Joel Embiid : pourquoi le pivot MVP a fini par choisir Team USA plutôt que l’Équipe de France
Le 20 mars 2024 à 18:51 par Nicolas Meichel
Pendant plusieurs mois, entre début 2022 et fin 2023, l’Équipe de France semblait en pole position pour s’attirer les services de Joel Embiid, pivot superstar et MVP de la NBA la saison dernière. Le Camerounais avait même obtenu un passeport français dans l’optique de représenter les Bleus lors des grandes compétitions internationales. Mais finalement, Embiid a opté pour Team USA en octobre dernier. Comment en est-on arrivé là ?
Il fut un temps où on imaginait un frontcourt bleu-blanc-rouge avec Rudy Gobert, Victor Wembanyama et Joel Embiid aux Jeux Olympiques 2024. Un temps où on pouvait s’imaginer comme le futur maître de la planète basket, Team USA ou pas. Le vice champion olympique / vice champion d’Europe qui se voit renforcer par le MVP de la NBA et le plus grand prospect de l’histoire du basket ? Forcément, y’avait de quoi rêver.
Et puis les tuiles se sont accumulées.
En l’espace de quelques mois, l’Équipe de France a d’abord subi une véritable humiliation à la Coupe du Monde 2023 (élimination au premier tour), une compétition sur laquelle Victor Wembanyama avait décidé de faire l’impasse pour souffler un peu après la Draft. Elle a ensuite vu Joel Embiid obtenir la nationalité américaine pour finalement s’engager avec Team USA le 5 octobre 2023.
Le rêve de voir un frontcourt Rudy – Wemby – Embiid s’était officiellement envolé.
France had planned to start Victor Wembanyama at small forward alongside Joel Embiid and Rudy Gobert before Embiid joined Team USA, per @TheAthletic
Imagine this frontline 🤯
(Via https://t.co/94q6lxbOID) pic.twitter.com/c76I1CL5f4
— NBACentral (@TheDunkCentral) March 20, 2024
“Cela aurait été très spécial et c’est pourquoi j’étais déçu.”
Les mots de Vincent Collet résument bien le sentiment de la Team France après l’échec Embiid. Si la présence de Joel en Bleu “pouvait poser des questions sur le plan éthique” (pour reprendre les mots de Nicolas Batum), difficile de ne pas avoir des regrets sur le plan purement basket. Surtout après les efforts réalisés pour acquérir les services du MVP.
Le président de la Fédération Française de Basket Jean-Pierre Siutat et le manager général des Bleus Boris Diaw ont plusieurs fois discuté avec Jojo dans l’optique d’une future collaboration, avant que Siutat n’effectue les démarches pour qu’Embiid obtienne la nationalité française.
“Il a dit, oui, je veux jouer, occupez-vous des papiers. J’ai fait le job, avec l’aide du gouvernement, afin d’obtenir un passeport pour lui et son fils. Pendant tout ce temps, il a dit qu’il voulait jouer pour l’équipe nationale française.” – Jean-Pierre Siutat
Selon qui vous interrogez, les versions diffèrent. Si Siutat indique qu’il a réalisé les démarches à la demande d’Embiid, ce dernier assure que c’était une initiative totalement française et qu’il n’a jamais demandé qu’on lui fasse un passeport pour jouer en Bleu, malgré l’intérêt du joueur des Sixers pour l’Équipe de France. Joel indique également qu’il a toujours considéré la France comme une option parmi d’autres (avec Team USA et le Cameroun).
Vous croyez qui vous voulez, le fait est que Joel Embiid a officiellement obtenu la nationalité française à l’été 2022. De quoi nourrir les espoirs d’une future arrivée sous les couleurs des Bleus.
If Joel Embiid had played for Team France, head coach Vincent Collet had planned to play Victor Wembanyama, Embiid and Rudy Gobert 𝙩𝙤𝙜𝙚𝙩𝙝𝙚𝙧 𝙖𝙨 𝙨𝙩𝙖𝙧𝙩𝙚𝙧𝙨.
What happened? Why did the dream fall apart? @joevardon details ⤵️https://t.co/gIoKYOXCux pic.twitter.com/FDqeqtzaf7
— The Athletic (@TheAthletic) March 20, 2024
Sauf que ces espoirs, ils ont progressivement été douchés au fur et à mesure des absences de Joel Embiid.
- EuroBasket 2022 : pas d’Embiid avec les Bleus, car blessé au pouce
- Mondial 2023 : pas d’Embiid avec les Bleus, car mariage
Si Boris Diaw et Jean-Pierre Siutat assurent que Joel Embiid avait toujours l’intention de jouer en Équipe de France à ce moment-là, le pivot star des Sixers effectuait en même temps les démarches pour obtenir la nationalité américaine. Pour jouer avec Team USA ou simplement pour pouvoir être considéré comme Américain dans un pays où il évolue depuis qu’il a 16 ans ? Seul Joel le sait, mais ce qui est sûr c’est que Grant Hill a vu une brèche s’ouvrir et s’est engouffré dedans. Le patron d’USA Basketball a commencé à échanger avec Embiid lors de la saison 2022-23 pour essayer de le diriger vers Team USA.
Le début d’un match à distance entre la France et les États-Unis sur le dossier Joel.
La deadline de Jean-Pierre Siutat comme tournant ?
Ce qui a fait basculer Joel Embiid du côté de Team USA ? Il y a sans doute plusieurs facteurs mais selon un porte-parole du joueur, le MVP n’a pas apprécié le coup de pression mis par Jean-Pierre Siutat en septembre dernier. Pour rappel, après des mois de flou et le fiasco du Mondial 2023, le président de la FFBB avait imposé une deadline à Embiid pour prendre sa décision concernant son avenir en équipe nationale : Team France voulait être fixée le 10 octobre au plus tard, soit dix mois avant les Jeux Olympiques de Paris 2024.
Le 5 octobre, Joel Embiid a officiellement opté pour Team USA. “Joel a été clair sur le fait qu’il voulait attendre d’être prêt pour prendre une décision” a précisé le porte-parole du joueur.
Joel Embiid was interested in playing internationally for Team France. To do so, he needed a French passport.
So President of Les Bleus Jean-Pierre Siutat made sure he got one.
And then things fell apart.
A thread on Embiid’s Olympics decision 🧵https://t.co/gIoKYOX4EZ
— The Athletic (@TheAthletic) March 20, 2024
C’est donc ainsi que le pivot des Sixers renforcera le poste le plus faible de Team USA lors des prochaines compétitions internationales, possiblement dès les Jeux Olympiques de Paris si son genou est rétabli. Les Bleus, quant à eux, tenteront de rebondir sans Joel Embiid.
“Qui peut battre Team USA avec lui ? Franchement, personne. Il a pris le chemin le plus facile pour gagner une médaille olympique” – Jean-Pierre Siutat
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Source texte : The Athletic