Les blessures, grand thème de la saison à Portland : une campagne plombée par les bobos, alors comment juger ces Blazers ?

Le 30 mars 2020 à 15:03 par Nicolas Meichel

Damian Lillard 21 février 2020
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Chaque saison, les équipes NBA doivent faire avec les blessures, toutes sans exception. Certaines un peu plus que d’autres, mais ça fait partie du jeu. Du coup, on entend rarement les coachs ou les joueurs utiliser les bobos comme une excuse pour expliquer leurs résultats. Mais parfois, on ne va pas se mentir, les blessures sont l’une des principales raisons d’une saison ratée. Suffit de prendre l’exemple des Blazers cette année, qui n’ont pas réussi à confirmer leur magnifique run des Playoffs 2019.

En mai dernier, pour la première fois depuis 2000, les Blazers s’étaient qualifiés pour les finales de conférence. On s’en rappelle très bien. On se rappelle tous du buzzer all-time de Damian Lillard pour envoyer le Thunder en vacances, et de la série en 7 face aux Nuggets avec un énorme CJ McCollum lors du match décisif dans le Colorado. Si la belle aventure s’était terminée de façon assez brutale avec un sweep face aux Warriors, la franchise de Portland avait réussi à franchir un vrai cap dans son ascension vers les sommets de l’Ouest, tout ça en déjouant les pronos match après match. Une vraie réussite donc. Mais les Blazers ne voulaient pas se contenter de ça et avant le début de la saison 2019-20, les ambitions étaient affichées, Damian Lillard parlant carrément de Finales NBA. Sauf que les choses ne se sont pas du tout passées comme prévu. De finalistes à l’Ouest, les Blazers sont passés au statut de première équipe non qualifiée pour les Playoffs. Une pauvre neuvième place de conférence, avec un bilan négatif de 29 victoires pour 37 défaites. Si la saison régulière reprend, une qualification pour la postseason sera toujours possible – l’écart n’étant que de 3,5 matchs avec les Grizzlies – mais ce n’est pas vraiment le scénario que l’on imaginait dans l’Oregon. Les Blazers version Lillard n’étaient pas tombés à un niveau aussi bas sur le plan des résultats depuis la toute première saison de Dame dans la Grande Ligue, et ce quelques mois seulement après avoir atteint leur pic.

L’une des raisons de cette régression, c’est le grand nombre de bobos qui ont touché Portland. Impossible de faire un résumé de la saison des Blazers sans utiliser le mot blessures. Déjà, avant même que la campagne 2019-20 ne commence, on savait que le pivot Jusuf Nurkic serait absent une grande partie de cette dernière. Et malgré le joli parcours de l’équipe sans lui lors des derniers Playoffs, on savait aussi que son apport allait manquer, même avec le recrutement d’Hassan Whiteside. Il était sur le point de revenir à la mi-mars mais avec l’arrêt brutal de la NBA, on n’a pas eu l’occasion de le voir une seule minute cette année. Autres absents de marque, Zach Collins et Rodney Hood. Ces deux-là, très précieux au cours des grosses batailles du printemps 2019, ont occupé l’infirmerie à cause de gros pépins physiques. Opération du labrum et seulement trois matchs joués pour le jeune intérieur, rupture du tendon d’Achille début décembre pour l’arrière. Dur ! Avec les absences de Nurkic et de Collins, sans oublier celle d’un Pau Gasol également sur la touche, et le manque de ressources pour les combler (non, Mario Hezonja n’était pas une bonne solution), les Blazers sont allés jusqu’à chercher Carmelo Anthony, qui n’avait pas joué depuis un an. Les Nurkic, les Collins, les Hood, ils font partie de ces joueurs qui caractérisent le collectif de Portland, qui sont très importants pour l’équilibre du groupe, groupe qui a d’ailleurs pas mal changé à l’intersaison. De nombreux role players de qualité ont quitté l’Oregon (Al-Farouq Aminu, Meyers Leonard, Seth Curry, Moe Harkless, Enes Kanter, Evan Turner et Jake Layman sont tous partis à l’été 2019) et le vide laissé n’a pas vraiment été comblé. Blessures, changements, manque de profondeur, ça peut faire mal quand on évolue à l’Ouest. Et pour couronner tout ça, même Damian Lillard est passé par la case infirmerie, touché à l’aine juste avant le All-Star Break alors qu’il était en feu, et forfait pendant six matchs en pleine course pour les Playoffs. La poisse jusqu’au bout.

