Utah Jazz, le bilan 2020-21 : une saison régulière incroyable mais des Playoffs décevants, on a déjà vu ça quelque part

Le 05 août 2021 à 12:07 par Giovanni Marriette

quin snyder 5 août 2021
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Une saison 2019-20 réussie malgré un choke impressionnant en Playoffs face à Jamal GOAT Murray, et on attendait donc le Utah Jazz parmi les franchises qui comptent en 2021. Individuellement ce fut très fort, collectivement ce fut très fort, mais une fois de plus le soleil n’aime pas Salt Lake City au printemps. De mieux en mieux, mais il en manque encore un peu.

CE QUE TRASHTALK AVAIT ANNONCÉ

Une saison dans la continuité de la précédente, mais manquait encore cette petite étincelle, aller vers elle, ouvrir ses ailes. Derrick Favors de retour à la casa pour backer Rudy Gobert, Emmanuel Mudiay qui rejoint le FC Gruss et surtout la prolongation attendue et finalement effective de Donovan Mitchell et celle, historique, de Rudy Gobert quelque jours plus tard, tout était en place pour gravir une marche de plus en Playoffs et on attendait notamment (surtout) de voir à quel point une éventuelle upgrade Mike Conley pouvait faire progresser cette équipe. Entre 40 et 43 victoires selon nos prévisions, quelque part entre la quatrième et la septième place de l’Ouest et, surtout, le juge de paix attendu en postseason.

CE QU’IL S’EST VRAIMENT PASSÉ

Bonne nouvelle pour débuter la saison… Mike Conley est en pleine forme et très sincèrement ça fait plaisir à voir. Le vétéran claque une mixtape face aux Clippers et réalise deux première semaines énormes, probablement l’effet contract year, mais au final le Jazz patine et se cherche, comme quoi. Des défaites face aux Wolves, aux Suns, aux Knicks et aux Nets, et le 7 janvier Youtta affiche un bilan tout juste passable de 4-4. Le lendemain c’est néanmoins une première victoire référence face aux Bucks grâce à un gros bombardement du parking et malgré la fin d’une série de 384 matchs de suite de l’Iron Man paysan Joe Ingles. La suite ? Une explosion de saveur sauce ficelles. 20 victoires et une seule défaite jusqu’au 18 février (la fameuse gloutonnerie de Nikola Jokic le 31 janvier) pour valider le meilleur départ de l’histoire de la franchise. Durant cette période fast and furious Rudy Gobert claque un 29/20 face à ses victimes préférées de Dallas et monte clairement en régime (récréation également face à Myles Turner et Domantas Sabonis), Joe Ingles devient le meilleur sniper de l’histoire du Jazz et Jordan s’assoit déjà à moitié sur le trophée de 6th Man Of the Year en cartonnant chaque soir et en Clarksonnant même 40 pions face aux Sixers

Fin de série le 19 février au Staples Center face aux Clippers, tiens tiens, mais trois jours plus tard Utah passe un 41-11 salace aux Hornets dans le dernier quart puis ce sont ensuite les Lakers qui sont essorés de 25 points. Bang bang, Donovan Mitchell et Rudy Gobert sont invités pour leur deuxième All-Star Game et cerise sur le gâteau c’est Mike Conley qu’y s’y pointe pour la première fois de sa carrière en récupérant un spot vacant, mérité, mérité mérité. Le 13 mars la Tour Eiffel confirme sa grande forme avec 24 points et 28 rebonds face aux Warriors, prends ça Bill Russell. Malgré tout la défense coince un peu avant l’arrivée du printemps mais à la fin du mois de mars l’attaque fait oublier les errements défensifs et Utah repart sur une série de neuf wins de suite  après la trade deadline et ne veut pas lâcher sa première place à l’Ouest, mis sous pression par les Suns notamment. L’avion du Jazz se mange une famille d’oiseaux et nous fait une belle frayeur mais Rudy se venge sur des Taureaux et des Oursons, Donovan Mitchell est clutchissime face aux Raptors et tout simplement… exceptionnel pendant une quarantaine de jours, normal, le 21 avril les hommes de Quin Snyder battent un record de franchise en gagnant leur 21ème match de suite à la maison mais s’arrêteront finalement à 24 quelques jours plus tard avec une défaite face à des Wizards qui montaient alors en régime.

