Denver Nuggets, le bilan 2021-22 : le Colorado tout entier a tenu sur le dos d’un certain Nikola Jokic
Le 09 mai 2022 à 19:50 par Nicolas Vrignaud
Vous êtes prêts à prendre un peu d’altitude ? Allez, on file au cœur des Rocheuses pour faire le bilan des Nuggets ! Privée de ses deux lieutenants que sont Jamal Murray et Michael Porter Jr, la bande à Nikola Jokic a pu se reposer sur le talent immense de son désormais double MVP. Le bonhomme a emmené tout le monde en Playoffs, c’est dire le monstrueux chantier abattu… et ça mérite qu’on en parle !
# Ce que TrashTalk avait prédit
Il y a un peu moins d’un an, on voulait miser sur ces Nuggets… mais tout en restant prudents. Un Nikola Jokic visant sa propre succession au titre de MVP ? Ça se tient et il sera dans les favoris. Par contre, pas de Jamal Murray, attention aux soirées où le géant serbe sera un peu moins en forme. Il n’en reste pas moins Michael Porter Jr., le cousin pas si éloigné de KD en matière de jeu que l’on attend dans les premières positions pour le titre de MIP. La saison doit être plus que correcte, et tout le monde sait qu’il a le talent requis pour s’offrir un superbe exercice 2021-22. Derrière, on pense à Will Barton et son shoot plutôt sympa, au p’tit rookie rempli de pep’s nommé Bones Hyland, et surtout au dunkeur fou Aaron Gordon, qui aimerait bien d’ailleurs qu’on lui enlève cette étiquette. Vous avez capté qu’il y a de la volonté et du talent, mais sans l’un des trois larrons de tête, impossible de plier une saison au top. Ça finit donc huitième dans notre bouquin avec 44 victoires pour 38 défaites, obligation de passer par le Play-in pour s’offrir un petit séjour en Playoffs… et attention au classique que Niko risque de nous poser.
# Ce qu’il s’est vraiment passé
La saison s’ouvre chez les finalistes de la Conférence Ouest, aka les Phoenix Suns et leur team de zinzin de l’espace. Pas un souci pour Nikola Jokic qui envoie déjà une ligne de stats de fou malade. Attention, oui attention à la saison qu’il va plier. Les victoires s’accumulent comme prévu, Niko est monstrueux comme prévu, mais il y a un souci, et un gros : Michael Porter Jr. est complètement à côté de ses pompes. Attendu comme le lieutenant en chef du Serbe le plus apprécié du Colorado, Mike ne remplit pas du tout la mission qui lui est confiée malgré le potentiel que tout le monde lui reconnaît. Précision qui réveillerait un mort, statistiques bien en deçà des attentes… mais il y a une raison à tout cela. Et ce n’est pas le genre de raison qui fait rire les gens. Le bonhomme avait déjà un dos en mousse depuis longtemps, le même qui l’avait forcé à ne participer qu’à trois rencontres seulement lors de son année universitaire et à passer l’entièreté de sa saison rookie sur le banc. Pas manqué, ce même dos recommence à faire des siennes et la terrible nouvelle tombe : la régulière est sans doute terminée pour MPJ, niveau coup dur on est vraiment sur du haut niveau. On attendait un Jokic en forme, il faudra désormais un Jokic historique… tout en n’oubliant pas les joueurs qui l’entourent. À commencer par Aaron Gordon, qui montre que son arsenal offensif n’est plus uniquement basé sur le fracassage d’arceau. Footwork amélioré, petits shoots mi-distance qui rentrent souvent : le garçon met sa nouvelle polyvalence au service du groupe et ça fait du bien à tout le monde, Michael Malone en tête qui devait commencer à regarder en sortant de chez lui si quelque chose n’allait pas lui tomber dessus avec toute cette poisse. Après un mois de compétition, les Nuggets basculent à 10 victoires pour 10 défaites, ça tient pour le moment.
