Preview des Portland Trail Blazers 2020-21 : qui a parlé de petit marché ?

Le 11 déc. 2020 à 11:56 par Benoît Carlier

Carmelo Anthony Damian Lillard 9 décembre 2020
Source image : montage YouTube et Twitter @Blazers

Entre un recrutement malin et le retour des grands blessés de la saison dernière, les Blazers abordent cette nouvelle année avec beaucoup d’ambition. Il ne faudrait surtout pas gâcher le prime de Damian Lillard, et ça, le management l’a bien compris. A voir si les efforts effectués par tout ce petit monde pourront mener le rappeur à un titre sans bouger de Portland.

Pour prendre l’Apéro en causant de la saison des Blazers, c’est par ici !

La saison 2019-20

Plutôt habitués au podium de la Conférence Ouest depuis deux ans, les Blazers ont vécu une saison difficile. Tout le temps la tête tournée vers l’infirmerie, ils en ont oublié leur défense et cela donne un chemin escarpé à deux doigts de leur coûter la fin de leur série de six qualifications consécutives en Playoffs l’année suivant leur retour en Finale de Conférence. Pas très chaud pour raccourcir la saison dans la bulle, Portland a joué au Calimero mais s’en est quand même sorti de justesse grâce à un Dame incandescent chez Mickey. Un trophée de MVP inédit dans une main, un ticket pour la postseason dans l’autre. Malheureusement, la menace d’un upset face aux Lakers a vite disparue malgré le Game 1 remporté par les hommes de Terry Stotts suite à la blessure de Lillard à la main et les douleurs au dos de C.J. McCollum. Une fin qui fait quasiment office de teaser quand on voit un peu comment le roster s’est renforcé à l’automne. On a presque hâte de voir les Blazers croiser à nouveau la route des champions en titre sur une série au meilleur des sept, car ils auront des raisons pour y croire.

Les mouvements de l’intersaison

  • Ils sont arrivés : Robert Covington, Derrick Jones Jr., Enes Kanter, Harry Giles, C.J. Elleby (Draft), Keljin Blevins
  • Ils sont partis : Hassan Whiteside, Trevor Ariza, Mario Hezonja, Wenyen Gabriel, Jaylen Hoard, Skal Labissière, Caleb Swanigan
  • Ils ont re-signé : Carmelo Anthony, Rodney Hood

Le roster

  • Meneurs : Damian Lillard, Anfernee Simons
  • Arrières : C.J. McCollum, Rodney Hood, Gary Trent Jr.
  • Ailiers : Derrick Jones Jr., Nassir Little, C.J. Elleby, Keljin Blevins (two-way contract)
  • Ailiers-forts : Robert Covington, Zach Collins, Carmelo Anthony
  • Pivots : Jusuf Nurkic, Enes Kanter, Harry Giles, Moses Brown

En gras les possibles titulaires à chaque poste, au moins en attendant le retour de blessure de Zach Collins. Même Carmelo Anthony a accepté de sortir du banc pour le bien du collectif. Une phrase qu’on ne pensait jamais écrire de notre vie.

La Free Agency

Avec 60 millions de dollars déjà bloqués pour Dame et Cijay, on ne s’attendait pas à des miracles de Neil Olshey qui a déjà fait payer la plus grosse luxury tax de toute la NBA à son proprio en 2020. Mais d’un autre côté, ne pas mieux entourer un backcourt comme celui-ci correspondrait à gâcher les meilleures années de la franchise avant longtemps – la somme cité précédemment va monter jusqu’à 80 millions en 2023-24. Du coup, la fenêtre n’est pas large et les Blazers vont devoir être efficaces tout de suite sous peine de vivre des années plus sombres alors que la décennie vient de commencer. Et comme souvent, le GM ne s’est pas caché derrière ses responsabilités en réalisant une intersaison qui a hypé énormément de monde à Rose City. On savait que la défense était le gros point noir de cette équipe l’an dernier et que la perte de Hassan Whiteside (fin de contrat) n’allait pas arranger les choses. Le front office s’est donc chargé de renforcer ce secteur avec un spécialiste en la personne de Robert Covington obtenu dans le trade de Trevor Ariza et du 16ème choix de Draft avec un futur premier tour de draft. La signature de Derrick Jones Jr. va aussi dans ce sens, les Blazers profitant de la politique à court terme du Heat pour recruter un ailier capable d’être dur sur l’homme et de claquer des gros dunks en contre-attaque avec des mollets remplis de dynamite. Cumulé au retour d’Enes Kanter après sa bonne expérience lors des Playoffs 2019, la venue de Harry Giles qui avait été drafté par Portland il y a trois ans et au comeback annoncé de tous les récents blessés (Rodney Hood, Zach Collins, Jusuf Nurkic) cela donne un roster extrêmement complet avec tous les postes doublés intelligemment. Encore un gros chantier signé Neil Olshey qui mérite bien une note de 17/20 pour son automne si on rajoute la prolongation de Melo qui a même accepté de sortir du banc pour la première fois de sa carrière pour le bien de l’équipe et dans le but d’aller chercher une bague avant la retraite.

La Draft

On ne peut pas demander le beurre et l’argent du beurre. Du coup, les Blazers ont préféré laisser partir Isaiah Stewart à Detroit (via Houston) pour obtenir Robert Covington. Tant pis pour les jeunots, pas l’temps d’niaiser alors C.J. Elleby sera le seul bleu de l’effectif à la rentrée. Sous sa moumoute, l’ancien leader de Washington State chopé avec le pick 46 a l’air d’être une bonne pioche. Polyvalent, adroit et capable de défendre, il commencera sans doute par observer avant d’intégrer discrètement la rotation de Terry Stotts. En tout cas on connait un paquet de jaloux qui auraient aimé être chouchouté par Dame et Melo pour leur première année pro.

