Chris Paul vs Giannis Antetokounmpo : une première bague à aller chercher, et une place parmi les plus grands à cimenter

Le 06 juil. 2021 à 14:28 par Nicolas Meichel

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Suns – Bucks. Phoenix – Milwaukee. Chris Paul – Giannis Antetokounmpo. Si ces Finales NBA 2021 opposeront deux gros collectifs, difficile de ne pas faire un focus sur CP3 et le Greek Freak, qui ont pour la première fois l’opportunité de remporter le titre ultime. Un titre qui permettrait à chacun de changer de dimension et de cimenter sa place parmi les plus grands. 

À l’heure de ces lignes, l’incertitude règne encore autour de l’état de santé de Giannis Antetokounmpo pour ces Finales NBA 2021. Officiellement doubtful pour le Game 1 de la nuit prochaine à Phoenix, le Greek Freak devrait rater le début de la série mais on compte sur lui pour faire un retour fracassant derrière. On connaît le monstre, l’idée de retrouver le parquet doit le démanger plus que jamais et une fois qu’il sera sur le terrain, il va lâcher les chevaux. On croise évidemment les doigts pour revoir un Giannis en forme pour cette finale, histoire de pouvoir observer les deux équipes au complet – ou presque – après des Playoffs marqués malheureusement par une avalanche de vilains bobos. On espère aussi le revoir au plus vite pour le duel qu’il va se livrer contre Chris Paul. Un duel indirect évidemment, les deux joueurs évoluant sur des postes et dans des rôles bien différents. Mais le Point God versus le Greek Freak, c’est clairement l’une des grandes storylines de ces Finales NBA 2021. Et nous, on aime bien ces histoires qui façonnent une série de Playoffs et qui apportent du charme à cette dernière. C’est simple, on a devant nous deux des plus grands joueurs all-time. Malgré son absence de bague, Chris Paul est incontestablement l’un des meilleurs meneurs à avoir foulé les parquets NBA. Quant à Giannis, même s’il n’a que 26 piges, il a été déjà marqué la Ligue de son empreinte, raflant les trophées individuels les plus prestigieux en dominant des deux côtés du terrain. L’un comme l’autre ont désormais l’occasion d’ajouter une bagouze à leur palmarès, dans ce qui serait le sommet de leur carrière.

Que représenterait un titre de champion NBA pour la legacy de Chris Paul ? La consécration, l’énorme cerise sur un excellent gâteau, l’accomplissement ultime après seize belles années dans la Grande Ligue. Le fait que CP3 n’ait jamais participé aux Finales NBA jusqu’ici était l’une des plus grandes anomalies du basket actuel. Un génie du jeu comme lui – reconnu pour son intelligence, son leadership, sa capacité à faire progresser les autres tout en agaçant ses adversaires – avec zéro titre de conférence au compteur et seulement une finale de conf’ avant 2021, c’était comme une erreur de la nature. Les raisons qui expliquent cela sont multiples – des blessures, des ratés, des équipes pas assez armées – mais ça y est, le Point God est bel et bien sur la grande scène. Et s’il arrive à conclure ça en beauté, il réalisera l’un des plus beaux exploits qu’on ait pu voir dans l’histoire récente de la NBA, et même dans l’histoire tout court. 36 balais et 16 saisons NBA dans les pattes, pour beaucoup c’est le moment de raccrocher les sneakers mais pour CP3, c’est surtout le moment de compléter avec brio un CV déjà exceptionnel. Depuis son arrivée à Oklahoma City en 2019, Paul vit une seconde jeunesse et a retrouvé son niveau All-Star. En débarquant à Phoenix à l’intersaison 2020, il voulait aider une équipe jeune et prometteuse à goûter aux Playoffs et ainsi permettre aux Suns à retrouver la postseason pour la première fois en une décennie. Au final, CP3 a fait bien plus que ça. Aux côtés de son coach Monty Williams, Paul a emmené les Cactus dans une nouvelle dimension, des Cactus à l’ascension incroyable ces derniers mois. CP3 ou pas CP3, personne ou presque ne voyait Phoenix atteindre ce niveau-là de la compétition, et c’est spécifiquement ce qui rendrait ce titre NBA si spécial, en particulier pour le Point God. Il a attendu très très longtemps pour cette opportunité, peut-être qu’il n’en aura pas d’autres, alors il ne veut pas passer à côté. Les Nuggets et les Clippers peuvent en témoigner, Chris Paul est aujourd’hui en mission.

Que représenterait un titre de champion NBA pour la legacy de Giannis Antetokounmpo ? Un pas de géant pour rejoindre les légendes de son sport, la preuve ultime qu’il est capable de conquérir les Playoffs comme il a conquis tout le reste, le point culminant d’une histoire exceptionnelle qui a commencé – littéralement – dans les rues d’Athènes en Grèce. Double MVP et Défenseur de l’Année entre 2019 et 2021, Giannis Antetokounmpo a marché sur la saison régulière comme peu de gens avant lui. Mais ses échecs répétés en Playoffs avec les Bucks ont mis en avant certaines limites de son jeu, tout en faisant grandir les doutes sur sa capacité à véritablement poser son empreinte en postseason. Des limites qui n’ont pas disparu du jour au lendemain mais qui ont été un peu mieux camouflés cette année par une équipe des Bucks différente des saisons précédentes, et au sein de laquelle Giannis tourne quand même en 28 points – 13 rebonds – 5 passes sur ces Playoffs 2021. Honnête. Si on dézoome un peu, ce titre NBA validerait également la décision du Freak de rester à Milwaukee, lui qui a signé une extension supermax alors qu’il aurait pu goûter au marché des agents libres cet été, comme tant de superstars l’ont fait au cours de la dernière décennie. Dans l’ère du player empowerment, où les grands noms changent régulièrement de franchises pour maximiser leur carrière sur comme en dehors du terrain, Giannis a voulu avancer à sa manière. Rejoindre ou former une superteam ? Non merci. Construire, progresser, gravir les échelons un à un malgré les hauts et les bas ? Voici le chemin emprunté par le Freak. Il est resté dans l’équipe où il a été drafté en 2013 (en… 15e position on le rappelle), il a évolué en tant que joueur et en tant qu’homme à Milwaukee, et représente aujourd’hui la superstar fidèle à sa franchise même si cette dernière évolue dans un petit marché. Quelque part, Giannis ne joue pas uniquement pour les Milwaukee Bucks, il joue pour tous les proprios et dirigeants de petites franchises qui luttent face aux poids lourds de la NBA quand il s’agit de conserver les meilleurs joueurs du monde. Remporter une bagouze à 26 ans – avant LeBron James et Kevin Durant, qui avaient décidé de partir à Miami et Golden State pour gagner – ce serait un magnifique contraste dans la Ligue actuelle.

Chris Paul et Giannis Antetokounmpo ont tous les deux une opportunité en or. Si le second aura sans doute encore d’autres occasions pour gagner le Larry O’Brien Trophy au cours de sa carrière, le premier est peut-être devant la chance d’une vie. Une chance à saisir absolument pour le Point God, mais Giannis ne sera pas là pour faire de sentiments…