Giannis Antetokounmpo, le rêve américain à la sauce grecque : de vendeur à la sauvette à Athènes à la signature d’un contrat record

Le 17 déc. 2020 à 17:16 par Nicolas Meichel

Source image : YouTube/Nike

Certaines histoires semblent trop belles pour être vraies. Vous savez, le genre d’histoire qu’on pense retrouver que dans les films parce que le scénario dépasse le cadre du réel. Et pourtant, elles existent. L’incroyable ascension de Giannis Antetokounmpo fait partie de cette catégorie. En signant un contrat de 228 millions de dollars avec les Milwaukee Bucks mardi, le Greek Freak est devenu le détenteur du plus gros deal de l’histoire de la Grande Ligue. Un destin hors pair pour celui qui a grandi dans la pauvreté du côté d’Athènes. 

Le prochain biopic sur Giannis Antetokounmpo, intitulé “Greek Freak” et dont la production commencera en 2021 pour ensuite débarquer sur Disney+, devra intégrer un nouveau chapitre. Celui de la supermax extension du double MVP en titre, qui vient donc de décrocher le plus gros pactole ever en prolongeant l’aventure avec sa franchise de cœur pour cinq années supplémentaires. Et quand on a appris la nouvelle, on n’a pas pu s’empêcher de penser au parcours de Giannis, ce fils d’immigrés nigérians qui a grandi dans les rues de Sepolia, un quartier d’Athènes, en compagnie de trois de ses quatre frangins. Petit appartement, le frigo pas toujours bien rempli, des revenus très limités… bref, une enfance marquée par la précarité, à tel point que Giannis et son frère Thanasis ont commencé à vendre des DVD, sacs à main, lunettes de soleil et autres montres de contrefaçon pour gagner des sous et ainsi soutenir leurs parents en galère.

“J’étais le meilleur vendeur. J’étais très bon à ça, je ne lâchais jamais, je posais constamment des questions [pour ne pas laisser échapper les intéressés, ndlr.], et j’étais mignon quand j’étais jeune.”

– Giannis Antetokounmpo, via 60 minutes.

La solidarité, c’était le maître-mot à l’époque, une époque où Giannis ne possédait même pas de papiers.

“C’était dur. On n’avait pas beaucoup d’argent, mais on était toujours ensemble et on a vécu des bons moments. Cela m’a rendu plus fort.”

Plus fort, tellement fort qu’aujourd’hui, rien ne semble pouvoir l’arrêter. S’il était plutôt fan de Thierry Henry que de Vassilis Spanoulis dans ses plus jeunes années, Giannis a finalement suivi la voie du basket, poussé par son grand frère Thanasis mais aussi marqué par l’énorme exploit de l’équipe nationale face à Team USA lors des demi-finales des Championnats du Monde 2006. Et le reste fait partie de l’histoire.

Du Basket Club de Filathlitikos aux Bucks de Milwaukee, Giannis fait partie de ces phénomènes qui ont réussi à s’en sortir grâce à la grosse balle orange pour ensuite devenir une superstar connue aux quatre coins de la planète, avec le compte en banque désormais très très bien rempli. Le rêve américain en quelque sorte, mais à la sauce grecque. Parce que oui, si la NBA regorge de nombreuses success stories, son histoire n’est définitivement pas comme les autres. Partir d’aussi loin, autant socialement que géographiquement, pour monter aussi haut au pays de l’Oncle Sam, c’est clairement le genre d’ascension qui mérite un film. Drafté en 15e position par Milwaukee en 2013, il a grimpé les échelons de façon spectaculaire, tout en découvrant la vie aux States. Second Team All-Rookie en 2014, Meilleure Progression et All-Star en 2017, MVP en 2019, MVP et Défenseur de l’Année en 2020. Aujourd’hui, son nom toujours aussi galère à prononcer est associé aux plus grandes légendes de son sport, lui qui est devenu seulement le troisième joueur de l’histoire avec Michael Jordan et Hakeem Olajuwon à faire le doublé MVP – DPOY au cours de la même saison. Pas sûr que le petit Giannis rêvait de ça quand il tentait de vendre ses fausses ceintures aux touristes qui passaient par là.

Avec un tel parcours, Giannis Antetokounmpo est du genre à garder la tête sur les épaules, et ce malgré un business NBA qui peut très vite vous faire oublier certaines valeurs. Mais comme le prouve sa prolongation de contrat avec les Bucks, la loyauté et la fidélité sont toujours bien présentes chez Giannis, tout comme son esprit de compétition et sa persévérance. Ses objectifs pour les cinq années à venir ? “Avoir des enfants et un titre NBA, c’est tout ce que je veux. Après ça, ma vie sera complète.” Ou comment résumer le personnage en une phrase. Giannis le sait, s’il a déjà coché énormément de cases pour arriver jusqu’ici, il lui reste un énorme défi à accomplir dans sa vie professionnelle, le genre de big boss qu’il faut battre pour passer au niveau supérieur, et définitivement rentrer dans la catégorie des très très grands. Ce défi, c’est bien évidemment ramener une bague à la franchise qui a misé sur lui il y a un peu plus de sept ans, ce qui rendrait son histoire encore plus folle. Une franchise qui habituellement ne passionne pas grand monde, mais que Giannis garde sur le devant de la scène chaque jour désormais. Une franchise qui attend un titre depuis 1971, et qui n’a pas regoûté aux Finales NBA depuis 1974. C’était l’époque où le meilleur scoreur de l’histoire de la NBA Kareem Abdul-Jabbar représentait Milwaukee, avant qu’il ne s’envole pour Los Angeles afin de pouvoir mieux suivre ses convictions personnelles. Giannis, lui, ne s’est pas envolé. Au contraire, il a décidé de s’enraciner dans ce petit marché, une décision allant à contre-courant de la mode actuelle en NBA. Quand on vous disait que son histoire était à part…

“Le soutien de la ville envers moi et ma famille a été incroyable dès le premier jour. […] J’avais 18 ans, j’en ai 26 à présent. Tout ce que je connais, c’est Milwaukee.

J’ai demandé à ma mère [Veronica, ndlr.] si elle voulait partir. Elle a répondu non. Donc j’ai dit, ‘OK cool, je signe le deal alors’. Mais plus sérieusement, c’est vraiment l’endroit où je veux être.”

– Giannis Antetokounmpo, via ESPN

Veronica pourra donc continuer de profiter de Milwaukee dans les années à venir et de tout là-haut, papa Charles est sans doute très fier du parcours de son fils Giannis. De vendeur à la sauvette à Athènes à la signature d’un contrat record, tout ça avec un statut de double MVP en titre, bonjour le grand écart. Reste plus qu’à ajouter une belle bague de champion et l’histoire sera parfaite. 


Dans cet article