Jarace Walker aux Pacers, le point tactico-technique

Le 28 juin 2023 à 14:33 par Antoine Demaegdt

Jarace Walker
Source image : Youtube

Le 22 juin dernier, Adam Silver a réparti tous les rookies au sein de leurs maisons respectives (Ouais ça sonne un peu Poudlard on sait). Chez TrashTalk, on a décidé de faire un point tactico-technique pour le Top 10 de cette Draft 2023 ! L’objectif ? Entremêler profil et environnement des 10 premiers joueurs sélectionnés, en se projetant aussi bien sur leur apport collectif que leur développement individuel. C’est au tour de Jarace Walker, le nouvel intérieur des Pacers, d’être passé à la loupe. On est quand même pas loin du mariage parfait.

Si vous ne connaissez pas bien le joueur, par ICI le profil fait maison !

Si on a pu mentionner quelques inquiétudes avec Taylor Hendricks au Jazz lors du précédent épisode, il y a quand même de quoi être bien plus optimiste pour Jarace Walker chez les fermiers d’Indiana. Les Pacers vont pouvoir compter sur sa défense de très haut niveau dans pas mal de secteurs, sur son activité au rebond supérieure à la moyenne, et sur une potentielle création offensive à développer au cours du temps. Et il y a fort à parier que la nouvelle pépite d’Indiana chope un poste de titulaire tôt ou tard dès sa première saison. Quoi rêver de mieux pour Jarace lorsque ton profil correspond parfaitement aux besoins de l’une des meilleures équipes jeunes de la ligue ?

La fiabilité : un fit parfait pour les Pacers ?

Mais est-ce que Jarace Walker ne serait pas le fit parfait pour tous les contextes en fait ? Disons qu’aucune équipe ne refuserait de signer un buffle défensif de son genre capable de jouer des deux côtés du terrain. Seulement à Indiana, ses qualités semblent parfaitement combler les trous, telle la dernière pièce d’un puzzle que l’on dépose délicatement. Parce que oui, Jarace Walker est l’un des défenseurs les plus polyvalents de cette Draft. Avec une immense envergure de 220cm pour ses 203cm de haut, le jeune intérieur des Pacers possède des fondations très intéressantes pour empêcher l’adversaire de mettre un ballon dans le panier : possibilité de switcher sur pas mal de postes, lectures loin du ballon qui témoignent d’un QI défensif de haut niveau, et de la protection de cercle en second rideau très intéressante.

Là où le fit commence dans un premier temps, c’est dans une complémentarité théorique avec Myles Turner. Peut-être que l’arrivée de Jarace Walker calmera les incessantes rumeurs de trade autour de Myles… ou pas. En tout cas ce qu’on peut dire, c’est que Jarace va améliorer la protection de cercle des Pacers. Sur cette saison 2022-23, les adversaires d’Indiana prenaient 38% de leurs tickets shoot au cercle (la zone de tir la plus rentable), c’est le… 28ème pire pourcentage autorisé de la ligue. Autrement dit, c’était porte ouverte vers le cercle des fermiers, et un pur spot TTFL de pivot. Eh oui… Myles Turner, malgré ses contres spectaculaires, n’est pas un grand défenseur d’arceau. C’est en cela que Walker pourrait arrondir les angles dans un rôle de Low-Man devenu si important en NBA (protecteur de cercle de second rideau, qui intervient en mouvement loin du ballon, lorsqu’un défenseur se fait dépasser). Sans parler de sa grosse activité au rebond qui ne peut que faire du bien à la… 30ème pire équipe en termes de rebonds offensifs concédés.

