Warriors 2014/15 – 10 ans plus tard : Stephen Curry, un prodige à l’assaut de la NBA
Le 15 mars 2025 à 16:00 par Thibault Mairesse

Attention au coup de vieux : la dynastie Warriors a gagné son premier titre il y a… dix ans ! Une épopée qui a marqué le début d’une révolution en NBA, notamment sur le plan du jeu. La bande de Stephen Curry était encore jeune, mais a réussi à emporter avec elle une grande majorité de fans de basketball. 10 ans plus tard, TrashTalk vous propose une série retraçant cette aventure singulière. Épisode 2 : les débuts de Stephen Curry dans la Baie, la naissance d’un leader et joueur all-time !
Les premiers coups d’éclat de l’une des plus grandes légendes de l’Histoire
Pour comprendre comment et pourquoi Stephen Curry est devenu Stephen Curry ou du moins pour poser les premières pierres de l’une des plus grandes légendes de l’histoire de ce sport, il faut remonter assez loin dans le temps et prendre la direction du Canada pour se rendre au collège Queensway Christian.
Nous sommes au début des années 2000 et Dell Curry, père de Steph, évolue alors aux Toronto Raptors. Assez tôt, le fils Curry et même les deux fils Curry (même si Seth ne sera pas trop mentionné dans cet article) s’intéressent au métier de papa. Un drôle de métier puisqu’il est joueur NBA, ce qui n’est pas commun.
C’est donc assez logiquement que les deux fistons se retrouvent à jouer à la balle orange. Quand Stephen Curry débarque au collège Queensway, il n’a rien du tueur ou du Baby Faced Assassin qu’on connaît tous aujourd’hui. Steph collégien est un jeune garçon assez timide qui ne sait pas encore qu’il a de l’or au bout des doigts ou du moins dans le poignet.
Le premier à s’en apercevoir avant Steph lui-même, c’est James Lackey, le coach de l’équipe. Comme beaucoup après lui, le coach est décontenancé par le physique du minot, mais il s’aperçoit que le gamin shoote terriblement bien. Pour vérifier sa théorie, il décide de l’envoyer dans le grand bain lors d’un match de pré-saison contre Peoples Christian.
“Je l’ai vu shooter et je me suis dit que tout irait bien. J’avais juste envie de le faire entrer en jeu et voir ce qu’il pouvait faire. Je crois qu’il a mis 25 ou 30 points. Il dominait le terrain.” James Lackey
Un premier coup d’éclat qui passe sous les radars. Des collégiens qui mettent 30 points, ça court presque les rues, surtout en Amérique du Nord. Pourtant, c’est bien sur les bancs du collège que le Baby Faced Assassin va naître.
On avance un peu dans le temps et voici maintenant que Stephen Curry a 13 ans et est toujours aussi chétif. Pourtant, les défenses adverses ont peur de lui. Pour cause, Queensway est invincible, portée par un Stephen Curry déjà très fort.
Sauf que lors d’un match contre une équipe dont l’Histoire n’a pas retenu le nom, James Lackey tombe sur un os. Les visiteurs contiennent la star à coups de prises à trois.
À une minute du terme, les copains de Steph sont menés d’un point. Le coach prend temps mort en quête de solution inexistante jusqu’au moment où le fils Curry décide de prendre la parole :
“Donnez-moi la balle et nous gagnerons.” Stephen Curry
Une déclaration pleine d’audace de la part d’un joueur en galère.
Et pourtant.
Les visiteurs attendent Steph au niveau de la ligne à 3-points. Si le futur numéro 30 est un excellent shooteur, il ne tire pas encore depuis Namek.
Et pourtant.
Stephen Curry s’arrête 60 centimètres derrière la ligne à 3-points. Bang. Sur la possession suivante, les visiteurs ne vont pas se faire avoir deux fois et remontent de 60 centimètres devant la ligne à 3-points.
Et pourtant.
Stephen Curry s’arrête encore à 60 centimètres d’eux, artille, la sanction est la même : Bang.
Sur la dernière minute, le jeune meneur plante six points et son équipe s’impose de neuf longueurs. Queensway finira la saison invaincue.
