Ausar Thompson aux Pistons, le point tactico-technique

Le 01 juil. 2023 à 17:12 par Antoine Demaegdt

Ausar Thompson
Source image : Twitter @BradGalli

Le 22 juin dernier, Adam Silver a réparti tous les rookies au sein de leur maison respective. Chez TrashTalk, on a décidé de faire un point tactico-technique pour le top 10 de cette Draft 2023 ! L’objectif ? Entremêler profil et environnement des 10 premiers joueurs sélectionnés, en se projetant aussi bien sur leur apport collectif que leur développement individuel. Au tour d’Ausar Thompson, le nouvel arrière des Pistons, d’avoir son exposé. Un joueur qui passe partout grâce à ses qualités, mais dont les limites sont évidentes.

Si vous ne connaissez pas bien le joueur, par ICI le profil fait maison !

C’est l’heure de se coltiner les jumeaux de l’Overtime Elite, en commençant par le petit frère Ausar ! Une des pépites de cette Draft que les Pistons ont brillamment subtilisé au Magic, qui s’est rabattu sur Anthony Black. Et lorsque l’on jette un œil sur cette future alchimie, il y a de quoi se frotter les mains pour les fans des Pistons. Malgré un manque criant dans les ailes, Ausar pourra tout de même être décalé en 3 par séquences grâce à son physique de grand malade, sa défense polyvalente, et son jeu sans ballon qui vaut le détour. C’est l’heure de sortir les jumelles pour prédire l’avenir !

La fiabilité : un bon défenseur qui peut jouer autour des porteurs de balle

Bon, commençons par le commencement : Ausar est tout simplement l’un des meilleurs athlètes de cette Draft. Du haut de ses 203 cm, il peut aussi bien pousser la balle rapidement en transition, tenir latéralement ses vis-à-vis, que sauter comme un marsupial pour distribuer des contres. Il risque de clairement dynamiser cette équipe des Pistons qui jouait assez peu en transition cette saison. Avec les cannes de Jaden Ivey, on risque de voir un duo se dessiner dans le jeu rapide.

L’autre gros bonus d’Ausar Thompson, c’est sa polyvalence défensive envisageable sur les postes 1 à 3 en NBA. Même s’il manque encore un peu de réactivité contre des arrières plus petits, il peut clairement contenir la plupart des joueurs de façon très satisfaisante en NBA. Lorsqu’on regarde l’effectif des Pistons, ce ne serait pas étonnant de le voir défendre le meilleur extérieur adverse la plupart du temps. Un ajout qui ne peut que faire du bien à la… 28ème défense NBA. Pareil pour ses qualités de rebondeur : Ausar sait bien user de son physique pour prendre l’avantage dans les airs sur son vis-à-vis. Et lorsqu’on checke rapidos les stats de Detroit en la matière… attendez ça arrive…  on scroll, on scroll… ah ça y est, ils sont… 27ème au rebond défensif.

Mais ce n’est pas tout puisque le frangin Thompson peut aussi très bien évolué sans ballon sur un terrain de basket. Il fait peut-être partie des meilleurs cutteurs de cette Draft (pas l’outil pour couper ton placo hein, on parle des joueurs qui coupent vers le cercle). Lorsque tu évolues à côté de Cade Cunningham et Jaden Ivey, ce genre de qualité peut servir pour remplir les top 10 de la nuit. Vous les voyez venir les alley-oops ligne de fond ?

L’inquiétude : le développement de son tir

Alors là, on aborde un sujet qui fâche au sein de la famille Thompson. Bien que le profil d’Ausar soit plus encourageant que celui de son frangin dans ce secteur de jeu, c’est tout de même pas jojo comparé aux standards NBA. La stat fatidique : 30% en catch & shoot cette saison (28/93)… C’est trop peu pour être respecté dans la Grande Ligue. Surtout que Detroit risque d’avoir besoin de spacing en attaque avec le départ potentiel de Bojan Bogdanovic, présent dans pas mal de ragots. Certes, Joe Harris vient tout juste de débarquer à Detroit, mais ça reste le seul sniper fiable de l’équipe sur du gros volume (et encore il transpire pas la confiance ces derniers mois)…

Mais ce serait vache de condamner Ausar Thompson d’emblée sans mentionner ses progrès au shooting qui reste tout de même encourageants. Étant parti d’absolument rien, mais vraiment de rien (19% l’année dernière), il a passé un cap cette année dans la propreté, même si ça reste encore faible. Surtout que si l’on s’amuse à découper la saison, Ausar est à 38% derrière l’arc (15/39) en Playoffs de l’Overtime Elite. Si l’on rajoute à ça une mécanique de tir de plus en plus propre au fil de son développement, on peut toujours être optimiste pour qu’il puisse gagner le respect des défenseurs à terme. Ajouter ce 3-points dans ce bagage le propulsera immédiatement dans la traditionnelle catégorie des 3&D NBA (bon défenseur qui shoote à 3-points). Un plafond facilement envisageable, mais qui va demander de la confiance, et pas mal d’heures sup à la salle.

