Divorce Chris Paul – Clippers : 5 épisodes qui ont précipité leur rupture

Le 17 déc. 2025 à 18:20 par Hisham Grégoire

Chris Paul Spurs
Source image : YouTube

Ça devait être la “dernière danse” parfaite : Chris Paul de retour aux Clippers, l’Intuit Dome, un rôle de grand frère pour combler un vrai vide de leadership. 21 matchs plus tard, le meilleur joueur de l’histoire de la franchise est… renvoyé chez lui, en plein road-trip, au beau milieu de la nuit. Et derrière l’incompréhension, cinq séquences ont mis le feu à la mèche.

Ramona Shelburne, journaliste pour ESPN, vient de publier un dossier long comme le bras sur les dessous du divorce entre le Point God et les Clippers.

Dès le départ, les attentes ne sont pas les mêmes. Les Clippers imaginent CP3 en « vétéran de bout de banc », à l’image de ce qu’avait donné Udonis Haslem au Heat il y a quelques années. Paul, lui, accepte l’idée… mais insiste sur un point : c’est un compétiteur qui veut contribuer (sur le terrain) et être une extension du staff.

Le timing n’aide pas non plus : la franchise traîne aussi une enquête de fond sur un possible contournement du salary cap, et le club cherche des voix crédibles pour contenir le bruit extérieur.

Dans un tel contexte, Paul et les Clippers vont rapidement se diriger vers une rupture brutale . On décortique ce divorce en cinq épisodes.

1) Le Media Day : un porte-parole idéal… puis “ne marche pas sur le staff”

Au media day, Paul est mis en avant comme une voix crédible au moment où la franchise doit gérer les retombées d’une enquête liée au salary cap. Il connaît la maison, il sait parler et c’est pour ça qu’il est revenu. Sauf que dès qu’il commence à jouer ce rôle à 100%, les Clippers reculent d’un pas. Un conseil donné à un joueur sur sa méthode de travail et on lui rappelle vite qu’il ne doit pas marcher sur les platebandes du staff. Un recadrage sur un système, un ton un peu sec, une exigence qui pique, il en faut peu pour que les retours tombent et qu’il soit jugé comme « abrasif ». Quand tu signes Chris Paul, tu signes aussi cette version-là : le mec qui n’arrondit pas les angles, même quand on lui demande d’être facile.

« Il (Chris Paul) est comme ça. Il finit par t’user. Il est persuadé d’avoir raison – et souvent, il a raison, ce qui t’énerve encore plus – et il va faire le tour de tout le monde jusqu’à ce que tu sois d’accord avec lui. » – Explique un dirigeant d’une équipe rivale

2) Training camp : la second unit roule sur les titulaires… et tout le monde se crispe

Le terrain ensuite fait exploser la théorie. Paul prend la main sur la second unit, et cette second unit commence à rouler sur les titulaires à l’entraînement. Dans un vestiaire de vétérans, ça peut être un boost… ou une humiliation quotidienne.

« On leur bottait le c*l. Tous les jours, on bottait le c*l des titulaires. » – John Collins, ailier-fort des Clippers.

Et forcément, tout ce qui devait rester symbolique devient concret : si CP3 fait gagner un groupe, alors CP3 reprend du poids. Sa présaison ne ressemble pas du tout à un rôle réduit : 19 minutes, 8,3 points, 5,3 passes, et surtout une présence qui pèse bien plus que prévu parce qu’entre les blessures (Kawhi Leonard, Bogdan Bogdanovic et Bradley Beal) et les ajustements, l’équipe en a besoin. À partir de là, chacun projette sa version : Lue valorise l’esprit de compétition, d’autres voient un vétéran qui reprend de la place.

« Je pense que c’est là que Tyronn Lue a fait une erreur. Ça a vraiment donné du pouvoir à Chris Paul et les attentes ont changé » explique un proche.

Le truc, c’est que ce CP3 ne plaît pas à tout le monde, et un exécutif pose la question sans détour :

« Si tout ce qu’ils (les Clippers) voulaient était une pom-pom girl, pourquoi avoir signer Chris Paul ? Je veux dire, ils le connaissent bien, ils savent comment il est. »

3) Culture building fantôme : Halloween à l’Intuit Dome… et des chaises vides

Après un début de saison compliqué, notamment marqué par une fessée encaissée face au Jazz, Paul tente un truc simple : provoquer une discussion pour créer un réflexe collectif. Sauf que le vestiaire des Clippers est décrit comme peu bavard, même quand ça gagne. Donc l’initiative tombe à plat, et quand tu cherches à faire parler un groupe qui n’a pas envie, tu passes vite pour le fou du bus.

Quelques jours plus tard, lui et sa femme organisent une soirée Halloween à l’Intuit Dome, pensée comme un moment de cohésion. L’intention est saluée en interne… mais il n’y a qu’une poignée de joueurs. Et là, le symbole est violent : tu veux bâtir une culture, et tu découvres surtout que chacun vit sa saison dans son couloir. Derrière, les Clippers enchaînent et ne gagnent plus pendant presque deux semaines : le cocktail Molotov parfait pour que tout soit mal interprété, tout soit pris personnellement, tout devienne négatif (ou du moins plus que ce n’était déjà le cas).

