Les 10 plus grands moments de la rivalité France – Espagne : tout ce qu’il faut savoir sur les antécédents entre les Bleus et la Roja !

Le 18 sept. 2022 à 08:23 par Giovanni Marriette

Evan Fournier Rudy Gobert
Source image : Eurosport

Ce soir c’est le grand soir, et il faudra nous parer de notre plus bel habit pour vivre la finale de l’EuroBasket 2022, pour vivre cet énième France – Espagne. Notre plus bel habit ? Un casque, des genouillères et un protège-dents. Car bien souvent dans l’histoire récente, les confrontations entre ces deux grandes nations du basket ont donné lieu à quelques débordements. Des mêlées essentielles à une vraie rivalité… mais pas que. Car France – Espagne c’est aussi des shoots mythiques, des révélations, des naissances, des petites morts aussi. On a essayé de vous résumer ça d’un coup d’un seul, alors c’est parti pour la lecture obligatoire du jour, notre histoire commence en 2011, enfin presque.

Le saviez-vous, en 1951 un dénommé Robert Monclar, illustre international et père de qui vous savez, se chauffe avec un Espagnol sur un terrain de basket. Pas d’image évidemment mais on imagine que ça n’avait pas du causer remontada, et depuis ce jour-là Bobby fut surnommé le Taureau des Pyrénées. Messieurs dames, ceci est la préface d’une incroyable rivalité franco-espagnole sur les terrains, une rivalité qui prendra des proportions énormes soixante ans plus tard, en finale de l’Euro, déjà.

Rudy Fernandez offre une écharpe gratuite à Tony Parker en finale de l’EuroBasket 2011

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Nous sommes en 2011, quelque part en Lituanie, et cet été-là la France possède quelque chose en plus, un pivot du nom de Joakim Noah. Après des mois de drague le pivot des Bulls a décidé de se laisser tenter par des “vacances” en bleu, et forcément sa présence s’en ressent dans les résultats puisque l’Équipe de France se retrouve en finale de l’Euro après un parcours bien solide. Le problème ? Elle doit faire face à une Roja en pleine bourre, forte d’une génération en train d’écraser tout le monde depuis plusieurs compétitions, championne du monde en 2006 et tenante du titre européen. Ce match les Français le perdront, mais plus que la défaite, la première notable de l’ère moderne pour nos Bleus, c’est une action qui reste en mémoire depuis ce jour-là. Une cravate terrible de Rudy Fernandez, alors âgé de 26 ans mais déjà très con, une cravate sur un Tony Parker qui s’en allait gaiement au cercle et qui se retrouvera à moitié KO suite à la faute de Rodolfo. Bousculades, Boris Diaw qui balance probablement quelques mots doux dans la langue ibère, et le premier acte d’une série de gestes pas très sportifs entre les deux nations devenues officiellement ennemies.

Rudy Fernandez, encore toi chacal, qui s’embrouille avec le pourtant très calme Mickael Gélabale

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Un an et une défaite toujours difficile à avaler plus tard, la France et l’Espagne se retrouvent à Bercy dans l’optique de préparer au mieux les Jeux Olympiques de Londres prévus une dizaine de jours plus tard. France – Espagne en amical ? Et pourquoi pas une crapette entre Booba et Kaaris pendant qu’on y est. Ce qui devait arriver arrivera donc évidemment, et sur une contre-attaque française on vous laisse deviner qui tamponne ce bon vieux Mike Gélabale, poussant ce dernier à sortir de ses gonds habituellement si paisibles. Échauffourée donc entre Rudy Fernandez (vous l’aviez évidemment deviné) et l’ami Mickael, Boris Diaw, Kevin Séraphin et Serge Ibaka qui interviennent ce qui, logiquement, suffit en général à arrêter une altercation, et c’est finalement sous les huées nourries du public que l’ailier espagnol finira par quitter la salle, expulsé du match tout comme son adversaire. Les commentaires de l’époque ? “Rudy Fernandez qui est pourtant une crème en dehors du terrain, blablabla”. On s’en fout nous, on a officiellement trouvé notre ennemi juré, si seulement on savait que… onze ans plus tard ce zinzin croiserait de nouveau notre route en finale d’un Euro…

