Shai Gilgeous-Alexander, l’étoffe d’une superstar au Thunder : jusqu’où peut-il mener le tank d’Oklahoma City ?

Le 19 sept. 2021 à 12:15 par Paul Boiteau

Shai Gilgeous Alexander Thunder 16 janvier 2021 pari
Source image : NBA League Pass

Auteur de sa meilleure saison en carrière l’année passée, Shai Gilgeous-Alexander sera une nouvelle fois le leader incontesté et incontestable de son équipe la saison prochaine. Talent offensif incroyable, efficacité redoutable, leadership en progression, Shai a tout d’un grand. Mais dans une franchise avec peu d’ambition à court terme et en pleine reconstruction, quelle est sa place dans la hiérarchie des grands talents en NBA ? De très bon joueur offensif à superstar qui peut mener son équipe au titre, où poser le curseur pour SGA ?

Retour sur la progression

Sélectionné en onzième position par les Charlotte Hornets lors de la fameuse draft 2018 (Deandre Ayton, Luka Doncic, Trae Young, Michael Porter Jr.), Shai Gilgeous-Alexander est envoyé de suite aux Clippers. Dès sa saison rookie à Los Angeles, il participe activement (10,8 points, 3,3 passes et 2,8 rebonds) à la belle saison des Clippers jusqu’à l’élimination au premier tour des Playoffs face aux Warriors. Transféré l’été suivant à Oklahoma City dans le trade de Paul George, SGA gagne en responsabilité, en expérience – à côté de Chris Paul, c’est plus facile – et fait grimper ses stats. 19 points, 3,3 passes et 5,9 rebonds, très solide pour une saison sophomore lors de laquelle le Thunder surprend et perd seulement au Game 7 face aux Rockets de James Harden et Westbrook Jeff Green dans la bulle d’Orlando. Puis la saison dernière Shai passe un nouveau cap puisque dans une équipe où tous les meilleurs joueurs sont partis vers d’autres horizons, le combo-guard se retrouve seul capitaine et leader offensif d’OKC.

Des signes annonciateurs d’un statut de superstar

Sur la première partie de saison 2020-21, Shai permet au Thunder de s’accrocher autour de la dixième place de sa conférence. Annoncé dans les bas fonds de l’Ouest avec son effectif de U15, OKC s’en sort finalement très honorablement. Des résultats qui s’expliquent en grande partie par les perfs d’un homme : SGA. Le meneur-arrière canadien continue de progresser et cela se remarque encore dans les stats. 23,7 points, 5,9 passes, 4,7 rebonds, à 51% au tir et 41% à 3-points, tout simplement ses meilleurs pourcentages en carrière alors qu’il n’a jamais pris autant de shoot. Son total à la passe est aussi le plus élevé en carrière alors que la moitié de ses coéquipiers on un niveau de N2. Cela prouve des vrais progrès à la création, les statistiques sont déjà assez impressionnantes et l’impact sur équipe également puisqu’elle gagne des matchs. Trop même, car dans la course au tanking le Thunder est déjà loin. Mais une blessure en février vient stopper Shai et sa franchise ne prend alors aucun risque et ne le refait pas jouer sur la fin de saison, presque une aubaine finalement en vue de la Lottery. Seulement 35 petits matchs donc la saison passée, mais un impression énorme de la part d’un joueur qui, sans forcer, peut scorer contre tout le monde. Sa qualité principale ? Le drive. D’ailleurs, il est l’un des joueurs qui prend le plus de shoots en pénétration en NBA, le tout avec une énorme réussite. Et nul doute qu’avec des joueurs meilleurs autour, il serait encore plus efficace, car la peur des shooteurs libérerait des espaces supplémentaires.

Des pénétrations d’un niveau élite, de la création pour les autres et qui ne fait que s’améliorer, du 3-points très honorable… la palette de Shai est énorme et montre l’étoffe d’un très fort joueur. Comme deux autres cracks de sa draft, Luka Doncic et Trae Young, SGA vient d’ailleurs de prolonger pour un contrat max au Thunder. 172 millions sur 5 ans à OKC, Shai est donc officiellement la pierre angulaire du projet de reconstruction de la franchise menée par Sam Presti. La confiance totale est accordée à un joueur qui aurait mérité d’être All-Star la saison passée et si la progression continue à ce rythme attention les yeux, tout simplement.