La question qui se pose dans un tel contexte, c’est comment juger cette équipe de Portland ? La saison 2019-20 est-elle une anomalie ? Les Blazers peuvent-ils redevenir une équipe qui compte ou ont-ils véritablement fait deux pas en arrière au sein de la Conférence Ouest ? Déjà, avec leur duo Damian Lillard – CJ McCollum sécurisé sur les années à venir, les Blazers possèdent l’un des meilleurs backcourts de la Ligue pour les prochaines saisons, avec deux mecs en pleine force de l’âge. Et même si on a déjà vu certaines rumeurs circuler sur un potentiel transfert de CJ, ce duo représente toujours la grosse base du projet. Ensuite, il faudra voir évidemment à quel niveau reviendront les grands blessés cités au-dessus, en particulier Jusuf Nurkic. On parle quand même d’un mec qui tournait en 15 points – 10 rebonds avant sa blessure hardcore. Mais plus que les chiffres, Nurkic est un joueur qui compte beaucoup dans le collectif et le système de jeu des Blazers, et ce des deux côtés du terrain. Scoreur, rebondeur, passeur, poseur d’écrans, solide en défense, apprécié par l’ensemble du groupe, il aide à faire tourner la machine correctement, alors qu’Hassan Whiteside est plus dans un rôle de finisseur sur le plan offensif. Tant qu’on n’aura pas vu l’état de forme de Nurkic, il sera difficile de vraiment se prononcer sur le futur de Portland. Et du coup, on peut s’interroger sur le dossier Whiteside, dont le contrat est sur le point de se terminer. Une prolongation est-elle dans les tuyaux ? Si oui, quelle collaboration avec Nurkic ? Dans le cas contraire, l’ami Jusuf sera-t-il suffisamment remis pour redevenir ce pilier à l’intérieur ?

Le noyau dur de l’équipe est toujours là, ce qui signifie que les Blazers possèdent les pièces pour rebondir, à condition que Nurkic, Zach Collins et Rodney Hood (qui possède une player option pour l’année prochaine) reviennent bien. Autre signe encourageant, la progression de certains petiots qui ont pu se montrer cette saison, notamment “grâce” aux blessures. Anfernee Simons a eu un rôle beaucoup plus grand, Gary Trent Jr. s’est révélé, le rookie Nassir Little a pu avoir du temps de jeu… tout ça, ça compte. Maintenant, dans l’état actuel des choses, l’effectif semble quand même moins solide que celui qui a réussi à guider Portland vers les hauteurs de l’Ouest la saison dernière. Certes, Carmelo Anthony a sorti une belle campagne pour son retour dans la Grande Ligue. Certes, Trevor Ariza a fait du bien quand il est arrivé en début d’année. Mais comme dit auparavant, le groupe de role players qui a été si précieux l’an passé n’a pas vraiment été remplacé, et l’équipe a notamment montré des limites défensives inquiétantes qui dépassent le cadre des blessures. On a donc du mal à imaginer ces Blazers refaire le coup de 2019 dans un futur proche, même si évidemment il y aura une intersaison à gérer pour essayer de se renforcer, en particulier sur les ailes. Pour info, outre Whiteside, le contrat de Melo va également se terminer, tandis que le salaire de Trevor Ariza n’est que partiellement garanti (1,8 sur 12,8 millions) pour la saison prochaine. Des dossiers à suivre donc.

Sans aucun doute, la saison des Blazers a été fortement perturbée par les blessures, qui expliquent en grande partie la campagne très décevante des hommes de Terry Stotts. Ceci étant dit, même avec le retour des absents, on peut avoir des doutes sur la capacité de Portland à retrouver sa place parmi les toutes meilleures équipes de l’Ouest. À eux de nous faire mentir, comme ils l’ont fait si souvent lors des Playoffs 2019.