Nicolas Batum prend dix mètres d’élan et vise les cacahuètes de Juanca Navarro

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Peut-être bien l’image qui définit le plus la frustration des Français à l’époque, face à une Espagne trop truqueuse, trop moqueuse, trop… forte, tout simplement. Lors de la phase de poule des jeux Olympiques de 2012, la Roja fait sa spéciale, à savoir “ne pas tout donner pour gagner” faire exprès de perdre contre le Brésil afin d’éviter Team USA jusqu’à la finale. Déjà, ça, ça ne passe pas des masses auprès des Français, d’autant plus que ce sont donc eux qui se retrouvent sur le route de l’Espagne dès les quarts de finale, un an après la finale de l’Euro dont on vous parlait peu au dessus. Le match ? Dominé par les Français pendant 35 minutes, mais comme souvent (toujours) dans ces années-là, à la fin la Roja gagne, tout simplement. Le vice, le talent et l’expérience font le boulot pour les rouges, et alors que le match est sur le point de se terminer Nicolas Batum décide d’évacuer douze mois de frustration… à sa façon. Une course d’élan de dix mètres, les poings fermés et une énorme mandale… dans les testicules de Juanca Navarro. Dans les couilles, oui. Un geste délibérément violent, que personne ne cautionne hein, mais qui a probablement du faire TELLEMENT de bien à Nico sur le coup, qui s’expliquera ensuite sur son geste à chaud (ce badass, quand même) avant de s’excuser quelques temps plus tard, logique. Pas le geste le plus approprié sur un terrain de basket, clairement pas des images à montrer à nos gosses, mais ce jour-là très honnêtement, le futur capitaine des Bleus a fait ce que n’importe quel fan français de basket aurait payé pour faire.

“Et faire exprès de perdre un match, c’est dans l’esprit olympique, ça ? […] Je voulais lui donner une bonne raison de flopper. […] C’est pour ça que c’est aussi frustrant. Quand j’ai vu leur match contre le Brésil, je me suis dit : d’accord, cette fois on va les taper.”

“Je m’en veux de l’image que j’ai montrée de moi-même, de notre jeu et de la France. Je me sens mal, parce que ce n’est pas moi. Je suis humain, j’ai juste perdu mon sang-froid. Je ne peux pas faire ça. On ne veut pas voir ça sur le terrain. Si la FIBA ou le Comité Olympique veut me suspendre ou me donner une amende, ça m’ira, je ne dirai rien.”

La faute antisportive de Boris Diaw sur Sergio Llull en 2013, un acte violent mais utile

Un an plus tard rebelote, la France parait de plus en plus forte mais l’Espagne reste cet adversaire quasiment imbattable, et littéralement imbuvable dans son comportement. Nous sommes en Slovénie et les Bleus affrontent de nouveau la Roja, en demi-finale de l’Euro 2013, et lors de la première mi-temps c’est un véritable cauchemar que vivent les joueurs de Vincent Collet. La pression de l’évènement bousille l’Équipe de France, la pression défensive espagnole bousille l’Équipe de France, et à quelques secondes de la mi-temps les Bleus sont menés 33-20 et, mis à part un Tony Parker esseulé… tirent à 3/20 dans le champ. Il faut un élément déclencheur à la révolte sinon la branlée sera all-time, et cette mission c’est le capitaine Boris Diaw qui va s’en charger. Sur une énième perte de balle française, Sergio Llull s’en va tranquillement déposer un lay-up en contre-attaque, ça c’est ce qu’il croit à ce moment-là, car revenu en défense grâce à un corps qui le lui permettait encore, Babac va faire tomber son bras telle une enclume sur le pauvre Llull. Ça t’apprendra à avoir trop de L dans ton nom. Faute anti-sportive évidente, Boris sait ce qu’il vient de faire et pourquoi il l’a fait. Les images sont à 33,45 dans la vidéo ci-dessous, et la suite… n’en sera que plus légendaire, la preuve dans le prochain paragraphe. #Teasing

Le discours de Tony Parker à la mi-temps de la finale de l’Euro 2013

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On y est. La France est donc menée 34-20 par l’Espagne à la mi-temps de la demi-finale de l’Euro slovène, et à ce rythme-là c’est vers un score de DM3 que l’on se dirige. La suite ? Elle est depuis rentrée au Panthéon du basket français. A  la mi-temps Tony Parker enfile son costume de patron du basket français et prend la parole dans le vestiaire, un discours que l’on connait tous par cœur aujourd’hui et que l’on vous retranscris juste ci-dessous :

“On se réveille, les gars. Franchement on joue comme si on avait peur. Je ne parle pas de l’attaque, hein, moi, c’est la défense. On dit les trucs qu’il faut faire. On sort pas sur les pick and rolls, on les laisse shooter à 3-points. On va pas au rebond. Ils nous agressent, on ne peut même pas mettre la balle en jeu !