Les doutes

A 23 ans, et au moment d’entamer sa quatrième année en NBA, Shai risque de connaître une saison compliquée du point de vu des résultats collectifs. OKC est parti pour être l’une des équipes les plus faibles de toute la Ligue, peut-être pour plusieurs années encore. Au milieu de tout ça, Shai devrait être capable de porter ce Thunder sans ambition, mais pour sa carrière personnelle il faudra commencer à gagner. Parlez-en à Trae Young tiens, deux ans et il en a eu marre, et pour passer un palier supplémentaire, Shai va donc devoir porter une équipe qui gagne sur ses épaules. L’impression de domination sur un match n’est pas non plus celle des Luka ou Trae pour reprendre les comparaisons et on a donc du mal à l’imaginer à court-terme porter une franchise comme première option en Playoffs pour faire un run VERS LA BAGUE. A moins qu’il nous surprenne, Shai semble avoir le profil parfait d’une seconde option d’un équipe qui va loin. Pourquoi ? Difficile de trouver une raison exacte. Le talent intrinsèque n’est dans doute pas du niveau des tous meilleurs et question leadership aussi, taper du point sur la table quand ça ne va pas n’est pas encore quelque chose que l’on vu chez lui. Pas facile néanmoins de montrer ce visage dans une équipe que joue le bas de tableau. Pourtant, chez les superstars, le caractère va aussi, souvent, de pair avec l’excellence même quand on perd, cf par exemple Joel Embiid.

Les comparaisons

Justement, venons-en maintenant au jeu des comparaisons pour savoir où placer SGA dans un semblant de hiérarchie. Un pick 10-15 de draft qui devient une superstar, on en a vu des nombres et des nombres. Kobe Bryant, Kawhi Leonard, Giannis Antetokounmpo, tous draftés dans ce range, sont rentrés dans le cercle des dix meilleurs joueurs NBA de leur époque. Pour Shai, cela doit être un objectif de suivre leur progression, mais on parle là d’un plafond difficilement accessible selon nous. Sur l’échelle des jeunes talents dans des franchises en difficulté, on peut par exemple suivre l’exemple de Devin Booker et Karl-Anthony Towns ces dernières années. Habitués à la défaite, l’un a su passer un cap (avec l’aide d’un gros trade) et aller en Finales NBA, l’autre est resté en bas de tableau et semble stagner. Auquel de ces deux joueurs SGA va t-il plus se rapprocher ? On espère le premier. Autre comparaison sur un poste similaire, un Bradley Beal n’arrive justement pas à rendre les Wizards ambitieux au delà du talent du joueur, qui paraît encore supérieur à Shai. De même un Zach LaVine, malgré ses qualités évidentes, ne semble pas en mesurer de guider une équipe vers le titre. Raison de plus pour voir Shai, aujourd’hui hein, davantage comme une seconde option d’une grande équipe. Surtout dans une ligue dominée par les ailiers et où les arrières apparaissent de moins en moins comme les options numéros 1 des contenders.

Conclusion

Le destin de SGA pose donc encore de nombreuses questions, surtout au sein d’un Thunder qui semble parti pour perdre encore quelques saisons. Si le talent, notamment offensif, est là, difficile de savoir quel est son plafond. Shai arrivera t-il à mener une équipe qui gagne ? Ou la solution ne serait-elle pas plutôt de l’entourer d’une superstar ? Rien n’est certain, même si au vu des quelques doutes, on pencherait plus pour la deuxième option. Au Canadien de nous faire mentir et à OKC de trouver comment l’entourer pour se remettre à gagner.

Avec Shai Gilgeous-Alexander, on parle de l’un des 25 meilleurs joueurs NBA actuel. Mais à 23 ans, pour un joueur qui progresse chaque saison, on se demande surtout quelle dimension il peut atteindre d’ici quatre ou cinq ans. Difficile à dire encore aujourd’hui et la saison prochaine risque d’être un vrai révélateur. Enfin, surtout le début saison si le Thunder décide à nouveau de sortir le tank à partir du All Star Break. 

Sources texte : Basket Reference, NBA.com, wearethunder.fr