Voir Stephen Curry dégainer dans tous les sens, ça évoque de bons ou de mauvais souvenirs à pas mal de fans de basket et pourtant le Chef n’a rien inventé à la fac ou en NBA.
Tout commence alors qu’il était au collège.
“Tout ce qu’on voit de lui, Stephen Curry le faisait déjà il y a 15 ans.” James Lackey pour Radio Canada en 2019
Un monstre né au lycée
Pourtant, malgré ce coup d’éclat, Stephen Curry est loin d’être un fort prospect lorsqu’il débarque au lycée. Certains joueurs sont déjà attendus à cet âge-là comme LeBron James ou du moins ils intriguent comme ce fut le cas plus récemment de Victor Wembanyama ou Zion Williamson.
Pourtant, Steph est un bon joueur sans plus. Encore, à première vue, des Stephen Curry, il en existe des milliers qui entrent au lycée chaque année.
Pour débuter sa vie de lycéen, les fils Curry rentrent en Caroline du Nord grâce à (ou à cause de, c’est selon) papa qui signe à Charlotte. Steph se retrouve donc au lycée Charlotte Christian.
À cause de sa petite taille et de son physique frêle, il n’intègre pas l’équipe première, mais la Junior Varsity Team (JV), une équipe pour aider les jeunes à se développer.
Cette étape ne veut rien dire sur le potentiel de la future superstar puisque vous savez quelle autre légende passée par la Caroline du Nord a commencé sa carrière de lycéen en tant que membre de la JV ? Michael Jordan.
Un petit détour qui n’a visiblement pas plu à Steph :
“J’étais un peu nerveux. Je pense avoir pris le chemin facile en jouant pour la JV. Au milieu de cette saison, j’ai commencé à le regretter parce que j’ai senti que j’étais assez bon pour jouer au niveau suivant, mais je n’avais pas la conviction de réussir à le mettre en pratique au moment opportun. Donc je me suis dit que plus jamais, je ne serai timide face à qui que ce soit.” Stephen Curry
Si Stephen Curry était déjà un monstre sur les parquets depuis le collège, il lui manquait encore cette assurance pour défier n’importe qui droit dans les yeux et il va donc l’obtenir durant sa première année de lycéen.
Malgré cette assurance nouvelle et une entrée dans l’équipe première, le Chef en devenir n’est pas vu comme une future star du basket lorsqu’il cherche à rejoindre la fac. Au terme de sa dernière année de lycée, il n’est classé que 16ème parmi les meilleurs joueurs de North Carolina, 60ème meilleur meneur des États-Unis et 300ème meilleur joueur au global.
Dire qu’aujourd’hui, il discute avec les dix meilleurs joueurs de l’Histoire, mais ça, c’est un autre débat.
“Juste une opportunité”
Au terme de ses années de lycéen, Stephen Curry n’est qu’un prospect trois étoiles. Pour faire simple, les meilleurs lycéens ont cinq étoiles. Le futur Chef n’en a que trois et ça lui pose quelques bâtons dans les roues lorsqu’il cherche une fac qui veut bien de lui.
“Durant ma dernière année au lycée, je n’ai pas eu autant d’offres que je l’espérais. Le processus d’attente était réellement stressant. J’y pensais tous les jours.” Stephen Curry.
Si Steph a eu le droit à de nombreux essais, à chaque fois, il faisait face au même problème : sa taille. Les scouts préféraient prendre un profil similaire, mais plus grand. Jusqu’au moment où Davidson pointe le bout de son nez.
“Tout ce dont j’avais besoin, c’était d’une opportunité et un coach qui croyait en moi et le reste appartient à l’Histoire.” Stephen Curry
Bob McKillop, comme James Lackey avant lui, voit le potentiel de Steph et décide de tenter le coup. Là où le coach de Davidson fait un pari, c’est qu’il prend l’aîné Curry alors qu’il n’a pas besoin de ses capacités de passeur.
Au lycée, Steph avait déjà un bon shoot, mais il avait plus tendance à lâcher le ballon malgré les envies de ses coachs. Maintenant, à la fac, il n’allait plus avoir le choix. Jason Richards était le meneur de jeu titulaire et c’est lui qui faisait les passes.
