Bilal Coulibaly aux Wizards, le point tactico-technique

Le 29 juin 2023 à 08:50 par Antoine Demaegdt

Bilal Coulibaly
Source image : Twitter @NBA

Le 22 juin dernier, Adam Silver a réparti tous les rookies au sein de leur maison respective. Et chez TrashTalk, tiens, on a décidé de faire un point tactico-technique pour le top 10 de cette Draft 2023. L’objectif ? Entremêler profil et environnement des dix premiers joueurs sélectionnés, en se projetant aussi bien sur leur apport collectif que leur développement individuel. On s’attaque maintenant à Bilal Coulibaly, le nouvel arrière des Wizards. Un diamant brut tricolore qui ne demande qu’à être poli.

Si vous ne connaissez pas bien le joueur, par ICI le profil fait maison !

Encore un nouveau défenseur à haut potentiel dans cette Draft 2023 ! Après Jarace Walker aux Pacers, place à notre Bilal Coulibaly chez les Sorciers de la capitale. Avec l’arrivée récente de Will Dawkins aux manettes, les Wizards semblent enfin déterminés à repartir de zéro en ayant transféré Bradley Beal. De quoi laisser de la place à Bilal pour exprimer toutes ses qualités défensives, sa propreté en attaque, et surtout de se développer balle en main. On a donc d’un côté une équipe qui démolit son projet, et de l’autre notre pépite nationale, qui n’a toujours pas 19 ans, et dont le plafond n’est toujours pas bien clair. Résultat ? Le cocktail parfait pour balancer des pronostics foireux.

La fiabilité : de la bonne défense extérieure et du jeu sans ballon

Oui, on vous voit venir… Comment peut-on parler de fiabilité à Washington pour un prospect de 18 ans ? Effectivement, il y a pas mal d’incertitudes… Mais Bilal possède tout de même des compétences déjà très crédibles pour le niveau NBA. Il y a juste à checker les mensurations du type pour comprendre : arrière de 202 cm avec une envergure monstrueuse de 219 cm, de quoi garer une voiture sans permis. Et ces qualités biologiques, Coulibaly les rend pleinement fonctionnelles en étant capable de défendre aisément les postes 1 et 2, de comprendre ce qu’il se passe loin du ballon en anticipant les lignes de passe grâce à son envergure, d’exécuter les bonnes rotations avec ses coéquipiers, de pouvoir contrer beaucoup de tirs grâce à une détente tout aussi démentielle, de bien absorber le contact… Bref Bilal Coulibaly est un défenseur extérieur de haut niveau qui pourra impacter le cours du jeu, grâce à ses qualités athlétiques, dès sa première minute sur un parquet NBA. Certains gardent même espoir quant à sa capacité de défendre des postes 3, là où les attaquants sont plutôt… pas trop mal. Pour l’instant, ça s’avère encore compliqué pour switcher sur les plus grands, mais ne soyez pas étonné si notre pépite parisienne prend encore des centimètres au cours de sa carrière…

L’autre élément très important de sa panoplie pour la saison prochaine est son jeu sans ballon. Bien que Bilal Coulibaly soit un jeune extérieur, il n’est pas encore réellement capable de porter la casquette de porteur de balle primaire d’une équipe. Certes au niveau espoir, il jouait comme un franchise player dans son jardin, mais dans la cour des grands en championnat de France, Vincent Collet lui assignait des tâches bien précises en portant moins le ballon, même s’il était de plus en plus responsabilisé avec le temps. Bilal a fait ses preuves en termes de compréhension du jeu en coupant dans les bons espaces, aux bons moments, tout en gardant une certaine discipline tactique à ne jamais aller au-delà de son rôle. Une maturité qui s’est avérée payante, et qui le projette sans trop de soucis à côté de porteur sde balle compétants comme Jordan Poole, récemment arrivé à Washington, pour apporter de la complémentarité.