On parlait de Michael Malone et sa poisse, mais le monsieur est un battant. Deux des trois meilleurs joueurs sont out ? On ne va pas en faire une fatalité, et développer ceux qui sont bien là pour mouiller le maillot les soirs de match. Monte Morris confirme ses belles dispositions au tir et fait bondir sa moyenne de points de deux unités d’une saison à l’autre. Ça ne paye pas de mine dit comme ça, mais c’est ce genre de petites progressions bien sympathiques qui seront essentielles pour maintenir un bateau porté quasi exclusivement par Nikola Jokic. On n’a pas encore parlé en long et en large de lui, mais le bonhomme est tout simplement incroyable. Sortie de saison MVP, le graal individuel est déjà sur la cheminée à côté de deux ou trois menhirs que le type balade tous les matins avant de se prendre un café. Joel Embiid et Giannis Antetokounmpo sont très bons, de même que l’éternel LeBron James, mais c’est bien Niko qui règne en haut des classements hebdomadaires, montrant que s’auto-succéder n’est pas le propre des cyborgs fabriqués en Grèce ou dans l’Ohio. Au niveau du bilan, les victoires et les défaites s’enchaînent dans une sorte de boléro façon Ravel, plutôt bien exécuté car jamais les Nuggets ne seront en négatif à compter du mois de janvier. D’ailleurs, avant que Niko aille faire la teuf à Cleveland pour le All-Star Game, Denver décide de passer une vitesse, et s’adjuge cinq victoires de rang pour grimper un peu au classement. L’absence des deux larrons sur les ailes donne aussi du temps de jeu à Bones Hyland, un rookie qui n’a pas froid aux yeux, ça rime en plus. Le jeunot prend ses tirs, joue avec une pression genre inexistante et ça nous fait trop kiffer. En plus, la story de ce môme est folle : originaire de Pennsylvanie, il frôle la mort en 2019 dans un incendie et est gravement blessé. Il perd sa grand-mère et l’un de ses cousins, tandis que les médecins lui annoncent qu’il serait bien de faire une croix sur le basket. En 2022, il invite les pompiers qui l’ont sauvé à venir le voir défoncer les Sixers en fin de match à base de tirs à 3-points très clutch. Destin unique, joueur extrêmement humain, le petit Bones pratique le basket avec le sourire, et ça se ressent dans son jeu. 9,2 points de moyenne pour sa première saison, pointe à 27 unités contre les Lakers, superbe surprise pour le pick numéro 26 de la dernière Draft. Il faut aussi parler de Will Barton, qui s’est adjugé le titre de meilleur shooteur à 3-points de l’histoire de la franchise, dépassant au passage… J.R. Smith, notre Gégé notre Rarard, le GOAT ultime. On ne t’en veut pas Will, car même si Gérard n’est plus le meilleur shooteur longue distance des Nuggets, il reste le meilleur dans notre cœur.
Une nouvelle grosse série de victoires est entamée au retour du All-Star Break et les Nuggets commencent à faire peur aux équipes comme Utah, Dallas et même Golden State, puisque prononcer le mot défaite dans le Colorado est désormais passible d’une paire de torgnoles balkaniques. D’ailleurs, à force d’envoyer des soirées en genre 30 points / 15 rebonds, le Serbe rejoint en toute fin de régulière le groupe des joueurs à avoir posé 2 000 points, 1 000 rebonds et 500 passes en une saison. Attendez quoi ? On nous signale dans l’oreillette qu’il est tout seul dans ce club en fait. La saison du Joker est hi-sto-rique, jamais un joueur n’avait réussi depuis la création de cette ligue à être aussi complet, aussi régulièrement. Avec tout ça, les Nuggets s’offrent un bilan de 48 victoires pour 34 défaites, et finissent sixièmes de l’Ouest. Pas de Play-in, mais une qualification directe en Playoffs pour aller se taper avec les Warriors d’un quinté Steph – Draymond – Klay – Jordan – Andrew aussi flippant que la saison du Joker. D’ailleurs, avant de refermer le chapitre de la régulière, sachez que celle du Niko n’a pas laissé insensible les observateurs qui l’ont élu MVP pour la deuxième fois. 27,1 points, 13,8 rebonds, 7,9 passes, 1,5 interception par match, complètement fou ce type. Doublé plus que mérité pour la machine serbe certes un ‘tit peu grassouillette mais diablement efficace. Qualifiés en Playoffs donc, les Nuggets ne pourront rien faire face à une équipe de Golden State bien trop forte, bien trop expérimentée, bien trop prête pour répondre à Denver. Jamais poussés à forcer leur talent, les Guerriers ont laissé une victoire aux Pépites en chemin, malgré une série encore une fois complètement folle d’un Nikola Jokic en 31/13/5. Le rideau se referme sur le basket dans l’Est des Rocheuses, mais l’avenir s’annonce radieux avec un groupe rempli de qualités et guidé par un géant marchant sur la NBA.