Grâce à cette situation, Stephen Curry ajoute la troisième corde à son arc, celle qui va cimenter sa légende : le jeu sans ballon.
Si au collège, il est devenu un tueur sur le terrain, au lycée, un mec qui n’a plus froid aux yeux, à la fac, grâce à Bob McKillop, il devient une menace constante sur les parquets. Existe-t-il trois éléments qui résument davantage Stephen Curry que ces trois-là ? On ne pense pas.
On passe rapidement sur la première saison du Chef à la fac pour en venir à son premier réel coup d’éclat : la March Madness 2008.
Vous l’attendiez, nous y voici.
Pour commencer quand il débarque au tournoi de 2008, Steph n’est pas un no-name du circuit universitaire. Le futur Warrior sort d’une saison à 26 points de moyenne à 44% de loin en 10 tentatives.
Et ça, ce n’est pas anodin comme dirait l’autre.
Sauf qu’il joue à Davidson et autant vous dire que faire des stats à Davidson, c’est l’équivalent d’être un gros poisson dans une petite mare pour reprendre le titre d’un son d’Orelsan.
Pour ceux qui n’ont pas la réf, cela veut dire que ça n’intéresse personne à part les geeks de la NCAA.
Le monde entier découvre véritablement Stephen Curry lors de cette fameuse March Madness 2008.
Premier tour contre Gonzaga, Davidson n’est pas favori et vous pensez que c’est le problème du Chef ? Certainement pas et ça fera 40 points sur le museau des Bulldogs qui sont priés de faire leurs affaires.
Au tour suivant, Davidson tombe sur Georgetown et là, c’est la tuile. L’adversaire du jour est tête de série numéro 2 et l’équipe de Steph est menée de 15 points. Si les Wildcast sortent maintenant, la logique sera juste respectée et personne ne leur en voudra.
Sauf que depuis le début de ce long article, vous avez certainement dû comprendre que la logique et Stephen Curry, ça faisait deux. Le meneur décide de porter Davidson sur son dos et plante 30 points avec cinq tirs à 3-points pour offrir la victoire à son équipe 74-70.
Autant faire un upset, cela peut arriver ,mais en faire deux contre l’une des meilleures équipes du pays, ça commence à faire beaucoup et les regards se portent sur Davidson et leur drôle de meneur.
Un regard en particulier attire l’attention : celui de LeBron James.
Le King part voir de ses propres yeux le jeune phénomène des Wildcats et il ne va pas être déçu. Davidson affronte Wisconsin, tête de série numéro 3. Et en parlant du chiffre 3, vous savez ce qu’on dit : jamais deux sans trois. Le Chef rend hommage à ce dicton avec un troisième upset consécutif.
Mieux encore, il déboîte l’adversaire du jour avec 33 points et six tirs depuis le parking. À la surprise générale, Davidson se retrouve parmi les huit meilleures équipes du pays. Un Elite Eight qui vient marquer la fin de ce run incroyable des Wildcats tombés face à Kansas qui a bien su verrouiller le Chef puisqu’il finit “seulement” à 25 points à 4/16 de loin.
L’année suivante, Stephen Curry ne reproduira pas un run aussi exceptionnel, mais il est quand même le meilleur marqueur de NCAA avec 28,6 points par match et devient le meilleur marqueur de Davidson avec 2 635 points inscrits.
De quoi se présenter à la Draft serein.
L’arrivée de la légende en NBA
Désolé chers fans des Wolves, c’est ici qu’on va parler de vous, mais avant ça petit tour par le profil de Stephen Curry avant sa Draft.
Malgré son énorme coup de chaud lors de la March Madness 2008, les scouts ne sont pas emballés par le futur ex-meneur de Davidson ou du moins personne ne le voit devenir un incontournable du paysage NBA.
Plusieurs raisons sont évoquées comme le fait qu’il ne pourrait pas porter une équipe, qu’il n’est pas un meneur adapté au jeu NBA, qu’il est trop petit ou trop frêle. Enfin rien de nouveau sous le soleil pour Stephen Curry. Ces critiques, le Chef les entend depuis toujours et ce n’est pas un rapport de plus ou un rapport de moins qui va y changer quelque chose.
