La Scotiabank Arena : à Jurassic Park, les Raptors ne sont pas près de devenir une espèce en voie d’extinction

A chaque salle NBA son âme, ses anecdotes et ses bannières accrochées au plafond. Toutes les arènes sont uniques et leurs couloirs cachent bien souvent des secrets qui révèlent leur histoire et leur personnalité. On traverse la frontière nord direction l’Ontario au Canada et plus particulièrement Toronto, pour une visite guidée de la Scotiabank Arena qui accueille les Raptors depuis 1999.

La fiche

  • Nom actuel : Scotiabank Arena
  • Ancien nom : Air Canada Centre
  • Adresse : 40 Bay Street
  • Ville : Toronto, Ontario (Canada)
  • Date d’ouverture : 19 février 1999
  • Affluence maximum : 19 800 personnes
  • Propriétaire : Maple Leaf Sports & Entertainment
  • Surnoms : The New ACC, Jurassic Park, The Hangar, The Bank
  • Prédécesseur : SkyDome

Histoire

Au pied de la CN Tower se trouve l’actuelle Scotiabank Arena qui fait office de plus grande salle sportive de l’Ontario. Avant de se faire rebaptiser par la banque de la Nouvelle-Ecosse, le building pouvait probablement se vanter d’avoir le meilleur naming possible, à savoir le Air Canada Centre, jusqu’en 2018. Ayant ouvert ses portes en février 1999, le ACC héberge depuis cette date les Raptors mais aussi les célèbres Maple Leafs (NHL) et les Rocks (Lacrosse). En guise de dépucelage basketballistique, les coéquipiers d’un Vince Carter à 27 points, 6 rebonds, 5 passes, 4 interceptions, 2 contres se sont imposés face à leurs compatriotes de Vancouver le 21 février 1999. Disposant de 19 800 sièges en configuration basket, l’arena n’éprouve aucun mal à remplir ses gradins. Malgré des prix d’abonnement oscillant entre 1000 et 20 000 dollars pour la saison 2020-21, les fans réputés au-delà des frontières se déplacent en nombre pour encourager les Dinos. À titre d’exemple, entre la saison 2015-16 et celle de 2019-20, l’antre de Jurassic Park affichait complet à chacune des affiches proposées à domicile. Avec de telles affluences, la NBA a visé juste en décidant au milieu des années 90 son expansion en terre canadienne.

Construit pour quelques 265 millions de dollars tout de même, alors que la ville refusait à l’époque de verser un seul pesos, le gymnase qui dispose également d’un terrain d’entrainement (comme à Memphis, Washington, Cleveland, Dallas, Atlanta, Indiana, Houston, Minneapolis, Denver mais aussi à Phoenix), a opéré quelques modifications depuis ce temps. En 2005, le côté ouest de l’enceinte a été réaménagé dans le but de relier l’édifice au Maple Leaf Square. Trois ans plus tard, les dinosaures se dotaient d’un nouvel écran géant d’une valeur de huit millions de dollars pour voir du mieux possible le père Chris Bosh faire ses grimaces. Enfin, suite au changement de naming à l’intersaison 2018, la Scotiabank décida d’investir une fois de plus dans la mise en place d’un écran à l’entrée de l’enceinte histoire d’admirer en ultra haute définition le pétard de Kyle Lowry.

2019 sonne comme le début des grandes manœuvres en Ontario puisqu’en août, la franchise canadienne a pris la décision d’opérer un vaste chantier de rénovation. Au programme, une amélioration de la fan experience en créant un pont de circulation entre le CIBC Square et l’arena pour désengorger les entrées déjà existantes. En plus, les travées comprenant les restaurants, loges et autres suites seront bien évidemment retravaillées afin de s’aligner sur ce qu’il se fait de mieux dans les autres salles de la Ligue. Avec ça, les combattants de la WWE peuvent se taper dessus dans les meilleures conditions alors que la ligue de hockey, qui reste le sport national chez les Canadiens, a pu organiser la Coupe du monde 2016 en Ontario au sein de cette magnifique enceinte. Crise sanitaire oblige, les Raptors sont temporairement délocalisés à Tampa Bay pour la saison 2020-21. Au Canada, on vénère sûrement autant le meilleur marqueur de l’histoire de la franchise en la personne de DeMar DeRozan (aussi auteur de la plus grosse perf au scoring grâce à 52 points contre les Bucks le 1er janvier 2018) qu’on déteste LeBron James. Lors de ses années chez les Cavs, BronBron a souvent eu tendance à transformer la salle en salle de bain personnelle, surtout à l’occasion des Finales de Conférence 2018 où le bulldozer sweepera tout l’Ontario en compilant 34 points, 11 passes ainsi que 8 rebonds de moyenne. Cette salle demeure également le théâtre du record en Playoffs de monsieur Stephen Curry au Game 3 des Finales NBA avec 47 unités mais aussi 8 rebonds et 6 passes. Le meilleur rebondeur canadien à domicile se nomme Bismack Biyombo lors de ses Playoffs 2016 complètement cheatés qui lui ont permis d’aller chercher le jackpot à Charlotte l’été suivant. Il ira en effet collecter 26 prises face à la raquette de Cleveland alors que le roi du caviar s’appelle José Calderon avec deux soirées à 19 assists en 2009 et 2011. Plus largement, l’Espagnol possède 14 des 18 meilleures performances à la passe pour les Raptors à la maison. Ça commence à faire…