Faut qu’on joue plus physique que ça. La Slovénie, on a joué physique. Là, on joue pas physique là ! Ils nous dominent, parce qu’ils pensent qu’on est d’la merde. Ça se voit dans leurs visages, ils nous prennent pour d’la merde !

Je m’en fous de ce qui arrive en deuxième mi-temps. Même si on perd, au moins, on joue avec notre fierté. Et on joue dur ! Après, on perd, c’est pas grave, c’est la vie. Mais moi, je préfère perdre en me battant. Pas comme ça, là, on se fait défoncer ! On n’a plus rien à perdre, maintenant, on joue.”

Ce qui aurait pu n’être qu’une tentative de boost sera en fait le déclencheur du retour des Bleus. Car en deuxième mi-temps c’est une toute autre équipe qui revient sur le parquet de Ljubjana et qui s’imposera au final pour rejoindre la Lituanie en finale avant de décrocher le premier titre européen de son histoire, treize ans après les premiers jalons posés à Zadar par la génération Parker. Une victoire historique, tant dans le palmarès que dans la guerre menée en parallèle par la France et l’Espagne. On les a enfin tapé, qu’est-ce que ça fait du bien.

L’Équipe de France féminine aussi, a eu droit à sa sauce espagnole, pendant six ans

Comme si perdre chaque été face à la Roja ne suffisait pas, l’Équipe de France féminine peut elle aussi adosser le nom de bête noir à son adversaire espagnol. Saviez-vous que depuis leur titre en 2009, les Françaises sont montées sur le podium de l’Euro à CHAQUE compétition ? Et saviez-vous que les Françaises restaient sur une incroyable série de… cinq finales perdues de suite à l’Euro ? Dont… trois face à l’Espagne, en 2013, 2017 et 2019 ? Ça pique hein, ça pique très fort. Une véritable malédiction, que les filles de Valérie Garnier (remplacée depuis par Jean-Aimé Toupane) ont néanmoins rompu lors des derniers Jeux Olympiques en allant taper les voisines en quarts de finale. Mais avouez bien que trois finales de suite perdues face aux mêmes adversaires, qui plus est rouges et jaunes, ça doit sacrément peser sur le ciboulot. C’est quoi la prochaine étape sinon ? Se faire taper par l’Espagne en 3×3 ? Oh que non malheureux, à ce petit jeu-là la France a encore quelques belles longueurs d’avance.

Le shoot de Thomas Heurtel en 2014

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Un an après le sacre européen des Bleus, la Coupe du Monde se déroule alors en Espagne et la France affronte de nouveau la Roja, en quarts de finale cette fois-ci, après s’être mangé 24 points en poule, pour la forme. On vous laisse imaginer l’envie d’en découdre pour les hôtes du tournoi, l’envie de mettre l’EDF plus bas que terre, d’autant plus que cette année-là Tony Parker et Nando De Colo sont absents. C’est écrit, les Espagnols vont prendre leur revanche, peut-être même dans les grandes largeurs. Oui mais non. Non car côté Français un très jeune Rudy Gobert se présente à la planète basket, oui mais non car les hommes de Vincent Collet font bien mieux que tenir tête à l’ogre espagnol : ils le dominent. A une minute de la fin du match les Bleus mènent 57-52, encore une masterclass offensive, et un autre gamin va sortir de sa boîte et inscrire l’un des tirs les plus couillus et les plus importants de l’histoire du basket français. Ce gamin c’est Thomas Heurtel, meneur de 24 ans évoluant en… Espagne, à Vitoria, un gamin plein de testo qui va donc terminer les Espagnols sur ce shoot à 3-points venu d’ailleurs. Les commentaires en live de David Cozette sont depuis restés dans la légende, la France bat de nouveau l’Espagne et ira finalement décrocher le bronze face à la Lituanie après une demi-finale perdue face aux Serbes.

“Thomas Heurtel… Oh c’est gonflé, oh c’est gonflé ! OOOOOOOOOHHHHHHH ! Oh maman ce shoot de Thomas Heurtel à 3-points, qui donne 8 points d’avance à l’Equipe de France, avec une minute à jouer ! Oh Thomas Heurtel ! DONNE MOI TON SHORT !”

