Preview du Utah Jazz 2021-22 : cette fois c’est la bonne, vraiment la bonne, enfin c’est maintenant, enfin on espère

Le 14 oct. 2021 à 12:20 par Arthur Baudin

jazz fan 18 mai 2020
source image : YouTube

Une preview à écouter avec la cantina dans les oreilles, tant cet air de Jazz est dansant. Cela fait maintenant quelques saisons que la troupe de Quin Snyder réalise le même schéma : une saison régulière digne du philarmonique de Moscou avant de redevenir la fanfare de Saint-Chamond en Playoffs. Quid de ce nouvel exercice ? On débrief.

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Ce qu’il s’est passé la saison dernière

Comme disent souvent les raquettes de Benoît Paire, « bis repetita » *insérer rire malin d’OSS 117*. À l’aube de la saison 2020-21, nous ressentions ce petit éclair, cette étincelle qui aurait pu/dû emmener le Jazz à l’étage supérieur. La prolongation historique de Rudy Gobert a beaucoup joué dans ce changement de perception, le retour de Derrick Favors entre les montagnes aussi, et somme toute nous attendions un Donovan Mitchell surmotivé par son allonge contractuelle. La reprise en décembre ne fut pas déception puisque les soldats qui se sont pointés Kipsta aux pieds et âme chevillée au corps avaient tout simplement la dalle. Quelques mois plus tard – cinq pour être précis – le Jazz siégeait tout en haut de la Conférence Ouest avec le meilleur bilan de la Ligue, bouffant du regard n’importe quelle superteam de par un effectif bâti dans la dureté du Process. Les récompenses individuelles tombent : Jordan Clarkson est nommé sixième homme de l’année et Rudy Gobert valide son three-peat de meilleur défenseur. Le pivot tricolore s’en est même allé tester les sélections étoilées le 8 mars dernier avec ses potes Donovan Mitchell et Mike Conley, ce dernier chopant le train All-Star pour la première fois de sa carrière à 33 ans. Chacun apporte sa pierre à l’édifice donc, à l’instar des 48 plaques de Bojan Bogdanovic sur le front des Nuggets un tendre soir de mai. On se dit alors que ce Jazz est inarrêtable lorsqu’il foudroie un record de franchise en gagnant un vingt-et-unième match consécutif à la maison, avant d’arrêter la série à 24 quelques jours plus tard. Oui, la salle mormone est une forteresse imprenable où les cercles sont protégés par une tour de contrôle qui rend le voyage dans l’Utah difficile. Si l’organisation offensive du cinq majeur représente un premier souci pour les visiteurs, la profondeur de banc des Jazzmen s’occupe de porter les coups fatals. Une recette qui a fonctionné avec excellence, classe et discipline, jusqu’à ce que les joutes de postseason ne brident complètement les habitudes de nos montagnards. Le premier obstacle des Playoffs évité avec des Grizzlies sortis à 4-1, les Clippers du tandem Kawhi Leonard – Paul George se dressent sur la route du Jazz. Coup de tonnerre : les deux franchises sont à égalité après le Game 4 mais Kawhi Leonard se fume le genou, portant l’écho des chants de l’espoir dans le ciel de Salt Lake City. Ça y est, nous y sommes, il n’a plus que ce vieux PayPal P à surpasser et les Mormons seront en finale de Conférence. Un jeu d’enfant si l’on s’appuie sur l’excellent qualité de la régulière. Mais Paul George va froncer les sourcils et tuer le match 5 presque à lui tout seul, avant que Terance Mann ne se charge de crucifier le Jazz de par 39 unités que personne n’avait vu venir. Une désillusion de plus, la terre gronde en contrebas des montagnes.

Utah Jazz, le bilan 2020-21 : une saison régulière incroyable mais des Playoffs décevants, on a déjà vu ça quelque part

Quelques liens utiles

Le marché de l’été

  • Ils sont partis : Dennis Lindsey (General Manager), Derrick Favors, Ersan Ilyasova et Georges Niang
  • Ils ont re-signé : Mike Conley
  • Ils arrivent : Rudy Gay, Hassan Whiteside, Eric Paschall et Jared Butler (Draft)