Meilleur souvenir à la Scotiabank Arena

Les témoins du concours de dunk 2016 garderont à tout jamais dans leur cœur une place particulière pour la Scotiabank Arena. Effectivement, c’est à cet endroit qu’un des plus beaux duels, si ce n’est le plus beau, a eu lieu avec comme protagonistes principaux Zach LaVine et Aaron Gordon. Néanmoins, même si le dunk assis du joueur du Magic par-dessus sa mascotte nous a tous fait rêver, comment ne pas citer le shoot de Kawki comme meilleur moment ? Un Game 7, tension au max, des bras qui tremblent (43% de tir réussi pour Philadelphie, 38% pour Toronto), un Kawhi légèrement croqueur avec 39 shoots pris… Un match irrespirable qui va se terminer par le plus beau dénouement possible pour une rencontre de basket de cette intensité. Suite à une égalisation de Jimmy Butler dans les tous derniers instants, les Raptors ont 4,2 secondes pour mettre un terme à cette demi-finale de Conférence 2019. La balle revient légitimement dans les mains de The Klaw qui va s’enfermer côté droit en étant poursuivi  par Ben Simmons puis Joel Embiid. Le MVP des Finales 2014 arrive malgré tout à dégainer son bras. The rest is history comme ils disent là-bas. La salle se fige soudainement, Leonard se retrouve accroupi en attendant le verdict de son tir. Les quatre rebonds sur le cercle durent une éternité mais les filets finissent par trembler. Un moment all-time vient de se dérouler sous nos yeux et The Process quitte la salle en pleurant à chaudes larmes. Dans le même temps, les Raptors filent vers le premier titre de leur histoire et Kawow lâche même un petit sourire. Hi-sto-ri-que !

Pire souvenir à la Scotiabank Arena

Tous les amoureux de basket n’ont pu que s’attrister devant la ruputure du tendon d’Achille de Kevin Durant après un début de match quasi parfait à 11 points en à peine 12 minutes lors du Game 5 des Finales 2019. Néanmoins, nous traitons la chose d’un point de vue Raptors et si Kawhi a démontré ses qualités de clutchitude lors de l’année du titre, ce ne fut pas le cas de Kyle Lowry en 2014 pour le Game 7 du premier tour des Playoffs contre Brooklyn. Le 4 mai 2014, les jeunes loups ou plutôt Dinos que sont DeRozan, Lowry et Jonas Valanciunas reçoivent l’équipe de vieux briscard composée du trio Joe Johnson – Kevin Garnett – Paul Pierce. Durant la rencontre, tout passera par l’expérience de JJ côté Brooklyn. Iso Joe dispute 45 minutes pendant lesquelles il va compiler 26 points, 4 rebonds et 4 passes. Malgré son sens inné du 1-contre-1 qui lui permettait de scorer de toutes les positions mais aussi de fournir le Big Ticket sans oublier un précieux Marcus Thornton en sortie de banc, les Raptors s’offrent une dernière possession pour continuer leur route dans cette première campagne de Playoffs depuis 2008. Malheureusement pour eux, avec six secondes à l’horloge, Kyle Lowry offrira une dernière action bien trop bordélique pour espérer quoi que ce soit de positif avec en conclusion un contre final de The Truth permettant aux Nets d’aller défier le Heat des Tres Amigos au tour suivant. Un cauchemar pour les fans qui peuvent réaliser le chemin parcouru par les leurs en cinq ans…

Palmarès à la Scotiabank Arena

  • Champions NBA (2019)
  • Champions de Conférence (2019)
  • Champions de Division (2007, 2014, 2015, 2016, 2018, 2019 et 2020)
  • Meilleur bilan : 59-23 (2018)
  • Pire bilan : 22-60 (2011)

Et maintenant ?

Avec une assurance de trouver du basket dans l’Ontario jusqu’en 2038 grâce au contrat de naming de la Scotiabank, une franchise qui tourne bien sur le plan sportif ainsi qu’une fanbase à la hauteur, Toronto se positionne en tant que place forte de la NBA malgré sa récente introduction dans la Grande Ligue. Jurassic Park continuera à rugir de plus belle, surtout grâce à la rénovation des locaux et ce pour le plus grand malheur de Joel Embiid.

Drake peut continuer à gonfler les pecs à domicile en courtside, ce n’est pas demain que la franchise coulera.

Source image : YouTube/Toronto Raptors