10 000 articles. Dix mille. Dix plus mille ? Non non, dix FOIS mille. Ou cent fois cent. Le premier est daté du 27 août 2013, le dernier c’est celui-ci. 3 750 jours, à quelques 29 février près, j’en sais quelque chose, et donc une moyenne de 2,67 articles par jour, environ la moyenne de Victor Wembanyama aux contres cette saison. En 10 ans et 10 000 articles, quelques souvenirs remontent à la surface, et j’ai décidé de vous les (re)partager ici. Parce que 10 000 articles c’est aussi des lecteurs, vous, depuis dix ans, qui permettez au projet TrashTalk (et à moi) de continuer à grandir. Putain, 10 000.
Partie 1 – la naissance
27 août 2013, paraît que Trey Burke est prêt à driver les jeunes Jazzmen. Un papier plein de banalités hein, avec un imblairable “affaire à suivre” en conclusion, mais l’essentiel est ailleurs : voici mon premier article paru sur le site de TrashTalk. Le second est un abécédaire (PlayOffs avec deux majuscules ?!?) taffé tout l’été au bord d’une swimming pool, alors que personne ne connait encore Jordan Poole, et dire que c’est avec ce genre de blague que je pense m’en sortir dans la vie.
Des blagues nulles, limites, vaseuses, de beauf, pointues, capillotractées, pas comprises, invalidées et invalidantes… il y en aura. Plein. 10 000 papiers ? Au bas mot 100 000 vannes, on est peut-être sur un pourcentage de réussite à la Joakim Noah aux lancers mais peu importe, c’est au moins validé par la street, une expression très à la mode en 2013 d’ailleurs.
“Sam Young rajeunit les Spurs”, “la vie en Rose à Chicago”, tellement fier de ces calembours quotidiens que j’imprime tous mes articles en version papier chez mon pote Antho, si on avait su.
Puis il y a ces takes terribles, dont il ne faut pas avoir honte. Anthony Bennett et Ben McLemore favoris pour le ROY 2013 ? Andre Drummond au Hall Of Fame on en dit quoi, et dire qu’on m’a fait confiance après ça, à croire qu’il ne pouvait rien m’arriver.
20 octobre 2013 : “il te faudrait une rubrique, quelque chose qui te fait vibrer, que t’as envie de partager. Quelque chose qui porte ta patte”.
1er novembre : parution du premier “Avis du Psy”.
L’Avis du Psy, un délire qui va me façonner en tant que rédacteur, m’offrir ma nouvelle identité sur Twitter et me poursuivre pendant de nombreuses années.
L’Avis du Psy c’est quoi ? Une rubrique, longtemps hebdomadaire, consacrée à mes joueurs préférés : ceux qui posent leur cerveau dans le tiroir de la table de chevet en se levant le matin. C’est décidé, j’y parlerai de fautes techniques, de paniers contre son camp, de glissades, j’y ferai transpirer la bonne humeur et y ajouterai un champ lexical tout droit parvenu du secteur médico-social. Oui, à l’époque je me destine à un métier d’éducateur, alors que je ne sais pas encore que je suis moi-même à éduquer, alors que je ne sais pas encore que rédacteur deviendra un jour mon vrai métier.
Dix ans plus tard, l’Avis du Psy a évolué, s’est ancré dans ma vie au point de me faire demander, parfois, qui j’étais vraiment, sans aucune exagération. Dix ans plus tard, 478 consultations parues sur le site (!), malgré un très net ralentissement depuis 2021 environ car, parfois, un psy peut aussi avoir besoin de consulter.
Partie 2 – les années folles
Ma place dans la rédaction bien ancrée (à l’époque les critères de sélection sont très simples : “si tu veux tu peux”), voilà que je peux désormais me laisser aller à des papiers plus personnels. Une lettre ouverte à Kobe, déjà, et beaucoup d’articles sur les Spurs, car dans ma tête je suis un insider… alors que je tiens toutes mes infos du compte Twitter de TrashTalk.
