EuroBasket 2022 : l’Équipe de France est médaillée olympique, elle a donc un statut à faire respecter

Le 31 août 2022 à 14:15 par Giovanni Marriette

Evan Fournier 30 août 2022
Source image : YouTube - FFBB

Après l’Allemagne, la Turquie, la Croatie, l’Espagne, la Serbie, l’Italie, la Slovénie et la Grèce, place à la dernière de nos présentations d’équipe pour cet EuroBasket 2022. Chauvinisme oblige on termine donc par l’Équipe de France, qui tentera de réussir l’exploit de faire au moins aussi bien que l’été dernier aux Jeux de Tokyo, quand la bande à Vincent Collet n’avait échoué qu’à quelques buckets de la médaille d’or.

Le background international

Le saviez-vous ? La France possède l’un des plus beaux palmarès du basket européen. Passé les résultats acquis lors d’une époque un peu trop lointaine pour en faire tout un laïus (médaille d’argent aux Jeux Olympiques de… 1948 et des médailles lors des Euros 1937, 1949, 1951, 1953, 1959), penchons nous sur – l’incroyable – moisson des Bleus depuis un quart de siècle. Ça commence avec une inattendue médaille d’argent lors des Jeux de Sydney en 2000, performance rééditée 21 ans plus tard avec une nouvelle médaille d’argent, toujours après une défaite en finale face à Team USA.  Les deux dernières coupes du monde ? Une troisième place en 2014, Thomas Heurtel donne-moi ton short, et la même chose en 2019, la bise à Kurt Helin. Sur  si la scène européenne c’est encore mieux puisque les Bleus sont montés sur le podium en 2005 malgré le trauma causé par un certain Diamantidis, ont atteint la finale en 2011 (défaite face à la Roja) et fini par monter sur la plus haute marche du podium en 2013, avant de pécho une nouvelle médaille de bronze en 2015 à la suite d’un nouveau choc psychologique infligé cette fois-ci par un légendaire Pau Gasol. Ça en fait des médailles tout ça, et ça nous fait surtout dire que depuis 25 ans et encore plus depuis l’arrivée sur le banc de Vincent Collet en 2009, l’EDF fait clairement partie du gratin et joue la gagne sur quasiment tous les tournois qu’elle dispute.

Le roster 2022 

Un roster amputé de deux de ses principaux leaders, et globalement de ses deux joueurs les plus expérimentés. En effet, Nando De Colo et le capitaine Nicolas Batum ont appuyé sur le bouton pause cet été et on leur concède volontiers, laissant donc Vincent Collet avec un groupe largement remanié par rapport à l’été dernier (sept “restants” et cinq “arrivants”). Les deux leaders de la France se nomment donc Evan Fournier et Rudy Gobert, d’ailleurs nommés co-capitaines des Bleus, et tout autour ce sont davantage des profils complémentaires qui ont été choisis par Collet et ses assistants. Thomas Heurtel et Théo Maledon allumeront les mèches sur la ligne arrière alors que Terry Tarpey et Andrew Albicy ont clairement un rôle plus défensif et que le neo-Monegasque Elie Okobo a une belle gueule de facteur X en sortie de banc. Dans les ailes ? Timothe Luwawu-Cabarrot pourrait être le poste 3 titulaire durant la compétition, alors que Guerschon Yabusele et Amath M’Baye ont clairement de belles choses à proposer au poste 4 avec un beau mélange de puissance et de shooting, notamment pour un Yabu prêt à torcher des raquettes pendant vingt jours. Dans la raquette d’ailleurs, Vincent Poirier et Moustapha Fall accompagneront de nouveau Rudy Gobert en sortie de banc, une triplette qui avait fait ses preuves à Tokyo et dans plusieurs configurations. De la jeunesse (Maledon, Okobo, Yabusele), de l’expérience (Albicy, Heurtel), du leadership (Vavane et Rudy) et des role players qui savent exactement pourquoi ils sont là (Fall, Poirier, TLC, Maledon, M’Baye), bref un groupe parfaitement construit pour durer dans cet Euro. On y croit ? Bien sûr qu’on y croit.