« Things were going well at first, and then they started losing. They didn’t win a game for two weeks. » 👀 @ramonashelburne with more insight on Chris Paul’s departure from the Clippers ✍️ pic.twitter.com/X1e22dH2lx

— NBA on ESPN (@ESPNNBA) December 16, 2025

Le 22 novembre, Chris Paul annonce officiellement que cette saison sera sa dernière. Les Clippers publient alors une vidéo une semaine plus tard où l’on peut lire dans la description : « … ends of his Hall of Fame Career at home ». De quoi rire jaune quand on connaît la suite.

4) Jeff Van Gundy : DNP, ultimatum, mea culpa… puis l’avion pour Miami

C’est l’épisode charnière, celui où la tension cesse d’être un bruit de fond. Le 6 novembre, Paul est benché en deuxième mi-temps à Phoenix, alors même que James Harden et Kawhi ne jouent pas.

Le lendemain, réunion avec Lawrence Frank (président des opérations basket) : Paul pointe du doigt un manque de vie dans le groupe et un besoin de se retrouver hors terrain. En face, Frank lui renvoie que son leadership est perçu comme perturbateur plus qu’utile. Il s’en suit alors un appel de 40 minutes avec Tyronn Lue : Paul réclame une réunion des leaders du vestiaire, il suggère aussi plus d’entraînements les jours off ; Lue lui répond qu’il est trop critique, qu’il doit assumer l’effet que ça produit. Au lieu d’éteindre l’incendie, l’échange ravive les flammes : le jour même, Paul apprend qu’il sort de la rotation.

Le 8 novembre, Paul et Jeff Van Gundy se retrouvent collés sur le banc. Long silence. Puis CP3 lâche une remarque sarcastique sur le fait que Van Gundy ne lui parle pas. Van Gundy ricane avant de remettre en cause sa sincérité. Le lendemain, Frank lui colle un « dernier avertissement » sur le côté perturbateur, comme à l’école. Paul obtient ensuite le droit de s’exprimer devant l’équipe et s’excuse si son attitude a été trop négative.

Malheureusement la détente ne tient pas : le mois de novembre est un naufrage (2-13), la spirale continue, et le moindre détail devient un test de pouvoir.

Et puis arrive la séquence de trop : le vol vers Miami, le 30 novembre. Van Gundy reproche à Paul d’avoir changé une couverture défensive sans l’accord du staff lors de la rencontre face aux Mavericks. Paul répond qu’il a seulement suggéré un ajustement, en lien avec la gestion des minutes limitées de Kawhi (gestion de sa blessure, missions défensives, contexte). Et pour prouver qu’il n’a rien imposé, il se lève dans l’avion, descend l’allée, va demander à Kawhi Leonard et Kris Dunn de confirmer. Ils confirment. Sauf que même « gagner » le point ne te sauve pas : tu viens d’exposer le conflit devant tout le monde.

Dans une équipe déjà au bord du gouffre, ça se paie cash avec ce qui est peut-être la phrase la plus brutale du dossier :

« Il était déjà casse-pieds quand il était un grand joueur. Et maintenant, ce n’est plus un grand joueur. » – Un exécutif d’une autre équipe

5) Atlanta, 23h : la chambre du Four Seasons et la fin déjà décidée

À ce stade, la franchise ne cherche plus une solution sportive mais prépare la sortie. Le déclic, d’après ESPN, c’est simple : « trop, c’est trop ». Lawrence Frank invite le meneur à le rejoindre dans sa chambre d’hôtel du Four Seasons à Atlanta, pour ce qui allait être, leur dernière discussion à ce jour.

Le GM annonce sans détour à Chris Paul qu’il va être renvoyé chez lui. En revanche la porte reste ouverte pour un retrait de maillot dans le futur. L’hôpital, la charité, tout ça tout ça.

« La décision a été prise » – Lawrence Frank à Chris Paul.

Kawhi Leonard has stayed in “close touch” with Chris Paul after the Clippers sent him home, per @ramonashelburne

(https://t.co/8k3gfaWcYf) pic.twitter.com/yVEO45wa2y

— Fullcourtpass (@Fullcourtpass) December 16, 2025

Une annonce brutale, qui coupe l’herbe sous le pied à CP3 et scelle définitivement son avenir (sportif) chez les voiliers. La fin d’une histoire bien moche pour l’homme qui est aujourd’hui le meilleur joueur de l’Histoire des Clippers.

9 YEARS AGO TODAY
Chris Paul had 20 PTS, 20 AST with 0 TO vs the Pelicans!

CP3 has 13 games with 20+ PTS, 10+ AST, and 0 TO. Haliburton is the only player with more (14). pic.twitter.com/XMhcD6WQfi

— Ballislife.com (@Ballislife) December 10, 2025

Épilogue : le silence, enfin

Depuis son renvoi, Paul s’entraîne seul dans l’ancien gymnase de Playa Vista, en attendant qu’une nouvelle opportunité pointe le bout de son nez.

Et dans le vestiaire, John Collins résume la situation depuis le départ du Point God :

« C’est vraiment plus calme depuis qu’il n’est plus là. »

Chris Paul n’aurait pas eu de nouvelles avec le Front Office et le staff (alors qu’il appartient toujours à la franchise contractuellement parlant). Quand Lue est interrogé sur ce silence radio, il répond aussi sec :

« Ouais, bah… il ne m’a pas appelé non plus. »

Les Clippers sont au fond du trou mais continuent de creuser (6-20 au moment où nous rédigeons ces lignes), avec en arrière-plan un futur qui fait peur : une équipe vieillissante, et un pick 2026 non protégé dû à OKC qui rend chaque défaite encore plus lourde.

Sources texte : ESPN

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