Aucun changement de direction pour le Jazz qui garde sa colonne vertébrale en y ajoutant plusieurs cartilages. Pas indispensable la saison passée, Derrick Favors a filé au Thunder afin de soulager les comptes mormons de ses presque 10 millions annuels. Le meuble Georges Niang a eu plus de chance en s’envolant pour Philly, lui qui progresse chaque saison depuis sa draft en 2016. Et puis même si toujours clinique à 3-points, Ersan Ilyasova n’a pas retopé le niveau de jeu qui fut le sien ce pourquoi la direction lui a gentiment demandé de dégager, sous peine de lui en coller une. Pour pallier tous ces départs, Dennis Lindsey a… ah bah non, le General Manager a quitté son poste et se suffit désormais d’un rôle de conseiller. C’est Justin Zanik qui prend la relève en tant qu’architecte de cette belle maison : Jazz Nation rassure-toi, 21 personnes recommandent ses qualités de « négociation » sur LinkedIn. On rectifie, Jeff Zanik et 20 personnes recommandent ses qualités de négociation sur LinkedIn, parce que c’est malheureusement pour lui le premier truc qui s’affiche sur son profil et qu’on la connait bien cette entraide fraternelle. M’enfin, Rudy Gay – d’ores et déjà blessé -, Hassan Whiteside et Eric Paschall sont les nouveaux role players à venir s’essayer dans l’Utah, tandis que l’unique drafté Jared Butler tentera de faire sa place parmi les joueurs d’expérience.

Le roster 2021-22 du Jazz

  • Meneurs : Mike Conley, Jared Butler
  • Arrières : Donovan Mitchell, Jordan Clarkson, Trent Forrest
  • Ailiers : Bojan Bogdanovic, Rudy Gay, Miye Oni, Elijah Hughes
  • Ailiers-forts : Royce O’Neale, Joe Ingles, Eric Paschall, Jarrell Brantley
  • Pivots : Rudy Gobert, Hassan Whiteside, Udoka Azubuike

En gras les starters potentiels, selon les fameuses sources proches du dossier

Quand on connaît le dernier champion, on se dit que le Jazz a raison de miser sur la continuité sans chercher à rameuter n’importe quel All-Star qui pourrait faire tanguer le collectif au profit de ses moyennes persos. C’est donc un peu plus en profondeur qu’il faut zieuter si l’on veut trouver le changement, et Hassan Whiteside pourrait bien être l’homme à suivre de cette nouvelle saison. Retrouver son niveau du Heat s’annonce compliqué voire impossible, mais assurer les arrières d’un Rudy Gobert qui appréciera sans doute laisser son rôle entre les mains d’un mur de briques, c’est plutôt cool. L’ancien Dub Eric Paschall vient engraisser la rotation sur le poste 4 et proposera sûrement de chouettes choses lorsque tous les cadres seront au repos, des deux côtés. Enfin, seul Jared Butler peut envoyer Mike Conley souffler, ce pourquoi il représente un sacré pari aux yeux de la franchise.

Le petit point du banquier

Salaires Jazz

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Si aucun contrat ne semble immérité – Rudy étant le meilleur défenseur de la Ligue – l’amas de salaires surpasse la luxury tax de 18 millions de dollars et place un PV de 38 millions de pépettes entre les essuie-glaces de Justin Zanik. On espère au moins qu’elles sont en or les bagues. Il conviendra de gérer la situation de Joe Ingles avant l’été prochain, lui qui avait annoncé en 2020 qu’il songerait à la retraite à l’issue de son contrat. Il a aujourd’hui 34 ans mais joue tellement bien que l’on ne peut que se la jouer Thierry Gilardi : « faut pas qu’il arrête Joe Ingles ! ». Pas grand chose d’autre à souligner, vive le flouze et les bons copains.

Les tips TTFL

Les bons plans TTFL chez le Jazz, c’est par ici

Parmi les grosses baraques de NBA, le Jazz n’est pas celle qui représente le meilleur atelier à prospect TTFL. Bien sûr, Rudy Gobert permet souvent de grimper à 30 points, tandis que Donovan Mitchell peut facilement chauffer à plus de 40, mais leur belle performance est trop souvent dispersée au sein de l’effectif. Une victoire avec 150 points inscrits mais dix joueurs à 15 pions, on caricature mais l’idée est celle-là. Il y a bien pire, le Bojan Bogdanovic sûr représentant également une chouette potentialité, mais il y a bien mieux à plus faible niveau collectif. C’est peut-être pour cela que même en topant le trône de la régulière, le Jazz n’attire pas les regards à la recherche de bankable.

