Draymond Green est monté au créneau concernant le traitement des joueurs par leur franchise : il en a parlé, il fallait qu’on en parle

Le 18 févr. 2021 à 13:19 par Nicolas Meichel

Source image : YouTube

Jamais le dernier pour ouvrir la bouche sur comme en dehors du terrain, Draymond Green a fait l’actu il y a quelques jours suite à la volonté annoncée des Cavaliers de transférer Andre Drummond. Le joueur des Warriors s’est véritablement lâché en conférence de presse pour dénoncer la différence de traitement entre les joueurs et les franchises dans un tel contexte. Une déclaration qui a fait beaucoup de bruit et qui mérite qu’on s’y penche. 

Ceci. https://t.co/VEwaIPsFUJ

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) February 16, 2021

“Je veux parler de quelque chose qui me dérange vraiment, à savoir le traitement des joueurs dans cette Ligue. Voir Andre Drummond être sur la touche, rentrer au vestiaire pour revenir en tenue de ville parce que son équipe veut le transférer, c’est de la merde. Parce que quand James Harden a demandé un transfert et s’est obstiné à l’obtenir – je pense qu’on est tous d’accord sur le fait qu’il s’est obstiné lors de ses derniers jours à Houston – il s’est fait défoncer. Tout le monde l’a détruit parce qu’il voulait aller dans une autre équipe. Mais une équipe peut dire publiquement, ‘Oh nous voulons transférer ce gars-là’ et il doit rester sur la touche, rester professionnel, sinon il est un cancer, il fait du mal au vestiaire et représente un problème.

On a vu des situations avec Harrison Barnes qui doit rester sur le banc en plein match [à cause d’un transfert, ndlr.], DeMarcus Cousins qui découvre son transfert lors d’une interview après le All-Star Game, et on continue de laisser ces choses-là arriver. Dans le même temps je reçois une amende parce que je donne mon opinion sur ce qui devrait arriver pour un autre joueur. Mais les équipes peuvent dire, ‘Oh, on veut trader des joueurs, on ne te fait pas jouer’. À un moment donné, les joueurs doivent être traités de la même manière et avec le même respect que les équipes. En tant que joueur, vous êtes la pire personne du monde si vous voulez une autre situation. Mais les équipes peuvent dire qu’elles veulent vous transférer et il faut en plus rester en forme, rester professionnel, sinon votre carrière est menacée.

À un moment donné, la Ligue doit protéger les joueurs par rapport à ces situations embarrassantes. On dit toujours que vous ne pouvez pas faire ça, vous ne pouvez pas dire ça, sinon vous recevez une amende. Anthony Davis a reçu une amende de 100 000 dollars je crois pour avoir demandé un transfert publiquement. Mais dans le même temps une équipe peut dire qu’elle souhaite transférer Andre Drummond et il doit rester professionnel ? Et puis quand Kyrie Irving dit, ‘Oh, ma santé mentale n’est pas bonne’, tout le monde devient fou. Vous ne pensez pas que tout ça affecte un joueur mentalement ? On s’implique tellement pour jouer à un haut niveau, être en forme, pour produire devant les fans chaque soir et plus important encore, aider notre équipe à gagner, vous ne pensez pas que ça affecte quelqu’un mentalement ? En tant que joueur, on nous dit, ‘Vous ne pouvez pas dire ou faire ça’. Mais les équipes peuvent ? C’est comme quand on dit, ‘Oh, ce jeune homme n’y arrive pas’, mais personne ne veut dire, ‘Oh, cette organisation n’y arrive pas’. À un moment donné, les joueurs doivent être respectés dans ce genre de situation. C’est ridicule et je suis fatigué de voir ça. Bonne soirée à tous, on se revoit demain ou mercredi.”

Voilà précisément l’ensemble de la déclaration de Draymond Green. Évidemment, les réactions ont été nombreuses. Sans surprise, la majorité des joueurs ont applaudi la sortie médiatique de Draymond, Andre Drummond inclus, mais les propos du joueur de Golden State sont loin de faire l’unanimité dans l’univers global de la NBA.

Existe-t-il un double standard en NBA ? Oui

Le fameux double standard dont parle Draymond, oui il existe. Car quand une franchise annonce publiquement qu’elle souhaite transférer l’un de ses joueurs, et dans le même temps décide de ne plus le faire jouer pour éviter toute blessure qui réduirait les chances de monter un échange, habituellement ça ne choque personne. Mais quand des joueurs – qui n’ont pas choisi leur franchise à la base étant donné qu’ils se font drafter – demandent à se faire transférer pour espérer évoluer dans une situation qui leur convient mieux, il sont souvent critiqués et certaines personnes n’hésitent pas à les traiter d’égoïstes voire de divas, notamment par rapport aux millions de dollars qu’ils peuvent gagner. Cela ne date pas d’hier, et cela ne s’effacera pas demain, surtout avec des joueurs qui représentent peut-être plus que jamais l’image de la Ligue après une décennie de player empowerment. Ça fait partie du business. Et Steve Kerr, le coach de Draymond, est sans doute celui qui résume le mieux tout ça, lui qui est passé de joueur à dirigeant, puis entraîneur.

“Cela fait partie du deal. En tant qu’athlète, en tant que coach, vous signez en sachant que vous allez vous faire critiquer par les médias et huer par les fans quand les choses ne marchent pas bien. C’est juste différent quand vous êtes un joueur par rapport à une franchise. Ce sont deux entités différentes. La perception change. Je suis d’accord avec Draymond, mais ça fait juste partie du deal.”

