Philadelphia Sixers, le bilan 2021-22 : du drama Ben Simmons à un Embiid calibre MVP en passant par un giga trade, on ne s’est pas ennuyé à Philly
Le 16 mai 2022 à 17:46 par Auguste Amar
La saison 2021-22 des Sixers est unique en son genre. Mêlant performances de MVP à drama extra-sportif avec en prime des petites pépites qui explosent et un gros transfert en février, elle en est devenue presque chaotique. Un sentiment qui est redescendu durant la deuxième partie de saison, mais qui a laissé place aux habituelles blessures pendant les Playoffs. Du classique pour Philly.
CE QUE TRASHTALK AVAIT ANNONCÉ
En octobre, toute la saison des Sixers tournait autour du cas Ben Simmons, et les pronos de TrashTalk n’y ont pas fait exception. Philly sortait d’une grande déception en demi-finale de conférence et avait créé une ambiance de vestiaire pas des plus optimales. Cependant, avec ou sans l’Australien qui ne sait pas mettre un lay-up, les Sixers gagnent des matchs sous l’impulsion de Joel Embiid. Cela les place entre la quatrième et la cinquième position de l’Est avec un tout petit peu moins de cinquante victoires.
CE QU’IL S’EST VRAIMENT PASSÉ
Plusieurs mots peuvent caractériser la saison des Sixers : chaos, révélation, regret, déjà-vu, le choix est large. Chaos parce que l’affaire Ben Simmons prend des proportions de dingue au moment de la préparation. D’abord, l’Australien part à Los Angeles et ne veut plus entendre parler de sa franchise. Puis, il revient pour troller un entraînement où il se fait virer. Doc Rivers, Joel Embiid, Daryl Morey montent au créneau pour essayer d’installer un dialogue. Sans succès. Bennie invoque des problèmes psychologiques et au dos pour ne pas jouer après l’échec des Playoffs 2021. Les Sixers lui mettent des amendes car il ne répond pas à ses attentes contractuelles. Bref, l’enfer. Heureusement que Philly peut compter sur ses jeunots. Matisse Thybulle, verrou défensif sur patte, est d’une aide précieuse en sortie de banc malgré ses limitations offensives. Avec lui, pas de scoring mais de l’interception, du contre et du placement très intelligent. Ensuite, Tyrese Maxey, qui a littéralement explosé cette année. Le meneur a pris le spot de Ben Simmons et l’a plus que sublimé, mais ça on en reparle dans une autre section.
Ces petits jeunes sont chapeautés par un grand gaillard, un mec tellement imposant dans la raquette qu’il en est inarrêtable, tout simplement un joueur calibre MVP dans son prime. Joel Embiid réalise une saison de grand malade. Plus de 30 points et 11 rebonds de moyenne à 50% au tir, meilleur scoreur de la Ligue et pivot le plus dominant avec Nikola Jokic. Cette année pour le Camerounais, c’était fini la parlote inutile (bien qu’il n’ait pas totalement rangé sa langue) pour laisser place aux actes. Domination sur domination, raquette détruite sur raquette détruite (petite pensée pour celle du Magic qui a pris bien cher cette saison) et match en 30 points – 10 rebonds sur match en 30 points – 10 rebonds. Néanmoins, Embiid c’est aussi des déclas qui font parler. On l’a vu répondre à Ben Simmons, se titiller avec Kevin Durant et plus récemment lâcher quelques mots doux sur James Harden. Justement, en parlant du Barbu, ouvrons la page “regret”.
Cette saison, les Sixers peuvent avoir pas mal des regrets. D’abord, ils ont dû commencer la régulière dans une ambiance et un contexte très compliqué. Cela explique les débuts en dents de scie de cette équipe, avant qu’elle se reprenne aux alentours de Noël lorsque Embiid décide de jouer en mode MVP à chaque rencontre. Ensuite à la mi-saison, plus précisément à la Trade Deadline, la planète NBA explose. C’est désormais officiel, Philly envoie Ben Simmons, Andre Drummond, Seth Curry et deux choix de premier tour de draft chez les Nets contre James Harden et Paul Millsap. Le Blockbuster trade de 2022 clôt le dossier Ben Simmons et laisse beaucoup d’espoir pour les Sixers quant à la paire Embiid-Harden. Toutefois, le Barbu ne va pas jouer tout de suite. Il démarre post All-Star Break et ses débuts sont très bons. Son alchimie avec Joel est évidente et les Sixers enchaînent les bonnes perfs. Cependant, si ce passage de la saison est dans la catégorie “regret”, c’est bien pour une raison. The Beard n’a pas répondu présent lorsque ses coéquipiers avaient vraiment besoin de lui, en Playoffs. Contre les Raptors, Harden est reclus dans son rôle de passeur et laisse Maxey, mais surtout Embiid scorer. Puis face au Heat, il disparaît à plusieurs moments et ce n’est que lors du Game 4 qu’on retrouve le MVP de Houston. Alors que le Process est soit absent ou diminué, Harden ne remplit pas son rôle de super lieutenant et quitte la scène de la pire des manières avec une deuxième mi-temps cata dans le Game 6. Malgré les efforts de Tobias Harris et Tyrese Maxey, malgré un Embiid qui a tout donné malgré les bobos, la saison s’est terminée au même stade que la précédente.
