Amen Thompson aux Rockets, le point tactico-technique
Le 02 juil. 2023 à 08:52 par Antoine Demaegdt
Le 22 juin dernier, Adam Silver a réparti tous les rookies au sein de leur maison respective. Chez TrashTalk ? On a décidé de faire un point tactico-technique pour le top 10 de cette Draft 2023. L’objectif ? Entremêler profil et environnement des 10 premiers joueurs sélectionnés, en se projetant aussi bien sur leur apport collectif que leur développement individuel. Après Ausar, on part sur Amen Thompson, le nouvel arrière des Rockets. Des qualités déjà élites en NBA, avec des bémols similaires à ceux de son frère.
Si vous ne connaissez pas bien le joueur, par ICI le profil fait maison !
Un frangin en cache un autre en Overtime Elite puisqu’après Ausar aux Pistons, on boucle la fratrie avec Amen ! Bien que les profils soient plutôt similaires, il y a quand même deux ou trois paramètres de différence dans les prototypes Thompson. Alors comment les différencier ? Pour le jeune Rocket on est plutôt sur de la création balle en main de très haut niveau, du drive de grand malade, mais la même dynamite familiale dans les jambes. Un joueur a-t-il déjà aussi bien porté le nom de son équipe ?
La fiabilité : un créateur/slasheur de très haut niveau
Si vous n’avez jamais vu Amen Thompson jouer au basket, soyez prêt… car les highlights risquent de s’enchaîner à Houston ! Dans le même moule que le frérot, Amen est peut-être le meilleur athlète de cette cuvée de Draft 2023. Un premier pas qui peut laisser sur place pas mal de défenseurs, une vitesse balle en main qui instaure un gros tempo en transition, et un hangtime qui se compte en minutes… Bref, Amen Thompson est un porteur de balle atypique par ses qualités athlétiques de zinzin. Il y a du Ja Morant dans ce qu’on peut voir, mais c’est encore pire que ça puisque le gamin n’a pas la même charpente du haut de ses 202 cm…
Ok il saute haut mais qu’est-ce qu’il sait faire d’autre qui peut aider Houston ? Eh bien Amen est tout simplement l’un des meilleurs créateurs de cette Draft. Oui oui… encore un domaine où il explose les standards. Grâce à son physique de marsupial, il peut optimiser sa vision de jeu digne des plus grands pour trouver des passes assez improbables. Sa rapidité balle en main est suffisante pour créer des décalages, et Amen sait parfaitement les fructifier pour les copains. On en revient à Ja Morant. Alors certes il y a déjà pas mal de gars qui peuvent porter la gonfle à Houston, mais à part Alperen Sengun, peu sont réellement capable de créer de façon satisfaisante pour les autres. Son ajout dans la rotation débloquera à coup sûr des tirs ouverts pour les snipers. De quoi donner des arguments pour enlever la balle des mains de Jalen Green.
Et dernier point à mentionner qui recoupe ceux déjà énoncés, le nouveau Rocket est un excellent driveur pour aller chercher des points dans la raquette. Encore grâce à sa détente et son premier pas, il va choper la plupart de ses points près du cercle, même si la finition n’est pas encore parfaite. On a donc un CV bien rempli pour un poste de porteur de balle NBA.
L’inquiétude : une abondance de porteurs de balle ?
Houston, we have a problem… C’est ce qu’on se dit lorsqu’on voit la file d’attente des Rockets pour avoir la gonfle en main. Avec l’arrivée récente de Fred VanVleet chez les fusées, Jalen Green, Kevin Porter Jr., et pourquoi pas Alperen Sengun, Amen Thompson débarque dans une équipe remplie de gars qui aime jouer balle en main. Bon… déjà on risque de voir Green et Porter Jr. beaucoup moins faire les marioles cette année. N’étant pas les rois de la création, ils risquent fortement d’être relégués dans un rôle d’arrières shooteurs avec moins de responsabilités balle en main. Pour ce qui est de Fred, il commencera les matchs devant Amen, mais ce n’est pas vraiment non plus une pointure en terme de création pour les copains. C’est là qu’Amen a sa carte à jouer en apportant un profil atypique au sein de cette équipe. D’autant plus qu’il ne peut pas vraiment jouer efficacement sans ballon, contrairement aux autres qui savent shooter. Le coaching de cette équipe ne semble clairement pas évident a priori, mais on fait confiance à Ime Udoka et tonton VanVleet pour dresser la colonie de vacances comme il se doit.