Mais ce n’est pas tout puisque le fit se poursuit également en attaque. Avec un Myles Turner qui aime s’écarter du cercle, Jarace Walker peut devenir le partenaire idéal de Tyrese Haliburton sur pick-and-roll. Étant plutôt de la famille des frigos américains de dernière génération, Walker et ses 110 kilos de moyenne vont poser des écrans très solides capables de créer de bons décalages. Il faudra encore qu’il trouve le juste milieu sur son poids idéal en NBA pour trouver l’équilibre entre puissance et explosivité. Mais Jarace semble avoir tout pour devenir un bon finisseur sur pick-and-roll. En plus de cette éventualité, il faut mentionner des flashs intéressants dans sa capacité à créer pour les autres à la passe. Toujours avec Tyrese Haliburton à la baguette, le voir développer un Short-Roll (décision rapide balle en main du poseur d’écran après avoir déroulé) pourrait être un levier de création efficace à l’avenir. Mais ne soyons pas trop gourmands et laissons-le déjà affirmer sa finition en NBA. En tout cas, il y a des raisons d’être optimiste.

L’inquiétude : sa sélection de tir

Puisque le contexte semble idéal pour se faire sa place rapidement, les bémols concernent davantage le profil du joueur. Jarace Walker est un joueur ultra-complet, mais on peut tout de même cibler des compartiments de son jeu qui peuvent rendre fous certains observateurs. Il faut savoir que Walker est un amateur du floater, ce qui est plutôt surprenant pour son profil. Sauf que cette arme offensive, qui peut s’avérer très utile sur certains drives, est surexploitée par l’intérieur des Pacers. Il y a plusieurs situations où Jarace pourrait faire parler son physique, quitte à aller sur la ligne des lancers-francs, plutôt que de balancer ce tir. Cette année avec les Houston Cougars, il est à 34% sur floater (19/56). C’est assez frustrant lorsqu’on voit la taille du bestiau…

Petite alerte également sur sa création pour lui-même. On a vu quelques séquences en NCAA où Walker dégainait à mi-distance, suite à quelques dribbles. Même si les flashs sont intéressants, pas sûr qu’on ait envie de voir Jarace prendre 5 pull-up par match la saison prochaine. Mais bon, on peut sûrement faire confiance à Rick Carlisle pour encadrer son poulain là-dessus. Assez peu de choses finalement sur lesquelles douter. L’inquiétude n’existe pas vraiment avec Jarace Walker à Indiana. On est plutôt sur du défi, du cap à franchir histoire de voir où est-ce qu’il peut aller. Mr. Plancher en personne.

Le point de bascule : à quel point peut-il devenir un shooteur ?

Et lorsqu’on parle de défi justement pour Jarace Walker, le shoot arrive rapidement dans les facteurs clés pour passer un cap dans les prochaines saisons. Bien que l’ancien intérieur des Cougars soit un excellent poseur d’écran pour Tyrese Haliburton, son shoot encore en maturation empêche de l’imaginer dès demain sur des situations de pick-and-pop (lorsque le poseur d’écran s’écarte ensuite pour une position de tir), contrairement à Taylor Hendricks, dont le tir à 3-point semble plus fiable. Jarace affiche pourtant des pourcentages intéressants du parking (35% à 35/101) avec une mécanique améliorée en cours de saison. On est dans la moyenne NBA en soit, mais les échantillons sont encore trop petits pour être fiables. D’autant plus que son pourcentage aux lancers-francs, indicateur souvent utilisé pour jauger le potentiel au shoot, n’est pas forcément encourageant (66%). Pour ce qui est d’un tir à mi-distance, on ne lui en demande pas tant pour l’instant : s’il atteint déjà ce tir à 3-points respectable, il peut prendre une toute autre dimension en attaque.

Avouez que le mariage semble parfait tout de même. Un créateur d’élite dévoué pour le collectif à la baguette, une place qui se gagne largement dans la rotation, et un coach expérimenté en qui on peut avoir confiance. Jarace Walker a tous les voyants au vert pour impacter le jeu dès sa première minute sur un parquet NBA. Difficile de voir un scénario catastrophe pour lui dans ce contexte.

Sources : Envergure, Hoop Intellect, Le Basket-Lab, CleaningTheGlass


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