Ces Sixers donnent l’impression d’un déjà-vu en postseason. Une qualification dans le top 4 de l’Est, un premier tour globalement maîtrisé contre les Raptors même si on a eu peur à 3-2, puis une défaite en demi-finale comme chaque année sous l’ère Embiid (quand ce n’est pas au premier tour). Cette fois, difficile d’en vouloir à Doc Rivers parce que l’adversaire était plus fort collectivement, que son franchise player jouait blessé et que son lieutenant était du même niveau qu’un role player. Mais ça reste un nouvel échec dans le process des Sixers, qui vise la bague.
LA SAISON DES SIXERS EN QUELQUES ARTICLES
L’IMAGE DE LA SAISON
Purée, que cette photo est lourde de sens. Après plusieurs mois de galères, d’amendes, de drama avec Ben Simmons, Daryl Morey trouve enfin le moyen de s’en débarrasser avec une bonne contrepartie sur le papier, James Harden. The Beard, lui, commençait à se plaindre à Brooklyn donc l’un dans l’autre ce trade arrangeait tout le monde. Un transfert qui a fait exploser la twittosphère en pleine Trade Deadline.
IL A CARTONNÉ : TYRESE MAXEY
On aurait évidemment pu mettre Joel Embiid dans cette section. Il a encore produit une saison digne d’un MVP, passant au-dessus de toutes les affaires de la franchise pour la porter le plus loin possible. Cependant, laissons place à la jeunesse (sans dire que le Camerounais est vieux) et posons nous deux minutes sur le cas Tyrese Maxey. Le sophomore a éclaboussé de son talent toute la saison. Il a récupéré le poste de Ben Simmons laissé vacant et en a fait quelque chose de grandiose. À 21 ans, le natif de Dallas a porté ses responsabilités et a fait oublier – au moins en partie – le défenseur australien. Forcément toutes ses stats ont doublé puisqu’il est passé de bon joueur de sortie de banc à titulaire indiscutable. Cette saison, Maxey c’est 17,5 points à 48,5% au tir dont 42% de loin, 3 rebonds et 4 passes en 35 minutes. Certains le mettaient dans la course au Most Improved Player, d’autres ne veulent pas de sophomore dans celle-ci. Finalement, Maxey a tout de même terminé sixième du classement au vote du MIP avec six personnes le voulant premier. Puis en Playoffs, il a poursuivi sur cette lancée et ce dès le Game 1 face aux Raptors. Maxey sort une masterclass à 38 points à 14/21 au shoot dont 5/8 du parking et 5/5 de la ligne des lancers. Il redescendra sur terre lors des matchs suivants, mais conserve une moyenne très honorable de 20 points, 3 rebonds et 4 passes. Dans tous les cas, les Sixers tiennent un diamant qui peut être encore plus poli et un super remplaçant à Ben Simmons. Désormais, il faut tout faire pour le développer et pourquoi pas en faire la deuxième arme de l’effectif.
ON L’ATTENDAIT ET ON L’ATTEND TOUJOURS : DE LA STABILITÉ
Depuis de nombreuses années, les Sixers ne recherchent qu’une chose : de la stabilité et une saison sans accroc médiatique. L’été 2019 est marqué par le divorce entre Jimmy Butler et la franchise de Philadelphie après une élimination en demi-finale de conf’. Dans la bulle l’année suivante, Brett Brown n’a plus la main sur ses joueurs qui se font sweeper par les Celtics au premier tour sans montrer de résistance. En 2021, Doc Rivers se fait conspuer suite à l’échec face aux Hawks. Cette demi-finale entraîne également le début de la saga Ben Simmons qui a duré jusqu’en février 2022. Philly a les joueurs pour espérer aller loin en postseason. Dans l’effectif, on retrouve un joueur calibre MVP en plein prime qui ne demande qu’à gagner. Seulement, des obstacles extra-sportifs viennent souvent leur bloquer la route. 2022-23 : objectif stabilité pour les Sixers.
LA SUITE
La suite est plutôt floue en Pennsylvanie. D’un côté, il y a un joueur calibre MVP dans son prime qui navigue chaque saison entre des blessures plus ou moins sérieuses. De l’autre, un lieutenant perdu et qui n’est plus le joueur qu’il était à Houston. Le tout managé par un coach qui semble ne plus faire passer de cap à ses équipes dans les moments importants depuis plus d’une décennie. La question est que faire ? Est-ce que les Sixers appuient sur le bouton rouge en reconstruisant autour de Joel Embiid ? Ou gardent-ils le même effectif et veulent voir ce que cela peut donner sur une saison complète sans l’ombre de Ben Simmons qui plane au-dessus d’eux ? Visiblement on part sur le deuxième scénario sachant que Doc Rivers et James Harden (il a une player option de 47 millions pour l’année pro) seront toujours là l’année prochaine, et que Tobias Harris est encore sous contrat. Priorité pour les Sixers : renforcer le banc et sa profondeur. À l’approche de ces Playoffs, on s’est tous rendu compte que ce secteur allait poser problème à Philly et ça n’a pas manqué. L’été doit également servir à aller renifler les bonnes affaires de ce type.
Cette saison 2021-22 restera dans les livres d’histoire de la franchise à cause de ce parcours si particulier. Mais il faut désormais se tourner vers le futur à Philadelphie et tout mettre en œuvre pour arriver conquérant et contender en 2023. Parce que le prime de Joel Embiid ne va pas durer éternellement et les fenêtres de tirs ne seront pas infinies.