Parmi ce flot de critiques, il y en a un qui a le nez fin, c’est le journaliste d’ESPN Jonathan Givony. Dans son scouting report de 2009, il écrit :
“C’est le meilleur scoreur universitaire peu importe la manière dont vous voyez la chose, mais aussi l’un des meilleurs intercepteurs. Stephen Curry fait partie de ces rares joueurs NCAA où vous pouvez dire que le jeu sera plus facile, une fois qu’il sera en NBA, là où il jouera avec de meilleurs joueurs et obtiendra des tirs plus faciles.”
On ne peut pas dire que Jonathan Givony avait tort puisqu’à Davidson, Stephen Curry était l’option numéro 1 de Davidson et toutes les équipes voulaient absolument le neutraliser car elles savaient très bien que son équipe n’avait pas pléthore de ressources. C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé en 2008 face à Kansas.
Sauf qu’une fois entouré de Klay Thompson, Shaun Livingston, Andre Iguodala, Harrison Barnes ou encore Kevin Durant pour ne citer qu’eux, la vie de Steph est d’un coup devenu plus facile.
Bien sûr – comme beaucoup – le journaliste d’EPN émet quelques doutes sur la dimension physique de Stephen Curry.
C’est avec ces certitudes et ces doutes qu’on arrive au 25 juin 2009. Un jour noir pour la planète entière marquée par la mort de la plus grande star de la musique à savoir Michael Jackson, mais un jour à marquer d’une pierre blanche pour tous les fans des Warriors puisque c’est en ce jour si particulier que Stephen Curry est drafté.
Une cuvée marquée par un top 4 assez clair : Blake Griffin, Hasheem Thabeet, James Harden et Tyreke Evans. Avec le recul, certains choix peuvent être discutables, mais à l’époque, cela semblait cohérent.
Ensuite, on arrive dans les places 5 à 8 et je vous prie de faire entrer les différents acteurs qui avaient – sans le savoir – le destin de la prochaine décennie dans la NBA entre leurs mains : les Minnesota Timberwolves, les Phoenix Suns, les Golden State Warriors et bien sûr Stephen Curry. Phoenix avait le 14ème choix de la Draft, mais les Cactus pensaient pouvoir monter un trade pour récupérer le Chef. Au détail près qu’avec Steve Nash, Leandro Barbosa et Goran Dragic sur le poste, les Suns ne pensaient pas avoir besoin d’un meneur supplémentaire.
Raisonnement cohérent, mais catastrophique si on prend un peu de recul.
Exit Phoenix donc, faisons entrer les Minnesota Timberwolves dans la danse. Avec les choix 5 et 6, les Loups ont eu – par deux fois – l’occasion de prendre l’un des meilleurs joueurs de l’Histoire. Faire une erreur une fois, ça peut arriver. Portland qui fait l’impasse sur Michael Jordan, pourquoi pas. Les Blazers – encore eux – qui prennent Greg Oden devant Kevin Durant, bon si le géant n’avait pas été aussi fragile, là aussi, pourquoi pas.
Mais faire l’impasse deux fois de suite dans la même Draft sur l’un des plus grands joueurs de l’Histoire, bravo messieurs, c’est fort.
Avec les choix 5 et 6, les Wolves prennent Ricky Rubio et… Jonny Flynn, deux meneurs. C’est là où la boulette est encore plus grande. Quand Portland fait l’impasse sur deux légendes c’est notamment parce qu’il n’y avait pas de besoin particulier sur les postes en question. À Minnesota, le front office veut et a besoin d’un meneur.
Après une telle erreur, il s’agit non pas seulement de se moquer, mais de comprendre une telle décision. Si Ricky Rubio était un monstre en Espagne avant de débarquer en NBA, Stephen Curry n’avait rien à envier à Jonny Flynn.
En 2017, la lumière a été faite sur cette histoire et les Wolves ont été victimes d’un terrible alignement des astres qui a – sans aucun doute – changé leur Histoire. En mai 2009, soit quelques semaines avant la Draft, David Kahn devient le General Manager des Wolves. Il débarque dans une franchise au fond du gouffre qui a perdu le meilleur joueur de son Histoire, Kevin Garnett, à peine deux ans plus tôt. La suite, c’est le GM, lui-même qui la raconte.