Le 16 avril sale nouvelle, puisque c’est la cheville de Spida qui tourne contre les Pacers, quelques jours sur le flanc se dit-on à l’époque. Dwyane Wade deviennt actionnaire de la franchise, faîtes ce que vous voulez de cette information, début mai on apprend que Dono Mitchou ratera toute la fin de la régulière, merde, mais le Jazz assure et termine la saison tout en haut de l’Ouest après une magnifique baston de 72 matchs avec Phoenix. 52 victoires, 20 défaites, rien à dire et il faut dorénavant confirmer en Playoffs. Ce sera face aux surprenants Grizzlies, sortis avec brio du play-in tournament, et après un Game 1 perdu en guise d’échauffement et sans Mitchell face à un duo Ja Morant / Dillon Brooks sur une belle lancée, après avoir vu Joe Ingles offrir à Jordan Clarkson son trophée de 6thMOY dans une vidéo trop mim’s, Utah va ensuite dérouler. Un Ja Morant homérique au Game 2 mais un Big Three Dono / Rudy / Mike au sommet et un duo Ingles / Clarkson saignant en sortie de banc, et derrière plus rien n’arrivera à Utah sur cette série, à part la plus mauvaise des nouvelles… puisqu’on apprend le décès de la légende locale Mark Eaton, icône locale du contre et accessoirement maître Jedi de notre grand Rudy. Sur le terrain Utah est en tout cas en pleine bourre et débute parfaitement sa demi-finale de conférence face aux… Clippers. Au Game 1 Donovan en plante 45 et Rudy s’occupe de fermer la boutique avec un contre au buzzer sur Marcus Morris, entre les deux matchs le pivot français rend très fier son Mark chéri puisqu’il lui dédicace son troisième trophée de DPOY, faut se rendre compte hein, et au Game 2 le break est fait grâce à une nouvelle énorme perf des deux All-Stars (37 points pour l’araignée, 20 rebonds pour la tourelle de Saint-Quentin). Le Jazz mène 2-0, tout va bien dans le meilleur des mondes.

Et patatra.

Et patatra. Patatra car l’absence de Mike Conley, touché aux ischios lors du dernier match face à Memphis, commence à se faire ressentir au niveau du collectif, patatra car en face les Clippers ont décidé d’écrire leur propre (et belle) histoire. Donovan Mitchell continue son massacre individuel mais Kawhi Leonard, Paul George, Nicolas Batum et Reggie Jackson sont en mission et reviennent à 2-2, jusque-là “ça va” mais les premiers doutes apparaissent. Plus de Kawhi au Game 5, on n’a rien contre lui mais c’est plutôt une bonne nouvelle pour le Jazz, mais dans ce match crucial c’est Paul George qui va sortir l’un des plus gros matchs de sa carrière. 37 points, 16 rebonds, 5 passes et 2 contres, le Jazz est dans les cordes… et passera même par dessus deux jours plus tard. Lors du Game 6 à la Vivint Smart Home Arena les Clippers sortent un match iconique et au jeu de l’invité surprise c’est l’incroyable Terence Mann qui se fait remarquer de la meilleure des manières en se jouant une centaine de fois de Rudy sur les switchs pour finir avec… 39 points (!) à 15/21 (!). Incroyable mais vrai, mais pas aussi incroyable que le scénario du match qui aura vu le Jazz mener de… 25 points avant de s’écrouler de manière honteuse dans une deuxième mi-temps perdue sur le score affolant de 81-47. 39 points, 9 rebonds, 9 passes et une cheville pour Donovan Mitchell, l’été sera long dans l’Utah…

L’IMAGE DE LA SAISON

Un jour peut-être, les gens se rendront compte.

