Théo Maledon entame l’Acte II de sa carrière NBA : assise solide, explosion possible, mais importance de ne pas se brûler les ailes

Le 19 sept. 2021 à 12:13 par Giovanni Marriette

Théo Maledon 14 septembre 2021
Source image : YouTube

Au rayon des bonnes nouvelles pour le basket français, Théo Maledon trouve sa place parmi les noms les plus régulièrement cités. Fleuron de la formation à la française et promis à un avenir radieux depuis quelques années déjà, l’ancien gamin de l’ASVEL a finalement fait le grand saut en NBA il y a bientôt un an et… il ne lui aura pas fallu longtemps pour se faire un nom aux Stazounis. Une saison rookie en tous points réussie, et rien n’indique aujourd’hui que la suite ne sera pas encore meilleure. 

Le grand saut

C’est donc le 13 décembre 2020 que Théo Maledon se présente pour la première fois à la NBA, pour un simple match de pré-saison face aux Spurs. La France du basket attend davantage les premiers pas de Killian Hayes, sélectionné en 7 par les Pistons, alors que Théo aura du attendre le 34ème pick et un échange de bons procédés entre les Sixers et le Thunder pour connaitre enfin le lieu de son futur emménagement. 13 décembre donc, et si Kiki peine un peu à préchauffer, Théo a beaucoup moins de mal puisque face aux Spurs, autre franchise ayant jadis donné sa chance à un meneur aussi français que talentueux, Théo frappe un grand coup. Ok c’est de la pré-saison, ok les défenses y sont aussi intenses qu’un rap de Carla Bruni, mais les stats sur ce premier match (20 points, 5 rebonds et 2 passes) ne sont rien par rapport à l’impression laissée par le gamin, une impression de talent et de sérénité, l’impression de voir jouer un vétéran. Impression confirmée dès le début de saison, et si Théo a du mal à n’être plus qu’une simple rotation à OKC, arguons également qu’il ne joue que très rarement moins de 20 minutes. Le premier match officiel du crack est une réussite (12/3/4 face au Magic) et le 25 janvier, à Portland, Maledonne devient titulaire NBA pour la première fois de sa carrière et fait livrer à la casa des caisses entières de Champomy pour fêter ça.

La confirmation

Une succession de bonnes nouvelles, orchestrées par Théo lui-même ou bien boostées parfois par quelques coups de pouces du destin. Ce match incroyable face aux Nets par exemple, première véritable masterclass de la saison du garçon, avec 24 points à 8/9 au tir et surtout un 6/6 du parking à renvoyer Ray Allen et Steph Curry à la salle d’entraînement. Puis une sélection, logique, pour un Rising Stars Challenge qui n’aura pas lieu, et enfin un malheur qui fait le bonheur des autres puisque la blessure de George Hill précipitera alors Théo dans la peau d’un titulaire officiel à la mène, dans une équipe qui étonne et qui gagne beaucoup plus de matchs que “prévu”. Théo ? Ca joue juste, les décisions prises sont souvent les bonnes, bref un vrai meneur de jeu, plus Chris Paul que Russell Westbrook, plus Chauncey Billups que Damian Lillard, un meneur d’homme qui maitrise aussi bien l’art du pick and roll que la gestion du tempo, aussi à l’aise pour prendre des tirs que pour jouer les slashers – bien qu’encore un peu fragile – pour aller finir au cercle ou servir un copain dans un coin. Théo joue, multiplie les grosses perfs (premier triple-double en carrière fin février après un petit imbroglio COVID), mais malheureusement le retrait forcé d’Al Horford et – surtout – la blessure de Shai Gilgeous-Alexander fin mars seront synonymes de fin de saison prématurée pour le Thunder, à qui on intime discrètement l’ordre de perdre tous leurs matchs. Le roster se suffit d’ailleurs à lui-même, Maledon se retrouve à jouer les LeBron 2017-18 dans un groupe claqué mais qui apprend, et si certaines perfs viendront mettre encore un peu plus de lumière sur son cas (33 points à Phoenix, 25 points vs Hornets, etc), le dernier mois de compétition sera surtout l’occasion pour les adversaires d’OKC de claquer des fessées, un ultra-tanking qui mettra au final dans l’ombre les perfs de la jeunesse oklahomienne.