Dans les inquiétudes on aurait pu aussi mentionner un shoot quasi-inexistant, en pull-up à mi-distance comme du parking, car Amen semble bien trop loin du compte pour inquiéter les défenses NBA avec un 25% de loin (16/63) cette saison. La mécanique est encore trop bancale et le catch & shoot n’est même pas fiable (28% à 14/50). Bémol de taille certes, mais qui ne devrait pas pour autant l’empêcher d’être impactant en NBA en vue des qualités hors normes qu’il possède.
Le point de bascule : jusqu’où peut-il exceller dans ses qualités ?
La singularité et le niveau des atouts d’Amen peuvent donc sauver la casse face à son tir bien crado pour les standards NBA. Si on est réaliste, il semble y avoir peu de chance pour qu’il se bâtisse un shoot dans l’immédiat. Donc si le jeune arrière de Houston veut passer un cap dans la Grande Ligue, il dépensera ses premiers VC dans ce qu’il sait déjà faire, comme quand tu veux maxer ton joueur 2K à 3-points alors qu’il ne sait même pas enchaîner deux dribbles.
Bien qu’il soit un très bon créateur qui attaque le cercle, ça reste largement perfectible. On peut commencer par sa qualité de dribble, qui est certes meilleure que le frangin, mais qui reste encore un peu légère pour créer des décalages dignes de ce nom. Il perd encore trop le ballon en tricotant sur dribble, le genre de bémol évitable à l’avenir. Pour rester dans les similitudes avec Ausar, Amen provoque également 4 lancers franc par match pour un faible pourcentage de 65% : encore décevant pour un joueur aussi fort physiquement qui va créer presque tous ses pions près du cercle. Et encore une fois, on est toujours sur des pourcentages qui doivent progresser avec un trop faible 50% en lay-up sur demi-terrain. Aller au cercle sur commande c’est bien, mais convertir les tirs efficacement c’est mieux.
L’autre élément important de son jeu qu’il peut améliorer est sa défense. Amen n’est pas aussi bon que le frangin défensivement pour le coup. On le sent moins impliqué de ce côté du terrain en ayant tendance à abandonner son défenseur plus facilement tout en étant un peu plus paumé loin du ballon. Il y a des progrès de compréhension ou d’attention à faire à ce niveau là. Mais pourtant sur l’homme, Amen reste un Thompson : il peut défendre efficacement des postes 1 à 3 lorsqu’il se sent concerné. C’est surtout loin du ballon, lorsqu’il faut communiquer, naviguer entre les écrans, ou faire des rotations que le frangin est perdu. Mais il y a de quoi rester optimiste pour un développement de ses qualités, lorsqu’on voit comment il est équipé physiquement pour gêner ses adversaires.
On est donc en plein dans le panier haut de cette Draft 2023. Amen Thompson a le potentiel pour être un porteur de balle important d’une équipe compétitive. Même si 2 ou 3 gars de la rédac shootent mieux que lui, il a tout de même pas mal de qualités sur lesquelles on peut sérieusement capitaliser. Mais attention aux répartitions des responsabilités, car Amen Thompson ne peut pas non plus remplir tant de rôles que ça, par rapport à son frère par exemple. On compte sur Ime Udoka pour bien orchestrer son entrée dans la Grande Ligue !
Sources : Envergure, Hoop Intelect, No Ceilings, CleaningTheGlass