Puis viennent alors ce que je nommerai ici les années folles, véritables débuts d’une aventure humaine exceptionnelle.
Six années qui correspondent à quarante sur l’échelle de la ride, six années durant lesquelles je découvre qu’une journée peut compter 36 heures et qu’une semaine peut compter huit journées. L’équipe de TrashTalk se réduit par la force des choses mais un vrai collectif prend vie, et à des moments de vie incroyables (2015 dans le 01, les premières salles au printemps, les premiers mariages en été, les premières naissances de futurs trashtalkers… les larmes montent) se superpose une espèce de vie parallèle que seuls quelques humains peuvent comprendre. La TTFL, Sportdub, 30 Previews en 30 Jours et une réputation grandissante… de roi du fromage, de la raclette notamment, qui commence à me coller à la peau sur les réseaux.
Hein ???
Ouverture d’une faille spatio-temporelle. On m’offre un plateau de fromage au cinéma (Cédric !), trois fourmes (Dim !), un cadre de… moi devant La Halle aux Fromages (Julie !), un t-shirt à l’effigie de la raclette, le même pour mon fils (Coco !), et je lance un live sur Periscope dans lequel je mange une raclette devant des gens, toujours avec le dénommé Antho. 18 000 personnes passeront sur le live, fin du game. On referme la faille spatio-temporelle.
La NBA ? Trois saisons complètement folles. Ray Allen en 2013, la France en 2013, les Spurs en 2014, la France en 2014, la naissance des Warriors en 2015, Pau Gasol en 2015, les Warriors et les Cavs en 2016, LeBron James en 2016. 2016, 2016, 2016, 2016, 2016, saison exceptionnelle pour une rédaction NBA, entre les records de Stephen Curry, le Mamba Day, les retraites de Duncan ou Garnett et une finale de fou malade, peut-être la plus belle de l’histoire.
Plus généralement, de 2014 à 2020 on est donc sur un rythme fou, absolument impossible à expliquer à 99,98% des mortels.
Un premier livre qui sort, des séances de dédicace, si un jour on m’avait dit, je deviens père, entre autres, si un jour on m’avait dit. Tiens, une boîte de jeux qui sort des fourneaux, et sur ce site une liberté d’action qui m’aura permis d’écrire aussi bien sur des évènements faisant date dans l’histoire du basket français (la défaite face à l’Espagne en 2015, qu’elle fut dure celle-là), que sur des sujets plus légers, façon de parler, comme cet ode à Boris Diaw au soir de l’annonce de sa retraite, en passant par l’info du siècle : Pau Gasol qui congèle son sperme, la boucle espagnole est bouclée.
Ah oui, cette fois c’est sûr, je ne serai pas éducateur car je suis devenu, officiellement et de manière très assumée, un rédacteur, un auteur. Le flex. En plus j’ai un compte de fan sur Twitter (Kaiphraine !).
Saut dans le temps, printemps 2019. Damian Lillard tout d’abord puis Kawhi Leonard nous ambiancent en Playoffs. On ne le sait pas encore mais un an plus tard la fête ne sera pas la même.
Partie 3 – de janvier 2020 à août 2021, “un tunnel t’as peur”
A chaque pièce son côté pile et son côté face.
- Vendredi 24 janvier 2020 : toute l’équipe de TrashTalk est réunie pour vivre ensemble le tout premier NBA Paris Game de l’histoire. Un souvenir d’équipe unique, une pile de pizzas historique.
- Dimanche 26 janvier 2020, 20h34 : à peine rentrés dans nos pénates respectives, on apprend le décès de Kobe Bryant.
Le week-end se devait d’être festif, il restera à jamais dramatique. A chaque pièce son côté pile et son côté face, et le papier le plus dur à écrire de toute ma vie.
