Quand Rick Barry réalisait l’une des meilleures saisons de l’histoire au scoring : 35 points de moyenne à 22 ans

Le 28 mars 2018 à 16:07 par Aymeric Saint-Leger

Rick Barry
Source image : YouTube/Golden State Warriors

Des saisons individuelles incroyables au scoring, on en a connu des dizaines dans l’histoire de la NBA : Kareem Abdul-Jabbar, Michael Jordan, Kobe Bryant et Elgin Baylor étaient coutumiers du fait. Mais derrière l’immense marqueur qu’était Wilt Chamberlain, inatteignable du fait d’un physique bien trop incroyable pour son époque, et derrière His Airness, on trouve bien Rick Barry. Il possède la deuxième meilleure moyenne de points sur une saison pour un extérieur dans toute l’histoire de la Ligue. Impressionnant ? Oui, surtout à 22 ans.

Dans les souvenirs lointains de notre NBA adorée, on trouve, entre le milieu des années 60 et la fin des années 70, un certain Rick Barry. Richard Francis Dennis Barry III (qui aurait pu être Français avec de tels prénoms) est né en 1944, dans le New Jersey. Il passe sa jeunesse dans cet État, à la Roselle Park High School, là où il commence à exprimer son talent. Ensuite, en 1962, il file vers la Floride, pour jouer dans la fac des Hurricanes de Miami. Il y reste trois ans, et devient le meilleur scoreur NCAA en 1964-65, avec 37,4 points de moyenne par match. Ses performances et son talent lui permettent d’être drafté en deuxième position en NBA à l’été 1965, par les San Francisco Warriors. La carrière de Rick, longue de 14 ans, fut assez incroyable en tout point : après avoir passé deux ans en NBA avec l’équipe qui l’a choisi lors de la Draft, il part en direction de la ABA, où il passe quatre saisons, entre Oakland, Washington et New York. Son parcours le ramènera ensuite chez les Golden State Warriors, où il passera six saisons, avant de terminer sa carrière avec les Rockets, en 1980. Crédité de douze sélections au All-Star Game (ABA inclus), l’impétueux Barry a marqué de sa patte l’époque qu’il a traversé. Celui qu’on surnomme The Miami Greyhound n’était pas forcément apprécié, que ce soit par le public, les arbitres ou les adversaires, et n’était pas tendre non plus avec ses coéquipiers. Personnalité forte s’il en est, il était un grand compétiteur sur les parquets, et avait donc une attitude agressive envers tout le monde, pas de traitement de faveur. Les énormes joueurs ont souvent un caractère bien particulier, et Rick Barry fait bien partie de cette trempe-là. Les faits d’armes, ce n’est pas ce qui manque chez l’ailier de 2m01. La liste est longue : il a joué plus de 1 000 matchs en carrière, et était un marqueur hors pair. Le franchise player du premier titre des Warriors, 40 ans avant le suivant, c’était bien lui. Celui qui est connu pour ne pas avoir la langue dans sa poche a marqué pas moins de 25 279 points en carrière. Sur le terrain, il avait une caractéristique bien particulière : ce monsieur tirait les lancers-francs à la cuillère. Mais attention, ce n’est pas Chinanu Onuaku, le pourcentage du Hall of Famer en carrière sur la ligne de réparations frise les 90% (89,3). On pourrait encore en citer, des performances incroyables qu’il a réalisé. Mais concentrons-nous sur une saison qui restera sans doute dans la légende, la meilleure de Rick Barry en carrière. Retour vers l’exercice 1966-67, lorsqu’il n’avait que… 22 ans.