Le paragraphe du Doc

Quand on s’intéresse à l’infirmerie du Jazz, six noms ressortent. Bojan Bogdanovic, pour commencer, devrait être présent pour la reprise bien que limité pendant le training camp et la présaison pour des douleurs à l’épaule droite. Jordan Clarkson s’est pour sa part tordu la cheville droite à plusieurs reprises la saison passée, et même s’il n’a au final manqué que quatre rencontres pour une entorse en avril, il faudra surveiller ses chevilles et peut-être même jouer avec une chevillière. Mike Conley a quant à lui connu plusieurs alertes à cause d’une tension aux ischio-jambiers droits qui l’a suivi presque toute la saison. Il a ainsi manqué six rencontres en février, neuf entre avril et mai et a fini par aggraver sa blessure contre Memphis, le laissant out jusqu’au dernier match contre les Lakers. Il se disait en bonne voie de guérison début août, à surveiller. Donovan Mitchell a lui aussi connu une alerte en avril avec une entorse cheville droite, qui l’a privé des seize derniers matchs de saison régulière et du premier match de Playoffs. Il a ensuite décliné l’invitation aux Jeux Olympiques pour soigner sa cheville cet été mais se dit en forme aujourd’hui. Hassan Whiteside a pour sa part manqué quatre matchs en janvier pour une tension des fléchisseurs de la hanche gauche, avant qu’une nouvelle absence pour six rencontres suite à des douleurs au genou droit ne précipite sa sortie de la rotation. Il devrait toutefois être à 100% pour la reprise. Rudy Gay, pour conclure, souffre de problèmes au talon droit depuis cinq ans maintenant et est sous traitement quasiment en continu. Il souffrait en fait dernièrement d’une bursite rétro-calcanéenne (inflammation de la bourse du tendon d’Achille) et d’une épine calcanéenne (excroissance osseuse). Passé au bloc en juin, il n’est toujours pas autorisé au contact et il y a peu de chance de le voir avant quelques semaines.

Aller au bout, ou presque

Réitérer la même saison régulière ou bien se préserver davantage, c’est comme les Mormons le souhaitent à condition que des paroles découlent certains actes une fois les Playoffs commencés. La Jazz Nation ne supportera pas une année de plus à dominer son sujet pour finalement se faire éjecter lorsque l’enjeu est le plus grand. Quitte à toper la dixième place de l’Ouest et être ric-rac jusqu’au bout, rien à jongler tant que cela passe. Le cinq majeur se connaît, les marges de progression sont presque toutes exploitées au maximum et le coach en place est un type bien : trois faits qui pourraient saborder la franchise si le Jazz vient à ne pas atteindre les Finales NBA – voire de Conf’, dans l’optique où le jeu est bon – cette saison. Prenez tout, les trophées individuels et les sélections au All-Star Game, même le pot de gel de Quin Snyder, les Mormons ne jurent que par la bagouze. C’est de cela que se souviendront nos enfants dans une dizaine d’années, pas du trophée de meilleur joueur de la semaine B en octobre. Ou alors ils réutiliseront cette info pour gratter un papier sur la folle épopée du Jazz en 2021-22, qui sait ? En espérant que l’avenir donne raison au Process de Salt Lake City et que tout ne s’écroule pas sous nos yeux impuissants, les joueurs lassés par l’échec et la franchise dénuée de titre. Affaire à suivre.

Le pronostic du rédacteur

59 victoires et 23 défaites, la première place à l’Ouest. Une fois encore une fois, le Jazz pourrait dominer la saison régulière, l’effectif représentant la perfection que demande ce type d’exercice sur la longueur. Il y a de la jeunesse, de l’expérience et une alchimie entre tous les joueurs, tout ce qu’il faut pour performer régulièrement sans connaître de phases blanches. Pour ce qui est de l’après-régulière, on se gardera de s’exprimer sur le sujet, par simple peur de porter la guigne.

C’en est terminé pour cette preview du Jazz, une affaire qui sera déterminante pour l’avenir de la franchise lors de la prochaine décennie. Gagner et garder de la stabilité, ou encore perdre et instaurer un doute synonyme de reconstruction parfois longue, lourde et frustrante. Eh oui, le Jazz a les armes, attention à ne rien regretter.