“Quelques jours après mon arrivée en tant que General Manager des Minnesota Timberwolves, Jeff Austin, l’agent de Stephen Curry, me fait savoir que Dell Curry ne veut pas voir son fils être drafté par Minnesota.
Ce message m’a lourdement impacté dans ma prise de décision par la suite.
Les complications ont commencé avec Ricky Rubio. Deux semaines avant la Draft, j’ai fait un transfert avec Washington où j’ai envoyé Randy Foye et Mike Miller pour récupérer le cinquième choix de la Draft. Cela nous a permis d’avoir la flexibilité pour drafter Ricky Rubio qui avait un buyout coûteux dans son contrat qui l’empêchait de venir immédiatement en NBA et beaucoup pensaient qu’il ne jouerait jamais pour les Wolves et qu’il forcerait un trade.
Maintenant, on a les choix 5 et 6 de la Draft. Ne pas prendre un, mais deux joueurs qui ne veulent pas jouer pour Minnesota ? Ça demanderait d’avoir beaucoup de cojones [en espagnol dans le texte, ndlr]. Donc, nous avons pris Rubio et Jonny Flynn… que notre staff avait classé numéro 1 parmi les meneurs.” David Kahn
Le GM a eu peur de provoquer la colère de ces fans et a préféré jouer la sécurité. Un manque de “cojones” qui coûte cher.
Au final, ce sont les Warriors qui prennent Stephen Curry en septième position alors que le meneur pensait atterrir aux Knicks et la suite on la connaît.
La saison rookie de Stephen Curry
Sans surprise, Stephen Curry démarque dans une équipe pas bonne et ce n’est pas lui qui va la révolutionner. Ou du moins pas encore. Également, il arrive dans une franchise où le meneur titulaire est Monta Ellis, un autre fort scoreur et comme on dit souvent : il n’y a pas la place pour deux shérifs dans cette ville. Si le vétéran est en place, Stephen Curry attend dans l’ombre son moment.
Celui-ci arrive le 10 février 2010 lorsque le Chef croise ses futures victimes préférées à savoir les Clippers et Monta Ellis est justement absent. Les portes sont ouvertes pour le premier show Stephen Curry en NBA.
Le numéro 30 déroule et explose les Angelinos avec 36 points à 11/22 au tir et 7/11 de loin. Il ajoute en prime 13 passes et 10 rebonds pour signer son premier triple-double en carrière. Dans son sillage, les Warriors s’imposent 132 à 102, mais ce n’est pas le seul highlight de Steph cette saison-là puisqu’il participe au match le plus particulier de l’histoire NBA cette même saison.
Direction le 14 avril 2010, fin de saison régulière et les Warriors n’ont rien à jouer et ont déjà un pied à Cancun à tel point que Golden State n’a que six joueurs absents de l’injury report ce soir-là. La NBA contraint une équipe à avoir huit joueurs dispos pour ne pas déclarer forfait. Ronny Turiaf et Anthony Morrow sont mis sur la feuille de match, mais ne peuvent pas jouer. Une technique de roublard peut-être qu’on joue en départemental.
Quoi qu’il en soit, ce match face aux Blazers débute et au bout de cinq minutes, Chris Hunter se blesse. Les Warriors n’ont plus que cinq joueurs capables de mettre un pied devant l’autre. Stephen Curry tout comme Monta Ellis en font partie.
La rencontre suit son cours et est serrée malgré tout. On arrive à la fin de match et Devean George prend sa sixième faute et doit quitter le terrain. Golden State n’a plus que quatre joueurs à 100%. Maintenant, installez-vous confortablement parce que ce qui va suivre, c’est du grand art.
Il existe une règle en NBA qui dit qu’un joueur sorti pour six fautes peut revenir si tout l’effectif est blessé. Souvenez-vous, Golden State a inscrit sur la feuille de match Ronny Turiaf et Anthony Morrow alors qu’ils ont des bobos. Les deux joueurs entrent à tour de rôle, font une faute et partent au vestiaire parce qu’ils sont blessés. Ainsi, Devean George peut revenir en jeu et il va prendre d’ailleurs sa septième faute, un record all-time sur une seule rencontre.
Et Stephen Curry dans tout ça ?
