Anthony Black au Magic, le point tactico-technique

Le 30 juin 2023 à 09:51 par Antoine Demaegdt

Anthony Black
Source image : Youtube

Le 22 juin dernier, Adam Silver a réparti tous les rookies au sein de leur maison respective. Et chez TrashTalk, on a décidé de faire un point tactico-technique pour le top 10 de cette Draft 2023. L’objectif ? Entremêler profil et environnement des 10 premiers joueurs sélectionnés, en se projetant aussi bien sur leur apport collectif que leur développement individuel. Nouvel épisode sur le jeune Anthony Black, rookie du Magic. Un potentiel de créateur intéressant avec de la bonne défense extérieure, mais des points d’interrogation sur son scoring.

Si vous ne connaissez pas bien le joueur, par ICI le profil fait maison !

La dernière fois, on s’était quitté avec Bilal Coulibaly aux Wizards, et il se pourrait bien qu’on retrouve certaines similitudes avec Anthony Black, considéré comme l’une des grandes surprises de la Draft. Orlando semblait vouloir ajouter un jeune talent dans son backcourt à tout prix, les Floridiens avaient sûrement Ausar Thompson dans le viseur, mais les Pistons ont raflé la mise juste avant. Du coup, John Hammond est parti sur le pari Anthony Black pour une défense extérieure solide, de la création, et de la compréhension du jeu dans tous les sens. C’est l’heure de l’Hexpertise !

La fiabilité : des attributs similaires à ceux du Magic

S’il y a bien un joueur qui était Floridien avant même d’enfiler la casquette, c’était bien Anthony Black et sa touffe de cheveux légendaire. Certes Orlando n’est pas forcément le meilleur contexte pour un développement sans accroc, mais les attributs du bonhomme sont calqués sur la philosophie de jeu du Magic. Tout d’abord, on a des qualités défensives très intéressantes. Anthony Black est le genre d’arrière qui peut défendre les postes 1 et 2 sans trop de problème grâce à sa grande taille (203 cm), voire certains ailiers qui ne sont pas trop rapide pour sa latéralité. Ce qui fait surtout sa force, ce sont ses mains actives sur son vis-à-vis, et loin du ballon. Black a cette vision de jeu suffisante pour anticiper les lignes de passe et provoquer des interceptions bien senties. Il s’insèrera parfaitement dans ce collectif défensif d’Orlando qui a fini avec la 11ème meilleure défense de NBA. Et si l’on s’amuse à sectionner la saison, le Magic devient même la 6ème défense de la ligue à partir de début décembre (ce qui coïncide avec le retour de Markelle Fultz et Gary Harris). Il n’y a donc pas de raison de s’inquiéter pour Anthony Black de ce côté là du terrain lorsqu’on voit à quel point il se sent concerné par la défense de son équipe.

Ce choix de draft assez fort de la part du front office répond également à un besoin du Magic de combler un déficit sur les lignes arrières. Ce n’est pas un hasard si Anthony Black se retrouve si haut dans cette Draft lorsque Ausar Thompson n’est plus disponible. Orlando voulait sûrement épaissir précisément ces postes, même si la coutume préconise le meilleur talent disponible à ce stade de sélection. Les résultats peu concluants de Cole Anthony, ainsi que les blessures répétées de Jalen Suggs et Markelle Fultz semblent laisser le Magic sur sa faim. Anthony Black débarquera donc dans un contexte compétitif à son poste qui le passera très rapidement au révélateur. Et si les échecs des autres prospects perdurent, il aura clairement une carte à jouer dans cet effectif.

L’inquiétude : la transposition de son scoring au contexte NBA

Si Anthony Black se reconnaitra dans la philosophie défensive du Magic, il trouvera également quelques points communs en attaque. Ce qu’il faut déjà savoir, c’est que Black n’est vraiment pas un expert pour se créer son tir lui-même. Si le jeune meneur trouve son fond de commerce près du cercle avec énormément de lancers francs provoqués, le gros bémol de son profil se situe au niveau du shoot. L’ancien extérieur d’Arkansas affiche un inquiétant 30% du parking (28/93) cette saison. Son absence de tir l’handicape grandement pour exploiter les autres attributs de son jeu, puisqu’en ne se faisant pas respecté de loin, Anthony Black bouche son espace de drive sur lequel il n’est déjà pas forcément le plus à l’aise…

Mais ce n’est pas tout, car même s’il arrive à se frayer un chemin vers le cercle NCAA après un écran, ce n’est pas dit qu’il score avec autant de facilité en NBA. D’autant plus qu’il manque de technique en terme de finition. Son floater est par exemple une arme qu’il doit perfectionner pour un arrière NBA de son profil. Cette année, il tourne seulement à 36% (21/58) dans l’exercice. Dommage pour un joueur capable de porter la balle, notamment dans le contexte Orlando où il y a pas mal de pick-and-roll. S’il n’ajoute pas cette arme à son arsenal, les défenses n’auront qu’à l’attendre très bas puisqu’il n’est pas menaçant par son tir.

On pourrait penser qu’un spacing supérieur propre au contexte NBA ne peut que favoriser les points qu’Anthony Black va chercher près du cercle. Sauf que le Magic est 26ème en terme d’adresse à 3-points cette saison… Et ce n’est pas vraiment une bonne nouvelle pour un joueur comme Black, qui apportera principalement par sa création en attaque.

Le point de bascule : à quel point peut-il créer balle en main ?

C’est l’une des grandes interrogations concernant Anthony Black : quel plafond de création peut-on lui donner en NBA ? Beaucoup le présentent comme un futur connecteur offensif, c’est-à-dire un accélérateur de décalage, en tant que 2ème ou 3ème initiateur offensif au sein d’une équipe. Si Anthony Black a pas mal mené son équipe à Arkansas, il peut tout aussi bien jouer plusieurs rôles en attaque grâce à ses attributs physiques. Mais l’une de ses forces principales reste tout de même sa capacité de création pour les copains. Son QI basket supérieur à la moyenne est l’un de ses points forts offensifs les plus dangereux. En NCAA, on voit beaucoup moins de pick-and-roll comparé aux systèmes NBA. Ce serait intéressant de le voir balle en main dans une équipe qui en pratique pas mal comme Orlando. Même s’il faut tout de même souligner qu’Anthony Black est un joueur qui fait encore trop de pertes de balle pour faire tourner une attaque NBA sans accroc, sur des gros volumes de temps de jeu.

S’il arrive à soigner son jeu de passe, tout en continuant de trouver l’accès au cercle, grâce à un shoot développé par exemple, Black pourrait réellement mettre sa vision de jeu au service du collectif. Plutôt frustrant lorsque tu as des qualités dans un secteur du jeu (la création), mais que tu ne peux pas les faire valoir à cause de tes défauts (le shoot). En tout cas ce potentiel à la distribution peut clairement lui faire gagner des points face à la concurrence. À lui de trouver comment faire pencher la balance de son côté.

On est sûrement face à l’un des plus gros paris de cette Draft 2023 pour le Magic. Choisir Anthony Black en 6, tout en laissant passer d’autres prospects talentueux, est un message fort pour les extérieurs d’Orlando. Bien que le gamin en ait sous la semelle, difficile de dire qu’il soit tombé dans le meilleur contexte pour lui. Certes le front office a ciblé un poste en particulier, mais est-ce réellement le bon fit pour Orlando ? Jamahl Mosley a du pain sur la planche pour favoriser le développement de sa nouvelle pépite !

Sources : Envergure, Hoop Intellect, Le Basket-Lab, No Ceilings, CleaningTheGlass


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