N’oublions pas la base : les franchises payent les joueurs à travers un contrat

Ceci étant dit, il ne faut pas oublier la dynamique dans laquelle s’inscrit la relation entre une franchise NBA et un joueur. La franchise est l’employeur, le joueur est l’employé. Les deux parties sont liées par un contrat et la franchise paye le joueur pour qu’il se pointe au boulot en se comportant de manière professionnelle. C’est le monde du travail quoi, et la Grande Ligue ne fait pas exception à ça. Les franchises détiennent “les droits” sur leurs joueurs et si les Cavaliers ne veulent pas faire jouer Drummond pour une raison X ou Y, ils peuvent le faire, Andre étant de toute façon payé par la franchise grâce à son contrat garanti. Si un joueur décide de ne pas se comporter de façon professionnelle car il veut partir (cf. Harden), nombreux vont le pointer du doigt sans doute parce qu’il est payé des millions en même temps et qu’il a un contrat à respecter. Peut-être que le double standard dont parle Draymond Green vient aussi de là…

Oui, il arrive que les joueurs soient “maltraités” par les franchises

On choisit volontairement le terme “maltraiter” car c’est celui qu’a utilisé Draymond Green au début de sa décla. Il est probablement un peu fort aux yeux de certains vu le salaire que touchent les joueurs NBA, mais n’oublions pas qu’on parle également d’êtres humains et que le business de la Grande Ligue peut parfois être bien hardcore. Il suffit d’écouter les propos de Dwyane Wade, ancienne superstar du Heat, pour s’en rendre compte.

“Beaucoup de joueurs ont des familles. Il y a des joueurs à qui on dit, ‘Tu ne vas pas te faire transférer’, puis ils se font transférer, certains apprennent leur transfert par les médias, je connais même des gars qui ont appris leur transfert à une station-service, avec quelqu’un qui leur dit, ‘Hey, tu viens juste de te faire transférer’. Ce que ça veut dire au final, c’est qu’il n’y a pas de communication, et pas de respect. Les franchises doivent avoir du respect pour leurs joueurs, en tant qu’hommes et en tant que joueurs, et communiquer avec eux en leur disant, ‘Nous allons toujours faire ce qu’il y a de mieux pour la franchise, actuellement nous recevons beaucoup d’appels, on envisage d’aller dans une autre direction’. Il faut juste avoir une simple conversation avec le joueur, et j’espère que les Cavaliers et les Pistons vont le faire avec Andre Drummond et Blake Griffin ainsi que leur agent. Si c’est le cas, alors c’est la bonne manière de faire.”

Des propos qui vont dans le même sens que les exemples donnés par Draymond Green avec Harrison Barnes et DeMarcus Cousins. Oui, il arrive que certaines franchises manquent de tact et les joueurs peuvent ainsi se sentir comme une simple marchandise qu’on échange, en particulier les joueurs de l’ombre qui ont évidemment bien moins de poids que les superstars. L’aspect humain peut parfois être oublié, au sein des franchises mais aussi des fans, qui ne pensent pas forcément à tout ce qui peut accompagner un transfert quand on se met dans la position d’un joueur.

.@DwyaneWade reacts to Draymond Green's comments about the treatment of players on the trade block. pic.twitter.com/Iy1sayCUmb

— NBA on TNT (@NBAonTNT) February 17, 2021

Le cas Andre Drummond, mauvais exemple ?

La décision des Cavaliers de ne plus faire jouer Andre Drummond dans l’optique de le transférer a provoqué la colère de Draymond Green, mais est-ce vraiment le bon exemple pour pointer du doigt le double standard dénoncé par le joueur des Warriors ? Petit rappel de la situation. Drummond est dans la dernière année de son contrat, les Cavaliers essayent logiquement de le transférer d’autant plus qu’ils viennent de récupérer le jeune pivot Jarrett Allen, qui représente le présent et l’avenir de Cleveland sur son poste. Si les Cavs ne font pas jouer Andre, c’est pour éviter toute blessure qui rendrait un transfert quasiment impossible (déjà qu’avec son salaire de 28,7 millions de dollars, ça s’annonce tendu) avant la trade deadline du 25 mars prochain. Pour un joueur comme Drummond, qui a aujourd’hui 27 ans et qui ne possède pas la moindre victoire en Playoffs en carrière, rester à Cleveland n’est pas vraiment dans son intérêt, lui qui souhaite probablement évoluer dans une franchise qui n’est pas en reconstruction comme c’est le cas dans l’Ohio. Les dernières sorties médiocres et sans saveur du bonhomme avec le maillot des Cavs vont dans ce sens. Continuer à le faire jouer avec un temps de jeu limité derrière Jarrett Allen n’arrangerait ni Cleveland, ni le joueur, car la cote de ce dernier baisserait probablement.

Ainsi, la franchise et l’agent d’Andre ont estimé que bencher Drummond était la meilleure option pour tout le monde. Il y a bien eu communication entre les deux parties et ce n’est pas comme si Dre était tout d’un coup devenu une victime dans l’affaire, même si les circonstances ne sont évidemment pas évidentes. Les Cavaliers et le joueur continuent de travailler ensemble de manière professionnelle pour essayer de trouver une porte de sortie, d’abord en cherchant un transfert puis éventuellement via un buyout si jamais un échange ne se manifeste pas. En ce sens-là, l’exemple Drummond n’est sans doute pas le mieux adapté pour illustrer le double standard qui dérange tant Draymond Green.

La sortie médiatique de Draymond Green a le mérite de montrer l’effet “deux poids, deux mesures” qui existe bel et bien en NBA entre les joueurs et les franchises, notamment au niveau de la perception du public dans le cadre des transferts et autres demandes de départ. Maintenant, il ne faut pas oublier que les franchises payent les joueurs à travers un contrat garanti et que cela leur donne “les droits” sur ces derniers. Cela n’excuse pas certaines pratiques, mais c’est aussi la nature du business NBA.