C’est simple, il tape son record de points en carrière. Le Chef inscrit les huit derniers points de son équipe pour permettre aux Warriors de s’imposer 122 à 116 et finit le match avec 42 points, 9 rebonds et 8 passes.
Les chevilles de verre
Stephen Curry finit sa première saison avec 17,5 points, 5,9 passes et 4,5 rebonds et est deuxième au classement du Rookie de l’Année derrière Tyreke Evans.
Tout se passe bien à San Francisco jusqu’en décembre 2010. Lors d’un match face aux Spurs, la cheville droite de Stephen Curry tourne. C’est le début d’un long chemin de croix qui va façonner le meneur.
Si la production statistique augmente, les entorses se multiplient pendant deux saisons à tel point que le Chef doit passer sur le billard en mai 2011 pour soigner ses ligaments de la cheville.
Ce qui sera insuffisant.
En décembre 2011, rebelote, la cheville tourne encore. Curry ne dispute que 26 des 66 matchs des Warriors et repasse sur le billard. Pas de quoi décourager Golden State persuadé d’avoir un diamant brut. Un diamant brut prolongé à l’été suivant malgré les doutes qu’on connaît.
Comme souvent, Steph passe au-dessus de ses doutes. La solution vient grâce à une entreprise japonaise, Zmast. Elle crée une chevillière sur-mesure pour le meneur – encore portée aujourd’hui – et depuis tout roule. Lors de la saison 2012-13, Baby Face passe la barre des 20 points de moyenne avec 23 puntos.
Tout semble prêt pour écrire l’histoire des Warriors.
Monta Ellis ou Stephen Curry : qui choisir ?
En parallèle des soucis de cheville de Steph, le front office se gratte les cheveux autour d’un problème : qui doit être le visage de l’équipe entre Stephen Curry et Monta Ellis ? Un choix est fait et Monta Ellis – pourtant favori de l’Oracle Arena – est envoyé à Milwaukee, en échange d’Andrew Bogut et Stephen Jackson, mais le saviez-vous ? Les Bucks auraient pu récupérer Stephen Curry. Les Daims avaient le Chef dans le viseur, mais il faisait face à ses problèmes de chevilles et Milwaukee avait déjà dans ses rangs Andrew Bogut, un autre joueur handicapé par des soucis de cheville.
Les Daims n’avaient – logiquement – pas envie de reprendre le risque et se sont rabattus sur Monta Ellis.
Encore un choix douteux, mais avec Curry, rien ne dit que les Bucks auraient remporté un titre comme ils ont pu le faire avec Giannis en 2021. Rien ne dit non plus que Milwaukee n’aurait pas aligné un axe Curry – Antetokounmpo, mais là on rentre un peu trop dans le what if.
L’année de l’explosion pour Stephen Curry
Avec un Monta Ellis évacué et des chevilles toutes neuves, Stephen Curry est prêt à rouler sur la NBA. Après avoir retrouvé les Playoffs un an auparavant, le Chef s’impose comme l’un des meilleurs attaquants de la Ligue durant cette saison 2013-14 où il tourne à 24 points à 8,5 passes de moyenne avec des pourcentages plutôt solides : 47% au tir global et 42 depuis le parking de l’Oracle Arena. La routine quoi.
Mieux encore, c’est durant cette saison que SC30 devient LE leader de l’équipe comme l’évoque son coach de l’époque, Mark Jackson :
“Evidemment, il ne sera jamais un Magic Johnson dans le leadership. Il n’est pas comme ça. C’est comme si vous demandiez à Magic de shooter à 45% à 3pts. On sait que ça n’arrivera pas, mais ce que Steph peut faire, c’est s’améliorer. C’est son équipe ! Il prend et donne des responsabilités ! Il a fait un très bon boulot.”
Golden State s’arrête au premier tour face aux Clippers au terme d’une série haletante perdue 4-3, mais l’essentiel est ailleurs. À l’image de Cell dans Dragon Ball, Stephen Curry a atteint sa forme parfaite et est prêt à rouler sur toute la Ligue.
Source texte : ESPN, Basketball Network, Sporting News, NBA.com, Sports Net, Radio Canada, Business Insider, Stephen Curry la Révolution