bien le nombre de 3-points inscrits par Ray Allen en carrière. C’est le record de la NBA. Sauf que voila, ce record ne lui appartient plus depuis le 15 décembre dernier. À New York, devant les yeux de l’ancien titulaire, le Chef s’est emparé du titre qui le définissait sans doute déjà pour beaucoup, mais qui force désormais tout le monde à le reconnaître officiellement. Le meilleur shooteur de l’histoire, c’est lui point. En termes de chiffres, une régulière à 25,5 points, 5,2 rebonds et 6,3 passes. Très propre, pas de bavure. En Playoffs ? Le coup de carburant habituel, puisque l’on passe à 27,4 points, 5,2 rebonds et 5,9 passes. Toujours aussi tranchant dans l’apport all around, Curry a passé la seconde au scoring et c’est bien la clé du titre des Warriors.
La déception : aucun joueur torse nu lors de la parade des champions
Alors ça, c’est faute professionnelle. Quand on est champion, on fait les choses bien. Bon, cette parade aura quand même été une réussite entre Steph qui avoue a demi-mot son intention d’aller jouer en 2024 à Paris et Klay Thompson qui met accidentellement un tampon à une passante alors qu’il allait se vautrer. On parlera aussi du moment où Killa Klay a perdu son chapia et celui où il a failli paumer sa bague. Il y a eu une chèvre aussi. Ouais, c’est sympa quand même mais bon… quand on est champion on se met torse nu, un point c’est tout. Y’a que Gérard pour le comprendre.
Et la suite ?
Déjà, faire la teuf, refaire la teuf, re-refaire la teuf. À Vegas, à Cancun, à Hawaii et même à Treize-Septiers si ça vous chante. Ensuite, du repos, beaucoup de repos. Un saison à 104 matchs, ça vous flingue un peu les organismes. Une fois n’est pas coutume, les affaires ne sont en revanche pas terminées du tout dans les bureaux. Pourquoi ? Car après un titre, normal que certains veuillent s’offrir un petit supplément en terme de salaire. Wiggins, Looney, Poole ? Ces trois là veulent du bif’, et il sera bien compliqué de distribuer les dineros sans faire exploser la banque. L’été s’annonce compliqué, mais Bob Myers est un roi en matière de gestion d’effectif. Le propriétaire Joe Lacob semble également prêt à faire un geste, alors il faudra bien prendre le temps de tout étudier. Ensuite, on plie la boutique, on fait un gros barbecue avec tout le staff et les joueurs et direction les vacances aussi. Objectif : retour en pleine forme pour tenter le back to back dans un an.
Qu’ils sont beaux, nos champions NBA 2021-22. Ces Warriors sont décidément immortels. Depuis huit ans, leur nom est associé à la victoire, la victoire et encore un peu la victoire. Le septième titre de la franchise acquis cette année fait d’elle la troisième équipe la plus victorieuse de la NBA, et les gars ne sont pas décidés à s’arrêter en si bon chemin.
Sources : ESPN, The Athletic