- Dimanche 8 mars 2020, Lakers – Clippers en direct du Ninkasi à Lyon, un vent de doute souffle dans les airs, un vent qui se nomme COVID-19
- Jeudi 12 mars 2020, le match entre le Thunder et le Jazz est reporté car Rudy Gobert est positif au COVID-19. C’est donc réel et dans la foulée, la NBA suspend sa saison, il n’y aura plus de basket jusqu’à nouvel ordre
Ce mois de mars commençait bien, on ne l’oubliera jamais mais pas pour les raisons attendues. A chaque pièce son côté pile et son côté face, et à la rédaction on commence à penser… sécurité de l’emploi.
Les neuf mois qui suivront seront, clairement, les plus… bizarres de l’histoire de notre rédaction. Le besoin urgent de trouver de nouveaux concepts, un agenda complètement déconstruit, et notre manière de travailler que l’on doit également déconstruire de toute urgence. The Last Dance nous sauve un peu la mise en avril, et dans l’ombre, toute l’équipe de rédac taffe un projet qui va encore une fois changer notre vie : Le Plus Grand Livre De Basketball De Tous Les Temps Selon TrashTalk.
Des compétitions de Horse en Facetime, une Draft 2020 sur Zoom, des Playoffs dans une bulle et une saison 2020-21 qui reprend en décembre, rétrospectivement c’est absolument n’importe quoi et imaginez-moi à cette époque vivre pendant des mois sans même savoir quelle heure il est, en gros. En novembre cet espèce de grosse dinguerie orange et semblable à un pavé sort partout en France, mais entre le besoin d’assumer cette sortie nationale et cette nouvelle saison qui reprend, le sommeil enregistre ceci comme message de répondeur : je suis actuellement absent pour une durée indéterminée, veuillez rappeler ultérieurement.
La respiration suivante ? Elle a lieu en août 2021. Sortie du premier agenda TrashTalk (Ben !), fin de saison + Draft + Free Agency + Jeux Olympiques, figurez-vous que tout ça s’est déroulé sous nos yeux ébahis en… quelques semaines seulement. La journée type est tout bonnement effroyable pour les organismes et se répète de manière robotique, les sourires béats traduisent mal la difficulté à mettre un pied devant l’autre mais c’est ça aussi, le travail d’équipe, le travail en famille, le travail-passion. Et quand Nicolas Batum envoie la France en finale des Jeux, le papier sort mais il sort presque de lui-même, car le KO technique nous guette, Nico et moi, et toute l’équipe, bien plus qu’une équipe cet été-là encore plus qu’un autre.
Janvier 2020 – Août 2021. 20 mois dans les faits, 2 mois en ressentis, 20 ans en termes de séquelles physiques attendues. Et un deuxième vrai enfant en décembre, tiens, au passage.
Partie 4 – vieillir mais former, transmettre
Pour pérenniser un projet ? Aux armes citoyens, formez vos bataillons. Pour garder votre flamme intacte ? Transmettez, tout ce que vous savez ou du moins le plus possible. C’est ce que j’ai compris très vite, c’est même devenu un besoin pour moi, fondamental dans ce projet.
Car aujourd’hui ma plus grande fierté n’est pas d’être le premier à sortir le récap de Thunder – Pistons à 3h24 du matin. Ni même d’écrire ce foutu 10 000è papier. Non, ma plus grande fierté aujourd’hui reste d’avoir réussi à faire déteindre mon envie, ma passion, ma rigueur et ma folie à d’autres, pour la plupart partis et pour certains – chanceux ayant provoqué leur chance – toujours avec nous, aujourd’hui, en 2023. Chaque jour je vous vois, vous lis et vous entends, sur TF1, RTL, Europe 1 ou L’Équipe, et quand résonnent en moi les mots merci ou mentor, c’est tout exactement là que la fierté se situe, entre le cœur et les tripes, comme ce soir de septembre où j’assiste à la remise de diplôme de mon désormais collègue de travail, biberonné au lait TrashTalk. Alors, toi qui nous lis, là tout de suite, et qui aspirerait à faire du métier de journaliste le tien, ne retiens déjà que ceci : du travail, des sacrifices, mais surtout du partage, en vue d’une passation de témoin inéluctable.
