Tim Connelly, le GM des Nuggets : le banquier préféré de Niko, Jamal et Michael fait son boulot comme personne, et il le fait plutôt bien

Le 09 oct. 2021 à 12:07 par Corentin Dimanche

tim connelly
Source : YouTube

En place depuis huit ans à Denver, Tim Connelly a clairement transformé la franchise du Colorado depuis ses bureaux d’exécutif. De l’ère Andre Iguodala à la saison MVP de Niko Jokic en passant par la construction de la triade MPJ- Jokic – Murray, le GM a fait les montagnes russes dans les Rocheuses, et il est l’heure de débriefer et mettre en perspective tout ce joli travail, unique en son genre.

Un chantier en mode BTP

Tim Connelly, un blaze peu connu du grand public pour un travail pourtant reconnu de tous. En prenant la relève de Masai Ujiri en 2013, l’ancien assistant a hérité d’une franchise sortie dès le premier tour alors qu’elle avait fini troisième de l’Ouest avec Andre Iguodala, Danilo Gallinari et Kenneth Faried en têtes de gondole. Les deux premiers moves de Connelly en tant que décisionnaire principal ont alors entamé son chantier… de bien moche manière. Le GM a en effet désigné le décevant Brian Shaw comme head coach puis a drafté notre Rudy Gobert national pour immédiatement le transférer et ne récupérer en échange qu’un certain Erick Green, un garçon au blaze aussi random qu’il est inconnu depuis. Pour dépoussiérer un effectif décevant en Playoffs, Tim transfère très vite Dede Miller et Iguodala puis notre Evan bien touffu de l’époque pour reconstruire la franchise de A à Z et trouve d’ailleurs très vite sa pièce centrale grâce à son 41ème pick de la Draft 2014, un certain Nikola Jokic. Cette cuvée verra d’ailleurs les arrivées de Gary Harris et de Jusuf Nurkic dans le Colorado, et le tout sera coaché par Mike Malone et conseillé par Will Barton, tous deux débarqués quelques mois plus tard.

Le GM passe cependant totalement au travers de sa Draft 2015 en sélectionnant Emmanuel Mudiay avec son pick 7 puis en se faisant de nouveau embobiner par le Jazz qui récupère Donovan Mitchell contre… Trey Lyles et monsieur Tyler Lydon. Dans le jargon, c’est ce qu’on appelle prendre une fessée. L’édition 2016 lui permet alors de se rattraper en sélectionnant Jamal Murray (7ème position), Juancho Hernangomez (15), Malik Beasley (19) et surtout notre Petr Cornelie national (53e position) avant de transférer Jusuf Nurkic à la trade deadline pour laisser plus de temps de jeu à Niko Jokic, et ça c’est ce qu’on appelle un coup de maître. L’été 2017 sera marqué par les arrivées de Vlatko Cancar et Monte Morris en fin de second tour et la signature intelligente d’un Torrey Craig non-drafté qui fera très vite ses preuves dans le Colorado mais aussi et surtout par le transfert de Danilo Gallinari aux Clippers afin de libérer de la place pour Paul Millsap, avec en prime une prolongation alors risquée mais bien méritée pour Gary Harris.

L’intersaison 2018 est ensuite une masterclass de l’ami Connelly qui voit le crack Michael Porter Jr. lui tomber entre les mains à la Draft avec le 14ème pick et qu’il s’empresse de sélectionner malgré ses blessures, et bigre qu’il a bien fait. Dans sa bonne lancée, l’exécutif prolonge les copains Jokic (contrat max), Craig, Monte Morris et Barton, parvient même à dégager Emmanuel Mudiay et tente un coup de poker malheureusement dans l’eau en redonnant une chance à Isaiah Thomas. Un transfert intelligent pour Jerami Grant en cours de saison plus tard et Jamal Murray paraphe lui aussi son extension max juste avant les drafts en sous-marin de Bol Bol et PJ Dozier. En galère de thunes, la franchise donne un joli coup de balai à Malik Beasley, Juancho et Jarred Vanderbilt afin d’avoir juste la place qu’il faut pour prolonger Paul Millsap pendant l’été. Ne reste plus qu’à remercier Gary Harris en lui préférant logiquement Aaron Gordon à la deadline, récupérer gratuitement un Austin Rivers et vous arrivez à un été 2021 marqué par les arrivées de Jeff Green, les prolongation de JaMychal et Will Barton mais surtout le contrat max ô combien énigmatique d’un MPJ en pleine bourre mais avec à peine plus d’une centaine de matchs dans les jambes et un dos fragile. Beaucoup de moves intelligents donc pour peu d’échecs. Hormis les transferts de D-Mitch et Rudy, le GM a globalement transformé tous ses essais et affiche désormais une équipe forte et talentueuse remplie d’ambitions.

