Black History Month : Robert L. Johnson, le premier propriétaire d’une franchise dans une ligue sportive majeure

Le 16 févr. 2023 à 13:46 par David Carroz

TrashTalk Black History Month Robert L. Johnson
Source image : Wikipédia, montage Léonce MVP

2010. Michael Jordan devient le boss des Charlotte Bobcats, pour le meilleur et malheureusement surtout pour le pire tant son règne de propriétaire est loin de faire écho à sa carrière de joueur. Mais voyons le bon côté des choses : en récupérant la majorité des parts de la franchise à Robert L. Johnson, il permet à la NBA de conserver un propriétaire afro-américain dans ses rangs.

En effet, lorsque Bob Johnson s’offre la franchise d’expansion basée à Charlotte en 2003 pour trois cent millions de dollars, il est le premier à franchir la barrière raciale chez les patrons d’équipes des ligues sportives majeures aux USA. Certes, on a déjà vu des actionnaires minoritaires issus de sa communauté – comme Michael Jordan justement ou encore Magic Johnson – mais aucun avant lui n’avait le contrôle. C’est désormais chose faite pour celui qui, en revendant un peu plus tôt le média BET – Black Entertainment Television – est reconnu également comme le premier Afro-américain milliardaire.

Une avancée considérable à l’époque où la Ligue est certes composée aux quatre cinquièmes de joueurs afro-américains, mais qui reste dirigée par des hommes blancs, ce qui n’a jamais manqué de soulever des critiques : des Noirs – bien payés certes dans le cas de la NBA – qui permettent à de riches blancs de s’enrichir encore plus, une mauvaise habitude chez l’Oncle Sam. Encore plus avec la sensation que le changement n’est pas possible. Depuis, la NBA a évolué jusqu’à commencer à faire le ménage lors de l’éviction de Donald Sterling. Mais pour autant, si Jordan a pris le relais pour sa part de Robert L. Johnson, le milieu des propriétaires de franchise n’est pas plus ouvert ou diversifié qu’avant.

On le sait, la critique est facile concernant le bilan actuel de JoJo à la tête des Bobcats – devenus Hornets depuis. Malheureusement, l’aventure n’a pas été plus reluisante pour son prédécesseur Robert L. Johnson, également propriétaire pendant quelques années de la franchise WNBA de la ville, le Sting de Charlotte. C’est d’ailleurs l’absence de résultats mais aussi les pertes financières de plus en plus importantes qui ont poussé l’homme d’affaires à chercher un acheteur courant 2009, espérant ainsi récupérer sa mise initiale. En vain, car entre la création des Bobcats et leur revente, la valorisation des franchises n’avait pas encore explosé. Encore moins pour celle de Caroline du Nord.

Il faut dire que le lien entre la communauté locale et l’équipe ne s’est jamais tissé, la relation partant d’entrée sur de mauvaises bases. Alors que les fans espèrent Flight ou Dragons, Robert L. Johnson impose Bobcats, une référence certes aux félins présents en Caroline du Nord, mais aussi à son propre surnom, Bob. On a connu mieux pour se mettre les gens du coin dans la poche. Et ce ne sont pas les changements fréquents de logo et de couleur qui vont aider à une identification forte de la franchise.

Les saisons passent, le nom de l’équipe, son univers visuel et son roster ne font pas rêver. La douce illusion née de la réussite de la première franchise créée et dirigée par un Afro-américain s’évapore lentement mais sûrement. Peu importe la présence déjà de Michael Jordan – actionnaire minoritaire – pour apporter une caution sportive – enfin bon, on a vu ce que cela avait donné aux Wizards – Robert L. Johnson ne s’y retrouve pas dans cet investissement. C’est finalement sans surprise qui laisse donc la main à MJ, contre un chèque moins conséquent qu’espéré mais qui illustre aussi les difficultés de la franchise. Qui perdurent d’ailleurs.

Alors oui, tout n’a pas été parfait sur cette toute petite décennie comme propriétaire, mais Robert L. Johnson n’en demeure pas moins un pionnier qui a ouvert la voie pour le reste de sa communauté. mieux, d’une certaine façon en revendant les Bobcats à Jordan, il a laissé cette porte ouverte pour d’autres Afro-américains. On attend donc maintenant la retraite de LeBron James pour qu’il lance sa propre franchise à Las Vegas. Quoi ? Vous ne pensez pas que le plan est déjà dans les tuyaux ?