10 000 pour moi, Giovanni, rédacteur, mais 10 000 pour vous, lecteurs, et 10 000 ensemble, en équipe.
Partie 5 : et maintenant, on fait quoi ?
2023, bientôt 2024. La particularité de “mon” TrashTalk 3.0 ? Il faut être en place la nuit, disponible le jour, et bien souvent le soir. Deux gamins qui braillent all-day, quelque part entre Dillon Brooks et Draymond Green, un corps qui a officiellement épousé la forme de la chaise de bureau, ça c’est pour la jauge “négative”, celle qui vous fait vous sentir (tellement) vieux. Mais la GRANDE nouveauté, c’est aussi qu’un tout petit bonhomme français de 2m24 a rejoint la NBA et qu’il a, pour ma part, remonté la jauge de hype à son maximum. Tu le sais déjà mais : “Je repars pour un tour“. Victor Wembanyama déjà en NBA et bientôt Zaccharie Risacher, car la vie est si bien faite qu’un autre prospect de grande envergure est tombé quasiment du ciel, chez moi, à Bourg-en-Bresse, me collant dès le jour de sa signature l’étiquette de nouvel insider de la maison rouge et blanche.
Ce moment où le lien assez évident entre mon travail et la vie en général me saute aux yeux.
A la rédaction mes vieux os qui grincent, mais de plus en plus et de mieux en mieux épaulés par une nouvelle génération de gratte-papiers dotés d’une motivation et d’un talent sans failles. Puis sur le parquet mes idoles de jeunesse, Michael, Kobe, Tim, Manu, Tony Parker et bientôt LeBron, KD ou Curry qui s’en iront prochainement, remplacés qu’ils seront – dans mon livre en tout cas – par Victor, Zaccharie et tout un tas d’autres. On disait quoi déjà ? Ah oui, une passation de témoin inéluctable.
Alors… qui s’occupera bientôt d’analyser 30 calendriers en 72 heures ? De gratter 29 papiers en 48 heures pour imaginer la future destination de Kevin Durant ? Qui s’enfuira le soir de Noël pour regarder cinq matchs de suite en mangeant à s’en faire exploser la panse ?
A Bastien, Alex, David, Ben, Julien, Nico, Nico, Alex, Louis, Alex, Clément, Léonce, Arthur, Léo, Quentin, Kevin, Joevin, Pierre-Maël, Nathan, Nathan, Simon, Lucas, Tom, Fantine, Pierre, Jocelyn, Célestin, Stanislas, Alban, Pierre, Hugo, Alex, Aymeric, Léo, Émile, Mathieu, Hugo, Hugo, Paul-Arthur, Réda, Fabien, Clément, Aymeric, Théo, Pierre, Théophile, Steph, Nathan, Victor, Clément, Alexandre, Théo, Antoine, Enzo, Florian, Alain, Robin, Matthieu, Gianni, Nathan, Louis, Arthur, Joel, Julien, Tom, Maxime, Rémi, Lucas, Etienne, Nicolas, Rémy, Paul, Adrien, Thomas, Théo, Jérémy, Louis, Julien, Ruben, Milo, Romain, Robin, Clément, Baptiste, Thomas, Nicolas, Antoine, Léo, Adrien, Mathis, Arthur, Elias, Killian, Léo, Alexandre, Gustave, Max, Antho, Louis, Mathis, Paul, Corentin, Aron, Jérémy, Cheikh, Loïc, Rémy, Hugo, Tom, Nicolas, Auguste, Loan, Valentin, Arsène, Maxime, Maman, Mathis, Gauthier, Jérémy, Enzo, Avana, Louis-Emmanuel, Louis, Nicolas, Auguste, Edgar, Antoine, Gaspard, Pierre…
A toutes celles et ceux-là, à celles et ceux que j’oublierai… merci pour ces dix ans, et on se retrouve aux 20 000 ? Hum, pas sûr.