L’autre élément de son jeu à mentionner lorsqu’on parle de son tir, c’est son pull-up (tir en dribblant) à mi-distance. Une tendance qu’on a pas mal vu en Overtime Elite lorsqu’il tricotait balle en main en tant que porteur de balle principal, ou sur des situations de pick-and-roll. On sent qu’on est en plein dans le péché mignon du bonhomme, et pas sûr qu’on le voit en prendre autant en NBA. Pourtant, les pourcentages sont plutôt encourageants pour ce genre de tir compliqué puisqu’il shoote à 33% dans l’exercice. Certes on est pas sur du Monsieur Propre, mais ce n’est pas à négliger pour un joueur qui n’a toujours pas posé un orteil en NBA.

Le point de bascule : à quel point peut-il être un bon slasheur ?

Bah ouais mon gars, tu veux jouer sans ballon sans avoir un tir fiable du parking ? Alors t’as plutôt intérêt à soigner ta dangerosité près du cercle, car sinon ça va être compliqué d’impacter l’attaque au plus haut niveau. On peut déjà commencer par la finition en elle-même, avec des qualités athlétiques qui ne peuvent que la sublimer à terme. Ausar Thompson possède l’arsenal pour aller claquer des gros posters et provoquer des fautes à foison. Cependant, il y a un bémol tout de même puisque, malgré le fait qu’il aille 5 fois par match sur la ligne des lancers francs, il ne convertit qu’à 66% le tir le plus simple de ce sport. Côté pourcentages au cercle, on est sur un joli 65% mais bien tronqué par les transitions à gogo de l’Overtime Elite, même s’il en provoque un paquet grâce à ses interceptions. Si l’on épure tout ça au jeu demi-terrain, on tombe immédiatement à 51% de réussite au cercle pour un très faible 40% en lay-up (15/37)… L’échantillon reste mince, mais le manque de toucher se fait ressentir, et c’est plutôt décevant pour un joueur aussi athlétique que lui. Une efficacité près du cercle sera l’une des cases à cocher au cours de sa carrière.

Mais avant de mettre un tir sous le panier, il faut déjà créer le chemin pour y aller. Certes il va y avoir des coupes bien senties de la part d’Ausar Thompson pour créer du jeu, mais il va falloir être dangereux en allant au panier tout seul comme un grand sans l’aide des copains. Le premier pas, bonifié par son physique de dinguo, sera au rendez-vous, mais attention à ses capacités de dribble. Ausar a encore du mal à provoquer de vraies séparations entre lui et son défenseur, chose qui ne risque pas vraiment de s’arranger en NBA. En plus de cet aveu de faiblesse sur dribble, il n’est pas forcément très propre balle en main avec 5 pertes de balle par match cette année.

Ajouter un drive dangereux à son arsenal, de son premier pas jusqu’à la finition, permettrait à ses qualités athlétiques et ses flashs de création d’être pleinement fonctionnels à terme. De quoi le placer dans un moule plutôt atypique de role player capable de faire pas mal de choses sur un terrain de basket. Si Ausar peaufine ses qualités de passe, sa maitrise du ballon, et sa finition près du cercle (ouais ça fait beaucoup, on sait), il aura tout pour être un bon joueur de complément dans n’importe quel roster NBA.

On est quand même sur un joli projet du côté de Detroit. Comme pour la plupart des joueurs de ce top 10 de Draft, Ausar Thompson apportera quoi qu’il arrive un plancher défensif intéressant en NBA, bonifié par un physique hors du commun. Si le gamin arrive à développer un tir de loin au cours de sa carrière, il y a de quoi penser qu’il jouera longtemps dans la Grande Ligue. Priorité à la finition pour l’instant, histoire de le recroiser dans plusieurs top 10 au cours de la saison.

Sources : Envergure, Hoop Intellect, Café Crème Sport, CleaningTheGlass


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