Bilal Coulibaly helped his draft stock considerably in the LNB playoffs, helping Mets 92 to the finals with his lockdown point of attack defense, rapidly improving shooting and ability to create out of pick and roll. Few players in this class have more upside at 18-years old. https://t.co/umCGNZgzjm pic.twitter.com/uUdUQzqCwj

— Jonathan Givony (@DraftExpress) June 18, 2023

Ce qu’il faut retenir, c’est que Bilal est avant tout un joueur intelligent qui saura faire le caméléon dans son nouvel environnement. L’explosion de Washington est une réelle opportunité pour lui de se faire sa place dans un roster qui va chercher ses marques dès le training camp. Il y aura beaucoup de choses à travailler pour Bilal s’il veut atteindre son plein potentiel, mais au moins nous pouvons avoir la certitude qu’il puisse faire valoir ses qualités défensives et sa compréhension du jeu, dès sa première année dans la Grande Ligue.

L’inquiétude : peut-il avoir un shoot fiable ?

Si Bilal Coulibaly souhaite une belle carrière en NBA, alors il devra développer un tir du parking respectable. Pour son poste, c’est quelque chose d’important pour ne pas se faire devancer par d’autres joueurs de la rotation. D’autant plus qu’un tir à 3-points fiable lui ouvrirait davantage son drive pour laisser pleinement parler ses qualités de marsupial. Coulibaly n’était pourtant pas mauvais en championnat de France, mais l’échantillon est si ridicule qu’il est difficile de se projeter sur les qualités réelles du Français. On a vu un tir intermédiaire qui s’est progressivement amélioré au cours de son développement récent, mais rien de très impressionnant pour l’instant dans ses situations de drive. Dès sa première année, on n’attendra pas de lui qu’il shoote à 36% du parking, mais à termes c’est un objectif qu’il doit avoir. S’il maitrise cette arme un jour, Bilal pourrait devenir un connecteur offensif de très bon niveau en NBA. Mais difficile de se projeter à l’heure actuelle.

Le point de bascule : à quel point peut-il porter la balle au plus haut niveau ?

Sûrement la chose primordiale à travailler dans les prochaines années pour passer dans une toute autre dimension. Comme on l’a dit, Coulibaly est un joueur qui ne rechignera pas à l’idée de jouer son rôle en étant discipliné dans ses missions spécifiques. Mais beaucoup de ses autres qualités, moins exploitées sans ballon, pourraient s’améliorer s’il était capable de porter la balle sur du plus gros volume. En championnat de France, Vincent Collet lui donnait des responsabilités par séquences en étant l’initiateur en contre-attaque ou le porteur de balle sur pick-and-roll. Bilal a pu faire parler ses qualités de finisseur au cercle grâce à son physique hors du commun. Toutes ces actions ont pu aussi lui permettre d’exprimer des flashs de création plutôt intéressants, même si la propreté n’était pas toujours au rendez-vous avec pas mal de pertes de balle.

Améliorer ses attributs balle pourrait également le rendre encore plus complémentaire à Jordan Poole, si tant est que Bilal parvient à se greffer solidement au projet. En pouvant davantage gérer la gonfle, Poole pourrait retrouver un rôle sans ballon comme il pouvait avoir à Golden State, comme Stephen Curry. Ça libère toujours des possibilités tactiques lorsque pas mal de porteurs de balle sont sur le terrain. Reste à savoir si ton coach est capable de les exploiter.

C’est tout de même dingue de voir Bilal Coulibaly si haut dans cette Draft 2023. Notre diamant brut tricolore a connu une ascension si rapide que ça en devient presque flippant pour ses futurs matchs NBA. Est-ce qu’il aura les épaules pour s’imposer dans la cour des grands, sans se faire voler son goûter ? Une chose est sûre, c’est que Bilal n’a pas fini d’étonner du monde vu à quel point sa progression est exponentielle. On lui souhaite le meilleur pour se faire sa place dans la Grande Ligue, en développant sa maitrise de balle. Et si ça va pas, direction la G League pour torpiller des jeunes espoirs. 

Sources : Envergure, No Ceilings, Process Corporation