L’Oracle Arena : 47 années de souvenirs pour les Warriors, 1 dynastie

A chaque salle NBA son âme, ses anecdotes et ses bannières accrochées au plafond. Toutes les arènes sont uniques et leurs couloirs cachent bien souvent des secrets qui révèlent leur histoire et leur personnalité. Direction la Californie et plus particulièrement Oakland, de l’autre côté du Bay Bridge, pour une visite guidée de l’Oracle Arena qui a accueilli les Warriors durant 47 années, entre 1971 et 2019.

La fiche

  • Nom actuel : Oracle Arena
  • Anciens noms : Oakland–Alameda County Coliseum Arena, The Arena in Oakland
  • Adresse : 7000 Coliseum Way
  • Ville : Oakland, Californie
  • Date d’ouverture : 9 novembre 1966
  • Capacité : 19 596 personnes
  • Propriétaire : Oakland-Alameda County Coliseum Authority
  • Surnom : The Roaracle
  • Successeur : Chase Center depuis 2019

Histoire

Avant de venir s’installer dans le quartier de Mission Bay à San Francisco dans un Chase Center flambant neuf au début de la saison 2019-20, les Warriors ont résidé de l’autre côté du Bay Bridge pendant près d’un demi-siècle. Un court trajet en BART – le RER local – était ainsi nécessaire aux ultras de The City afin de rejoindre The Town pour venir retourner l’Oracle Arena située à Oakland, non loin de son aéroport. C’est bon, vous êtes toujours là ? Construite en 1966, la salle est d’abord connue sous le nom de Oakland–Alameda County Coliseum Arena et accueille à temps plein l’équipe de hockey des California Seals. En 1967, les Oaks d’Oakland établissent aussi leurs quartiers au 7000 Coliseum Way où Rick Barry fera ses grands débuts en ABA après deux premières saisons passées en NBA chez les Warriors. Il offrira même un premier titre aux habitants de la ville en 1969 avant que la franchise ne déménage à Washington, faute de public suffisant. Bravo, maintenant on a l’image d’une équipe qui soulève son trophée devant des tribunes vides. Si vous ne l’avez pas, on vous jure que c’est tristoune. Pour être exhaustif, les Bay Bombers (roller derby), les Golden Bay Earthquakes (soccer) et les Oakland Skates (roller hockey) ont également joué des matchs à domicile dans l’enceinte voisine du RingCentral Coliseum qui accueille notamment les Athletics (MLB) et qui a reçu les Raiders (NFL) jusqu’en 2019. Il ne manque plus que du cricket indoor et le compte est bon. On aime le sport à Oakland !

Le premier match des Warriors à l’Oracle Arena remonte au 29 novembre 1966 lors d’une victoire contre les Bulls marquée par les 40 points de Rick Barry en 30 tentatives et à 12/15 avec ses fameux lancers à la cuiller (cf. box score ci-dessous) mais ce n’est qu’en 1971-72 que la franchise quitte officiellement le Cow Palace de Daly City pour venir s’installer à Oakland. Un nouveau chapitre s’ouvre alors pour les Warriors qui décident de se renommer Golden State pour que toute la Bay Area se sente représentée. Sur le terrain, Nate Thurmond laisse rapidement Rick Barry prendre le pouvoir jusqu’à l’obtention du titre en 1975. Avant cela, le Hall of Famer s’offre même le record de l’enceinte avec 64 points personnels le 26 mars 1974. Une marque qui va survivre à la triplette du Run TMC formée par Tim Hardaway, Mitch Richmond et Chris Mullin et même aux Splash Brothers et leurs soirées de fièvre dans les années 2010. Mais les fans de basket qui avaient fini par se rendre en nombre à l’Oakland–Alameda County Coliseum Arena n’ont pas de chance. Les programmateurs de la salle n’ont pas l’air de faire confiance à l’équipe et prévoient un spectacle de patin à glace au beau milieu des Finales de 1975. La série contre les Bullets se joue finalement dans leur ancienne salle mais il en fallait plus pour priver les hommes du futur Hall of Famer Al Attles du premier titre de la franchise depuis son déménagement en Californie.

Box score from the Warriors’ first game at Oracle Arena (then known as Oakland Coliseum Arena) on Nov. 29, 1966 vs. Chicago. Rick Barry scored 40 points as the Warriors beat the Bulls, 108-101. pic.twitter.com/gr2cNoxS6A

— Warriors PR (@WarriorsPR) June 13, 2019

Le départ du MVP des Finales en 1978 plonge ensuite les Warriors dans une longue période de disette lors de laquelle les propriétaire en profitent pour rénover l’enceinte en 1996. Les 121 millions de dollars dépensés dans les travaux permettent à la salle de passer à une capacité de 19 596 places avec 72 loges VIP alors que les Dubs ont été temporairement relogés à la San Jose Arena pendant un an. La salle est d’abord renommée The Arena in Oakland puis un contrat de naming est passé avec l’entreprise d’informatique en 2006 pour devenir l’Oracle Arena jusqu’au départ des Warriors au terme des Finales 2019 perdues contre les Raptors. Entre temps, les abonnés ont quand même eu le droit à de grands moments de basket avec l’un des meilleurs Slam Dunk Contest de l’histoire grâce à la performance aérienne de Vince Carter en 2000 mais aussi la naissance d’une dynastie qui coïncide avec l’arrivée de Steve Kerr dans la baie en 2014. L’Oracle Arena a d’ailleurs fait le plein lors des 343 derniers matchs qu’elle a accueillis jusqu’au 13 juin 2019. On verra si cette série se poursuis lorsque les Oakland Panthers de la Indoor Football League vont prendre possession des lieux à partir de 2020.