La saison sophomore d’un joueur NBA est souvent un tournant, un moment charnière dans la carrière de ce dernier. C’est souvent à cet instant que l’on confirme tous les espoirs placés en soi, ou bien que l’on se rend compte que le gars est un bust, et n’aurait jamais dû être drafté aussi haut (Anthony Bennett, si tu nous entends, même s’il n’a pas forcément fallu attendre si longtemps pour comprendre le concernant). La saison rookie de Rick Barry avait été assez étincelante, avec déjà 25,7 points de moyenne par match. Mais la suivant, achevée en 1967, est juste all-time. Vous voulez une ligne de stats sympathique ? Mouillez-vous la nuque. Sur cet exercice, il a disputé 78 matchs. En 40,7 minutes lors de chaque confrontation, l’ailier a marqué 35,6 points, à 45,1% aux tirs, dont 88,4% aux lancers. La ligne à trois points n’existait pas encore à cette époque-là. Ajoutez à cela 9,2 rebonds et 3,6 assists par rencontre, et voilà la meilleure saison sophomore de l’histoire, derrière celle de Wilt Chamberlain, avec 38,4 points et 27,2 rebonds par match. Personne, dans l’histoire, ne tient la comparaison avec The Stilt. Sauf Rick Barry, lors de sa deuxième saison dans la Ligue. Il faut bien se rendre compte que ce n’est encore qu’un jeune homme de 22 ans, pétri de talent, à peine sorti de la fac, qui réalise ce genre de performance. Pour vraiment se rendre compte de l’ampleur, de l’impact de la saison sophomore de The Miami Greyhound, il s’agit de la septième meilleure marque all-time, pour ce qui est de la moyenne de points marqués sur une saison. Devant lui, Wilt par cinq fois, et Michael Jordan trustent les accessits. Kobe Bryant est par contre derrière lui. Et oui, Rick Barry fait bien partie des plus grands, entourés par les noms les plus mythiques, les légendes de la NBA. Il est ainsi le deuxième meilleur extérieur dans cette catégorie statistique, derrière MJ. Même Elgin Baylor n’est pas devant. L’ancien ailier des Lakers avait bien tourné à 38,3 points de moyenne sur la saison 1961-62, mais il n’avait disputé que 48 rencontres, pas assez pour accréditer la thèse qu’il aurait pu tenir cette statistique sur l’ensemble des 82 matchs d’une phase régulière. L’ailier des Dubs a lui réalisé son record sur la base de 78 oppositions disputées. Et dire que pendant sa carrière, ses statistiques en Playoffs étaient meilleurs que celles qu’il alignait en saison régulière… Attendez, vous ne réalisez toujours pas ? Très bien, faisons un saut dans le présent. Prenons Donovan Mitchell. Le rookie du Jazz réalise une incroyable saison au scoring, en tournant à plus de 20 points de moyenne chaque soir. C’est immense. Et bien, Rick en mettait cinq de plus au même âge, à 21 ans. Et lors de saison sophomore, il en mettait dix de plus. Vous voyez Spida planter dix points de plus par rencontre la saison prochaine ? Avec tout le respect que l’on peut avoir pour lui, cela paraît assez improbable. Et ce n’est pas à cause de son manque de talent.

Il s’agit plutôt d’une question d’époque. Les années 60 et 70 en NBA, n’ont rien à voir avec les eighties, les nineties, et correspondent encore moins à la période actuelle. Celui qui était un mastodonte offensif, dès son plus jeune âge, n’aurait peut-être pas eu la capacité d’aligner de telles statistiques aujourd’hui. La Ligue était différente, avec moins de forts joueurs de partout. Dès son arrivée, Rick Barry était le franchise player de San Francisco, et a eu toutes les responsabilités. Ainsi, sur sa saison sophomore, le père de Scooter, Brent, Jon, Drew et Canyon (tous basketteurs professionnels) prenait le nombre exorbitant de 28,7 shoots par rencontre. Aujourd’hui, même les plus gros “croqueurs”, Russell Westbrook et James Harden, ne prennent respectivement “que” 21 et 20,4 shoots par rencontre, alors que ce sont des meneurs de jeu, des manieurs de ballon. Aux Warriors, dans les années 60, le patriarche d’une des familles les plus implantées dans la NBA jouait ailier. Bien qu’il soit devenu plus passeur sur la suite de sa carrière (avec des saisons à plus de six passes décisives de moyenne), au début de cette dernière, il avait carte blanche, la carte bleue, toutes les cartes possibles, qui correspondaient à des tickets shoots à foison. Actuellement, plus personne ne peut faire ça dans la Ligue, sur une année entière. Sur sa saison sophomore, Rick Barry tirait en moyenne 10,9 lancers-francs chaque soir. Un total énorme, qui, cumulé à son pourcentage, lui donnait environ 9 points par match, rien que sur la charity line. Même El Barbudo, qui est le leader de cette statistique en 2017-18, n’en shoote pas autant. Vous avez compris, le perfectionniste et le shooteur acharné qu’était l’ancien de San Francisco, puis de Golden State, jouait dans une époque bien différente, ce qui peut en partie expliquer une telle performance, à plus de 35 points de moyenne sur une saison. Par contre, cela n’enlève rien au talent du bonhomme, qui a réalisé, à l’âge de 22 ans, ce que n’importe quel autre joueur de NBA, de tout temps, aurait aimé ne serait-ce que toucher du doigt. Ce genre d’exploit historique…

Être champion NBA en 1975, et MVP des Finales, il l’a fait. Avoir un style décalé mais si efficace sur la ligne des lancers, c’est aussi Rick Barry. Être, à jamais, le meilleur marqueur, sur une saison, de NCAA, de la ABA et de la NBA, il est le seul a l’avoir réalisé. Tous ces exploits, conjugués à cette saison 1966-67 de malade mental, une des sept plus belles régulières all-time au scoring, font de l’ancien ailier des Warriors un joueur hors normes. Voilà ce qui explique que l’homme qui fête aujourd’hui ses 74 ans ait fait partie de la sélection des 50 meilleurs joueurs sur les 50 premières années de la NBA, en 1996. Et qu’il laissera un souvenir et un héritage inimitable aux Dubs, qu’il continue de suivre, au même titre que son successeur Stephen Curry.

Source texte : basketball-reference.com


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