Stephen Silas vit une première saison de coach hardcore : on a connu plus simple que de commencer avec les Rockets

Le 29 mars 2021 à 17:25 par Leo Mallamaci

stephen silas rockets NBA
Source image : YouTube

Le métier de coach n’est pas des plus faciles : cible la plus souvent pointée du doigt, le premier écrou à sauter lorsque la franchise va mal et énormément de responsabilités. Stephen Silas découvre aujourd’hui toutes les difficultés entourant ce métier, lui qui réalise sa première année en tant que head coach à Houston.

On en a connu des débuts de carrière difficiles, mais celui de Stephen Silas, c’est un cap au-dessus. Après avoir fait ses armes en tant qu’assistant depuis 2000, Silas s’est vu proposer le poste de Houston à la suite du départ de Mike D’Antoni en septembre 2020. Il a ainsi retrouvé une équipe de Houston, avec James Harden et Russell Westbrook, qui sortait d’une demi-finale de Conférence Ouest perdue contre les Los Angeles Lakers, sacrés champions par la suite. L’occasion de prendre en main une équipe compétitive mais à la recherche d’un nouveau souffle. Malheureusement pour lui, la situation a vite déchanté. Mécontent chez les Rockets, Russell Westbrook fut envoyé à Washington début décembre. Suite à cela, James Harden a commencé à faire sa diva. Absence au camp d’entraînement, envie de faire ses valises, soirées en boîte en plein COVID, conflit avec sa direction… bref vous connaissez l’histoire. Et en plus, le Barbu n’aurait pas validé l’arrivée d’un coach rookie – malgré sa grande expérience en tant qu’assistant et le bon boulot effectué à Dallas derrière Rick Carlisle – ce qui a également poussé Harden à vouloir partir. Bonjour le comité d’accueil. D’autant plus que c’est pas un joueur au bout du banc qui réagit comme cela, c’est ton franchise player. Dur dur d’arriver dans ces conditions pour Stephen Silas. Après des semaines de tension entre le joueur, la franchise et certains de ses coéquipiers, les Rockets ont finalement plié à la demande d’Harden suite à une conférence de presse assez hallucinante, pour l’envoyer aux Nets mi-janvier dans un des plus gros blockbusters des dernières années. Des picks de draft, des nouveaux joueurs à foison et c’est tout un système qui doit s’adapter. Silas a ainsi récupéré John Wall – obtenu dans le trade de Westbrook – après deux ans d’absence et un Victor Oladipo pas encore revenu à son meilleur niveau et surtout à la recherche d’un nouveau contrat. Vous ajoutez à ça un DeMarcus Cousins dont on connaît l’historique de blessures, des vestiges des années précédentes (Eric Gordon, P.J. Tucker, Ben McLemore, Danuel House) et des nouvelles têtes (Christian Wood, Jae’Sean Tate, David Nwaba, Sterling Brown…). Tiens, débrouille-toi avec ça. Silas a eu beau mettre toute la volonté du monde, une page de l’histoire des Rockets s’est tournée et la chute fut très difficile. On vous refait le tout mais attention, ça va faire mal.

