De la grève des joueurs à la reprise des Playoffs : deux jours dans les coulisses de la bulle, entre tension et résolution

Le 28 août 2020 à 14:16 par Nicolas Meichel

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Le mercredi 26 août 2020, la NBA a vécu un moment historique. Avec les Milwaukee Bucks dans le rôle d’instigateurs, une grève générale des joueurs s’est formée et plusieurs matchs NBA ont ainsi été reportés, en réponse notamment à l’affaire Jacob Blake. Si les Playoffs vont finalement reprendre, le geste fut fort et marquant. Il fallait qu’on revienne sur cet épisode vraiment pas comme les autres.

Grâce à Chris Haynes de Yahoo Sports, qui nous plonge dans les coulisses de la grève au sein de la bulle de Mickey, on a aujourd’hui une bien meilleure connaissance du déroulé des récents événements ayant marqué la NBA. Retour sur les dernières 48 heures, entre frustration, tension et résolution.

Frustration

Quand les Bucks ont décidé de rester au vestiaire plutôt que d’aller affronter le Magic d’Orlando lors du Game 5 de leur premier tour de Playoffs mercredi, on a vu une grosse solidarité sur les réseaux sociaux, où leur initiative a globalement été très applaudie, avant d’être suivie lors des deux matchs suivants. Mais dans le camp des joueurs à l’intérieur de la bulle, c’était un peu plus compliqué. Car en dehors de l’équipe de Milwaukee, personne d’autre n’était au courant de la volonté des Daims de ne pas se présenter sur le parquet. S’il y avait eu des discussions concernant une potentielle grève, notamment chez les Raptors et les Celtics, le geste très fort des Bucks a pris tout le monde de court, et certains n’ont pas vraiment apprécié le côté très solo de cette initiative. Pour le joueur de Boston Jaylen Brown, très actif sur les questions de justice sociale, Giannis Antetokounmpo et ses copains n’avaient pas à prévenir qui que ce soit, mais certains possèdent un avis très différent. Comme l’indique Chris Haynes dans son article, les joueurs évoluant dans les équipes qui devaient jouer après le match de Milwaukee se sentaient obligés de faire grève également. On peut imaginer les réactions s’ils avaient décidé de jouer. Le fait que l’initiative des Bucks n’ait pas été inscrite dans un plan d’action global, prenant en compte tous les paramètres avec des demandes précises et un objectif assumé, a frustré plus d’un joueur, dont LeBron James. Mais la franchise du Wisconsin, État dans lequel s’est déroulée la bavure policière sur Jacob Blake, ne s’attendait visiblement pas à voir le reste des équipes suivre le mouvement.

Tension

Cette frustration, accentuée par le fait d’évoluer dans une bulle et les événements récents en dehors de celle-ci, a provoqué un vrai climat de tension au moment où les joueurs ont décidé de se retrouver pour discuter de cette grève. Une réunion a ainsi eu lieu mercredi soir à 20h heure locale, et autant dire que les esprits se sont échauffés. Déjà, concernant la marche à suivre, il y avait un début de fracture. Entre ceux qui voulaient rentrer pour retrouver leur famille ou aller dans la rue afin de manifester, et ceux qui comptaient rester à Orlando pour continuer à mettre la lumière sur la justice sociale à travers le prisme sportif, les joueurs NBA n’étaient pas tous sur la même longueur d’onde, même si la grande majorité semblait prête à continuer le jeu.

Dans la première catégorie, il y avait notamment George Hill, l’un des grands artisans de la grève des Bucks, qui avait récemment déclaré que venir à Orlando n’était pas une bonne idée. Face à lui, le papi du Heat Udonis Haslem a donné de la voix, mettant en avant les conséquences financières accompagnant la décision de ne pas jouer, en pensant particulièrement aux jeunes joueurs qui n’ont pas un compte en banque aussi rempli que les vétérans. La directrice du syndicat des joueurs, Michele Roberts, a pris la parole pour mettre justement sur la table les pertes potentielles liées à une grève générale pour la fin de saison, mais elle a été interrompue à plusieurs reprises par le meneur des Clippers Patrick Beverley, en désaccord sur plusieurs points et n’hésitant pas à lui balancer un “Non, c’est moi qui paye ton salaire” quand elle a demandé si elle pouvait reprendre son raisonnement. Wow. Udonis Haslem et Chris Paul sont alors intervenus pour calmer le pitbull. Au cours de cette réunion très tendue, Haslem a vraiment joué un rôle important, mettant notamment LeBron James on the spot, en lui demandant ce qu’il comptait faire pour la suite. Bah oui, c’est toi le King hein, donc ça pèse. C’est là que BronBron s’est positionné contre une reprise du jeu, quittant la réunion avec l’ensemble des joueurs des Lakers (sauf Dwight Howard) et des Clippers.

Résolution

Vous l’avez compris, c’était chaud, très chaud. Beaucoup plus chaud, long et intense que la réunion de jeudi, prévue en fin de matinée mais qui n’a pas pu démarrer à l’heure à cause du retard des Lakers. Probablement qu’ils recherchaient J.R. Smith perdu quelque part dans Disney World, mais on n’a pas plus d’informations à ce sujet. Blague à part, les joueurs ont pu se reposer, réfléchir, peser le pour et le contre collectivement, pour finalement tomber d’accord sur le fait qu’il fallait reprendre les Playoffs. Les Lakers et les Clippers – les deux franchises initialement contre cette reprise – ont changé d’avis, LeBron James et Lou Williams informant le reste du comité de leur décision. Et même si plusieurs joueurs émettaient toujours des réserves, se demandant qui avait choisi pour eux, le président du syndicat des joueurs Chris Paul et son premier vice-président Andre Iguodala ont assuré qu’une reprise était dans leur meilleur intérêt. Ça y est, tout le monde était arrivé à la même conclusion.

La réunion avec les proprios

Jeudi, une autre réunion était également prévue, cette fois-ci entre les joueurs et les propriétaires de franchise. Réunion virtuelle, avec comme sujet principal la question de la justice sociale. Ok on reprend les Playoffs, mais comment peut-on continuer à marquer les esprits et avancer ? Au cours de ce call, les joueurs ont voulu responsabiliser les proprios dans cette lutte pour l’égalité et contre le racisme systémique, avec notamment un LeBron James en chef de file. Le King avait déjà appelé les propriétaires à agir, il a remis le couvert, demandant à ces derniers de faire plus pour la communauté noire. Visiblement, il a été satisfait par les engagements qui ont été pris car si l’on en croit Chris Haynes, dans le cas contraire, James aurait pu changer d’avis une nouvelle fois concernant la reprise.

Après le moment historique qu’on a vécu, la NBA va bien reprendre ses droits, probablement samedi. Mais si la grève est terminée, le combat pour la justice sociale reste lui prioritaire. Les joueurs ont réussi à frapper fort, ce n’est pas pour rejouer tranquillement à la balle orange. 

Source texte : Yahoo Sports