Trois contrats max mérités

Sauf que qui dit talents et ambitions, dit salaires. Et dans les Rocheuses on parle mêmes de salaires MAX. Le Joker a été le premier à recevoir sa grosse kichta de 148 big mac sur cinq ans en 2018. Le MVP va donc toucher la bagatelle de 30 grandes frites cette saison, et à l’heure où John Wall en gagne 44 et Tobias Harris 36, le deal du Joker nous, on appelle ça un vol. Un an et une belle hausse du Salary Cap plus tard, Jamal Murray a suivi les traces de son pote serbe  pour un parapher un joli contrat à 170 millions sur cinq ans. Les 34 feuilles d’érables annuelles du meneur soulevaient alors pas mal de questions, notamment par rapport à son niveau intrinsèque et son plafond moins élevés, mais l’enchaînement Playoffs de la bulle 2020 / saison 2020-2021 pré-blessure du Canadien ont très vite fait taire toutes les critiques.

Enfin, le dernier trublion à mettre la daronne à l’abri des montagnes est Mister Michael Porter Jr. avec une jolie signature à 207 valises sur cinq ans. Ce contrat supermax a de quoi donner quelques inquiétudes à la Nuggets Nation au vu de l’historique de blessures de MPJ et son (très) faible apport dans sa propre moitié de terrain, mais le potentiel offensif du KD 3.0 a largement de quoi légitimer l’investissement. Rappelons d’ailleurs que l’ailier ne touchera la totalité de ces sesterces que s’il fait partie d’une All-NBA Team cette saison et qu’il perdra 35 millions dans le cas contraire, de quoi bien le motiver à pallier ses manquements. Au final, il est logique pour Connelly d’attribuer tous ces sousous à ses trois meilleurs joueurs. Denver est, et sera toujours, un petit marché qui n’attire jamais les gros poissons de la Free Agency. Demandez donc à Carmelo s’il a préféré l’escalade et l’air irrespirable de Mile High City ou bien les lumières et l’histoire de New York et vous verrez bien que l’argent est bien l’unique argument que pouvait présenter TC à son trio préféré

Un modèle premier du genre

Mais alors, les Nuggets sont-ils des pionniers en la matière ? A-t-on déjà vu un effectif avec trois joueurs sous contrat max ? Et bien oui… et non. On pourrait s’arrêter là tant l’info est claire et précise, mais on va quand même vous expliquer parce qu’on est gentil. En réalité, les Nuggets sont la première et unique franchise jusqu’ici à donner un contrat max à trois de ses joueurs, les autres franchises n’ayant pas elles-mêmes signé les trois deals mais les ayant récupérés via un ou plusieurs transfert(s). Dans cette veine on trouve ainsi trois rosters dans l’histoire de la NBA, et ils sont tous assemblés cette saison selon Sporting news :

  • Les Nets avec Kyrie Irving, Kevin Durant et James Harden : Kyrie a signé pour le max en 2019 et a ensuite été rejoint par KD mais via un sign-and-trade. La grande tige avait donc signé son contrat max avec les Warriors, ce qui ne permettait pas de remplir nos conditions pendant deux ans, mais sa récente prolongation change désormais la donne et fait que Sean Marks ait déjà signé deux contrat max pour l’instant. Il ne lui reste alors plus qu’à re-signer James Harden (et étendre le contrat de Kyrie) pour finalement avoir son monster trio de contrats max et rejoindre Tim Connelly dans cette caste exclusive.
  • Les Lakers avec Russell Westbrook, LeBron James et Anthony Davis : le King et AD sont tous les deux sous contrat max signé avec la franchise des lacs mais Russ a été débarqué par transfert cet été. Il faudrait donc que le tonnerre humain soit re-signé au max dans deux ans, mais difficile à croire étant donné que Russ aura alors 35 ans et ne méritera clairement plus un tel chèque.
  • Les Warriors avec Stephen Curry, Klay Thompson et Andrew Wiggins : la bande à Steve Kerr a été la première à comprendre trois contrats max avec l’arrivée en février 2020 du Wiggs qui avait signé un contrat dégueulasse max deux ans plus tôt dans le Minnesota et est donc dans la même situation que les Lakers, en imaginant clairement que Wiggins ne paraphera jamais un nouveau contrat de cette ampleur.

Les Blazers avaient bien failli rejoindre la liste quand ils voulaient gratter Kanter en 2015 pour le max (70 mil sur 4 ans à l’époque). Oui, Neil Olshey voulait offrir le max à Enes Kanter… Neil Olshey, escroc étrange depuis des années pour vous desservir. Les Wizards sont également passés tout près d’aligner un trio max en 2019 mais la prolongation de Bradley Beal est intervenue quelques mois après le transfert d’Otto Porter Jr., car oui le Sorcier Porter avait un contrat max… quelle époque. Une chose est sûre, les Nuggets resteront toujours la première (et seule ?) franchise de l’histoire à avoir drafté puis signé trois joueurs au max avant de les voir évoluer ensemble. L’accomplissement n’est pas fou certes, mais mérite d’être souligné tant il représente le bon travail de Connelly. Travail qui pourrait d’ailleurs bien ne pas être fini au vu des ambitions des Pépites pour qui de nouveaux bons joueurs en guise de petit coup de boost direction la bagouze seraient les bienvenus.

Les deals attribués à la triade de Denver s’avèreront-ils payants ou bien finiront-ils en coup dans l’eau et sans réelle finalité de succès ? Bonne question à laquelle on a finalement pas la réponse et quel que soit celle-ci, on risque de parler pendant un bon moment de parler du travail de Connelly. Reste juste à savoir si ce sera en bien ou en mal.