Stephen Silas et ses hommes attaquent donc l’année 2021 avec en tête de développer le groupe et d’attendre les retours en forme de John Wall et Oladipo. Peu après le transfert d’Harden, les Rockets enchaînent six victoires consécutives et deviennent l’une des belles histoires de la saison. Silas est même nominé parmi les coachs du mois. Une réelle reconnaissance du travail accompli avec les joueurs qu’il possède et surtout le contexte dans lequel il doit évoluer. Malheureusement, la pire série de défaites consécutives dans l’histoire de Houston pointe le bout de son nez à partir du 4 février. À ce moment-là, les Rockets sont à dix victoires pour neuf défaites depuis le début de la saison. Ce 4 février marque la blessure de Christian Wood, qui était bien parti pour se faire une place au All-Star Game, lui qui tournait à 22 points, 10,2 rebonds et 1,5 contre de moyenne, à 55,8% au tir dont 42,1% de loin. Suite à son absence, les Rockets enchaînent défaite sur défaite et Silas ne sait plus où donner de la tête, surtout avec les allers-retours incessants à l’infirmerie de plusieurs de ses joueurs (notamment des vétérans) sans oublier les rumeurs de transfert. En plein milieu de cette terrible série de défaites, 20 de suite quand même, un autre joueur demande son trade : P.J. Tucker. Le joueur a tout simplement boudé lors d’un avant-match en décidant de ne pas le jouer. Encore un problème pour Stephen Silas, même si on savait tous que le futur de Tucker n’était plus à Houston (il est désormais à Milwaukee) et qu’il semblait cramé sur le terrain. Le coach rookie perd cependant un soldat, prêt à jouer pivot malgré ses 198 centimètres, dur sur l’homme et capable de planter quelques 3-points dans le corner. Les craquages s’accumulent tout autant que les déconvenues. Et c’est après une vingtième défaite que le coach rookie fut au bord des larmes en conférence de presse.

This is how Stephen Silas' press conference started. The dejection this man is feeling is off the charts and its hard to watch pic.twitter.com/nIrdkxQYDo

— Adam Spolane (@AdamSpolane) March 21, 2021

This is how Stephen Silas' postgame presser ended. The amount of pain he and the rest of this team is going through can't be measured. pic.twitter.com/jJcjhR9hBM

— Adam Spolane (@AdamSpolane) March 21, 2021

Stephen Silas a eu le malheur d’arriver dans une franchise sur le point d’entrer dans une grosse transition après l’ère James Harden. Et cette transition ne s’est pas faite en douceur, elle s’est plutôt faite sans véritable direction à la base. Est-ce qu’on essaye de rester compétitif ? Est-ce qu’on reconstruit tout ? Cela ne semblait pas vraiment défini (certains moves ont aussi été réalisés avant le départ de James Harden pour tenter d’être compétitif et éventuellement le convaincre de rester) et résultat, tout ça s’est transformé en gros bordel. Bref, un contexte extrêmement difficile à gérer pour un coach, d’autant plus pour un coach rookie. Silas a tout de même retrouvé le sourire avec la victoire face à Toronto le 22 mars dernier. Ses joueurs ont eu l’occasion de souligner l’importance de Silas et les relations qu’ils ont pu nouer tous ensemble.

Wall on his relationship with Silas: "We talk a lot, we text a lot. Sometimes on the road we meet, have conversations about certain things we see and what we like. He's a great person, great guy, great coach and I just hate he's has to go through all the adversity…" pic.twitter.com/qw7LY7LK3K

— Adam Spolane (@AdamSpolane) March 23, 2021

“On se parle beaucoup, on s’écrit beaucoup. Des fois, quand on est en déplacement, on discute des choses que l’on fait, que l’on voit. C’est quelqu’un de bien, un bon coach et je déteste le voir traverser tout ce qu’il traverse.”

– John Wall

Christian Wood: "My relationship with Stephen is, I came here for him. He brought me in, and to speak on yesterday, you would never want to see a head coach like that. I'd rather see my head coach how his face was today after this win than how it was yesterday.." pic.twitter.com/EbTDo3J5ki

— Adam Spolane (@AdamSpolane) March 23, 2021

“Ma relation avec Stephen est la suivante : je suis venu ici pour lui. Il m’a amené ici et pour revenir à sa réaction [ndlr. : Silas était proche du craquage en conférence de presse], vous ne voulez jamais voir un coach dans cet état. J’ai préféré voir le visage de mon coach aujourd’hui après notre victoire plutôt que celui de la défaite.”

– Christian Wood

Coach Stephen Silas est en train de vivre une première saison éprouvante, mais celle-ci équivaut à cinq ans d’expérience vu tout ce qu’il a déjà traversé. On aura beau eu vanner tout du long les Rockets et leur série de défaites, il y a bien un homme ici à qui on tire notre chapeau. Respect Stephen Silas, respect.


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