IL A ASSURE, DPOY A L’APPUI : RUDY GOBERT

Saison incroyable de Rudy Gobert, une fois de plus. 14,3 points, 13,5 rebonds et 2,7 contres à 67,5% au tir, joueur le plus adroit de la Ligue même si les risques pris ne sont pas énormes on le sait, sept matchs à 20 rebonds ou plus, un deuxième All-Star Game consécutif et un troisième trophée de meilleur défenseur de la Ligue pour rejoindre les meilleurs stoppeurs de l’histoire niveau palmarès individuel. Mais au-delà des stats, Rudy a incroyablement assumé le fait d’être devenu en début de saison le sportif français le mieux payé de l’histoire. Alors oui, il y a ces soirées compliquées lors desquelles, ciblé par des attaques trop malines ou trop talentueuses, Rudy a pris l’eau. On pense à cette branlée serbe un soir de janvier (qui n’a pas pris la sienne cette saison), on pense à ce festival de Terence Mann au Game 6 des demi-finales de Conf, mais ceci n’est-il pas – surtout – un problème de coaching. Globalement Rudy a été impérial cette année, impassable dans 95% des situations, et fait désormais partie du gratin all-time de son sport, n’en déplaise aux niark niark qui composent parfois la communauté des Français bougons. car qu’on se le dise : non Rudy n’a pas de moves en attaque mais oui, Rudy empêche les intérieurs de la NBA toute entière de faire les leur. Et ça, c’est peut-être encore plus fort.

ON L’ATTENDAIT AU TAQUET ET ON AIMERAIT QU’IL FASSE ENCORE PLUS : MIKE CONLEY

Alors qu’on se le dise, la saison de Mike Conley avec le Jazz est REUSSIE. 16,2 points et 6 passes, à 41,2% du parking, All-Star pour la première fois – enfin ! – de sa carrière et le jeu du Jazz clairement plus fluide en sa présence… mais également une blessure, c’est pas de sa faute ON SAIT, qui a participé à précipiter le Jazz dans le ravin en fin de saison. On ne dit donc pas que Mike Conley nous a déçu, loin de là même, on dit juste que le scénario Conlesque de cette saison nous a déçu. La bonne nouvelle ? C’est que l’ancienne idole du FedEx Forum vient de signer pour trois ans de plus dans l’Utah, un contrat de 68 millions qui l’emmènera donc jusqu’à ses 36 ans mais bon, Chris Paul rigole très fort en y pensant. Bonne nouvelle car même à ce prix-là un Mike Conley en forme c’est inestimable, ne reste plus qu’à réussir à boucler une saison sans accroche, et ce sera alors l’heure, mais pas avant, de faire les premiers constats. Allez Mike, tien debout, bordel.

LA SUITE

Il devrait y avoir (un peu) du changement cet été. Derrick Favors et Georges Niang sont déjà partis, un peu chiant mais on a connu pire, Hassan Whiteside, Eric Paschall et Rudy Gay sont arrivés et c’est plutôt pas mal pour booster le banc, on l’a dit Mike Conley a prolongé, et reste désormais à gérer le dossier Joe Ingles, annoncé partant depuis quelques semaine dans un trade qui permettrait au Jazz de se renforcer encore un peu plus, pourquoi pas avec un intérieur avec de bonnes mains parce que enfin bref.

Une saison réussie et une batterie chargée à 90%… avant de cesser de fonctionner au pire des moments. Ca reste plutôt positif tout de même, et il faudra cette fois-ci – encore – passer ce fameux step sur lequel le Jazz bute depuis quelques années maintenant. A moins que le palier des demi-finales de conf soit le sommet de cette équipe mais ça, c’est encore une autre histoire.


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