Meilleur souvenir à l’Oracle Arena

Difficile de ne ressortir qu’un seul moment parmi tout ce qu’il s’est passé entre 1971 et 2019. On aurait donc pu citer l’un des quatre titres de la franchise sur cette période, les 37 points de Klay Thompson en un quart-temps contre les Kings ou ses 60 points contre les Pacers, les 46 pions de Stephen Curry pour valider la meilleure saison régulière de l’histoire avec 73 victoires ou même toutes les animations de temps-mort avec le Gold Suit Man et la Dance Cam Mom mais on a préféré revenir un peu plus en arrière sur la frise pour s’arrêter au printemps 2007, entre les mois d’avril et de mai. Les plus perspicaces auront tout de suite remarqué qu’il s’agissait d’une période de Playoffs sauf que ceux-là ne se sont pas déroulés comme prévu. Arrachant le dernier spot qualificatif lors de la toute dernière journée de régulière ponctuée par un run de 16 victoires en 21 matchs, les Dubs se retrouvent face à l’ogre de Dallas au premier tour. Sur le papier, il n’y a pas photo entre la bande de Dirk Nowitzki et les joueurs de Don Nelson. Mais impossible n’est pas Warrior et ils réalisent l’exploit dès le premier match en récupérant l’avantage du terrain dans le Texas. Le Nellie Ball est à son apogée, un précurseur du small-ball qui se sert de sa maîtrise de l’adversaire qu’il a coaché de nombreuses années pour annihiler le MVP au boucles blondes. De retour à la maison à 1-1, Golden State a fait le plus dur. Avec un sixième homme en transe pour les encourager, Baron Davis, Stephen Jackson, Jason Richardson et les autres semblent désormais invincibles. Les 20 000 furieux agglutinés dans les travées de l’Oracle Arena feront craindre l’arrivée du Big One tellement ils vont secouer le sol. Au terme d’un sans-faute à la maison, les Dubs réalisent l’un des plus beaux upsets de l’histoire des Playoffs (4-2). L’épopée We Believe, un souvenir impérissable. En quittant la salle ce soir-là, Dirk Nowitzki laissera même une trace indélébile en balançant une poubelle contre un mur. La franchise ne fera jamais réparer ce trou que l’Allemand viendra même signer quelques années plus tard.

Hole in the wall at Oracle Arena from 2007 Playoffs when Warriors beat the Mavs. Dirk Nowitzki threw a chair, later autographed the wall… pic.twitter.com/oKWwFYM7U8

— Jeremiah Johnson (@JJFSINDIANA) December 6, 2016

Mais comment ne pas glisser un mot aussi sur l’assassinat d’Andrei Kirilenko par Baron Davis dans la série qui a suivi malgré l’élimination, les tirs du tunnel de Stephen Curry à l’échauffement sur des passes de Curtis Jones de la sécurité de l’Oracle Arena ou encore ce dernier match de saison régulière disputé à Oakland contre les rivaux des Clippers le 7 avril 2019 dans les maillots de la période We Believe ?

Pire souvenir à l’Oracle Arena

Après environ deux dixièmes de réflexion, notre esprit s’arrête instantanément sur les Finales de 2016 et plus précisément The Block. Obviously le pire cauchemar des fans des Warriors qui se rappellent chaque mot de Mike Breen à l’antenne de ABC.

“Iguodala to Curry, back to Iguodala, up for the layup! Oh! Blocked by James! LeBron James with the rejection!”

Absolument terrible et la douleur est toujours la même des années après. Dans les deux dernières minutes du Game 7 et avec un score à égalité (89-89), les hommes de Steve Kerr rêvent déjà de conclure le Repeat devant leurs fans. Mais la fatigue est immense et les jambes flanchent au pire moment. Stephen Curry n’est plus que l’ombre de lui-même depuis quelques minutes déjà lorsque BronBron va asséner le coup fatal sur Iggy en contre-attaque. Un chasedown block typique du King mais tellement important. Probablement le plus gros contre de l’histoire de la NBA. Le mal est fait et Kyrie Irving passera derrière pour le coup de grâce à 3-points. The Warriors blew a 3-1 lead, une première en Finales NBA.

Maillots retirés au plafond de l’Oracle Arena

Palmarès à l’Oracle Arena

  • Champions ABA (1969)
  • Champions NBA (1975, 2015, 2017 et 2018)
  • Champions de Conférence (1975, 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019)
  • Champions de Division (1975, 1976, 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019)
  • Meilleur bilan : 73-9 (2016)
  • Pire bilan : 17-65 (2001)

La suite

L’histoire d’amour entre l’Oracle Arena et la NBA s’est refermée le 13 juin 2019 avec le premier sacre de l’histoire des Raptors. Une fin amère  pour les fans des Warriors qui devront dorénavant traverser le Bay Bridge pour continuer de supporter la bande de Stephen Curry au Chase Center à San Francisco. Et pour les amoureux de l’enceinte ou de la ville, les Oakland Panthers qui évoluent en Indoor Football League et co-détenus par Marshawn Lynch ont élu domicile dans ce vieux pavillon chargé d’histoire.

Pendant près de 50 ans, The Town a été le théâtre de la majeure partie de l’histoire des Warriors. Il y a eu des hauts et des bas mais l’Oracle Arena sera toujours associée à un volcan. L’une des salles les plus bruyantes de l’histoire de la NBA, tout simplement.

Source image : Benoît Carlier – TrashTalk