La suite

Théo Maledon attaquera donc dans un mois sa deuxième saison en NBA, alors qu’on a clairement l’impression qu’il y joue depuis dix ans tant il semble épanoui et prêt à faire du sale. Cette saison il l’attaquera dans la peau d’un titulaire, très probablement, aux côtés de Shai Gilgeous-Alexander, Luguentz Dort, Darius Bazley et un pivot (Derrick Favors ?). Un titulaire qui devra cette fois-ci 1) continuer son ascension, sa progression, et 2) assumer un rôle de leader, déjà, dans une équipe à qui l’on promet une fois de plus mille misères et un destin plus axé Lottery que play-in. L’occasion pour Théo de s’inscrire durablement dans le paysage, de faire valoir ses qualités de combo-guard scoreur et gestionnaire, tout en travaillant sur ses points faibles, sans brûler les étapes, sans se brûler les ailes. La première bonne nouvelle ? On l’a vu lors de la Summer League en août, Théo a laissé tombé les betteraves rouges pour la… viande rouge, et on l’a ainsi vu débarquer avec une belle dizaine de kilos en plus, et autant vous dire que ce n’est pas de la brioche. Essentiel pour se faire une place face à des “petits” de plus en plus gainés, essentiel pour donner plus de consistance à ses palettes offensives et surtout défensives, domaine où Théo fait le taf mais galère encore à tenir contre des gros physiques. Besoin de faire évoluer son jeu donc, et entre les lignes et les soirs de matchs inscrire son nom parmi ceux qui comptent dans la reconstruction de la franchise. On parle d’un gosse d’à peine vingt ans qui compte déjà 50 titularisations, d’un jeune joueur clairement en avance sur la concurrence d’un point de vue timing et – peut-être – talent, alors calma, calma, et on part sur un Acte II tout en sagesse et en progression ?

Les stats de Theo Rookie Maledon :

  • 65 matchs (dont 49 comme titulaire), pour 10,1 points à 36,8% au tir dont 33,5% du parking et 74,8% aux lancers, 3,2 rebonds, 3,5 passes, 0,2 contre et 0,9 steal en 27,4 minutes

Ses perfs les plus marquantes la saison passée :

  • 30 janvier vs Nets : 24 points à 8/9 au tir dont 6/6 du parking et 2/2 aux lancers, 3 rebonds, 3 passes et 1 steal
  • 18 février @ Grizzlies : 14 points à 4/7 au tir dont 4/5 du parking et 2/2 aux lancers, 5 rebonds, 2 passes et 2 steals
  • 22 février @ Cavs : 14 points à 5/7 au tir dont 3/4 du parking et 1/1 aux lancers, 2 rebonds et 3 passes
  • 27 février vs Hawks : 13 points à 4/11 au tir dont 2/6 du parking et 3/3 aux lancers, 12 passes et 1 steal
  • 28 mars vs Celtics : 22 points à 7/16 au tir dont 4/10 du parking et 4/4 aux lancers, 8 rebonds, 4 passes et 2 steal
  • 3 avril @ Suns : 33 points à 10/18 au tir dont 5/7 du parking et 8/10 aux lancers, 5 rebonds, 3 passes et 1 steal
  • 8 avril vs Hornets : 25 points à 9/18 au tir dont 3/10 du parking et 4/4 aux lancers, 5 rebonds, 5 passes et 2 contres
  • 24 avril vs Wizards : 20 points à 5/11 au tir dont 4/6 du parking et 6/7 aux lancers, 2 rebonds, 8 passes, 1 contre et 1 steal
  • 3 mai vs Suns : 18 points à 5/10 au tir dont 3/6 du parking et 5/5 aux lancers, 4 rebonds, 4 passes et 1 steal
  • 7 mais @ Warriors : 15 points à 5/12 au tir dont 1/6 du parking et 4/6 aux lancers, 4 rebonds, 8 passes et 2 steals
  • 15 mai vs Jazz : 18 points à 7/16 au tir dont 2/6 du parking et 2/2 aux lancers, 3 rebonds, 3 passes et 2 steals