Le point sur l’infirmerie, par le Docteur Q

Quand on s’intéresse à l’infirmerie de Portland la saison dernière, quatre noms ressortent : Rodney Hood, Zach Collins, Jusuf Nurkic et le nouveau venu Harry Giles. Rodney Hood se rompt le tendon d’Achille en décembre 2019. Il avait connu plusieurs alertes avec des douleurs au tendon d’Achille en avril et en décembre 2018. La rééducation est longue pour un Achille, et il faudra peut-être se montrer patient avant de voir le retour de l’arrière. Zach Collins a connu deux saisons compliquées niveau blessures. Il se luxe l’épaule et se déchire le labrum en octobre 2019. Alors qu’il était prêt au moment de la mise en pause de la saison, il revient dans la bulle. Malheureusement on lui diagnostique une fracture de fatigue à la malléole interne gauche. Il passe au bloc et ne devrait pas revenir avant mi-janvier, cette fracture est inquiétante et doit vraiment être prise au sérieux. Jusuf Nurkic a connu une blessure très impressionnante avec sa fracture tibia-fibula en mars 2019. Encore en pleine rééducation, il reprend en juillet avec de très bonnes stats : très rassurant pour la suite. Harry Giles a de gros problèmes aux genoux depuis le lycée. A gauche, il se rompt le ligament croisé antérieur et le ligament collatéral médial et se déchire un ménisque en 2013. Il se déchire le ligament croisé antérieur droit en 2015 et subit une opération de débridement sur le genou gauche en 2016. La saison dernière il rate huit matchs pour des douleurs au genou gauche : ses problèmes ne semblent pas résolus. Alors que Nurkic semble de retour à 100%, il va falloir faire très attention aux cas des autres joueurs la saison prochaine … 

Salary recap

Source image : HoopsHype

Et si c’était déjà l’année ou jamais ?

Chaque année qui passe est une occasion perdue pour Damian Lillard qui a promis de passer l’intégralité de sa carrière dans l’Oregon. Et vu la sympathique augmentation qui l’attend avec son supermax contract, pas sûr que les Blazers pourront assumer ce salaire pendant longtemps en continuant à l’entourer des meilleurs. Entre lui et C.J., c’est plus de la moitié du salary cap qui est déjà garantie sur deux joueurs pendant quatre ans et ce dernier va bientôt rejoindre Dame dans le club des trentenaires. Autrement dit, le rapport qualité/prix des deux hommes ne va pas aller en s’améliorant et Portland se retrouve déjà quasiment dans une situation de win now pour ne pas que son numéro 0 reste fanny à la fin de sa carrière. A 30 piges, Dame Time semble dans la forme de sa vie et même si des douleurs à la main gauche et au genou l’ont forcé à quitter précipitamment ses coéquipiers dans la bulle il sera bien au taquet pour la reprise avec l’envie d’offrir un titre à Rip City. Auteur de trois matchs à 60 points et plus la saison dernière, il sera l’un des candidats au MVP si jamais Portland retrouve le podium de l’Ouest comme en 2018 et en 2019. Mais c’est bien sur le plan collectif que le natif d’Oakland mise le plus d’espoir pour vivre la même joie qu’un Dirk Nowitzki en 2011 avec les Mavs. Sur le papier, de nombreux observateurs étaient d’accord pour dire que cette équipe avait les moyens de choker les Lakers au premier tour des Playoffs. La réalité du terrain ne leur a pas donné raison avec une seule petite victoire en cinq matchs mais l’effectif qui sera aligné par les Blazers à partir de la rentrée est aussi plus complet et meilleur que celui qui était disponible chez Mickey. Avec RoCo capable de s’envoyer LeBron en défense ou Harry Giles pour aider sur AD et au moins cinq joueurs capables de dépasser régulièrement les 20 points en attaque, Terry Stotts disposera peut-être du roster le plus profond mis à sa disposition depuis son arrivée en poste en 2012. Alors pour faire mieux qu’en 2019, ce sera objectif Finales NBA cette année pour les Blazers. D’autant que la suite pourrait être beaucoup plus pénible pour pouvoir payer Damian et C.J.

Le pronostic du rédacteur

46 victoires et 26 défaites. Vous l’avez compris, il y a des raisons pour être hypés par le projet 2021 des Blazers et les retrouver sur le podium ne serait pas si étonnant que cela dans le sillage d’une méga-star comme Dame et avec des lieutenants aussi nombreux et talentueux que C.J., Nurkic et Melo ou encore Gary Trent Jr. qui a montré dans la bulle qu’il avait aussi un joli potentiel à exploiter. Bref, un effectif bourré de talent et quand même basé sur la continuité avec même le retour d’un revenant comme Enes Kanter et donc une alchimie qui devrait rapidement faire la différence très tôt dans la saison. La preuve, même Carmelo a concédé à faire des efforts car il semble croire au plan de la franchise. Et une fois en Playoffs, attention à cette équipe expérimentée qui a désormais des garanties défensives pour faire douter les plus grosses écuries et les plus gros marchés de la Ligue sur une série en sept manches.

Pas aussi attendue que les gros marchés comme les Lakers, les Clippers ou les Nets, la bande de l’Oregon a pourtant de quoi bomber le torse en débutant cette nouvelle saison NBA. En tout cas sur le papier, ils n’ont pas grand-chose à envier aux autres équipes de la Ligue.