Le joueur à suivre

Difficile d’extraire un nom de cette liste alors histoire de ne jamais faire comme les autres parlons de… deux joueurs : Evan Fournier et Rudy Gobert. On l’a dit plus haut, en l’absence de Nando De Colo et Nico Batum, les deux NBAers sont les co-capitaines des Bleus et en sont les leaders, naturellement, de par leur expérience en EDF et leur carrière en NBA. On parle de deux joueurs elite sur la scène internationale, qui ont déjà prouvé à maintes reprises qu’ils pouvaient être monstrueux sur la scène FIBA, et dans un groupe remanié pour cet Euro il leur faudra montrer qu’ils peuvent être de vrais chefs de file. Joindre les actes à la parole, driver leur troupe sur et en dehors du terrain, s’adapter à la concurrence, des deux côtés du terrain. Banalités banalités, mais Evan et Rudy ont une carte à jouer et un objectif : entrer de manière très officielle dans l’histoire de la France du basket en étant à la base d’un succès historique. Cités un peu partout dans le Top 10 des stars présentes pour cet Euro, Evan et Rudy sont au devant d’un énorme défi mais ont les moyens d’envoyer du love à toute la France à deux ans des Jeux. A respectivement 29 et 30 ans, voilà nos deux stars en plein prime et en pleine possession de leurs moyens, c’est un peu le moment ou jamais pour écrire une nouvelle très belle ligne sur leur CV.

Sans deux de ses cadres, l’Équipe de France doit prouver qu’elle a de la ressource

Les différents pronostics sortis ces derniers jours placent la France parmi les immenses favoris de cet Euro, alors même que le roster semble moins scintillant, sur le papier du moins. La génération Parker est définitivement dans le rétro, Nicolas Batum et Nando De Colo sont absents, et on se retrouve donc avec un groupe drivé par deux leaders (voir ci-dessus) et tout un tas de pièces moins clinquantes individuellement mais qui continuent de former année après année l’un des squads les plus complémentaires de la scène internationale. Qui aurait prédit un Amath M’Baye titulaire tout au long du parcours argenté de 2019 ? Pas vous. Qui aurait imaginé voir Guerschon Yabusele ou Timothe Luwawu-Cabarrot élever leur niveau de jeu au point de participer à emmener les Bleus en finale des Jeux l’été dernier ? Pas toi. Elle est comme ça cette équipe de France, savamment construite par Vincent Collet et son staff, construite de manière à pallier chaque manque, à combattre chaque match-up, des tours jumelles lituaniennes à la folie offensive slovène, en passant par le talent intrinsèque américain ou l’inconnu hongrois. Des joueurs rompus aux joutes de la NBA et/ou de l’Euroleague, des tandems qui marchent, des trios qui fonctionnent, et un mélange intéressant d’expérience et de surprises incessantes.

Cet Euro 2022 sera en tout cas l’occasion de vérifier plusieurs choses, et en premier lieu la domination française, meilleure équipe européenne depuis trois ou quatre ans et donc, fort logiquement, placée parmi les principaux favoris sur cet Euro. Évidemment, les Jeux Olympiques de 2024 sont dans le viseur et avec eux toute une génération qui pourrait émerger, mais ce roster-là est bien plus qu’un éclaireur et possède en son sein des mecs qui ont fait un peu plus que prouver leur place dans le groupe. Ne pas se reposer sur les acquis, prendre à bras-le-corps une phase de poule incroyablement dense puisqu’elle enverra face aux Bleus trois équipes qui rêvent de médaille. Assurer les entames de match, gros point noir des matchs de prépa, bref partir du fait que les Bleus auront potentiellement neuf finales à jouer pour atteindre de nouveau le sommet de l’Europe. Des leaders devront émerger au relai du duo Vavane – Gobe, on pense notamment à Guerschon Yabusele ou pourquoi pas Elie Okobo, les role players devront se dépasser, Thomas Heurtel doit faire parler son expérience et Théo Maledon prouver que l’année écoulée ne fut qu’une respiration malencontreuse. Du boulot, beaucoup de composantes en vue d’une potentielle médaille, mais ces Bleus-là ont de la ressource, on vous jure que si.

Le programme

  • 1er septembre (20h30) : France – Allemagne
  • 3 septembre (17h45) : France – Lituanie
  • 4 septembre (20h30) : France – Bosnie
  • 6 septembre (14h30) : France – Hongrie
  • 7 septembre (17h15) : France – Slovénie

On y est ! Dans un peu plus de 24h l’Équipe de France sera sur le parquet pour la première étape de leur immense défi 2022. Y’a la place, y’a vraiment la place pour aller chercher quelque chose, mais ce sera au prix d’un effort unique. ALLEZ.

Source : FIBA