 

2014, c’était aussi la naissance de Rudy Gobert, en Espagne s’il vous plait

Celle-là elle est très espagnole, et elle nous rappelait à l’époque la Coupe du Monde de… foot, en 2006, lorsque les Espagnols étaient persuadés d’envoyer Zinédine Zidane à la retraite alors qu’ils ne connaissaient même pas Frank Ribéry. No Pasaran ça vous dit quelque chose ? Nous oui. No Pasaran qu’est-ce que c’est ? Un slogan qui fourmille dans les rues de Madrid à l’occasion du quart de finale de la Coupe du Monde 2014, comme pour faire comprendre aux Bleus que cette fois-ci il n’y aura pas de miracle. Madre mio, si seulement ils savaient. Le shoot de Thomas Heurtel viendra donc fermer définitivement (pour un an) le clapet des Espagnols, mais lors de ce match un évènement se produit sans vraiment qu’on se rende compte de ce qui est en train de se jouer. Cet évènement est un avènement, et cet avènement c’est celui de jeune Rudy Gobert, 21 ans au moment des faits et à peine drafté par les Nuggets et envoyé dans la foulée vers le Jazz. Face à Pau Gasol le géant alors tout maigrichon ne se défile pas et montre les prémices d’une solide carrière, et ce match reste encore à ce jour comme le chapitre 1 de l’immense carrière qu’il a finalement construit ensuite. No pasaran ? C’est Rudy qui aurait du le hurler alors la prochaine fous messieurs les Espagnols, quand on ne sait pas… on ne dit pas.

2015 à Villeneuve D’Ascq, le terrible carnage d’un très grand monsieur

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Pau Gasol Saez. Cette fois-ci le vice n’a rien à voir là-dedans, cette fois-ci on ne parlera que de génie et de légende. Passée l’heure des larmes, larmes causées par une défaite à domicile, en demi-finale, lors d’un Euro qui devait être celui de la confirmation, il était alors l’heure de “dire les termes”. Pau Gasol a humilié la France du basket, il en a fait des boulettes de papier, il les a mâché et recraché. Les Bleus voulaient faire la passe de trois face à la Roja et devenir champions d’Europe à la maison et ce pour la deuxième fois consécutive ? Pau said no. Un immense Pau Gasol, un IMMENSE Pau Gasol, qui scorera durant ce match la bagatelle de 40 points, la moitié de son équipe, et qui fera comprendre en deux petites heures à Rudy Gobert que s’il était un futur pivot défensif dominant, lui était à ce jour précis l’un des meilleurs intérieurs offensifs de l’histoire. L’apex international de Pau ce soir là à Villeneuve D’Ascq, des larmes françaises par millions, mais très franchement que voulez-vous faire face à tant de talent. Un donné pour un rendu, fallait pas venir faire les zozos à Madrid alors rangez vos drapeaux petits FRançais que vous êtes.

2016 à Rio, la fin d’une ère, tête baissée et c’est bien dommage

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Celle-là c’est peut-être la plus douloureuse, la plus récente c’est sûr mais la plus douloureuse, très probablement, douloureuse dans son caractère mélancolique, nostalgique. Loin de la déception de l’année précédente dans des termes sportifs, mais un sentiment de vide ce soir-là. Nous sommes à Rio, été 2016, et si l’Espagne n’avait pas réussi à envoyer Zizou à la retraite dix ans plus tôt, c’est finalement… Tony Parker que la Roja va catapulter au rang d’ancien international. Oh les salopiauds, ils n’ont pas osé. Oh que si ils ont osé, et ils l’ont fait avec la manière. 92-68 en quarts de finale des Jeux Olympiques, de match il n’y aura pas eu, car l’adresse de Nikola Mirotic ou l’arrivée dans le game de Willy Hernangomez étaient de trop pour des Bleus émoussés et en fin de parcours. Pour Tony Parker comme pour Florent Pietrus et Mickael Gélabale ce sera le dernier des derniers matchs en bleu à l’issue d’une carrière internationale  exceptionnelle, on a connu des fins plus heureuses, mais au final voir ces trois immenses champions partir sur une énième défaite face à leur ennemi de toujours résonne presque aujourd’hui comme quelque chose de logique. Dur mais logique.

C’était il y a six ans, et depuis… la France et l’Espagne ne se sont plus jamais croisés en compétition internationale, du moins chez les garçons, du moins chez les adultes pour être très précis. Ce soir ce sera donc l’occasion de remettre le pied à l’étrier et de recommencer l’histoire mieux qu’elle n’avait fini à Rio, alors rendez-vous à 20h330 pour l’écriture d’un nouveau chapitre.