Jusqu’où Jordan Poole peut-il aller ? De nul chez les nuls à très bon chez le champion NBA en à peine trois ans, l’ascension est fulgurante

Le 18 oct. 2022 à 08:20 par Clément Hénot

Jordan Poole Warriors
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La saison passée, l’infernal Jordan Poole a régalé de ses dribbles chaloupés et de ses shoots de décérébré qui font bien souvent ficelle, comme si les menaces extérieures Stephen Curry et Klay Thompson ne suffisaient pas. Jordan s’est invité à la Poole party, qui pourrait bien ne faire que commencer.

En 2021-22, pour la première fois de leur carrière, les Splash Brothers ont tourné à moins de 40% en carrière derrière la ligne à 3-points (38% pour Steph et 38,5% pour Klay), et l’avènement de Jordan Poole est donc tombé à point nommé même si son pourcentage depuis la Silicon Valley (36,4%) reste inférieur à celui de ses compères. Le pétard ambulant des Warriors a envoyé 18,5 points à 44,8% aux tirs, 3,4 rebonds et 4 passes de moyenne sur la saison dernière, s’est imposé comme la troisième option offensive des Dubs et a largement contribué à la conquête du titre de 2022, notamment grâce à des shoots au buzzer envoyé d’environ 200 mètres derrière la ligne et grâce à une constante remise en question, même lorsque tout n’allait pas fort pour lui. Pourtant, la volaille revient de loin, et sa carrière NBA n’a pas été un long fleuve tranquille. On avait même fait le cruel constat de la nullité de Jordan Poole à l’époque, qui a lancé de nombreux programmes immobiliers lors de sa première saison dans la ligue et qui a obligé les fans des Warriors à se munir de casques de chantier avant de pénétrer dans l’antre de leur équipe. 33,3% aux tirs dont 27,9% de loin, disons-le clairement, c’est très laid, et ça ne laissait rien présager d’aussi bon. Sa seconde saison dans la ligue est d’un peu meilleure facture mais cela ne l’empêche pas d’aller faire un tour par la G League, d’ailleurs l’arrière a confié éprouver de l’injustice à l’époque.

On peut toutefois dire sans trembler du menton que ce passage à l’échelon inférieur a été salvateur pour Jordan Poole, qui est désormais bien l’un des joueurs majeurs de l’effectif des Dubs. Tout s’est goupillé comme il l’espérait, à force de travail et d’abnégation, Poole s’est fait une place au soleil et n’a jamais cessé de s’adapter aux besoins et demandes de sa franchise. Tantôt shooteur, tantôt meneur, tantôt titulaire, tantôt remplaçant… Le combo-guard a développé de nombreuses qualités en s’inspirant de son coéquipier Stephen Curry. On y remarque même un certain mimétisme dans quelques unes de ses mimiques, avec le grain de folie en plus et les célébrations farfelues pour JP. En ce qui concerne son rôle, il n’a jamais rechigné et a toujours tout donné, qu’il soit titulaire en l’absence de Klay Thompson, ou remplaçant après son retour. Son éthique de travail, son côté sans prise de tête et son amour pour les chats en font un personnage très apprécié dans la Baie, tant par son talent que sa personnalité. Sa capacité d’adaptation et son mental à toute épreuve ne sont désormais plus à prouver, et s’il a résisté à cette mandale de plombier-serrurier de Draymond Green et qu’il arrive à passer outre, que ce soit physiquement comme moralement, alors qu’il a très clairement frôlé le coma, alors peu de choses peuvent arrêter l’ami Poole. Même si Draymond Green s’est excusé pour cet écart de conduite, on pouvait craindre que l’ambiance du champion en titre en prenne un coup, mais le groupe vit bien, ou en tout cas semble bien vivre.

Draymond Green and Jordan Poole pregame handshake in first game since the fight pic.twitter.com/0dMh9fouE4

— Real Raptors News ®  (@RealRapsNews) October 15, 2022

Revenons-en toutefois au terrain, nous parlions alors de l’adaptabilité du numéro 3 de Golden State. Son rôle pourrait bien être enfin fixé pour la saison prochaine, et lui permettrait potentiellement de garnir son armoire à trophées. Seul le poste 5 ne semble pas verrouillé chez les Warriors avec le potentiel retour de James Wiseman aux affaires, sinon les indéboulonnables Steph Curry, Klay Thompson, Andrew Wiggins et Draymond Green démarreront les matchs, et jusqu’à preuve du contraire, Jordan Poole n’est pas un pivot. Vous l’avez compris, on y vient : Chicken Run va jaillir du banc l’an prochain et aura droit à de nombreuses minutes en relai d’un Klay qui pourrait toujours être limité dans ses minutes. Les défenses adverses penseront être tranquilles quand Steph et Klay iront siroter leur Gatorade, sauf que Jordan Poole sera alors dans les parages et les défenses adverses n’auront donc aucun répit. JP3 veut tout casser, et les Warriors comptent sur lui, cette polyvalence offensive et ce talent brut lui ont d’ailleurs permis de décrocher un contrat de 140 millions de dollars sur 3 ans. Ça peut paraître cher pour un sixième homme (et ça l’est effectivement), mais le joueur a déjà prouvé son efficacité en sortie de banc et il pourrait bien devenir le 6MOY de la saison 2022-23, surtout si Tyler Herro, son principal concurrent pour le trophée, passe titulaire comme il le souhaite. En tout cas, Poole s’inscrit dans la durée dans la Baie et met la daronne à l’abri, tandis que les Warriors font un vrai pari sur le long terme avec ce joueur qui sort d’une très belle saison. Vous l’avez compris, l’avenir des Dubs passera par Jordan Poole.

L’ascension du meilleur ami des chats est tout bonnement vertigineuse, passé du statut de cancre dans une équipe de bras cassés à troisième option chez le champion en titre et signataire d’un contrat à 3 chiffres. Quelle est la prochaine étape ? All-Star Game ? Titre de meilleur sixième homme de l’année ? Jordan Poole va vouloir confirmer, et il a tout ce qu’il faut en boutique.