# L’image de la saison
La dernière sortie de Nikola Jokic, celle qui met fin à la saison héroïque, historique du leader de Denver. On savait cet homme fait d’un bois spécial, il fait désormais partie des très grands de cette ligue. Mais voilà, il manque désormais un titre collectif au bonhomme, et c’est encore une sortie au mois d’avril pour la franchise du Joker. L’objectif est d’aller au bout, et au bout signifie plutôt le mois de juin. La grâce d’une récompense individuelle est énorme, celle d’un titre collectif est encore plus sublime. Les Nuggets ont presque tout pour, alors il est temps de foncer.
# Il a cartonné
Re-bonjour Nikola Jokic, pas la peine de quitter la scène car on va continuer de parler de toi. Cette saison l’atteste par la preuve la plus indiscutable qui soit, à savoir les chiffres : le Joker est unique. On ne réalise déjà pas ce qu’une saison à 2 000 points représente en matière de régularité, de performance et d’énergie dépensée tous les soirs de match. Imaginez qu’on y ajoute 1 000 rebonds, nécessitant donc d’être efficace au nettoyage d’arceau, présent défensivement et assez dominant offensivement pour gober des balles sur la truffe du géant adverse. Enfin, vous y mettez aussi 500 passes, là ça devient complètement fou surtout au vu de la vista du bonhomme, et sachant que ces passes doivent être réalisées souvent en plein milieu de la peinture avec plusieurs mains qui traînent autour. Tout ça, c’est la saison de Nikola Jokic, et la seule chose qu’on a à dire, c’est merci. Merci car voir une telle greatness de nos propres yeux, c’est quand même assez énorme.
# La déception de la saison
Jouer sans Jamal Murray et sans Michael Porter Jr., ça vous change une équipe, même si l’on parle de l’équipe du MVP. Alors oui, les stats de Jokic auraient peut-être été moins impressionnantes avec ces deux-là en tenue, mais collectivement les Nuggets auraient pu accomplir quelque chose de potentiellement très grand… et ça, on ne doute pas une seule seconde que le Joker signe sans regarder. Avec Niko en première ligne, Jam’ et Mike en lieutenants de luxe, plus toute l’armée de joueurs bien talentueux derrière ? Imaginez juste un instant la boucherie, et le potentiel du groupe quand on sait que le talent numéro 1 de la star est de sublimer les potes. Et quand il n’est pas dans son jour, il y a deux gros scoreurs derrière qui ont déjà prouvé que prendre la gonfle pour enchaîner les buckets était dans leur ADN. Bref, on aurait pu avoir droit à une saison historique dans le Colorado… mais ce n’est que partie remise. Enfin on espère.
# La suite ?
Déjà, il va falloir donner à Nikola Jokic un pactole à la hauteur des deux statuettes qu’il a désormais en sa possession. On parle de 254 millions, mais cette somme est aussi grande que son talent, ce n’est donc pas de l’investissement mal calculé. Ensuite, si le projet collectif a certainement perdu du temps à cause des blessures, il en a aussi gagné dans un sens : beaucoup de joueurs ont progressé et auront à cœur de rendre à la franchise la confiance qu’elle a pu leur accorder. On garde bien sûr Michael Malone, vrai coach qui a abattu un taf’ de patron cette saison pour entourer au mieux Niko. Vous l’aurez compris, la suite c’est surtout de remettre tout le monde sur pied, de bosser la préparation et de revenir le couteau entre les dents en octobre pour aller chercher le bonheur ultime qu’offre le mois de juin.
La saison est encourageante pour les Nuggets, qui même s’ils ont été éliminés un petit peu tôt, n’auront pas à rougir de leur performance globale au vu du contexte. Nikola Jokic a été historique, grand bien en fasse aux siens. Maintenant, ne reste plus qu’a bâtir sur ce groupe et aller ériger un nouveau sommet dans la chaîne des Rocheuses.